Chapitre 6

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J'en ai des frisons... Je veux croire que Pâris soit un criminel, encore moins un meurtrier et qu'il ne m'a absolument pas fait de mal, mais en réalité, je n'en sais absolument rien. Je ne sais même pas séparer le mythe de la réalité. Il m'est arrivé quelque chose, c'est vraisemblable et je me suis vu à la fois enfermée et morte... J'ai même vu Pâris parfois. Un Pâris méconnaissable, le visage tordu par la haine. Je ne sais ni si c'est vrai, ni si c'est faux. Ça pourrait être les deux. Il pourrait y avoir une part de vérité et une part de mensonge. Ou juste du mensonge.

Quoi qu'il en soit, si Pâris m'a fait quelque chose, je ne m'en souviens plus, quoi que je sois aujourd'hui. Je ne veux pas vraiment y croire. Ça c'est sûr et certain. Je ne veux pas croire que mon premier amour, mon Pâris, soit un monstre et m'ait non seulement fait du mal, mais qu'en plus, il en ait fait à d'autres personnes. Je ne veux pas y croire. Et même si c'est totalement impossible, je voudrais lui parler, lui demander en face. Savoir. Comprendre. Avoir une explication.

Si seulement je pouvais au moins savoir ce qu'il m'arrive, ça m'aiderait sûrement à savoir ce qu'il s'est passé. Si je suis un fantôme, c'est plutôt clair, reste à savoir à quel moment s'arrête la réalité et commence les hallucinations. Si je suis autre chose, il faudrait déterminer ce que ça signifie par rapport à la suite des événements. Rien que d'y penser, j'en ai mal à la tête. Si seulement c'est foutu vision pouvait juste... s'arrêter... Je ne demande rien de plus. Maintenant, j'arrive à être cramponnée à la réalité, j'arrive à n'avoir plus que des flashs, mais ils n'arrêtent pas. Ils sont incessants. Des milliards d'images qui s'enchaîne. À chaque fois que je cligne des yeux, je vois autre chose que l'entrée de ma maison. La seconde d'après, tout revient à la normale. Mais cette minuscule seconde me rend folle. Totalement folle. Je n'arrive pas à l'ignorer même si je ne suis pas focaliser dessus et que je n'y prête plus attention. Cette minuscule seconde m'empêche de penser correctement.

Entre ma sœur et mon père, un silence lourd s'installe. Lourd de triste. Lourd de pensée. Lourd de ressentiment. Et moi je suis là. Impuissante. Incapable de leur signaler ma présence pour peut-être le aider, même si réalistement, je ne pourrais pas leur apporter la moindre réponse.

La discussion s'arrête là. Ni l'un ni l'autre ne semble vouloir me fournir plus d'information. Et après quelques dizaines de secondes, mon père finit par prendre la décision d'aller se laver tandis que ma sœur se propose pour aller faire la cuisine en attendant que ma mère rentre. Au retour de cette dernière, je ne glane pas d'information que je n'avais pas déjà en ma possession.

Au moment de passé à table, je me sors des couverts et une assiette, cherchant volontairement à rentrer en contact avec eux, mais personne ne remarque quoi que ce soit d'étrange, ni même quand je bouge ma chaise, encore moins quand je me serre à manger, comme si chacune de mes actions n'avait pas la moindre importance. Comme moi. Pourtant, je fais tout, même les actions les plus improbables, mais à aucun quelconque moment l'un des membres de ma famille réagit, même pas un minuscule regard inquiet, une légère incompréhension ou une simple hésitation. Rien. Absolument rien. À la fin du repas, je suis même à deux doigts de leur lancer un objet directement à la tête juste pour les faire réagir, pour avoir une vraie réaction concrète. Quelque chose. Mais je n'ose pas, je me débine.

Quand je vois que tout le monde débarrasse la table et remplit le lave-vaisselle, laissant bien évidement mon assiette et mes couverts, je me dépêche de faire de même avant qu'ils ne referment la machine et qu'ils la mettent en route. Malheureusement, dans ma précipitation, je fais glisser mon verre, le tout dernier verre rouge de la maison et il s'explose par terre en mille morceaux. Cette fois, j'ai l'impression d'avoir une forme de réaction chez mon père qui sursaute légèrement et commence à prononcer le prénom de ma sœur en soupirant. Mais en ce tournant vers elle, il secourt la tête et son regard se teinte d'incompréhension. Les rares espoirs que j'avais vu naître retombe alors. Peut-être qu'il a rapidement entendu le verre tombé, mais il n'a même pas regardé dans la bonne direction, encore moins vu quoi que ce soit, c'est tout au plus s'il a cru entendre quelque chose.

Désespérée, je pose rapidement ma vaisselle à sa juste place et je ramasse les débris de mon pauvre verre avant de les jeter à la poubelle, tandis que les trois autres membres de ma famille sont toujours occupés à autre chose. Ce que je fais ne serre vraiment à rien. Ça n'a aucun impacte sur la réalité des autres. Juste sur la mienne. Uniquement sur la mienne.

