III

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Lorsque Segin s'assit sur le fauteuil, Archibald fit de même. Il posait des questions, afin de déterminer ce dont elle se souvenait et ce dont elle ne se souvenait pas. Il arrivait assez facilement à conclure que l'amnésie de Segin n'était pas dû à un réel problème de mémoire, étant donné qu'elle savait comment s'exprimer, se mouvoir, et effectuer des actions quotidiennes. De plus, elle se souvenait de tout depuis son réveil dans les bois. Sa mémoire n'était donc clairement pas défectueuse. Mais cette mémoire en bon état poussait Archibald à se questionner. Qu'est ce qui avait pu rendre la jeune femme amnésique ?

De plus, autre chose contrariait le médecin. C'était impossible que cette femme soit maigre à ce point suite à quelques jours de jeun. Impossible, là dessus il était formel et ne pouvait pas avoir ne serait-ce qu'un léger doute. Il était également impossible qu'elle soit restée inconsciente dans les bois pendant plusieurs semaines avant de se réveiller.

«- Elle se serait faite bouffer, pensa le médecin. »

La seule hypothèse serait, selon Archibald, qu'elle ait été à jeun pendant une longue période, puis abandonnée inconsciente dans le forêt, mais ça n'expliquait en rien son amnésie.

Le médecin demandait à Segin de se lever afin qu'il puisse l'ausculter. Il la pesa et la mesura.

«- Un mètre soixante-quatorze pour cinquante kilogrammes, annonça-t-il. Il faudrait que vous preniez une dizaine de kilogrammes assez rapidement, car si votre poids n'augmentait pas, votre santé pourrait être mise en danger. Enfin...Même avec cette dizaine en plus, vous serez considérée comme trop mince pour être belle par la haute société. Mais ici ce n'est pas votre apparence qui nous intéresse, mais votre santé. »

Il continua son auscultation et déduit que Segin n'avait pas réellement d'autres problèmes. Elle n'était pas physiquement blessée et n'était pas malade. Après qu'il eut finit de prendre des notes sur le cas de sa patiente et les ranger dans un dossier intitulé « NORA » qu'il glissa dans son étagère.

«- Mademoiselle Nora ? Dit-il. J'ai aussi des compétences élevées en tant que psychologue, souhaitez vous qu'on se revoit dans le cadre d'une séance de psychologie ?

- Je ne pense pas en avoir besoin.

- Cela pourrait vous aider à recouvrer la mémoire ou à vous redécouvrir. »

En entendant cette réponse, Segin avait envie de répondre oui sans hésiter, mais un instinct l'arrêta net. Elle avait l'impression qu'il ne fallait rien révéler à personne si jamais elle se souvenait de quoi que ce soit. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle le sentait.

Elle dit au médecin qu'elle préférait réfléchir à la question, qu'elle confirmerait plus tard. Il hocha la tête, ne voulant pas forcer sa patiente.

Les deux passaient de nouveau la porte de la salle, dans le sens inverse cette fois, et se dirigeaient vers la tour. Ils n'échangeaient pas un mot pendant qu'ils marchaient. Une fois devant les escaliers, Archibald s'en alla et Segin gravit les marche, pour la deuxième fois ce jour-ci.

Une fois qu'elle fut arrivée en haut, elle se dirigea vers son lit. Elle se laissa tomber sur le matelas et s'endormit presque aussitôt. Il était étonnant qu'elle ait réussi à tenir debout jusqu'à ce moment.

Reposée, elle laissait ses yeux s'ouvrir doucement. Elle s'assit et les referma aussitôt, surprise par la lumière abondante dans la pièce. Elle laissa ses yeux se rouvrir petit à petit, s'habituer à la forte luminosité. Elle jeta un coup d'œil vers sa fenêtre et vit Azël assise sur le rebord interne, elle lisait un livre.

Segin posait ses pieds sur le sol frais et avançait vers la princesse qui, concentrée, ne l'avait pas remarquée. Elle s'asseyait à côté d'elle et essayait de lire par dessus son épaule. Ce n'est que quand leur bras se touchèrent qu'Azël se rendit compte de sa présence.

