Chapitre 43

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Okalie n'en croyait pas ses oreilles. Cette inconnue - qui était visiblement au courant de beaucoup de détail - semblait détenir les réponses qu'elle cherchait.

- Comment ?

- Au moment où les humains ont découvert les classes, certains elfes s'y sont intéressés aussi. Et il se trouve que nous sommes nous aussi capable d'en posséder. Mais celle qu'ils ont découvert leur semblait bien trop dangereuse. Ils ont vite fait d'abandonner et de se consacrer entièrement à l'art du combat et de l'armement. Mais quelques-uns ont encore cette faculté et l'ont travaillé. Ils l'ont appris à leurs enfants qui ont fait de même. Et nous voilà aujourd'hui.

Okalie fronça les sourcils. Si elle comprenait bien, alors...

- Vous possédez une classe.

- Oui.

L'énergie cristalline de l'elfe semblait effectivement plus développée que les elfes qu'elle avait déjà croisés. Ashaïe avait raison.

- Laquelle ?

- L'esprit. Des manipulateurs. C'est comme ça qu'ils nous ont appelé.

- Vous pouvez lire dans les pensées ?

- Les entendre oui. Et même étendre cette faculté pour qu'un groupe complet puisse parler sans qu'on ne les entende. Mais je peux aussi faire mieux. Ou devrais-je dire, pire.

Elle comprenait. Son cerveau n'avait fait qu'un tour en entendant tout cela. Okalie baissa les épaules et fixa son thé qui refroidissant à mesure que la discussion s'écoulait.

- Vous pouvez contrôler les esprits.

- Oui.

- Donc un elfe aurait contrôlé l'esprit de cet homme pour qu'il m'attaque.

- Il reste anonyme et peut agir comme bon lui semble. Il est difficile de maîtriser ce sort. Il faut un bon entraînement et beaucoup de concentration.

- Il est donc bien entraîné et peut-être pas seul, c'est cela ?

- Exactement.

Elle frotta son visage de ses mains alors qu'elle comprenait l'ampleur que prenait cette querelle. Maîtriser l'esprit. C'était une classe étonnante et sûrement très puissante. Mais elle pouvait aussi devenir leur pire cauchemar... un cauchemar éveillé. Okalie ouvrit les yeux prise d'un flash. Puis elle posa à nouveau ses pupilles sur Ashaïe.

- Vous pouvez entrer dans nos esprits ?

- Je dirais plutôt créer un rêve.

- Vous entendez...

- Oui, je me le permets sur des détails importants comme celui-ci. Cette Keirah a bien un manipulateur à ses côtés.

Keirah avait donc bien prévu ce rêve étouffant. Elle s'était longtemps demandé comment elle avait fait. Elle avait maintenant la réponse. Keirah avait envoyé cet humain l'attaquer durant le test, elle avait permis à Nobimaru de franchir les frontières de Belforis, elle avait pu pénétrer dans son esprit afin de lui faire passer un message, et avait aussi fait entrer cet homme aux yeux rouges... Bon sang. Elle avait plus d'une longueur d'avance sur elle.

- L'elfe prend possession de l'esprit. Il peut donner la sensation d'étouffement ou bien d'emprise. Il n'avait plus qu'à faire apparaître Keirah dans vos pensées pour qu'elle vous transmette ce message. Et il a aussi aidé l'assassin à se balader dans Belforis.

- N'écoutez plus...

- Pardon.

Les mains dans les cheveux et la tête penchée vers l'avant, elle essayait de digérer les informations du mieux qu'elle pouvait. Mais c'était dur à croire. C'était effectivement étrange que les elfes n'aient pas de classe. Mais elle ne pensait pas qu'ils puissent être aussi puissants. Elle souffla.

- On ne peut pas la trouver, reprit Ashaïe comme si elle commençait la phrase que Okalie comptait bien finir.

- Mais elle nous trouvera, argua-t-elle en regardant l'elfe.

- Nous sommes peut-être cinq, cinq que je connais qui peuvent vous aider dans ce combat.

Elle acquiesça d'un signe de tête. Si Keirah en avait de son côté, mieux valait qu'ils en aient dû leur aussi.

- Vous pensez que nous pouvons nous aussi lui envoyer un message ? reprit la guerrière.

