Chapitre 36

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L'elfe tira sur les petits fils du corset avant de l'aider à mettre en place ses manches. Elle ajouta quelques touches de maquillage avant de la saluer et de partir en lui souhaitant une bonne soirée. Skyrah regardait sa robe dans un silence de mort. Seul son cœur battait dans ses oreilles. Le tissu en satin était magnifique et faisait ressortir le doré de sa tenue. Ses cheveux avaient été coiffés, quelques mèches attachées derrière son crâne dont le reste tombait dans son dos. Des paillettes au-dessus du front s'éparpillaient vers sa crinière blanche.

C'était bien la première fois qu'elle se voyait de la sorte. La robe était ajustée à sa taille afin de faire ressortir le creux de ses hanches. Elle se trouvait belle. Elle aimait cela. Mais était-ce réellement elle ? Elle déglutit en touchant quelques mèches de ses cheveux qui avaient été ondulés.

Quelqu'un toqua à la porte, la sortant de sa torpeur.

- La reine vous attend, avait prononcé une voix masculine.

Elle n'accorda pas d'importance à l'homme, continuant de fixer son reflet dans le miroir. C'était le moment d'apparaître au grand jour. Le moment de montrer à tous qui était Okalie Avagon... Alors qu'elle demandait encore à ses amis de l'appeler Skyrah. Quelle ironie.

Elle dévia ses yeux turquoise pour commencer son chemin vers la sortie de la chambre. Ses pieds allaient devoirs s'habituer aux talons que lui avait donné Shura, assortis à sa robe bleu azur. Une fois la porte passée et quelques pas de plus, les invités commençaient à se faire entendre. Comme demandé, elle fit le tour de la pièce en restant caché du monde. Shura tenait à ce qu'elle descende avec elle durant ce début de soirée. La première impression qu'ils allaient avoir d'elle. Accompagné de la reine, une jeune femme dont personne ne connaissait l'existence et qui se devait de protéger Xadis de ses frêles épaules. Ses mains tremblaient. Et plus encore lorsqu'elle vit la reine dans une somptueuse tenue de bal. Elle l'attendait devant une grande porte où elles allaient faire leur entrée.

Elle sentait la robe se serrer sur ses côtes. L'air lui manquait mais elle le cacha bien. Ses pas claquèrent contre le carrelage lavé dans la journée - aussi brillant qu'un diamant - jusqu'à deux qu'elle s'arrête à gauche de Shura.

- Tu es prête ?

Non. Elle ne l'était pas. Parce que depuis qu'elle était née, elle n'avait jamais imaginé devenir le centre de l'attention, ni le héros de Xadis. Elle tenait juste à sauver des vies comme son frère aurait fait. Mais tous ses choix l'avaient mené à ce moment précis. Celui où elle avançait derrière la reine qui se montrait enfin à son peuple elfique. Quelques regards étaient sur elle. Elle les fixa à son tour, ne manquant pas leurs réactions.

- Comme vous le savez, ce bal est un peu précipité, surtout depuis que nous savons les capitales en danger.

Des bruits de chuchotements - sûrement des personnes qui parlaient de ce qu'ils pensaient sans se soucier de qui les entendait.

- Et c'est parce que le monde tremble, qu'il est enfin temps pour moi de tout vous avouer.

La salle fut prise d'un grand silence. Ils pouvaient même entendre les mouches voler.

- Il y a de cela plusieurs années, j'ai réuni en secret des guerriers humains, tous choisi par la Prière. Même notre défunt roi, mon mari, ne connaissait mes plans. (Des exclamations) Leur but était de protéger nos capitales et surtout, le Grand Cristal, cœur de Xadis. Mais, leur principal rôle était d'entraîner une personne sans classe afin que celle-ci puisse toutes les maîtriser. Avec cela, nous aurions été capable de créer un groupe spécialisé afin de garantir la sécurité du Grand Cristal. Notre premier essai...

Skyrah frissonna. C'était le moment pour elle de se montrer. Elle était encore cachée derrière Shura, attendant le signal pour apparaître totalement devant Belforis. Qu'allaient-ils penser d'elle ? Quelles seraient leurs réactions ? Elle ferma ses poings, tentant de cacher son angoisse grandissante.

