Chapitre 62

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La fine silhouette de Geonhak déambulait dans les couloirs, ses pieds traînaient sur le sol, sa tête était baissée et son visage étrangement fermé. Ses mains, camouflées dans ses poches, étaient fortement serrées comme si le Ajri tentait de se canaliser, d'intérioriser quelque chose qui le rongeait. À plusieurs reprises, l'homme passa à côté de serviteurs qui le saluèrent gentiment tout en l'observant avec décontenance à cause de cette étrange aura qu'il dégageait. Qu'avait le prince Kim aujourd'hui ?

Ses lourdes foulées finirent par le guider jusqu'à un jardin intérieur où se trouvait un petit étang dont la surface était recouverte de quelques fleurs de lotus. L'endroit était très élégant, des colonnes blanches délimitaient le lieu et ces dernières étaient entourées par d'épaisses branches de lierres et, au pied des pylônes, fleurissaient différentes espèces d'orchidées.

Au centre du jardin, on pouvait apercevoir deux arbres se dresser : un séquoia et un érable du japon. Les feuilles rougeoyantes du second arbre attiraient étrangement Geonhak qui se mit à s'approcher de ce dernier afin de l'observer de plus près.

Ses pieds foulèrent l'herbe fraîche, les quelques gouttes de rosée matinale vinrent frôler la peau de ses chevilles légèrement découverte mais il continua en tendant sa main vers le tronc de l'arbre orangé : l'écorce était à la fois rugueuse et étrangement douce.

Ses fins doigts longèrent le bois jusqu'à remonter à la naissance d'une branche puis il glissa le long de cette dernière afin d'arriver aux feuilles du végétal. Elles avaient une forme étoilée et leur teinte variaient selon la hauteur allant du mandarine au cerise créant un magnifique dégradé empli de chaleur.

Geonhak était plongé dans sa contemplation. Le bruit de l'eau s'écoulant dans l'étang devint une mélodie apaisante et son cœur, auparavant serré, s'ouvrit petit à petit. L'odeur caractéristique de l'orchidée vint titiller ses narines mais il n'y prêta pas plus d'attention puisque des dizaines de ces fleurs se trouvaient autour de lui. Non, le Kim préférait détailler cet arbre tout en le caressant avec minutie de peur de l'abîmer : jamais il n'avait vu un tel végétal par le passé.

« - C'est beau n'est-ce pas ? »

Pris sur le fait, le prince sursauta tout en reculant de quelques pas. Ses pieds s'emmêlèrent puis il buta contre une des roches entourant le point d'eau le faisant basculer en arrière. Fermant brusquement les yeux en attendant de sentir la fraîcheur du liquide entourer son corps, le Ajri sentit à la place une douce main enlacer son poignet puis le tirer en avant.

Dans les bras de cette inconnue, Geonhak se mit brusquement à rougir en réalisant la proximité qu'il avait avec cette femme à l'aura si particulière. Un coup de vent surgit dans le jardin arrachant quelques feuilles à l'arbre tandis que la chevelure rousse de la dame se mit à flotter à son tour dans le vent.

Sa peau atteinte de vitiligo était léchée par quelques rayons de soleil mettant en avant ses iris chocolat dans lesquelles se plongeaient le garçon : c'était incroyable comment il se sentait petit à côté de cette femme.

Son aura était forte mais pas écrasante. On sentait une grande puissance émaner d'elle mais c'était cette douceur qui prédominait dans ce qu'elle dégageait. Pourquoi Geonhak se sentait-il si bizarre en sa compagnie ? C'était comme si ses barrières s'effondraient subitement, qu'on mettait son cœur à nu mais cela ne le dérangeait pas, au contraire, il aimait beaucoup cette aura.

« - Tu sembles bien triste, mon enfant.

