Chapitre 60

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Clic. Clac. Clic. Clac

Le bruit de pas martelant le sol ricochait sur les murs fait de verdures du palais Tokësor, les végétaux grimpants entouraient les épais rideaux kaki fait de coton au passage de la fine silhouette qui déambulait dans les couloirs. L'aura de la jeune fille était puissante mais relaxante, sa longue chevelure brune, fraîchement ondulée à cause des tresses qu'elle avait défait à son réveil, flottait dans l'air au rythme de ses pas rapides. Ses iris dorées fixaient l'horizon avec réflexion, les pensées se mêlant, se mélangeant autour de cette question sans réponse : pourquoi Dongju avait-il demandé à la voir ?

« - Quel mystère me cache mon beau-frère. »

Une interrogation posée à voix haute qui se perdit dans le vide des couloirs, envolée par un courant d'air pour se perdre à jamais entre les murs de ce Palais fait de verdure. Le lierre n'arrêtait pas de se propager en entourant les divers objets à son passage, cela était un signe montrant que Talia était perturbée par cette convocation. Les élégantes plantes grimpantes s'enroulèrent autour des vases en dérangeant les diverses compositions florales mais les végétaux invasifs finissaient toujours par revenir auprès de leur propriétaire comme si la future reine tirait sur une laisse invisible.

L'encadrement de la porte menant à la chambre de Dongju se discerna, les motifs de Lotus gravés sur le bois scintillaient d'une douce lueur irisée tirant sur le rose pâles et une légère fragrance florale s'échappait du bas de la porte : le prince Son était déjà réveillé. Talia s'approcha tout en surveillant les alentours afin de s'assurer que personne ne la suivait ou ne pouvait la voir : l'enfant du Lotus avait demandé qu'elle soit discrète en venant. Tournant la tête vers le long couloir d'où elle venait, la femme toqua à trois reprises avant de se reculer de quelques pas.

Le bruit d'une clef tournant dans la serrure se fit ouïr suivi par la rotation de la poignée de porte avec le son de « clic » caractérisant l'ouverture de la paroi boisée. Dongju apparut dans l'entrebâillement, sa longue chevelure blonde était nouée en une queue de cheval haute mettant encore plus en avant la maigreur de son visage.

Sa trachée était visible et sa pomme d'Adam si détaillé, ses clavicules se trouvaient parfaitement moulées par l'épiderme du garçon tandis qu'on discernait presque les pulsations de sang le long de sa jugulaire bleutée. Talia avait déjà vu son beau-frère depuis son retour au Palais mais il portait constamment des vêtements amples camouflant son épiderme : c'était la première fois qu'elle observait de si près le mal être du jeune homme.

« - Entre avant que quelqu'un ne te voit.

- Hm... Oh, oui ! Tu as raison, désolé. J-je... J'étais ailleurs. »

Talia pénétra dans la chambre du garçon et elle fut frappée par une chose en rentrant : les miroirs et autres objets de réflexion avaient été camouflés ou cachés précautionneusement. C'était le seul détail qui avait évolué dans les appartements du garçon sinon tout était identique à avant. Les premiers rayons de soleil pénétraient timidement l'antre par la fenêtre à moitié ouverte, la lumière se déposait toujours sur le lit au niveau de la tête du prince ce qui avait don de le réveiller. Des bouquets de fleurs de lotus étaient présents dans les vases, il y avait aussi une composition faite d'orchidées proche de la tête de lit de Dongju et cette dernière avait une senteur assez forte.

« - Désolé de ne pas m'être mieux vêtu, s'excusa Dongju en enfilant une veste afin de camoufler sa maigreur. Je ne pensais pas que tu arriverais si vite.

- Je... Désolé, mais dès que tu m'as contacté, je suis venue.