- A été une réussite sur tous les points. Elle a su maîtriser chaque classe à la perfection. Sa puissance cristalline n'est d'égal que sa force au combat. Je l'ai donc convié à cette soirée afin de vous montrer, peuple de Belforis, que nous ne nous laisserons pas faire face à l'ennemi. Notre première et seule dériveuse de temps, gardienne du Grand Cristal, Okalie Avagon.

La reine s'était déplacée afin de laisser Skyrah avancer vers la foule. Elle était séparée d'eux par des escaliers. Mais malgré cela, elle se sentait écrasé par les centaines d'yeux qui la fixaient ébahis. Elle balaya la salle de bal du regard, fixant chaque visage. Jusqu'à tomber sur celui qu'elle ne cherchait pas. Elle fut tout de même heureuse de le voir. Un ancrage. Voilà ce qui lui fallait.

- Cela fait des années qu'elle agit dans votre dos. Vous protégeant de danger dont vous ne connaissez pas l'existence. Aujourd'hui, elle se présente à vous. Son groupe a péri durant la grande guerre à Lafand. Mais Okalie est encore là. Pardonnez-moi de vous avoir caché tout cela. Ils devaient restés secret pour le bien de Xadis. Maintenant que l'équilibre est en danger, j'aimerais que vous la preniez comme un espoir. Un espoir de reconstruction. Et ce bal pour fêter son retour.

Skyrah n'avait pas cessé de regarder ces yeux bleu nuit. Ils étaient son seul point qui lui permettait de garder la face devant tant de monde. À la fin du discours, le silence avait prit les lieux. Quelques chuchotements parfois se faisaient entendre. Skyrah releva la tête afin de faire face à chaque habitant de Belforis.

- Je vous en prie, amusez-vous et profitez de cette belle soirée, argua la reine en s'approchant de Skyrah qui n'avait pas bougé. Toi aussi, profite. Tu n'as pas l'habitude de tout ça et je m'en excuse de te le faire endurer. Mais le peuple a besoin d'être réconforté. Tu es le réconfort dont ils ont besoin. Tu es la preuve que elfes et humains ont cohabité. Et qu'ils le peuvent encore. En te regardant, ils ne font qu'un. La confiance reviendra. Et nous réussirons à vaincre cet ennemi. Ensemble.

Elle acquiesça d'un petit signe de tête. Elle n'avait plus de voix et rêvait seulement de descendre les marches et se mêler à la foule. De devenir aussi normale que d'habitude afin de faire fuir toutes ses peurs que chacun pouvait voir à travers son visage. Et c'est ce qu'elle fit. Pas à pas, elle descendit les marches en tenant sa robe et priait pour ne pas tomber. Les talons n'étaient pas son fort. Une fois en bas, elle fut accueillie par quelques personnes. Si ce n'était une dizaine de curieux. Une autre partie restait en retrait et la regardait de loin. Certains semblaient la juger, d'autres n'avaient peut-être seulement pas le courage de venir la voir.

Skyrah se senti encore plus étouffée qu'avant. Malgré la musique, la douce lumière qu'offraient les plantes luminescentes ou même la grandeur de la salle... elle se senti vite à l'étroit.

- Pourquoi être resté caché ? avait demandé l'un d'eux.

- Vos parents sont-ils au courant ? coupa un autre.

- Qu'est-ce que ça fait d'être exceptionnelle ? cracha une femme que Skyrah avait fini par regarder surprise.

Bien sûr. Elle s'attendait à ce que les avis soient bons comme mauvais. Mais il était tout aussi dur de le voir en face. L'inconnue la détestait même sans la connaître. La blanche eut un pic au cœur.

- Je...

Elle fut prise de court. Quelqu'un s'approcha d'elle et fit partir la foule. Lorsqu'elle se tourna vers son sauveur, elle fut accueillie par ce mêmes yeux bleu nuit.

- Tu m'offres une danse ? avait-il prononcé en lui tendant sa main droite.

Elle se mit à sourire malgré elle, toute sa peur envole comme par miracle. Il était étrange comme elle se sentait bien en sa présence. Pourtant, elle aurait parié que s'il avait rencontré Okalie, elle l'aurait sûrement éliminé d'un geste sans prendre la peine de lui parler. Et le plus étrange fut ce sentiment qui demeurait en elle. Le même que lorsqu'elle était Skyrah.

