Chapitre 72 (TW)

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Trigger Warning : Tentative de suicide

Dehors, le temps se figeait sous les températures hivernales. L'herbe blanchissait à vue d'œil, les plantes avaient cette silhouette morte dénuée de couleur. Leurs branches mises à nus pendaient tristement dans ces forêts aux teintes bien fades. Même les fleurs les plus courageuses ne perçaient pas la terre gelée : elles étaient si faibles cette année.

Le ciel, quant à lui, était d'une teinte uniformément grise. Aucun nuage de pluie, aucun rayon de soleil venait briser la teinte morne du plafond céleste. Le monde avait perdu de ces couleurs, devenant un univers uniformément noir, gris et blanc ce qui était profondément perturbant et déstabilisant.

Néanmoins, lui n'était pas sensible à ce triste dépaysement. Son cœur battait si faiblement dans sa poitrine que son esprit n'arrivait même plus à créer un véritable spectre de couleur : ce monde était devenu si laid à ses yeux.

Ses jambes nues frissonnèrent lorsque le vent hivernal vint lécher sa peau. Les pieds du garçon foulèrent le sol glacial dont le dallage était couvert par une fine couche de gel accrochant légèrement son épiderme à chaque pas. Cependant, la sensation de froid ne venait pas : il ne ressentait plus rien, cette vie ne le faisait plus vibrer.

Ses bras pendaient le long de son torse dénudé, ses doigts bleuirent prestement mais le changement de teinte uniformisait presque le corps du jeune garçon dont l'épiderme était couvert d'hématomes. Seul un maigre short couvrait son enveloppe, son torse était mis à nu dévoilant ce sombre tableau à tous les oiseaux planant dans les environs. Des dizaines de balafres scindaient la chair de l'homme qui continuait sa lente avancée, et quelques gouttes de sang frais s'échappaient de certaines plaies mais le froid était si intense que le liquide coagulait presque immédiatement en scellant l'ouverture.

Curieux, un hibou au plumage noir profond vint se poser sur la rambarde du balcon pour fixer l'humain déambulant à moitié dans le froid. L'oiseau hulula d'incompréhension, sa tête se pencha sur le côté mais l'autre ne s'arrêta pas. Son corps commençait à trembler de froid, ses extrémités changeaient de plus en plus de couleur passant du bleu au violine. Ses lèvres gonflées et recouvertes de croûtes avaient aussi cette coloration bleu marine qui n'augurait aucun bon présage.

Les foulées étaient lentes et difficiles, le garçon souffrait clairement à chaque pas qui lui arrachait un gémissement allant se perdre dans le froid hivernal entre deux bourrasques glacées qui léchaient sa peau. Il avait l'impression que les doigts squelettiques de la Mort le caressaient, c'était presque accueillant.

Son esprit était ailleurs, voire il n'était plus là. Sa volonté brisée, ses espoirs annihilaient, son envie de vivre avait lentement disparu au fil des jours devenus des semaines. Détruit, son corps arrivait à le porter seulement car le désespoir le poussait vers la fin. Plongeant dans ses réserves, le garçon réussit à poser un premier doigt sur la rambarde gelée puis sa main bleue l'entoura totalement, vite rejoint par sa jumelle.

Ses yeux vide d'existence reflétant toutes les souffrances du monde se posèrent sur le paysage en face de lui et le garçon avait presque envie de pleurer en découvrant ce dernier uniformément blanc : même hors de ce château maudit, le monde était ivoire.

À l'orée du dénouement, il sentit une dernière fois le vent frapper son visage faisant voler sa chevelure ébène. Des flashs jaillirent, des remords tentèrent de l'assaillir mais il ne pouvait même plus en ressentir tant la souffrance était accrue : le garçon voulait en finir, pour de bon.

Dans un effort phénoménal, il réussit à s'asseoir sur la barrière alors que le hibou noir s'était approché avec curiosité. Le garçon laissa ses jambes tomber dans le vide, ses yeux onyx observèrent le monde en dessous et il analysa rapidement que des dizaines et des dizaines de mètres le séparaient du sol : cela serait amplement suffisant pour l'achever. Fermant les yeux, prenant une ultime inspiration, ses mains poussèrent son corps vers le précipice avec lenteur.

Ses jambes pendirent puis ses hanches, son buste et ses bras lâchèrent pour de bon la corniche le faisant entièrement basculer vers cette finalité choisie. Le garçon aurait voulu prononcer quelques mots, s'excuser de son départ abrupt et de sa lâcheté mais qui pourrait réellement lui en vouloir ? Qui oserait dire qu'il aurait tenu à sa place ? Il était fascinant de voir que le garçon avait survécu autant de temps sans craquer. Sa langue avait été scellé jusqu'au bout, ses secrets seraient emportés avec lui et jamais le monstre n'aurait les réponses à ses questions.