- Ne t'excuse pas, c'est extrêmement gentil de ta part de t'être levé pour me rejoindre ici. Je suis vraiment soulagé de savoir que Dongmyeong a une épouse aussi loyale et forte que toi. »

L'ombre d'un rictus fébrile traversa le visage fatigué, mais sublime, du Tokësor tandis que la future Reine sentait le feu monter à ses joues : il était si rare d'ouïr un tel compliment des lèvres des Dongju. Et puis, ce dernier était si sincère, cela se ressentait dans le timbre de sa voix tout en se discernant dans ses yeux si expressifs, du moins, ils l'étaient habituellement mais depuis son retour... Cela avait bien changé.

« - Tu vas retourner là-bas, osa demander la femme mais elle regretta sa demande en voyant l'expression de son beau-frère s'assombrir.

- Ouais... Je dois retourner à Zéphyr avec Geonhak. On a beaucoup de choses à faire tous les deux.

- Dongmyeong s'inquiète beaucoup pour toi... Tes lettres étaient toutes censurées faisant qu'il ne comprenait presque aucune d'elles. Puis tu as disparu pendant des semaines. J'ai bien cru qu'il allait débarquer chez les Ajri si je ne l'avais pas retenu.

- Tss, pouffa Dongju. Mon frère est un peu trop impulsif quand il veut. Son côté hypocondriaque ressort toujours lorsque je m'absente un peu trop longtemps.

- C'est le problème de tout Tokësor, sourit la jeune femme en s'approchant du prince afin de lui poser une main sur l'épaule. Tes parents aussi étaient inquiets de ton mutisme. »

Dongju soupira en baissant la tête, il se devait de retenir ses larmes mais le prince haïssait l'idée qu'il inquiétait ses proches jusqu'à faire ressortir les vices du peuple Tokësor. Chaque Royaume souffrait d'une « émotion ancestrale », un sentiment prédominant tout le reste lorsqu'une personne se retrouvait dans une certaine situation. Dans ce genre d'évènement, les Djegur devenaient hyper violents, les Ajri succombaient à une grande impulsivité, les Bymehet étaient entièrement apathiques tandis que les Tokësor souffraient d'hypocondrie c'est-à-dire, d'inquiétude obsessionnelle.

« - Je ne peux pas rester, je dois finir ce pourquoi j'ai commencé à me battre. Et c'est pour ça que je t'ai convoqué Talia. J'ai besoin de ton aide.

- Moi, s'exclama la concernée.

- Oui, tu dois garder des documents pour moi. Ne les regarde, ne les consulte sous aucun prétexte car tu deviendrais complice à ton tour et il aurait une raison de s'en prendre à toi. »

Le regard de Dongju était empli d'aplomb, il avait pleinement confiance en la jeune femme en face de lui : il la savait sage et réfléchie.

« - Pourquoi moi ? Tu aurais pu choisir Dongmyeong, Keonhee ou Hwanwoong ?

- Non, ils n'auraient pas pu accomplir cette mission. Ces trois-là sont beaucoup trop inquiets pour moi, ils auraient voulu partager mon poids avec moi en regardant ce pourquoi je mets en danger ma vie. Ses documents les attireraient bien trop : ils voudraient savoir.

- Et moi ? Ne penses-tu pas que je souffrirais de cette même curiosité que mon fiancé ou tes amis ? »

Dongju pouffa un instant avant de fixer Talia avec ses yeux ébènes qui se mirent à scintiller d'un ou deux éclats pêches : cela faisait une infinité de jours que ces petites lueurs n'avaient pas éclairer le regard du noble.

« - Tu es le reflet de ta plante, Talia. Tu es d'une grande fidélité et tu brises rarement tes promesses. Ce n'est pas pour rien que ma famille t'a rapidement fait confiance.

- Je... Dongju... Je ne sais pas...

- Tu es la seule, Talia, à pouvoir porter ce fardeau. Et j'en suis désolé mais je ne vois personne d'autres que toi pour m'aider. Je ne peux pas retourner à Zéphyr avec ses documents, il va tout faire pour les récupérer et cela ne doit surtout pas tomber dans ses mains : ces papiers sont la Clef.

- La Clef ?