«- Oh, vous êtes réveillée, constata la princesse. Excusez-moi, j'étais comme happée par l'histoire.

- Quel livre est-ce ?

- Un conte de mon enfance, rien de très passionnant. Je peut le laisser ici, si cela vous intéresse, cependant, il ne vous fera pas remettre en question votre vision du monde.

- Volontiers. »

Constatant que leur bras se touchaient toujours, qu'aucune des deux ne s'était déplacée, Segin se leva, un peu gênée, prétextant qu'elle devait avoir une discussion avec le roi. Ce n'était pas qu'un contact humain la dérangeait, au contraire c'était même agréable, mais elle trouvait la princesse trop resplendissante, trop au dessus d'elle, que ce soit par son charisme ou par son rang, pour lui imposer ce contact. De plus, il était vrai qu'elle devait rencontrer le régent.

En s'approchant des escalier, elle demandait à la princesse si celle-ci savait quelle heure il était.

«- L'heure ? Il est... Oh, Anthime !

- Quoi ? Demanda Segin qui ne comprenait pas la réaction de son interlocutrice.

- Je devais recevoir un ami aux alentours de treize heure, expliqua Azël. Je l'ai oublié ! Il s'agit de l'homme qui était face à vous lors du repas d'hier matin. »

Les yeux de Segin s'écarquillèrent, puis elle fronça les sourcils. Hier ? Avait-elle dormi aussi longtemps ? La princesse confirmait et ajoutait qu'il était quinze heure passées.

Les deux femmes empruntaient l'escalier et une fois en bas, Azël passa devant Segin. Elles avançaient vers le bureau des régents, quand l'homme aux cheveux platine, Anthime probablement, apparut au coin d'un couloir. La princesse s'excusa de l'avoir oublié, lui souriait avec des yeux de chien battu.

«- Ne fais pas l'enfant, dit-il comme si ce comportement juvénile était courant et le lassait, puis il remarqua Segin. Bonjour mademoiselle. Ne le prenez pas personnellement, j'ai tendance à être trop honnête, mais je pense qu'on ne s'entendra pas. »

Segin n'eut pas le temps de répondre, car déjà Azël corrigeais son ami. Elle lui expliquait que c'était sûr que si leur premier contact ressemblait à ça, le jeune femme ne voudrait même pas tenter de s'entendre avec lui ; que peut-être qu'elle faisait l'enfant, mais que lui non plus ne se comportait pas en adulte. Elle se tournait vers Segin pour lui annoncer qu'elle la laissait devant la porte, qu'elle n'aurait qu'a toquer pour être reçue par le roi ou la reine, qu'elle et Anthime avaient des choses à gérer. Elle tapa gentiment sur l'épaule d'Anthime qui était à la même hauteur que sa tête, l'attrapa et le traîna dans les couloirs jusqu'à ce la brune ne puisse plus ni les voir, ni les entendre.

Segin regarda vers la porte et laissa sa main s'abattre dessus trois fois. Toc. Toc. Toc. La porte s'ouvrit sur le roi. Il souriait à Segin, mais son sourire ne semblait pas accompagné de joie, c'était comme s'il la remerciait de s'être rendue jusqu'ici. Puis il avait refermé la porte.

«- Ma fille ne vous a-t-elle pas accompagnée ?

- Si, mais elle est partie quand nous sommes arrivées devant votre porte.

-Bien. Je voulais simplement vous dire que je souhaitais que vous soyez partie le plus vite possible. Ne vous méprenez pas, je n'ai pas particulièrement de problèmes avec vous en temps que personne. Je ne veux juste pas que vous restiez longtemps sous mon toit. Ma fille se chargera de vous reloger, je lui en ai déjà parlé.