- Oui, avoua le plus jeune. J... Je suis totalement terrifié. J'ai si peur pour mon frère, Seoho, ainsi que mon servant et ami, Youngjo. Mon père est un monstre, j'ai osé lui tenir tête en amenant Dongju ici et je suis certain qu'il va s'en prendre à eux pour me faire payer mon affront... Je ne veux pas rentrer, faire face à la réalité. Mais en même temps je suis si inquiet pour eux. »

Une première larme coula sur le visage de Geonhak qui se laissa aller aux confessions. Ce que cette femme dégageait le mettait en confiance et puis... Il avait tant besoin d'en parler avec quelqu'un, d'obtenir un avis extérieur.

« - Après j'ai aussi peur pour Dongju. L'idée de le ramener à Zéphyr me déplaît, je ne veux pas que mon père s'approche de lui et lui fasse du mal. Je sais très bien qu'en remettant un pied là-bas il va tout faire pour s'en prendre à lui afin de faire de lui son pion : je m'oppose à cette idée. Je ne supporte pas l'idée qu'il souffre.

- Dongju est fort. Même si le Roi Kim tente de s'en prendre à lui, il se relèvera toujours.

- Je ne sais pas... Et s'il n'y arrivait pas cette fois ? Si c'était trop pour lui ? Il n'est pas fait pour vivre à Zéphyr, il est bien mieux à Gaïa auprès de ses racines. Mon Royaume est toxique pour lui, cela l'étouffe...

- Geonhak, la femme vint attraper la main gauche du prince tout en déposant sa main sur la joue de ce dernier. Tant que Dongju est à tes côtés tout ira bien. Ce n'est pas de Gaïa qu'il a besoin mais de toi.

- Pourquoi donc ?

- Parce qu'il t'aime et toi aussi. »

La femme avait un rassurant sourire sur le visage alors que son pouce essuyait les larmes qui coulaient en silence sur le beau visage du Ajri. C'était fou combien le garçon avait envie de prendre cette dame dans ses bras. Il se sentait si bien à ses côtés, c'était un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

« - Je suis heureuse de savoir que mon fils t'aime et qu'il t'a ses côtés. Tu es une bonne personne Geonhak et je suis certaine que tu seras un excellent Roi.

- Merci. »

Les larmes gagnèrent en intensité mais ces dernières n'étaient pas causées par de la tristesse. Non, elles étaient causées par un soulagement si fort : Geonhak était touché en plein cœur. Jamais une personne qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam lui avait murmuré de tels mots. Lui qui avait toujours entendu les gradés répéter qu'il serait un souverain pitoyable, que le Royaume allait s'effondrer lors de la passation de pouvoirs.

Le prince n'avait connu que la haine et la répugnance. On le haïssait, on le faisait passer pour un monstre qu'il fallait rabaisser constamment. Si le peuple Ajri apprenait à le connaître un peu mieux... Si on lui laissait l'opportunité de s'exprimer... Peut-être qu'ils se rendraient compte qu'il n'était pas si horrible et que l'avenir à ses côtés serait peut-être plus rayonnant.

« - Tout se passera bien Geonhak. Toi et Dongju régneraient parfaitement sur Zéphyr, je ne m'inquiète aucunement pour votre avenir.

- Merci, Reine Son.

- Allons, pas de Reine entre nous. Tu es l'époux de Dongju, tu fais maintenant partie de la famille.

- ..., Geonhak se décala en écarquillant les yeux.

- Allons, ne fais pas cette tête, ricana élégamment la Reine tout en caressant les cheveux de Geonhak. Tu as clairement prouvé ton Amour pour mon fils et tu as réussi à entrer dans ce jardin.

- E-en quoi ce jardin a-t-il quelque chose à voir ? »

La Reine pouffa doucement en souriant : on dirait que Geonhak avait posé une question bête.

« - Il est vrai que les étrangers ne connaissent pas cet endroit. Ce jardin est le sanctuaire royal, c'est ici que tu retrouves les végétaux de chaque membre de l'actuelle famille Son. Les orchidées et le lierre sont pour Dongmyeong et Talia, les lotus pour Dongju, le Séquoia pour mon mari et l'érable du Japon est mon végétal.