- Exactement. Tu comprendras en temps et en heure, mais pour le moment prend ceci. »

Dongju tendit une petite enveloppe à la fiancée qui la regarda avec un œil perturbé. Le morceau de papier était d'un blanc banal, aucune écriture particulière hormis ce « Talia » écrit manuscritement par le fils du Lotus. Les lettres étaient élégamment courbées et la calligraphie raffinée du prince était parfaitement reconnaissable sur l'avant de la feuille. Puis, lorsque Talia la retourna, elle vit un sceau scellant l'enveloppe. Une fleur de lotus était présente dans la cire fondue et, cette fois-ci, quelque chose se dégageait du petit élément.

« - Tu pourras l'ouvrir uniquement lorsque le temps sera venu. Une petite sécurité au cas où quelqu'un tomberait dessus et, par curiosité, tenterait de l'ouvrir.

- Je ne te savais pas capable d'user de sort de scellement, lâcha avec stupeur.

- J'ai découvert beaucoup de choses sur ma magie ces derniers temps. C'est assez frais mais j'ai eu le temps de m'entraîner suffisamment pour perfectionner cette capacité et empêcher quiconque d'ouvrir cette enveloppe tant que je n'aurais pas donné le signal.

- Comment pourrais-je reconnaître ce signal ?

- Tu le sauras, crois-moi. Je ne peux pas te l'expliquer mais... Le moment venu tu sauras qu'il faut que tu ouvres cette enveloppe. Dedans tu auras toutes les informations pour trouver les documents.

- Parce qu'ils ne sont pas dedans ?

- Bien-sûr que non, pouffa Dongju. Sinon il m'aurait fallu te donner une valise.

- ... A ce point ?

- Crois-moi, j'ai accumulé beaucoup de choses. Suffisamment pour mener à bien mon plan mais le moment n'est pas encore venu pour dévoiler le tout au grand jour. »

Talia avait une expression perdue peinte sur le visage, son regard interloqué fixait longuement son beau-frère qui sentait la fiancée le dévisager. Cela le fit sourire car il comprenait la jeune femme : toute cette histoire était folle.

« - Je te jure que tu comprendras le moment venu. Quand tu auras toutes les cartes en main, cela te sautera aux yeux et tu réaliseras la raison de toutes mes précautions.

- Tout ceci ne m'inspire guère confiance. Je crains pour ton avenir, Dongju... Tu... Tu sembles être dans une danse avec la Mort.

- La métaphore n'est pas mauvaise, ajouta pensif le prince du Lotus. Je vis sur un fil tendu au-dessus du vide en ce moment mais je ne peux pas revenir en arrière. Je me dois de finir ma traversée maintenant que je l'ai commencé. »

Talia, rongée par l'inquiétude, attrapa les mains de son beau-frère tout en serrant l'enveloppe entre leurs doigts entremêlés. Les iris dorées de la fiancée sondèrent ceux ténébreux de son interlocuteur qui la fixait avec une certaine tristesse : Dongju dégageait une aura horriblement fataliste. C'était comme s'il se préparait à la Fin, que son destin était déjà scellé et que son compte à rebours arrivait déjà à son terme.

« - Ne meurs pas, ordonna limite Talia.

- Je ne peux pas promettre une telle chose.

- Peut-être bien mais ne pars pas du postulat que tu vas mourir. C'est sûr qu'en pensant d'une telle manière tu vas y laisser ta peau. Et ça, Dongmyeong ne l'acceptera jamais. Tu sembles être dans une situation délicate mais ce n'est pas une raison de baisser les bras. Tu te dois de vivre, Dongju ! »

La jeune femme serra un peu plus ses mains autour de celle de son beau-frère, leurs prunelles ne se quittèrent à aucun instant tandis que la lumière du soleil, se levant de plus en plus, commençait à lécher leur corps.