- Bien sûr, dites-moi ce que je dois faire et je peux le transmettre pour vous.

Okalie se leva. L'elfe fit donc de même.

- Venez à Belforis, ce soir.

- Très bien.

Avant qu'elle n'ouvre la porte, la blanche se tourna vers Ashaïe.

- Comment je peux être sûre de pouvoir vous faire confiance ?

- Parce que je veux gagner cette guerre aux côtés du Grand Cristal. Et vous êtes le Grand Cristal. Vous êtes l'espoir de la reine.

Okalie quitta la maison sans rien ajouter. C'était inimaginable. Elle ne s'attendait pas à découvrir une autre classe pendant cet entrevu. Pourtant c'était le cas.

Les manipulateurs. Des personnes capables d'entendre les pensées. Des personnes capables de contrôler quelqu'un. C'était aussi dangereux que puissant. Mais ça expliquait tant de chose.

La blanche quitta la maison dans un calme qui la surprit elle-même. Une fois la porte fermée, elle hâta son pas presque sur une course vers Belforis. Si tout cela était vrai, si Ashaïe pouvait effectivement envoyer un message à Keirah, alors le combat s'annonçait bien plus proche qu'elle ne le croyait. Elle courait. Ses poumons brûlaient à chaque inspiration et ses muscles chauffaient sous l'effort.

Puis elle arriva. Elle se précipita vers la reine. Lorsque Shura la vit arriver, elle coupa court à la discussion des soldats.

- Alors ? Qu'a-t-elle dit ? Que s'est-il passé ?

- Les elfes peuvent posséder une classe, respira Okalie en marchant vers la table.

La blanche posa ses mains sur le bois et fixait la reine.

- Les elfes peuvent contrôler des esprits, écouter les pensées, envoyer des messages.

Shura blanchit. Elle doutait que certains de ses habitants de rebellent. Mais elle espérait au fond d'elle que ce ne soit pas le cas.

- L'elfe en question vient ce soir. Nous n'avons plus besoin de trouver Keirah. Nous n'avons qu'à lui envoyer un message. Elle viendra à nous.

Shura resta silencieuse. Elle pensait. Son visage neutre laissa le groupe en attendant durant plusieurs minutes avant qu'elle ne reprenne.

- Combien sont-ils en tout ?

- Elle m'a assuré qu'ils étaient cinq.

- Ce n'est pas assez. Accordons des entraînements à ceux qui le veulent.

- Ça prendra trop de temps.

- Nous le ferons. Cette classe est dangereuse et peut être d'un renfort incalculable. Nous ne savons pas combien sont du côté de Keirah.

- Combien de temps leur accordez-vous ?

- Deux semaines, ensuite nous enverrons un message.

La reine prit un papier et écrivit une lettre pour les Édiles. Puis elle ordonna à un homme de les emmener à bon port. Elle mit fin à la réunion et se dirigea vers le palais. Okalie, qui n'avait rien dit durant ce temps, la suivit.

- Vous êtes sûr de vous ? Apprendre une classe n'est pas simple. Il faut des années pour la maîtriser. Au mieux ils arriveront simplement à écouter les penser. Et peut-être les étendre mais c'est tout.

- Ce sera suffisant. Ces cinq elfes seront leur professeur. Il nous faut le plus d'aide possible. Mettons toutes nos cartes en jeu. Nous ne perdrons pas.

Okalie s'arrêta et se mit à fixer le dos de la reine qui disparaissait dans les escaliers. Peut-être était-ce trop précipité d'envoyer le message ce soir. Mais entraîner des elfes à maîtriser une classe. C'était quitte ou double.

Le soir, Ashaïe arriva comme prévu. La reine lui parla de ses plans et l'elfe acquiesça. Il était temps d'éveiller cette classe disparue. Le lendemain, un discours fut énoncé à l'attention des habitants. Beaucoup s'était avancé pour l'entraînement, elfe comme humain. Les premiers étaient difficiles à voir pour Okalie. Elle se souvenait du passé et de ce moment où elle apprenait aussi. Personne n'y arrivait. Ils avaient deux semaines pour réussir. Après cela, Ashaïe et Okalie enverrait le message.

