Chapitre 30

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- Okalie ? prononça Æthnis en s’approchant d’elle.

Ils étaient arrivés plusieurs minutes après elle. La rousse avait trouvé la blanche assise près du nid du feu de camp, dos à eux. Elle massait son bras dans un silence de mort.

- Je préfère Skyrah, pour le moment, répondit-elle sans se retourner.

- D’accord.

- Okalie… c’est trop pour moi.

Æthnis posa une main réconfortante sur l’épaule de la jeune.

- Je vais chercher du bois, fit-elle en partant dans la forêt suivit de près par Zéphyr.

Il ne restait plus qu’elle et Azkiel. L’elfe se posa à ses côtés face aux cendres. Il commença à aiguiser son épée.

- Je… murmura-t-elle, tout se bouscule. Je ne fais que douter de tout. J’ai l’impression que d’être redevenu Okalie, c’est être devenu la méchante. Skyrah était tellement souriante.

- C’est une enfant qui a eu la chance de voir le monde avec des yeux nouveaux, argua-t-il sans cesser son activité. Toi, tu es ce que tu as vécu. Tu ne devrais pas t’en vouloir d’avoir souffert. Mais tu peux toujours essayer de voir le monde sous un angle différent. Après tout, Skyrah c’est toujours toi.

Elle tourna la tête et se retrouva plonger dans le regard profond et bienveillant de l’elfe. C’était étrange. Parce que même en étant Okalie, ce sentiment envers lui ne changeait pas. Son corps frissonnait à sa voix. Ses yeux ne voulaient pas quitter les siens.

- Tu ne regardes pas différemment toi, chuchota-t-elle perdu par l’effet qu’il lui faisait.

- Détrompes toi. Regarde. Je suis assis à côté de toi. Nous parlons. C’est déjà un très bon début crois moi.

Elle n’ajouta rien, continuant de se perdre dans ses yeux bleu nuit. Il n’avait pas tord. Au départ, il lui était difficile d’être en sa compagnie - préférant répéter à quel point il détestait les humains. Mais il était là, à conduire son groupe jusqu’à Lafand. Il était là, à lui parler comme s’il tentait de lui remonter le moral.

- C’est drôle de voir à quel point je me suis acharnée pour retrouver un passé que je fuis, fit-elle en détournant les yeux. Entrainée comme guerrière pour protéger le Grand Cristal. J’ai fini par le regarder périr. Et je n’ai rien pu faire. Je n’ai rien fait.

- Tu ne peux pas changer ce qu’il s’est passé.

- Non. Mais je peux toujours arrêter Keirah. L’empêcher de détruire davantage Xadis.

Sa phrase sonnait comme une promesse. Une promesse qu’elle fit au ciel assombrit. Elle souffla et se leva pour se dégourdir les jambes et oublier la douleur qui martyrisait son bras gauche.

- Tu sais, reprit l’homme, il fait bientôt nuit et les deux autres ne sont pas là. Tu peux te défouler si besoin.

Il ne lui avait offert aucun regard. Elle comprit pourtant ce qu’il voulait dire. Skyrah hocha la tête et s’enfonça dans les ténèbres sans but précis en tête. À quelques minutes du camp, s’étendait le flanc de la montagne. À son pied, du sable et de l’eau à perte de vue.

Le soleil s’était couché et laissait maintenant apercevoir un aplat de noir parsemé d’étoiles. Elle s’assit sur le rebord, les pieds dans le vide. Seule, ses épaules semblaient trop fragiles pour porter ce poids. Dans un silence pour une fois agréable - accompagné du vent marin - elle laissa glisser une larme sur le coin de sa joue.

Après la mort de Justie, elle s’était promis de ne pas pleurer et d’être forte, digne du Cristal. Elle ne la tiendrait pas. Elle le savait. Son cœur était lourd et brisé. Elle avait mal. Mais sa douleur ne se voyait pas.

Comme si elle avait actionné un bouton, elle se laissa noyer dans un flot de larmes glissant sur ses joues. Sa gorge était serrée comme si quelqu’un la comprenait. L’air passait-il encore ? Peut-être bien, car elle vivait toujours. Skyrah avait même pensé à se laisser tomber. Mais ça n’aurait été que trop lâche de sa part. Elle allait faire mieux : s’entraîner à sen déchirer les muscles, à en perdre l’appétit, à n’en plus dormir… tout cela pour retrouver son niveau d’antan. Tout cela pour qu’elle réussisse enfin à battre Keirah.

Elle s’était offert plusieurs minutes - ci ce n’était heure - pour laisser son corps évacuer ce qu’elle n’arrivait pas à dire. Qu’est-ce qu’elle aurait aimé que Justie soit là pour la réconforter… Qu’est-ce qu’elle aurait aimé revoir le visage de ses compagnons comme force pour continuer d’avancer… Mais elle était seule. La dernière debout. Se concentrait-elle trop sur les mauvais côtés de son histoire ? Oui. Mais elle était aveuglée par toute la tristesse dont s’était imprégnée son corps.