- Bien, votre altesse, dit Segin. »

Le régent continua ses instruction. Segin devait être partie avant six mois, date à laquelle il y aurait une réception importante. Elle devait également se tenir convenablement et participer à la vie royale comme une membre de la cour, le temps de son séjour. C'est à dire aider à l'organisation d'événements si elle y participait, ce qui était selon lui très peu probable et accompagner la princesse dans les villes du royaume, afin de chercher un logement et d'en trouver un le plus vite possible. Il lui parla, lui expliqua tous les devoirs qu'elle devra remplir en échange d'un toit gratuit, et ce pendant une bonne demie-heure.

Segin était ressortie de la pièce, il lui semblait qu'elle se souvenait du chemin pour retourner à la tour, alors elle avait décidé de s'y rendre seule. Mais sur le chemin, elle s'était perdue dans les couloirs et était arrivée devant une pièce aux portes blanches, couvertes de d'or sur ses côtés et dont les poignées étaient minutieusement sculptées. Sans vraiment y réfléchir, attirée par la beauté de la porte, elle entra.

C'était une grande...Non, une immense bibliothèque. Les étagères étaient hautes et contenaient d'innombrables livres. En avançant entre les différentes étagères, elle finit par arriver à une porte en bois claire. Elle avait poussé, puis tiré la porte, mais celle-ci était fermée à clé. En soupirant, la femme s'adossait au bois et se laissait tomber, assise. Elle observait les nombreux ouvrages en se demandant si la durée d'une vie humaine était suffisante pour tout lire.

Quelques longues minutes plus tard, des pas se faisaient entendre à l'entrée de la bibliothèque. Ces pas avançaient vers Segin, qui se pressa de se relever et d'épousseter sa robe carmin et de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Une tête ronde entourée d'une chevelure d'or et coiffée d'une élégante couronné d'argent apparut face à elle.

«- Segin ? demanda Azël surprise. Que faites vous là ?

- Je pense qu'on peut dire que la porte m'a charmée, elle était tellement belle que je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir.

- Je connais cette sensation, ça m'est déjà arrivé il y a peu, dit-elle avec un petit rire. De plus il est vrai que cette porte est magnifique »

La princesse contournait la brune pour accéder à la petite porte en bois. Elle retirait de son cou une sorte de corde que Segin n'avait pas remarqué avant et à laquelle était accrochée une petite clé un peu rouillée. Elle introduisait la clé dans la serrure et forçait un peu la porte qui ne s'ouvrait pas facilement. Elle finit par réussir à entrer dans une petite pièce qu'elle présenta à son invité comme étant sa bibliothèque personnelle. Elle expliqua aussi quels livres elle possédait dans les deux étagères qui étaient de part et d'autre de la minuscule pièce.

Elle possédait quelques contes et romans, mais surtout de nombreux ouvrages à propos de l'histoire du monde, des divinités, du ciel et des astres.

«- Le ciel et les astres ont une place extrêmement importante dans le fonctionnement de notre monde, expliqua-t-elle. Je sais que je ne peux pas comprendre ce qui est de l'ordre du divin, que ce n'est pas à ma portée, néanmoins ça me passionne et j'ai envie de le comprendre, de me l'expliquer. Oh, vous avez...»

Elle voulait probablement dire qu'une épaisse mèche de cheveux bruns tombaient devant le visage de son interlocutrice, mais elle n'avait pas fini sa phrase et avait simplement replacé cette mèche à sa place, en effleurant sa joue au passage.

Segin avait été saisie par un léger frisson. Elle ne savait pas pourquoi, mais les paroles d'Azël la renvoyait à quelque chose de plus profond que la compréhension du monde. Elle avait l'étrange impression que, sans aucune vantardise de sa part, rien ne pourrait lui être inaccessible ou incompréhensible.

Elle regarda la princesse droit dans les yeux et y vit toute la gentillesse du monde et une sorte d'intérêt étrange, comme si Segin était le reflet d'une de ses réflexions, de l'un de ses espoirs. La brune se sentait étrangement importante, peut-être même trop importante, surtout qu'elle se sentait très simple parmi les habitants du grand château.

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