Chapitre 4

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Depuis que je me suis lancée dans mon projet un peu fou, j'ai eu plusieurs retours et surtout beaucoup de soutien à l'égard de mon héroïne qui n'est en fait rien d'autre que moi-même. Et ça me fait tellement du bien, tout le monde pense que c'est une fiction et il y a un nombre inconcevable de théorie par rapport à la suite et à ce que je suis. Le pire c'est que je ne peux rien affirmer ou réfuter, je suis plongée dans un doute aussi grand que celui de mes lecteurs. Mais aujourd'hui alors que j'ouvre l'application, je découvre un message privé déroutant. J'ai déjà reçu un certain nombre de retour, mais cette fois, ça semble être autre chose, la personne me félicite pour mon livre, mais me demande aussi si le livre est inspiré d'une histoire vraie. Je me fais peut-être des films, mais le temps d'une ou deux minutes, je rêve que ce ne soit pas un lecteur un peu trop crédule, mais quelque chose de plus sérieux, un vrai espoir.

De toute manière, c'est à peu près tout ce qu'il me reste, de l'espoir. À part l'espoir de me comprendre, il n'y a plus grand-chose qui me motive. Je ne conteste pas que j'aimerais pouvoir fournir une explication à ma famille et à Pâris, j'en rêve même, mais plus le temps passe, moins j'y crois, ça fait quasiment six mois que je recherche de manière assidue une explication et je ne trouve rien, alors il ne me reste plus que l'espoir. Le pire, c'est que plus le temps passe, plus la situation s'arrange sans moi. Mes proches ne trouveront jamais leurs réponses, mais leur vie reprend doucement leur cours sans moi. Ma famille se demandera toujours ce qu'il m'est arrivé. Pâris se demandera toujours ce qu'il s'est passé, mais leur vie avance malgré tout. Le plus marquant c'est pour Pâris, il a même un espoir d'être innocenter grâce à sa sœur et c'est de plus en plus concret. Il est toujours en prison, mais un nouveau procès se tiendra bientôt. Au moins mes parents sauront qu'il n'est pas responsable, même s'ils n'ont aucune explication supplémentaire. Et peut-être que si ma famille et Pâris se parlent, ils comprendront quelque chose, qui sait, après tout l'union fait la force. Je leur souhaite en tout cas. Mais je suis déjà soulagée que Pâris est une chance de sortir de prison, ça m'enlève le poids d'une certaine culpabilité à son égard.

La seule chose qui m'inquiète avec sa possible future sortie de prison, c'est que je ne puisse plu parler avec lui... C'est totalement stupide et encore plus égocentrique, mais ça me manquera. À Noël, j'ai enfin trouvé un moyen de communiquer avec lui et ça me fait tellement de bien de pouvoir le retrouver indirectement. Alors oui, je lui mens affreusement, oui je me fais passer pour quelqu'un d'autres, mais c'est tellement mieux que rien. Parce qu'après tout ce qu'il s'est passé, je l'aime encore, toujours. C'est presque insensé de parler avec lui par lettre, encore plus en se faisant passer pour quelqu'un autres, mais le retrouver, c'est tellement agréable. Malheureusement, je ne suis pas totalement stupide, je ne pourrais pas lui parler ainsi éternellement, encore plus s'il sort de prison. Je ne doute pas un seul instant que Pâris voudra voir Eva lorsqu'il en aura l'occasion. Mais c'était le mieux que j'avais trouvé. Et quand j'ai commencé, je m'étais dit que je pourrais un jour lui expliquer ce que je suis, du moins avant qu'il ne sorte de prison, je n'avais pas pensé qu'il réussirait à sortir de prison par ses propres moyens. Pourtant j'aurais été intelligente, j'aurais envisagé la possibilité, après tout, il est en prison à cause de la disparition de trois personnes et deux d'entre elles n'ont pas disparu mystérieusement et sont à priori encore en vie, ça semblait logique qu'Ophélie allait revenir dès qu'elle aurait appris pour son frère. Elle a même été franchement longue à revenir pour tout dire.

