Prologue

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Ils n'avaient pas besoin de mains pour briser les Âmes. Et pourtant, ils n'avaient pu lutter contre la vague de ténèbres. Une vague dévastatrice, répandue par les soldats qui avaient percé leurs remparts, ne laissant dans leur sillage que feu et sang.

La Citadelle était perdue.

Le souffle haché, une elfe avançait au travers de la cour. Autour d'elle, des corps gisaient inertes, tordus dans d'étranges angles. Ils ignoraient leur chance d'avoir péri ainsi. Les autres cadavres – ironiquement ceux de leurs combattants les plus puissants – avaient tout simplement disparu. D'eux, il ne restait plus que des uniformes sur le sol, comme s'ils n'avaient jamais existé. La vague de ténèbres les avaient emporté.

La femme inspira profondément, ignorant la douleur sourde dans son crâne. Ses bras, ainsi que ses cheveux caramel étaient maculés de sang, mais elle n'en avait même plus conscience.

Elle s'arrêta à la vue de deux elfes qui se faisaient face. L'une avançait d'un pas assuré, l'autre d'un pas claudiquant. L'une avait une peau cuivrée, l'autre la peau pâle. Cette dernière s'inclina légèrement avant de s'agenouiller. Elle déposa ses armes aux pieds de son ennemie. Sur la cuirasse de celle-ci, une couronne et un soleil d'or accrochaient les dernières lueurs du crépuscule.

— Vous avez gagné, nous nous rendons, déclara la femme à la peau pâle.

— Non, Thalie ! s'époumona la première elfe.

— Nous n'avons pas le choix, répliqua-t-elle.

La femme aux cheveux caramel sortit ses lames en serrant la mâchoire. Ils ne pouvaient pas céder face à la reine ennemie et lui ouvrir les portes du royaume. Mais des doigts de Thalie jaillirent alors une lumière dorée. Les muscles de sa semblable se raidirent et l'immobilisèrent. Elle hurla son impuissance avant d'être réduite au silence, sa gorge serrée contre son gré. Thalie lui jeta un regard empli de tristesse puis fit de nouveau face à la souveraine.

— Nous sommes venues négocier les termes de notre reddition.

Un rictus se forma sur le visage cuivré aux petits yeux avides de la reine, la main sur la garde de son épée. Une terreur glaciale saisit la première femme. Et il lui était impossible de bouger le petit doigt. Ses lames restaient inutiles, suspendues en l'air sans pouvoir s'abattre.

— Vous n'êtes pas en position de négocier quoi que ce soit, répondit l'ennemie.

Visiblement surprise, Thalie eut un bref mouvement de recul. Ses doigts s'accrochèrent au médaillon en forme de lune qu'elle portait autour du cou. Geste futile, la Déesse de la nuit semblait rester sourde à leurs prières depuis que l'attaque avait commencé.

— Épargnez alors au moins nos enfants, supplia-t-elle.

— Pour qu'ils deviennent plus tard des monstres comme vous, prêts à venger le trépas de leurs parents ? répliqua l'autre en secouant la tête d'un air presque amusé.

Des cercles dorés apparurent à nouveau. Leur ennemie éclata de rire, sortant des plis de sa tunique une chaîne, au bout de laquelle luisait doucement une pierre d'un noir irisé.

— Vos pouvoirs sont inutiles désormais. Et il n'y aura même plus d'enfants pour vous venger, mes soldats ont trouvé leur cachette. N'entendez-vous pas leurs appels à l'aide ?

Avec un rugissement, Thalie se jeta alors sur elle, armes à la main. Mais la reine fut plus rapide. Une épée ensanglantée transperça le dos de Thalie. L'autre femme ne put même pas crier, toujours prise dans des entraves invisibles.

— Voyons voir si tu fais partie de ce que vous appelez les Ashkanis, ricana la souveraine alors que Thalie tombait à genoux.

La peur traversa ses yeux bleus, au coin desquels commençaient à perler des larmes. Alors que leur ennemie retira son pendentif pour lui enfoncer dans sa plaie, Thalie libéra la femme de son emprise magique.

Sous le regard désespéré de cette dernière, la peau de Thalie devient sombre. Là où la reine l'avait touché de sa pierre, son corps commença à s'effriter comme du sable. Son médaillon de lune tomba au sol dans un bruit mat. Toutefois, avant de disparaître totalement, sa main arracha la pierre de l'ennemie pour la jeter au loin. La reine se mit à courir en hurlant pour récupérer sa protection parmi les corps inertes.

La femme à la chevelure caramel tremblait, non pas de crainte, mais de rage. Elle fit jaillir de ses doigts une lumière azur. Elle n'aurait même pas besoin de la toucher pour la briser.

Avant que la souveraine ne puisse atteindre le pendentif, ses lèvres furent déformées par un cri muet. L'ennemie s'effondra pour rejoindre la poussière dans un tonnerre de métal.

Fendue en mille morceaux, son Âme se disloqua.



C'est avec un immense plaisir que je vous présente la nouvelle version de La Rivière des larmes :D

Bienvenue aux anciens et aux nouveaux lecteurs, en espérant que les aventures de Karis et Milanne vous plaisent :3

Un énorme merci à tous ceux qui m'ont suivi jusque-là, et qui ont eu la gentillesse de me donner leur avis. Cette nouvelle version améliorée (qui, je le promets, sera la dernière XD), c'est grâce à vous ;)

Bonne lecture !

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