- Je ne sais pas danser, fit-elle en attrapant la main d'Azkiel qui l'emmena au centre de la salle.

- Offre-leur une danse et ils te laisseront tranquille, avait-il dit en posant sa main sur la chance de la jeune.

Elle était bien plus proche de lui qu'elle l'aurait cru. Elle sentait son souffle sur son visage. Ses joues devaient sûrement être cramoisie à l'heure actuelle.

- Détends-toi.

- Facile à dire, chuchota-t-elle afin que seul lui puisse l'entendre. Je suis au milieu d'une salle rempli de monde qui me dévisage. Et je ne sais pas danser.

- Suis mes mouvements et tout ira bien.

La musique changea rapidement. Azkiel entama le premier pas, qu'elle réussit. Puis le second où elle lui offrit un écrasement d'orteils digne de ce nom.

- Oh pardon, s'excusa la blanche.

Mais celui-ci n'avait offert aucune réaction à Skyrah. Comme s'il ne s'était rien passé. Comme si la douleur ou l'erreur n'était qu'illusion. Elle fixa son visage perplexe.

- Derrière... devant... murmura l'homme en donnant de petits coups sur le bout des pieds de sa cavalière afin qu'elle sache exactement quel pas faire.

Sans rien dire de plus, elle exécuta. Et bientôt, elle se mit à danser comme jamais auparavant. Évidemment, elle n'était pas la plus douée, mais beaucoup d'elfes s'étaient joins à eux. Elle était donc devenue moins attirante, plus « invisible », se fondant dans la foule.

- J'ai été entraînée pour être la meilleure. Et il suffit d'une simple danse pour m'arrêter... se souffla-t-elle alors qu'elle écoutait attentivement les indications de Azkiel qu'elle avait fini par connaître.

L'elfe rapprocha ses lèvres de la jeune femme. Son souffle caressait son lobe sans qu'elle se s'y attende.

- Tu n'es pas seule. Plus jamais.

Il avait reculé la tête afin de la regarder dans les yeux avant de prononcer ses derniers mots. Ceux-ci eurent l'effet d'un électrochoc au cœur de Skyrah... de Okalie.

- Tes amis humains sont avec toi. Moi aussi je le suis. Alors détends toi et profite. Même si je sais à quel point ça peut être dur.

Il afficha un petit sourire devant sa mine déconfite.

- Et Sacha que si tu te sens juge, tu es quand même entrain de danser avec le traître de la Grande Guerre. Un traître qui a le droit de se balader dans le palais seulement parce que la capitale est en danger. Alors souffle.

Il parlait beaucoup. Plus qu'à l'accoutumé. Et elle lui rendit son sourire alors qu'ils faisaient un énième cercle au centre de la pièce. Sa présence était réconfortante. Et elle ne savait l'expliquer. Alors, pour une fois, elle se contenta seulement de se laisser aller. Remarquant que maintenant à quel point l'elfe était massif comparé à elle, elle se mit d'autant plus à rougir, cachant son visage en posant son front sur lui.

Pourquoi son cœur réagissait-il de la sorte ? Cela ne faisait que quelques semaines qu'ils se connaissaient ! Pourtant... pourtant elle se sentait bien à ses côtés. Il la comprenait. Du moins, il essayait. Et c'était agréable. Avec lui, elle savait qu'elle pouvait parler de tout sans avoir peur d'être jugé. Elle souffla. Puis la musique s'arrêta. Ils applaudirent. Et la musique enchaîna sur une suivant.

Elle ne comprit que lorsqu'il se détacha d'elle que leur danse était terminée. Elle écarta à son tour. Déstabilisée.

- Je vais prendre quelque chose à manger, fit-elle plus pour le prévenir que l'inviter.

Il la suivit sans rien dire. Elle s'empara d'un verre d'eau et prit deux petits gâteaux dont elle se ficha pas mal du goût.

C'était une guerrière. Il n'y avait pas de place pour les sentiments. Mais elle était troublée en sa présence. Comme un aimant attirée pas une force qu'elle ne pouvait expliquer. Azkiel se plaça à ses côtés et se mit à fixer la foule d'yeux inexpressifs.

- Je vais prendre l'air.

Elle chercha des yeux l'entrée du balcon et s'y réfugia. 

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