Les mains sur le visage, elle se leva après un temps qu’elle n’aurait pu donner. Puis elle retourna au camp après avoir séché chaque trace de tristesse. Elle ne se  laisserait de répit que lorsque Keirah aura rendu les armes. 

À l’aurore, la jeune blanche s’était levée afin de commencer son entraînement. Ses compagnons dormaient encore lorsqu’elle les quitta pour s’enfoncer dans les bois et atteindre un lac. Elle empoigna son arme fermement et se surpris à la fixer. Skyrah sentait cette puissance émaner de son épée, Ajay. Une force qu’elle avait oublié depuis longtemps déjà. Lorsqu’un dériveur de temps obtenait son arme, celle-ci mémorisait chaque souvenir de son porteur et chaque parcelle de son pouvoir. Ajay avait grandit avec Okalie depuis qu’elle avait accepté d’entrer dans le groupe. Jamais elle ne s’était imaginée la perdre et encore moins devoir tout recommencer depuis le début.

Skyrah mît fin à ses pensées. Elle avait un grand avantage : elle maîtrisait parfaitement chaque technique. Il ne lui manquait plus que le corps physique. Avec ces nombreux mois à ne pas s’entraîner, elle s’était affaiblie. La blanche fit donc des mouvements lents mais précis. Même si ses souvenirs étaient revenus depuis peu - même très peu - elle arrivait à se rappeler de chaque détail pour chacun de ses sorts.

Ses muscles chauffaient. Brûlaient même. Ils étaient douloureux. Mais ce n’était pas avec si peu qu’elle allait s’arrêter. Plus les minutes passaient, plus elle accélérait sa vitesse. S’endurcir rapidement pour être au meilleur de sa forme. C’était ce qu’elle voulait malgré la douleur.

Combien de temps s’était écouté le depuis qu’elle avait commencé ? Aucune idée. Mais le soleil avait bientôt atteint son zénith. La sueur coulait de son front comme si elle avait sauté dans l’eau. Sa gorge était sèche et ses mains douloureuses. Elle marqua une pause dans son attaque, laissant ses poumons reprendre l’air dont il avaient besoin.

- Ça fait des heures que tu es là, fit Æthnis dans l’ombre d’un arbre. Prends une pause et viens manger avec nous. Ça te fera du bien.

Skyrah relâcha sa pose pour la fixer dans les yeux.

- Tu sais, ce n’est pas en répétant sans relâche un mouvement que tu vas retrouver ta force d’antan. Laisse toi du temps.

Elle voulu la contredire. Mais Æthnis avait raison. Se fatiguer jusqu’à ne plus bouger ne servait à rien. Elle finit donc par relâcher chacun de ses muscles et planta son épée dans le sol. Skyrah se passa un coup d’eau sur le visage - plongeant ses mains douloureuses dans le lac - et suivit la templier en récupérant Ajay d’une poigne fébrile. Au camp, elle s’assit dans le silence près du feu qu’ils avaient allumé pour la nourriture.

Étrangement, ce moment ne se grava pas dans son esprit. Skyrah n’aurait pu dire ce qu’il s’était passé les jours suivant non plus. Elle était bien trop aveuglé par son envie de vengeance et son amélioration. Une partie d’elle s’en voulait de ne pas avoir rit avec eux, de ne pas avoir profité de ces moments calmes pour se détendre. Ce fut là que « Skyrah » lui manquait. Cette femme qu’elle avait été sans souvenirs. Celle-ci même qui savait vivre l’instant et qui voulait se rappeler de chaque détail. Elle l’avait perdu en se retrouvant.

Le troisième jours, ce fut la même histoire. La jeune blanche se leva tôt le matin afin de rejoindre le lac pour s’entraîner. Elle était fière d’elle en voyant que son corps suivait. Skyrah pouvait dorénavant user de sa vitesse - une infime partie certes - pour ses sorts. Elle avait travaillé sur les cercles de certaines de ses incantations due au côté sorcier de sa classe. Il était dorénavant temps de les essayer.

Empoignant pour la énième fois Ajay, elle se plaça à plusieurs mètres des arbres longeant le lac et commença ses mouvements. Lents et précis, ils finirent par devenir rapides et efficaces. Elle ne se concentra que sur ses coups afin d’entraîner sa vitesse qui - même si elle n’était qu’à la moitié de ce qu’elle savait faire - lui offrait des gestes bientôt invisibles à l’œil. Malgré ses yeux fermés pour focaliser son attention vers son énergie, son équilibre n’en était que parfait. Lorsqu’elle ouvrit les paupières, son bras droit tranchait l’air à une vitesse déconcertante. Puis son arme passa au gauche qui fit de même.

