"Somewhere in this city is a road I know

Where we could make it

But maybe there's no making it now."

It Is What It Is - Lifehouse.

Alec, de nos jours...

Son torse se soulève puis retombe, mécaniquement. C'est automatique, presque robotique, et ça me tord les boyaux. Le bruit constant et répétitif des engins qui le maintiennent en vie me donne la gerbe. J'ai envie de cracher mes tripes, de hurler, de secouer ce gamin désespéré. Mieux encore, j'ai envie de débrancher tous les tuyaux qui lui sortent de partout pour prouver au monde entier qu'il n'en a pas besoin. Qu'il va se barrer de cet endroit froid et terne avec moi en mettant un pied devant l'autre. En avançant sans qu'on ne lui vienne en aide. En courant, même...

Je chasse mes espoirs vains d'un soupir, puis me laisse tomber sur une chaise grise, juste à côté du lit médical dans lequel gît un corps éteint. Tentant tant bien que mal d'ignorer la présence des machines bruyantes, je parcours la pièce inconsistante du regard. Je survole le blanc qui jonche les murs. Je m'accroche aux draps crème qui essaient de réchauffer l'atmosphère glacée. Je m'agrippe aux rayons du soleil qui pénètrent dans la chambre sans rallumer le cœur du brun en train de lâcher prise. Je me rue vers tout ce que je peux trouver pour oublier qu'il y a encore une semaine, j'aurais pu me noyer dans deux iris sombres, mais que je ne l'ai pas fait.

— Putain, mec, mais qu'est-ce que t'as foutu ? On aurait pu trouver une solution, soufflé-je amèrement sans oser regarder le visage tacheté d'hématomes de ce garçon que je connais à peine.

Les dents serrées, je finis par me focaliser sur le quadrillage morne qui recouvre le sol.

— Tu pourrais faire un effort, regarde les règles que j'ai brisées pour toi : j'ai menti à la belle blonde de l'accueil, et je lui ai même pas demandé son numéro. Je lui ai dit que j'étais ton frère pour qu'elle me laisse accéder à ta chambre. La pauvre, elle avait l'air si débordée avec les urgences qui se remplissaient à vue d'œil qu'elle a pas pris la peine de vérifier ce que je disais, elle m'a juste dit où t'étais. D'ailleurs, j'ai jamais compris ce truc de la famille. Pourquoi est-ce qu'on doit forcément être de la famille pour avoir le droit de s'inquiéter pour quelqu'un ? C'est carrément con. La famille, c'est ce qui nous détruit le plus. Bien souvent, ceux qui nous ont pourri la vie sont ceux qui nous bordaient le soir quand on était petits.

Un sourire nonchalant aux lèvres, je jette un coup d'œil au corps inerte de celui que j'aurais pu aider. C'est bête, mais je crois que j'espère un peu le faire réagir en débitant toutes mes conneries. Mais bien entendu, aucun souffle de vie n'émane de lui, aucun sursaut d'émotion ne fait vibrer son âme endormie. Il n'est pas là, il ne m'entend pas.

— Allez, je t'en prie, dis un truc. Bouge. J'en sais rien... Montre-moi que tu te bats pour revenir. Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir faire pour réparer son erreur la nana qui t'a brisé le cœur, si tu lui laisses aucune chance d'essayer ? S'il te plait Brandon, s'il te plait...

Ma voix s'estompe alors qu'une boule brûlante remonte de mon estomac jusqu'à mon œsophage. Cet abruti ne va pas se réveiller. Il ne va même pas tenter, parce qu'il n'a jamais voulu se retrouver dans ces putains de draps aussi détestables que cet endroit de merde. Il ne voulait pas être sauvé. Il voulait disparaître. Parce que la vie a trop joué avec lui. Parce qu'il a perdu trop souvent et que de toute façon, personne n'a jamais pris la peine de lui expliquer les règles du jeu. La chambre devient floue, mes larmes envahissent mes paupières, mais un profond soupir interrompt mon apitoiement. Comme pris sur le fait, je me retourne d'un mouvement vif, puis lève un sourcil quand je tombe nez à nez avec la tristesse presque trop puissante de cette fille que je n'aurais jamais cru rencontrer.

— Oh mon Dieu... Non, putain, non...

Sa voix déraille, et j'écarquille les yeux. C'est elle, je suis sûr que c'est elle. 

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Hey, ce chapitre est court, les prochains risquent de l'être également, mais il y en aura des un peu plus longs que ça. 

J'espère que ce début vous intrigue et que ça vous donne envie de découvrir la suite. 

J'espère également que celleux qui ont pu écouter la musique l'ont appréciée. 

Je vous donne rendez-vous samedi pour la suite ! 

A très vite et merci d'avoir pris le temps de lire.