En revanche, il savait que son geste amènerait une nouvelle Guerre et il était navré pour cela. Sa mort allait secouer son Royaume, attrister son peuple mais surtout sa famille. Le garçon aurait voulu écrire quelques mots d'adieux, confesser le fait qu'il partait pour un meilleur monde mais ses maigres forces lui avaient uniquement permis de commettre l'acte irréparable.

Le vent sifflait à ses oreilles, les fébriles battements cardiaques devinrent presque plus légers alors que son corps dégringolait vers le sol. Aucunes larmes ne coulaient sur ses joues, seul une expression neutre planait mais il se doutait qu'elle se transformerait en un soulagement lorsque ses os se brisèrent, que son âme s'en irait : il en était intimement persuadé.

« - Jamais tu ne pourras t'enfuir. »

Le vent porta un murmure tel un souffle sournois qui infiltra le conduit auditif du garçon dont les yeux s'ouvrirent brusquement. Ses prunelles s'écarquillèrent d'effroi, son corps allégé revint brusquement se serrer d'anxiété alors que son esprit pensait que la vie ne pourrait pas être aussi cruelle avec lui.

Face au garçon, d'immenses ailes noir corbeau se dessinèrent. Elles portaient le corps d'un homme au sourire sadique, sa chevelure blonde coupée minutieusement ne bougeait pas d'un millimètre malgré les bourrasques glacées. C'était triomphant qu'il portait le corps de Dongju dans ces bras musclés, son regard orage pétillait de joie et d'excitation face à ce distrayant spectacle : le Roi Kim n'aurait jamais rêvé mieux que d'assister à la tentative de suicide de son prisonnier. Ce dernier lui avait laissé une magnifique opportunité pour le briser davantage.

« - Ta mort m'appartient. »

L'horrible voix du Tyran fit vibrer le tympan du plus petit qui écarquillait les yeux d'effroi. Il avait utilisé ses dernières ressources d'énergie dans cette action désespérée, il avait tant donné pour mettre un terme à sa pitoyable existence et voilà qu'on lui arrachait sa dernière chance, son ultime espoir de liberté. Le Roi donna un puissant coup d'ailes permettant une rapide ascension jusqu'au balcon du Tokësor qui n'en revenait pas : même la mort lui était retirée.

Le souverain mit pied à terre, la chouette sur la rambarde était toujours présente et elle hulula avec bienveillance au Roi tout en secouant ses ailes en signe de respect avant de s'éclipser pour rejoindre son nichoir dans la salle du trône. Dongju ne savait plus quoi faire, il ne tiendrait pas, il ne voulait plus vivre. Son cerveau se brisait davantage, se scindant en fragment le faisant sombrer dans un état de folie.

Gigotant dans tous les sens, le tyran finit par lâcher abruptement le garçon par terre alors que ses petites mains remontaient à sa chevelure pour les arracher par poignet. Son expression dépitée se métamorphosa en un rictus malade et un rire horrible quitta ses lèvres tout en secouant douloureusement son corps : sa vie était un Enfer.

Dongju se tortillait en riant, son esprit craquait définitivement et le Roi se délectait de ce spectacle. Le petit grattait le sol avec sa main droite tout en brisant ses ongles tandis que celle gauche attrapait son visage pour le griffer encore et encore. Les entailles s'accentuèrent, s'élargirent et gagnèrent en profondeur à force qu'il agressait sa chair avec ses longs ongles. Son œil ne fut pas épargné dans l'action, ce dernier fut aussi coupé dans l'action et de l'hémoglobine commençait à perler de ce dernier donnant ce sentiment que des larmes ensanglantées salissaient le visage de Dongju.

« - Tue-moi ! »

Il n'en pouvait plus, son esprit ne tenait plus face au traitement infligé, aux douleurs endurés et sa supplique avait été hurlée si fort que cette dernière avait raisonné dans les couloirs proches de la chambre où était retenu prisonnier le prince. Évidemment, c'était à ce moment précis que Youngjo était passé devant la porte.

Ce cri était si profond, cette demande était tant suppliée que cela avait secoué le domestique de tout son être. Le plateau qu'il portait avec brusquement atterri sur le sol dans un fracas colossal, sa bêtise allait clairement lui valoir une sanction mais Youngjo ne pouvait pas penser à cela : son cerveau était alarmé par ce hurlement.

