1. Le départ

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La maison a comme un goût d'apocalypse, d'un fracas si immense qu'on ne le ressent pas encore, un de ceux qui se brisent avec un seul faux-mouvement. Et depuis hier après-midi, ça s'amplifie. Encore et encore. C'est le départ, un peu merdeux mais je crois qu'il est encore plus stressant que les exams.

Dehors, ça dort encore mais j'y arrive plus depuis deux heures. La pluie ne fait que taper, elle est sûrement la seule à faire du boucan. Malo, lui, est sûrement encore en train de relire toute sa cinquième. Tout ce qui l'enfonce encore plus, et que je ne peux pas éviter. C'en est devenu un choix et il l'a choisi. Je ne peux malheureusement pas tout éviter.

Mamie a rappelé hier matin. Elle nous attend à la gare. Ça me donne comme un goût d'irréel, comme si tout n'était que mon imagination et que, sans m'en rendre compte, on me dirait « eh, Claire, réveille-toi, c'était qu'un rêve ».

Mais Malo arrive dans cinq minute, ma tasse est dans l'évier et je stresse. Tout arrive bien et je ne sais pas comment le prendre.

Et c'est peut-être juste en regardant le sac devant moi ou en entendant la sonnette que je me rappelle que si pour moi ça ne va pas, rien ne va aller. Parce que les potes c'est fait pour ça, relever l'autre quand ça ne va pas.

—    Putain Claire. J'ai eu l'impression de me faire pisser dessus par une vache dehors.

Au fond, je ne sais pas si tout va de travers ou si ça va, c'est juste moi et ma paranoïa.

—    On va être deux maintenant.

Je le vois sourire, un de ceux dont il a dû si user de lui pour le montrer. Je laisse un post-it, sors par le garage et balance un casque à Malo. J'enfourche la mobylette et à nous le far et les vaches. Enfin, je l'espère.

Il a des centaines de gouttes qui tombent sur le sol et la sensation d'apocalypse s'insinue de plus en plus. Comme si le monde s'était arrêté, là, maintenant, sous les maisons noires et les lampadaires à peine allumés. Je peux le sentir inquiet derrière. Et je n'y peux rien, rien car ce n'est pas moi, que Malo est trop têtu et qu'il est le seul à vraiment savoir.

Au dernier virage, j'ai l'impression que les valises vont tombées, que c'est qu'une connerie de plus et que je n'ai pas le statut d'héroïne alors il ne faut pas que je compte là-dessus pour tenter de tout sauver. J'en ai peut-être les mains qui tremblent, j'en sais rien, je crois qu'elles sont beaucoup trop accrochées au guidon. Mais je sais que Mamie y arrivera, coûte que coûte. Parce que même si ce n'est que des histoires qu'elle aime tant raconter, qu'elle dit, maman me rappelle qu'elle a vécu bien plus que ce qu'elle ose nous dire.

—    Claire ?

Je l'entends souffler dans le brouhaha de la pluie.

—    Quoi ?

—    Merci.

J'ai envie de m'arrêter là, sur le bord de la route, de le fixer tout en lui disant que c'est mon meilleur pote et que, même si on devait cacher un cadavre, je le suivrais. Ses galères, c'est les miennes. Que ses problèmes, je les prends également. Mais à la place je vois la gare, le début de cette aventure, de tout ça. Et j'ai envie d'en pleurer autant de joie que de tristesse.

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