Chapitre 39

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Elle était bien. Une chaleur agréable enveloppait son corps. Elle voulut garder les yeux fermés, ne plus les ouvrir. Mais fit le contraire. La lumière cognait contre les fenêtres et éclairait les rideaux. Elle était dans sa chambre, à Belforis. Elle s'assit sur le lit pour regarder la pièce. Puis décida de se lever. Le soleil semblait déjà haut dans le ciel, peut-être était-il dix heures passées ?

Elle finit par s'arrêter devant le miroir. Debout, elle portait encore sa longue robe bleu azur. Ses yeux étaient gonflés, son maquillage étalé et sa coiffure n'avait plus aucun sens. Elle retira toutes les pinces qui maintenaient sa tignasse et la laissa libre. Les mèches tombèrent sur ses épaules, chevelure qu'elle contempla dans le silence. Elle la voyait maintenant, cette couleur similaire aux reflets du Grand Cristal. Elle aurait pourtant préféré à un rêve. Mais tout semblait tristement vrai. Ne lui restait plus qu'à savoir qui l'avait ramené. Ou peut-être avait-elle marche d'elle-même sans s'en souvenir ?

Il n'y avait plus aucun bruit dans le château. Tout était calme. Et sans savoir pourquoi, elle ouvrit la porte. Elle fut surprise d'y voir Azkiel le poing levé - il s'apprêtait à toquer.

- Azkiel ? laissa-t-elle échapper alors qu'elle fixait le visage tout aussi étonné de l'elfe.

- Je suis venu voir comment tu allais.

Un petit sourire se forma sur les lèvres de Skyrah alors qu'elle le laissa entrer. Il marcha jusqu'au centre de la pièce avant de se tourner vers elle. En y repensant, il était la seule personne qui savait où elle était la veille. Elle se rapprocha de lui.

- C'est toi qui m'as ramené.

Skyrah avait mal au cœur rien que d'y penser. Il était étrange comme elle n'avait pas peur de se montrer face à lui. Mais il était aussi vrai qu'elle se sentait maintenant nue. Il l'avait vu pleurer à nombre reprise. Une partie d'elle se sentait honteuse. Honteuse de montrer tant de faiblesse devant un homme qu'elle ne connaissait pas si bien. La seconde partie se sentait plus légère. Un poids qu'il l'aidait à porter. Elle se retrouvait presque. L'ancienne Okalie. Celle qui aurait pu rire de rien. Un peu comme Skyrah en soit. Mais Skyrah n'existait plus. Et Okalie d'antan était morte avec ses proches. Alors qui était-elle ?

- Ça ne me regarde pas. Mais je ne pouvais pas te laisser, expliqua-t-il.

Son cœur se brisa. Pourtant elle ressenti aussi une vive chaleur. Pourquoi ses émotions étaient-elles aussi contradictoires ? C'était comme un combat constant entre la souffrance du passé et un bonheur naissant.

- Merci Azkiel, fit-elle avec un petit sourire.

Pour tout. Mais elle ne le prononça pas. Peut-être le voyait-il dans ses yeux ?

- Donc, reprit l'elfe, l'énergie du Cristal est vraiment en toi ?

Elle baissa les yeux pour se regarder de nouveau dans le miroir.

- Comment expliquer cette couleur ? Æthnis l'a dit elle-même, il n'y a que les vieux qui l'ont. Et encore.

La dépassant de plusieurs centimètres, il se plaça derrière elle.

- Ta peau caramel fait ressortir le blanc nacré de tes cheveux et le turquoise de tes iris.

Elle frissonna. Elle n'avait jamais vu son changement de la sorte. Ce n'était pour elle que pure étrangeté. Elle se sentait différente d'avant. Le physique de Skyrah avec lame de Okalie. Un mélange qu'elle ne savait qualifier.

- J'ai des cernes et des yeux gonflés... se souffla-t-elle sans savoir qu'Azkiel avait entendu. Tu as prévenu la reine ?

Il fit non de la tête.

- Non, bien sûr que non.