C'est sur cette conclusion que je finis par aller me coucher, voulant arrêter d'avoir cette impression atroce de n'être rien et surtout de n'avoir aucune emprise sur la réalité. Parce qu'avant que ma famille ne rentre, je ne m'étais à peine rendu compte du problème, j'étais encore dans une sorte d'innocence très agréable. Maintenant, le bilan de la soirée est tout simplement déprimant, je n'ai même pas de réponses, je ne sais pas si j'ai été enlevée ou tuer, je ne sais pas si Pâris est un monstre, je ne sais pas ce que je suis. Je ne sais rien. Ah si, j'ai appris un truc, les êtres humains ne se rendent absolument pas compte de ce que je fais, mais par contre, les animaux, notamment mon chat, capte ma présence. Brave nouvelle, ça me fait une belle jambe cette histoire. Je suis mauvaise langue, j'ai possiblement appris autre chose : parfois quelqu'un peut capter une de mes actions au moins quelques secondes. Ça va m'être utile à savoir que quelqu'un peu m'entendre mais ne saura pas que c'est moi. Je suis définitivement plus rien.

Il faut définitivement que j'arrête d'y penser, je me fais du mal. Une fois dans ma chambre, je m'installe sur mon lit et j'ouvre mon livre en cours espérant que si j'arrive à repousser mes visions suffisamment pour suivre une discussion, je vais aussi y parvenir pour lire. Parce que si en plus de ne plus avoir aucune importance, je n'ai plus aucun moyen de faire quoi que ce soit de ma vie, je ne vais vraiment pas supporter. Heureusement, j'arrive à ne pas me perdre dans ma lecture, faisant plaisir à la lectrice que je suis, me permettant de poursuivre cette lecture tranquillement, presque normalement, presque comme avant. Je ne sais pas exactement comment, mais peut-être qu'avec un peu de chance, je vais réussir à avoir un rythme à peu près normal. Rien n'est moins sûr et je risque d'avoir une vie dans l'ombre, mais si je peux continuer à lire, à écrire, à surfer, à apprendre, à me déplacer, je devrais suffisamment m'occuper pour ne pas sombrer dans le dépit... Possiblement. Reste à voir au plus long terme si je peux envisager d'avoir une vie de solitude.

Après une bonne heure de lecture, j'éteins la lumière et je programme mon réveil pour le lendemain matin, comptant bien aller en cours. Même si personne ne va me remarquer, au moins, je continuerai d'apprendre, ça peut toujours m'être utile si un jour je trouve une solution à mon problème.

Mais une fois la lumière éteinte, je me fais chier, comme souvent le soir avant de m'endormir, j'essaye de concentrer mes pensées sur la suite de mon livre, il n'y a pas moyen, je n'arrive pas à me plonger dans cet entre-deux que j'affectionne tant, à la limite entre le rêve et la pensée. Impossible de déterminer si c'est ma journée qui me perturbe autant ou si la responsabilité revient plutôt aux visions que je subis. Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas à trouver le sommeil, même si je l'attends désespérément, je n'ai même pas l'impression d'avoir trop dormi aujourd'hui, je suis épuisée malgré tout...

Et soudain, alors que j'allais abandonner le sommeil et rallumer la lumière pour continuer de lire, j'entraperçois Pâris, enfermer dans une cellule de prison et je suis à ses côtés. Je ne doute pas un seul instant qu'il est actuellement en cellule, mais ce n'est pas ça qui me marque le plus, c'est qu'il est très loin d'avoir le regard haineux que j'ai vu ces dernières vingt-quatre heures, non il a les yeux que je connais, doux et aimant, délicat aussi. Face à ce regard, je ne veux pas croire qu'il est fait du mal à qui que ce soit, ni à moi, ni à quelqu'un d'autre. Je ne veux pas croire qu'il soit autre chose d'innocent. Prenant une décision et ayant bien compris que de toute manière je n'arriverai pas à m'endormir, je ferme les yeux et me concentre sûr cette vision fugace.

Quand je les rouvre, je suis dans cette petite cellule aux murs de bétons avec une malheureuse fenêtre recouverte de barreau. Par contre, en me retournant et en réagissant que la sortie aussi est bouclée, je réagis que mon action n'était pas forcément très intelligente. OK, je suis avec Pâris, mais il ne me voit pas. Il ne sait même pas que je suis là et ne m'entends pas non plus. À aucun quelconque moment je vais pouvoir lui demander des explications. Et en plus, maintenant je suis enfermée et je n'ai pas la moindre idée de comme je vais faire pour sortir. J'y aurai réfléchi avant de me téléporter ici, ça aurait pu être malin maintenant que je contrôle à peu près ma nouvelle capacité. C'est trop tard pour y penser. Peut-être qu'avec un peu de chance, je me verrai hors de ce trou à rat. En tout cas, je peux être à peu près sûre que je serais en retard en cours demain, aucune chance que je sorte vite d'ici.

Quoi que. Je ne sais pas du tout comment tout ça fonctionne. Je suis à peu près sûre qu'il faut que j'aie une vision de moi dans ce lieu, pour m'y retrouver ensuite. Vraisemblablement, les visions de lieux que je connais sont très rares. Mais peut-être que justement, je peux provoquer ces visions. Je commence alors à me concentrer, visualisant ma chambre et m'imaginant allongée dans mon lit. Je rouvre les yeux et... Rien. Je suis toujours face à la planche de bois sur laquelle Pâris essaye de dormir. Je soupire... échec. Je réitère l'expérience plusieurs fois, mais définitivement ça ne fonctionne pas. J'en ai marre. Je suis fatiguée, je veux juste rentrer chez moi. Ce n'est pas trop demander quand même !

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