Quoi qu'il en soit, malgré toutes ces possibilités, même si mes proches reprennent leur vie, même si Pâris sort de prison, même si ma famille trouve certaine réponse, je veux toujours savoir ce que je suis. Parce que c'est au-delà d'être quelque chose qui concerne mes proches, ça me concerne aussi, c'est ma vie après tout. En voyant ce message ce matin, même si c'est totalement fou, j'ai un espoir. Alors je réponds que l'histoire en elle-même n'est pas une fiction, que tout le scénario c'est vraiment produit dans les circonstances décrites et que j'ai seulement changé le nom et les lieux pour protéger l'anonymat des personnes impliquer. Je ne sais pas exactement ce que la personne pourra tirer de ses informations, encore moins de si elle compte vraiment en tirer quelque chose, mais je lui envoie tout de même ça, au cas où, en espérant ne pas me faire trop de faux espoir. Après tout, ce n'est pas la première personne qui me demande si c'est réel, c'est la première personne qui a l'air aussi intriguer et impliqué, c'est tout. Et je ne risque rien d'autre que d'être déçu en envoyant ça. De toute manière, je n'y place pas trop d'espoir

L'objectif de ne pas y placer trop d'espoir semble être un désastre. Hier, j'ai approximativement rechargé la page des notifications un million de fois et je ne suis même pas sûre que ce soit vraiment une exagération. J'ai même lu mon livre le soir avec mon téléphone en haut de la page pour pouvoir continuer d'actualiser. En plus, ce n'est pas comme si j'avais absolument rien à faire en ce moment. Après tout, je suis une fille porter disparu qui vit encore chez ses parents. Mes principales activités, c'est de faire du surf, rédiger ma propre biographie, lire des livres et écrire des lettres à mon petit ami qui est en prison pour mon meurtre. Autant dire que j'ai du temps libre.

En réalité c'est presque désespérant d'avoir autant de temps libre dans ses journées. Il y a quelques mois, j'ai bien songer à aller à la fac, comme tout le monde, mais la seule perspective d'apprendre des cours, sans pouvoir passer d'examens et sans pouvoir obtenir un diplôme ou un travail à la fin est totalement dépriment. Je sais bien que je peux pas passer ma vie à rien faire, mais honnêtement, faire quelque chose sans bute, c'est affreux. Et encore, j'ai de la chance, en me cachant derrière un pseudo, j'arrive encore à parler avec des personnes, c'est déjà énorme. Mais la fac, je pense que ce n'est pas pour moi. Du moins pas pour l'instant. Un jour peut-être si je redeviens normal. Même si incontestablement, je pourrais être la reine de la triche actuellement.

Et fac ou pas fac, pour l'instant, j'attends une réponse de l'homme qui m'a envoyé le message hier. Réponse qui ne semble pas vouloir arriver. C'est donc si compliquer que ça un « d'accord merci » ? Je n'attends pourtant rien d'autre qu'une réponse qui ruine mes espoirs. Pourtant, c'est une autre réponse que je reçois. L'homme m'envoie un message listant tout ce qui est arrivé à mon héroïne dans mon roman et en me demande si tout est exacte et si non, quels sont exactement les faits inventés et les faits réelles. Honnêtement en lisant ce qu'il m'a écrit, j'ai deux secondes de doute en me demandant si c'est de la curiosité malsaine, de l'envie d'aider ou de l'intention de m'envoyer en hôpital psychiatrique. Les trois sont possibles et j'avoue que je comprendrai la dernière, je reconnais m'être moi-même poser des questions, après tout, je n'ai aucune preuve, mais si je ne peux même pas me faire confiance, je n'irai nulle part.

Ne risquant toujours rien, après tout, j'ai disparu aux yeux du monde entier et la personne ne sait pas qui je suis, ni où, je confirme l'exactitude des faits.

Et je recommence à attendre. Définitivement, il faut que je fasse quelque chose de ma vie. Un instant, je me demande si je ferais pas mieux de sortir, me balader sur la plage, pourquoi pas faire un peu de surf ou nager. Mais j'abandonne le projet, il bruine dehors et la mer est calme. En plus, j'attends impatiemment la réponse de la personne, c'est fort possible qu'elle me dise que je suis complètement taré et que je mériterais de finir à l'asile, mais dans le cas improbable où il me dise autre chose ?

Cette fois, sa réponse est beaucoup plus rapide. Il m'explique que je dois faire partie, comme lui, d'un groupe magique et que des personnes aléatoirement dans le monde reçoivent un pouvoir à leur 18 ans lorsqu'ils sont nés, comme moi, le 12 juin. Normalement, on peut apprendre à utiliser ce genre de pouvoir et une personne vient nous l'enseigner. Mais mon pouvoir, et le sien, sont très compliqués parce que la personne est souvent portée disparue avant qu'elle n'ait pu comprendre quoi que ce soit et ait pu apprendre à la gérer. Il se serait bien proposé pour m'apprendre, mais d'après ce qu'il a lu dans mon livre, j'ai déjà compris le fonctionnement et comment le gérer, mon dernier problème, c'est de réapparaître. D'après lui, il y aurait une solution à ça, il faudrait que j'en parle à quelqu'un, quelqu'un de confiance qui serait prêt à croire à tout, cette personne pourrait alors me permettre de me réintégrer dans la société et il me suffirait ainsi de ne pas suivre mes visions pour reprendre une vie quasiment normale.

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