« - Trop de gens ont besoin de toi. Ton frère, tes amis, tes parents, ton mari, tes deux peuples... On a besoin de toi. Je me doute que tes causes sont nobles, que ton combat est primordial pour la continuité de l'Histoire des Royaumes. Je pense même que tu protège la fébrile paix qui nous englobe actuellement mais... Ton départ serait la cause d'un désastre bien plus fort que l'échec de ton plan. »

Les iris de la future reine se mirent à scintiller puis, autour de sa pupille, des étranges flammèches rougeoyantes se mirent à frétiller ce qui intensifiait l'éclat dorée donnant l'impression que la teinte devenait de l'or en fusion.

« - Cette bataille pour laquelle tu te bats en silence, elle existe déjà depuis un certain temps. Les tensions entre Gaïa et Zéphyr sont là depuis la fin de la Grande Guerre. Tout le monde sait que ce n'est qu'une histoire d'années avant que tout éclate, qu'une trahison ne soit faite entre les deux Royaumes. Néanmoins, si tu meurs à cause de Zéphyr... L'affront sera si grand que la Grande Guerre ne serait rien comparé à celle causée par ton décès. »

C'était comme-ci des scènes d'un avenir possible se discernaient dans le regard de Talia. On y voyait d'immenses brasiers ronger les terres de Gaïa tandis que les flots recouvraient les villes du royaume de Mère Nature : Eau et Air s'étaient alliés pour renverser la Terre.

« - Tu ne dois pas mourir. Ton départ serait la cause d'un bouleversement si grand qu'il causerait probablement la Fin de Gaïa et le début d'une ère de terreur sur les quatre Royaumes.

- Je... Comment tu... Ces visions ?

- J'ai longuement parlé avec la Reine lors de ses insomnies. Elle voyait toujours ces mêmes images et nous avons essayé de les comprendre, elle et moi. Bien évidemment, ce n'est qu'un futur possible sur des milliards mais il existe quand même et cette Fin arrive toujours lorsque tu meurs brusquement.

- ...

- Dongju, on ne peut pas changer le destin. Le futur n'est pas tout tracé, plusieurs voies sont possibles. Celle-ci en est une parmi tant d'autres mais... Je veux te mettre en garde. Tu t'aventure sur un chemin périlleux et tu dois prendre conscience que toutes tes décisions ne vont pas impacter que toi, cela va aussi...

- Impacter la vie des autres dont mes proches. Je le sais ça, c'est pour ça que je me bats aussi, pour changer la vie d'une majorité souffrante.

- Et cela est très noble de ta part mais... Fais attention à toi aussi. Ton sacrifice n'est pas forcément la solution à tout ceci. Ta mort n'est pas le point final de cette Guerre, au contraire, il semble être le prélude. »

Les flammes moururent dans les iris de Talia qui continuait d'observer avec attention son beau-frère plongé dans un profond questionnement. La femme recula de quelques pas, les mains glissant de celle du prince qui redressa la tête en sentant la présence s'éloigner.

« - Fais attention à toi et ta vie. Tu es plus précieux que tu ne le penses, la « Reine » Dongju a une place capitale dans l'Histoire de Zéphyr. Bats-toi autant que tu peux mais... Ne meurs pas. Ce n'est pas la réponse que tu cherches. »

Talia sourit tendrement tout en serrant l'enveloppe contre son torse en chuchotant un « je protégerais cela jusqu'à ce que tu m'envoie le signal » puis elle s'en alla après s'être élégamment courbée. La future souveraine s'éclipsa après qu'une de ses branches de lierre frôla gentiment la jambe de Dongju comme dernier signe d'encouragement avant de disparaître. La femme ne serait hélas pas là quand le prince s'en ira vers Zéphyr, elle avait une mission à accomplir en compagnie de Heechul.

Dongju se retrouva seul dans sa chambre en ne lâchant pas du regard la porte fermée, ses bras étaient le long de son corps tandis que son esprit tournait à pleins régimes : deux parties de lui se battaient dans son for intérieur. Néanmoins, l'une d'elle semblait avoir pris l'avantage et, en brisant le contact visuel avec la paroi boisée, Dongju se mit à véritablement sourire depuis des semaines alors que sa main vint serrer son haut à l'emplacement de son cœur.

« - Merci Talia. »

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