Au bout d'une semaine, quelques elfes réussirent pourtant à faire quelques progrès. Aucun humain en revanche n'y arrivait. Shura en conclu que seul l'énergie cristalline des elfes pouvait maîtriser cette classe. Okalie décida de quitter la capitale et de rejoindre Stivalls. Elle avait quelques affaires à régler avant que tout ne commence. Ou ne prenne fin.

Æthnis l'avait rejoint. Mais Okalie insista sur le fait qu'elle pouvait y aller seule. La templier n'insista pas, mais demanda tout de même ce qu'elle avait prévu de faire. Puis la blanche quitta la capitale en direction de la forêt de Brume - là où habitait Licor. La jeune femme hésitait encore à le réveiller de ses songes, de sa fausse réalité. Il était l'un des derniers vivants du groupe du cristal. De ce qu'il en restait.

Là-bas, elle vit Voldig et entra sans faire attention à la petite maison de bois au loin. Puis elle marcha comme un automatisme vers sa chambre. Elle ouvrit son placard et se mit à fixer cette cape blanche aux motifs argenté. Elle l'avait vu en étant Skyrah. Maintenant qu'elle se souvenait, la douleur était encore plus douloureuse.

Elle était neuve. Jamais auparavant elle ne l'avait porté. Cette cape brodée au bas avait été prévu pour les dériveurs de temps. Il n'y en avait qu'une. Parce qu'elle aurait dû devenir la chef du groupe qui devait naître. Parce que d'autre aurait dû être entraîné. Parce qu'ils auraient été une dizaine. Mais elle était seule. Elle déglutit lorsqu'elle posa sa main dessus. Sans réfléchir elle la prit et la mit sur ses épaules.

Okalie avait promis à Justie de finir cette guerre. De les venger au nom du groupe. De faire sa dernière mission en tant que survivante. Elle allait vaincre Keirah avec les couleurs du groupe du cristal. Lorsqu'elle sorti, elle alla toquer à la porte de Licor. Celui-ci ouvrit la porte. Ses yeux n'eurent aucune réaction.

- Il est temps, avait-il murmure comme si elle avait enclenché un bouton.

Il était lui aussi de retour. Elle le sentait. Au fond, elle avait mal de faire cela. Mais il devait s'en souvenir. Ne serait-ce que pour porter en sa mémoire toutes ces fabuleuses personnes tombées au combat.

- Tu n'es pas obligé de venir, fit-elle.

- Tu l'as revêtu, continua le vieil homme en l'invitant à entrer.

Elle s'assit autour de la table où Licor fit de même.

- Nous allons affronter Keirah.

Il acquiesça d'un mouvement de tête tout en pensant, ses yeux fixant un point que lui seul apercevait.

- La reine à tout dévoilé.

- C'est ce que j'ai cru comprendre. Donc tu as l'énergie entière du Grand Cristal en toi ?

- Oui, répondit-elle en baissant les yeux vers le sol.

Comment allait-il réagir ? Se mettrait-il en colère ? Elle espérait que non. Elle n'avait pas choisi... elle n'avait eu le choix.

- C'est un honneur.

Elle redressa la tête pour lui faire face à nouveau.

- Tu te bats pour le cristal, tu le protèges, tu lui as offert ta vie. Il t'a trouvé digne de lui.

- Je ne suis pas censé l'avoir...

- Tu le protège toujours. Mais en toi. N'est pas peur de ce que tu es.

Avait-elle peur ? Oui. Oui, comme toujours. Elle cachait son effroi pour faire bonne figure et montrer qu'elle était à la hauteur. Mais elle avait terriblement peur. Peur de ce qu'elle était capable de faire. Peur de ce qu'elle pourrait faire.

- Je me joindrais à vous, finit-il.

- Vous n'êtes pas obligé.

- J'ai moi aussi consacré ma vie pour lui. Je le fais parce que j'en ai envie et que c'est mon rôle.

- Merci Licor.

Il lui lança un grand sourire. Puis ils parlèrent. Du passé. De ce qu'ils avaient oublié. De ce qu'ils avaient vécu. Le groupe semblait renaître sous leur parole. Puis elle le quitta en lui donnant rendez-vous à Belforis. Okalie marcha vers Stivalls d'un pas lent. Elle avait tant espéré vaincre Keirah. Tant imaginé la vaincre. Et maintenant que ce moment était proche, elle n'y croyait pas. 

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