Cette histoire ne le concernait pas. Il avait seulement précisé qu'elle était fatiguée et était montée se coucher. Azkiel avait justifié leur sortie par une étrange présence qui s'avérait encore en suspens. Il laissait Skyrah se charger de cela. Après tout, aux yeux de la reine, il était toujours le banni de Belforis. Le guerrier déserteur. Elle ne lui vouait aucune confiance.

- Merci Azkiel.

Skyrah fixait ses cheveux sans rien ajouter. Comment lui remonter le moral qu'elle venait d'apprendre une nouvelle si... bouleversante ? Il ne chercha pas loin.

- Ça te dit de tester une coiffure elfique -

Elle se tourna vers lui le regard interrogateur. Avait-elle bien entendu ?

- Laissé moi coiffer tes cheveux, argua-t-il devant son visage perplexe.

- Pourquoi ? demanda Skyrah qui n'avait qu'une envie : les cacher.

- Te remonter le moral ou alors te changer simplement les idées.

De retour face au miroir, elle n'ajoute rien. Il prit son silence comme une réponse et commença à attraper quelques mèches. Après les avoir soigneusement brossés, il leur donna une forme.

- Qui t'a appris ?

Elle le regardait faire dans le reflet. Il était calme et habile de ses mains. Comme s'il avait toujours fait ça.

- Ma propre tignasse et celle de la petite sœur. C'est pratique.

- Tu aimes les cheveux longs ?

Elle en tout cas... bon sang. A quoi pensait-elle ? Mais elle ne pouvait se mentir. L'elfe les portait merveilleusement bien jusqu'en bas du dos. Et elle espérait un jour les voir lâches. Elle écarta toutes ses pensées pour se concentrer sur la réponse qu'il lui donnait.

- Si ce n'était pas le cas, les miens auraient disparu depuis longtemps.

- Évidemment, sourit-elle malgré elle.

Une tresse lâche ornait le haut de son crâna. Vers le centre, naissait une queue de cheval haute qui tombait jusqu'à son dos. Quelques mèches s'échappaient devant ses oreilles et frôlaient le haut de ses épaules. Ne manquait plus que quelques bijoux pour parfaire cette coiffure !

L'homme recula sans rien dire, son visage était toujours aussi neutre. Quoi qu'elle arrivait tout de même à y lire de la satisfaction.

- Change-toi et allons manger, si tu as faim. Le petit déjeuner nous attend dans la grande salle.

Elle acquiesça.

- Je te rejoins.

Il quitta la pièce en lui lançant un léger sourire. Si minime qu'il pouvait passer inaperçu. Mais même ce geste lui offrit des frissons qu'elle n'expliqua pas. Elle souffla. Il était enfin temps de retirer cette magnifique robe afin d'être dans des vêtements plus confortables. Elle fixa son uniforme, qu'elle avait posé près du mannequin. Pouvait-elle encore le porter ? Leur règle était simple, le Cristal ne devait appartenir à personne. Le groupe entier avait été bâti sur cela. La gorge nouée, elle l'avait pris instinctivement. Mais décida de le replias et le poser sur son lit.

Le groupe n'existait plus. Elle était seule dorénavant. Et le Grand Cristal était mort avec eux. Le porter représentait un poids dont elle devait se libérer.

Skyrah ouvrit son armoire et piocha quelques vêtements. Une veste - dont l'une des manches étaient plus longues que l'autre - qui par chance cachait sa cicatrice, un haut, un pantalon blanc argile et des bottes. Tout son style avait changé. Dans le miroir, ce n'était plus Okalie qu'elle voyait, ni Skyrah. Mais bien ce qu'elle allait devenir. Elle devait avancer.

Sans s'attarder sur son reflet, elle quitta sa chambre, descendit les escaliers et rejoignit Azkiel. Il était assis à une longue table de bois, d'or et d'argent. Celle-ci semblait bien vide avec seulement deux assiettes et quelques plats. Elle se plaça aux côtés de l'elfe tout en scrutant la pièce.

- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en s'asseyant.

Il planta sa fourchette dans un des gâteaux pour le ramener à son assiette.

- Dans les environs de onze heures.

- Si tard, s'étonna-t-elle en faisant de même. Pourquoi ne pas avoir mangé avant ?

Il s'arrêta.

- Je t'attendais, avoua-t-il après quelques secondes de silence.

Elle sourit en coin. Puis commença son repas. Elle tenta la discussion, l'elfe répondit en lui parlent des spécialités présentes sur la table - comme elle lui avait demandé. Elle finit même par apprendre que son préféré était ici - malgré le fait qu'il soit plus attiré par le sale. La conversation se tourna rapidement vers lui.

- Je suis sûre que la reine finira par te pardonner.

Il décala son assiette vide et croisa les bras, son dos bien droit contre le dossier de la chaise. La haine était toujours présente dans les yeux de Shura. Il se demandait d'ailleurs quand elle finirait par le bannir une nouvelle fois.

- J'étais présente, durant la Grande Guerre, finit-elle par dire en fixant l'un des beaux lustres au plafond.

Son sourire disparu. Un souvenir avait vite refait surface. Comme une image que son cerceau avait décidé de mettre devant ses yeux seulement une fraction de seconde. Puis elle se tourna vivement vers Azkiel qui la regardait en coin.

- Tu poursuivais quelqu'un... souffla-t-elle elle-même surprise par ce qu'elle venait de découvrir. Et moi, j'ai tenté de semer quelqu'un.

Ses yeux s'étaient agrandit alors qu'elle continuait de mettre les points sur les « i ».

- C'était moi... c'était moi ! C'est moi qui courais derrière Keirah vers le château ! C'est moi qui ai repoussé un garde de ce combat ! Ce garde c'était toi !

Elle semblait revivre. Si elle ne pouvait pas changer sa vie, elle pouvait au moins l'aider lui. L'elfe se tourna vers elle. Ses sourcils étaient froncés alors qu'il essayait de comprendre ce que cela voulait dire.

- C'est une preuve que tu n'as pas fui le combat. Tu en as trouvé son origine.

Un sourire illuminait le visage de la blanche - c'était rare depuis qu'elle avait retrouvé ses souvenirs.

- Ce qui veut dire... prononça Azkiel vite coupé par elle.

- Un malentendu. Tu n'es pas un déserteur.

Et si elle n'avait pas réussi à l'arrêter ? Et s'il l'avait quand même suivit ? Azkiel ne serait pas là il serait sûrement mort comme son groupe. Skyrah n'aurait jamais pu franchir les barrières de Belforis. Et elle n'aurait sûrement pas retrouvé ses souvenirs. Décidément... plus elle cherchait, plus tout finissait par être lié. Cette Grande Guerre avait changé tant de vie. Mais surtout, elle avait définitivement bousculé le quotidien de Skyrah, ou plutôt, Okalie. Sans tout cela, elle ne l'aurait sûrement jamais rencontré.

- J'irais la voir. J'irais parler à la reine, promit-elle.

Son regard était sûr. Il savait qu'elle avait pris sa décision et quoi qu'il en dise, elle ne changerait pas d'avis. Décidément, il ne regrettait pas cette rencontre. C'était bien elle qu'il avait vu. Lorsqu'ils étaient encore à Lafand, son arme lui disait vaguement quelque chose. Mais il ne savait d'où. Puis il s'était passé tant de jours, qu'ils avaient fini par ne plus y penser. Il avait vu Okalie. Et elle allait changer sa vie.

Elle se leva.

- Il faut que je parle à la reine, elle doit tout savoir.

Elle se dirigea vers la sortie.

- Skyrah, l'arrêta-t-il en se levant toujours près de la table. Merci.

Elle se tourna vers lui. C'était étrange, mais elle sentait qu'il était enfin tant d'accepter tout cela. Son passé, son présent et le futur qui se construisait.

- Je crois... que je suis prête. Tu peux m'appeler Okalie.

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