Tremblant, le garçon avait accouru jusqu'à la chambre du prisonnier, il avait transgressé la règle en poussant la porte menant au lieu et le servant avait pénétré l'endroit en panique tout en cherchant le corps du garçon. Affolé, les sens à vif, Youngjo finit par tomber sur la silhouette détruite du Tokësor sur le balcon, à moitié nu dans le froid glacial, au pied du souverain qui avait relevé la tête vers l'intrus.

« - Eh bien, qui voilà donc. Je pensais avoir été assez clair.

- N-non... Je... »

Le domestique n'avait pas de réponse à donner, son esprit n'arrivait pas à trouver une excuse puisqu'il était trop occupé à fixer la pathétique silhouette de Dongju. Youngjo voudrait tant l'aider, le sauver, voire le remplacer. Ne pouvait-il pas échanger leur place ? Geonhak tenait aussi à lui. Si c'était simplement pour maintenir un contrôle sur son fils, le Tyran pouvait très bien infliger ses souffrances au domestique.

« - Tu penses réellement que ta misérable vie m'intéresse, Youngjo ? »

Sans s'en rendre compte, l'intrus n'avait pas remarqué que le souverain avait marché dans sa direction en traînant Dongju derrière lui. La main gauche du tyran avait attrapé le menton du domestique dans un geste strict mais cela ne fit pas flancher ce dernier, sa tête était ailleurs, la peur n'arrivait même pas à se diffuser en lui tant il était inquiet pour le Tokësor qui était sur le point de périr.

« - Toi aussi tu vas rester en vie très longtemps, confia le Roi. Tu es un élément précieux pour mon plan donc ne compte pas me fuir. »

La main glissa vers la nuque de Youngjo puis elle commença à la serrer faisant légèrement réagir le garçon mais sans plus : il devait sauver Dongju, c'était son unique pensée. Sa personne passerait après, c'était le prince qui avait besoin d'aide et de soutien actuellement, pas lui.

« - Profites tant que tu le peux. Ton tour viendra bien plus vite que tu ne le penses, Djegur. »

Ce fut sur ces paroles que des soldats apparurent dans l'encadrement de la porte puis entrèrent en se courbant mécaniquement avant de s'approcher du domestique. Le Tyran fit un simple geste de la main afin qu'on puisse le faire sortir de la pièce mais il ne donna pas l'ordre d'effectuer une correction au servant : ce dernier aurait sa part de souffrance bien assez tôt.

Seul avec son cauchemar, Dongju fixait le vide alors que sa tête dodelinait au rythme des flashs qui s'imposèrent à son esprit. Il revoyait le fil de son enquête : les horreurs dont il avait été témoin étaient devenu sa vie. Ces personnes pour qui il avait de l'empathie étaient devenu lui.

Pleurer ? Pourquoi ? Dongju pourrait se lamenter sur son sort. Il pourrait hurler, frapper, s'agiter, supplier mais rien ne l'atteignait. C'était comme frapper un mur, l'affliction revenait toujours à l'envoyeur sans jamais fragiliser la paroi.

« - Tu réalises enfin que tu ne fais pas le poids ? »

Le Roi s'agenouilla devant le garçon, ses doigts vinrent caresser la mâchoire squelettique de ce dernier avec une certaine douceur : ce tableau donnant le sentiment que l'homme essayait d'apprivoiser une bête blessée.

« - Tu sais Dongju, tout pourrait prendre fin si tu déliais ta langue. »

Le timbre de la voix de l'homme était doux, ses gestes étaient légers et sans violence permettant de plonger Dongju dans une illusion. Il arrivait presque abaisser sa barrière, sa résistance s'amenuisait et les mots étaient au bout de sa langue, à l'extrémité de ses lèvres.

« - Parles-moi et tout prendra fin. »

Dongju était fatigué. Cette Guerre qu'il avait commencée arrivait à son terme, sa bouche s'ouvrit légèrement. Sa langue passa sur ses lèvres afin de les humidifier légèrement avant de prononcer ces mots qui lui pendait au nez.

Le souverain était attentif au geste du garçon. Ses yeux orageux fixaient cette bouche, ses oreilles s'apprêtaient à intégrer les secrets révélés par le garçon et, dans son excitation, la prise légère du Roi sur le visage du Tokësor s'intensifia et ce geste fut son unique erreur : la bulle qu'il avait minutieusement formée venait d'éclater subitement.

Inspirant, le Prince Son papillonnait des yeux pour les plonger dans les iris de ce monstre qui l'avait brisé puis, alors qu'il allait expirer, deux mots s'échappaient de ses lèvres.

« - Plutôt mourir. »

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