Ajay devenu lente, elle fixa les arbres face à elle. Les plus éloignés étaient marqués de petites coupures. Les plus proches avaient été réduit en morceaux. Sa rapidité déconcertante lui permettait de fendre l’air et trancher les molécules. Seules celles de l’eau restaient et formaient une secondes lame autour d’Ajay. Celles-ci s’élançaient et coupaient parfaitement leurs cibles. Tout ce processus ne se passait qu’en quelques millisecondes. Le temps pour Skyrah de faire un autre coup aussi dévastateur.

Le souffle court, elle supprima l’espace entre ses pieds pour adopter une attitude plus habituelle et agréable. Ses bras lui lançaient atrocement. Après tout, elle leur faisait vivre un martyr depuis quelques jours déjà. Une pointe s’enfonça dans son cœur. Elle était loin - très loin - d’être au niveau. Skyrah savait pourtant qu’elle avait fait d’énormes progrès. Elle laissa échapper un souffle qui sembla durer une éternité.

- Tu comptes rester cacher encore longtemps ? se mit-elle à rire en s’essuyant le front.

Il sorti de sa « cachette » - qui n’en état pas vraiment une - et s’avança vers un premier arbre au tronc tranché. Ses doigts frôlèrent la coupure avant qu’il ne pose son regard sur Skyrah.

Elle le fixait sans rien dire. Puis décida d’engager quelques pas douloureux vers lui. Ça faisait bien une dizaine de minutes que Azkiel la regardait s’entraîner, elle avait senti sa présence si rapidement… elle en fut surprise. Mais avait passé outre ce détail.

- C’est une puissance à en couper le souffle, argua-t-il en croisant les bras.

- Dévastatrice, répondit-elle en plaçant sa main sur le tronc.

Il était donc temps de tester ses dons de sorcière. Après une grande inspiration, elle ferma les yeux. Skyrah visualisa chaque détail qui composait le cercle. Allant du rond qui enfermait la magie, aux écritures venant alimenter la puissance… Sous ses pieds, une chaleur naissait comme si son énergie se concentrait sur ce seul point - sentiment qu’elle avait oublié. Lorsqu’elle ouvrit les paupières, elle retira sa main. Son cercle disparu tandis qu’elle fixait son œuvre.

Il ne se passa rien au départ. Puis le végétal trembla et s’éleva vers le ciel. Ses branches s’éparpillaient et naissaient de petits germes avant d’éclore pour donner vie aux feuilles. Sa force comme drainée, elle cacha ses mains tremblantes alors que l’elfe regardait la scène un visage de marbre. Skyrah aurait parié y lire de la surprise dans ses yeux. Un petit rire s’arqua sur ses lèvres - à son grand étonnement.

De retour au camp, elle posa Ajay au sol et s’assit lourdement. Ses mains passèrent sur son afin afin d’écarter les quelques mèches rebelles devant ses yeux. Elle entendait Æthnis et Zéphyr rire aux éclats devant elle.

Cela faisait trois jours qu’elle avait retrouvé ses souvenirs. Trois jours qu’elle déformait la vérité pour arriver à ses fins. Trois jours qu’elle avait perdu « Skyrah ». Encore une fois, elle se sentait incomplète. Elle avait perdu sa joie de vivre. La légèreté de son cœur s’était transformée en enclume le fondant encore plus profond que les abysses. Elle se demandait même comment allait terminer toute cette histoire. Mais en réalité, elle n’arrivait pas à se sortir Keirah de la tête.

Elle était à Lafand. Okalie avait apprit à la connaître. Elle savait pertinemment que celle-ci n’allait pas partir de si tôt. Keirah lui en voulait. Elle n’en connaissait pas la raison. Mais ça l’arrangeait bien. Car elle avait prévu d’y retourner. Une fois prête, Skyrah comptait bien en finir avec elle. Elle savait pourtant ne pas faire le poids. Elle était partagé entre sa soif de vengeance et sa conscience. L’une criait de partir dès maintenant et de planter profondément Ajay dans le cœur de Keirah. L’autre chuchotait qu’elle avait beau avoir ses souvenirs, sa force n’était plus. Okalie n’était plus ce qu’elle était. Et il semblait évident que son ennemi allait en profiter.

Elle fixa le nid du feu, seulement recouvert de cendre. Elle était perdu. Indécise. Leur séjour ici allait commencer à durer. Il leur fallait repartir. Mais elle n’y arrivait pas. Elle savait la dangerosité que pouvait représenter cette femme. Son groupe s’était battu mainte et mainte fois contre elle. Tout cela terminé par un échec… car ils étaient sûrement tous morts à l’heure actuelle. Skyrah bâtit survécu de peu. Alors qu’elle chance y avait-il pour qu’eux aussi ? Si ça avait été le cas, ils auraient été aux côtés de la reine.

Elle souffla d’autant plus fort pour faire taire ses pensées étouffantes. Cette nuit lui portera peut-être conseil ? Elle l’espérait en tout cas.

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