- Ce... C'est le vôtre ?

- Oui, sourit-elle.

- Il est magnifique. Je n'avais jamais vu un tel arbre. »

Le prince s'approcha à nouveau du végétal pour le fixer avec émerveillement : jamais il ne se lasserait de son feuillage à la teinte si chaleureuse. Néanmoins, maintenant qu'il connaissait la personne liée à cet arbre, il voyait totalement la ressemblance entre l'érable et la Reine : ils dégageaient la même aura.

« - J'ai senti ta présence ici lorsque tu t'es approché de lui, confessa-t-elle en s'approchant à son tour de l'érable. Seuls les membres de la famille royale peuvent pénétrer ce lieu alors sentir une nouvelle présence à côté de mon végétal m'a quelque peu surprise.

- Personne d'autre que les Son peuvent entrer ici ?

- Oui, c'est cela. En réalité, ces plantes sont notre source de vie. Si je venais à tomber malade, alors mon érable souffrirait des maux que moi. Si mon mari venait à mourir, son Séquoia périrait avec lui.

- V... V-vous pouvez connaître votre état grâce à ces végétaux ? »

Geonhak était fasciné : le peuple Tokësor avait tant de secrets à ses yeux. Il ne savait pas que le Royaume de la Terre était aussi proche de leur élément et qu'ils avaient une telle puissance. Il trouvait les capacités et secrets des Ajri bien maigres comparé à ceux d'ici.

« - J'ai vu que Dongju allait mal en venant ici. À un moment, l'étang avait perdu toutes ses fleurs de Lotus à l'exception d'une seule. Je mentirais si je disais que je n'étais pas terrifiée en découvrant ceci. Jamais mon fils n'était passé si proche de la mort et puis, cela a duré pendant des jours et des jours... Chaque matin je venais ici dans l'espoir de voir de nouvelles fleurs apparaître sur l'eau mais il n'y avait qu'elle.

- ..., Geonhak se doutait que cet incident s'était produit lorsque Dongju avait été pris au piège dans les griffes du Roi Kim : son époux était passé si proche de la Mort.

- Puis, la floraison a repris quelque temps avant que vous n'arriviez à Gaïa. Elle est même plus abondante qu'avant son départ : quelque chose semble avoir changé. »

Un fin sourire apparut sur le visage du Ajri alors que le souvenir de cette soirée lui revint en mémoire. Ce moment de confession où il s'était échangé leur Amour. Geonhak avait été tant touché qu'il s'était mis à pleurer sans savoir quoi répondre : les mots restés coincés dans sa gorge à cause de l'émotion. À ce « Et toi ? M'aimes-tu ? », il avait simplement répondu par un baiser embrasé en faisant basculer son jeune mari contre lui : tout ceci avait changé beaucoup de choses entre les deux.

« - Vous partez demain, demanda calmement la Reine.

- C'est exact... Dongju a profité de ces derniers jours pour passer du temps avec ses amis. Il est actuellement avec son frère.

- Je vois, c'est pour cela que tu es seul.

- Il mérite de profiter d'eux. Nous ne savons pas quand nous reviendrons à Gaïa... Alors, il vaut mieux qu'il en profite tant qu'il en a la possibilité. Moi, je pourrais le voir tous les jours lorsque nous serons à Zéphyr.

- Hm... »

L'expression de la Reine fut indéchiffrable pendant quelques secondes puis son sourire irradiant revint sur son visage. Elle prit dans ses bras le jeune garçon sans crier gare puis elle souffla tendrement à son oreille ses quelques mots.

« - Bienvenue dans notre Famille, Geonhak. »

Le Ajri répondit naturellement à l'étreinte en soupirant un merci tandis que son cœur s'emballait : c'était donc cela d'avoir une mère.

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