38. L'eau brûlante

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*Eh bah... ENFIN ! Pfffiou. A force de un paragraphe par ci, un paragraphe par là, j'ai pu enfin assez avancer pour finir le chapitre. Mais ça devient vraiment dur. C'est tellement frustrant parce que j'ai encore plein de scènes à raconter, toutes prêtes dans ma tête, mais ça prend DES HEURES de les écrire. Désolée, j'espère que ça vous plaira en tout cas*


Je suis tellement bien, assise dans l'eau brûlante, que lorsque je ferme les yeux je ne peux m'empêcher de pousser un long soupir de contentement.

Kianshei sourit aussitôt en me voyant faire. Je ne me demande pas s'il fait exprès ensuite de prendre tout son temps pour se doucher, je sais qu'il fait exprès. II se donne en spectacle. Mais je ne vais pas m'en plaindre : c'est un bon spectacle.

"Recommencer, puis prendre un bain..."  nous avons presque suivi le programme. À ceci près qu'on a préféré ajouter une sieste avant le bain, et qu'on a recommencé plus d'une fois. Dès que je me mets à songer à nos ébats, j'ai un sourire idiot qui me vient, accompagné de papillons dans le ventre. On dirait une gamine ! Gênée, je balaye l'eau d'un coup de main nerveux, comme pour chasser les images et les sensations qui me gagnent. En vain.

Ce n'est pas comme ça d'habitude. Normalement, quand j'ai l'occasion de faire l'amour, c'est un peu comme lorsque je mange un plat simple que j'apprécie et auquel je n'ai pas goûté depuis quelques temps.

Tout dépend de mon humeur et de comment le plat a été préparé. Soit c'est satisfaisant sur le moment, voire très satisfaisant si je suis chanceuse. Soit je reste un peu sur ma faim, mais ne m'en formalise pas : je sais que je trouverai sans mal mon plaisir seule, plus tard. Dans tous les cas : je passe assez vite à autre chose. Je ne m'amuse pas à me repasser la scène comme en ce moment !

Mais il faut dire aussi que je n'ai jamais eu un amant à la fois autant ardent et attentionné que Kianshei. Je ne sais pas si c'est à cause des sentiments qu'il éprouve à mon égard : je n'ai jamais fait l'amour avec un homme sincèrement amoureux de moi. Mais si c'est le cas, c'est quelque chose qui change réellement la donne, et mon seul regret est de ne pas pouvoir lui rendre la pareille.

J'aimerais pouvoir l'embrasser avec autant d'affection. Parcourir les moindres parcelles de son corps avec autant de tendresse et d'adoration. Lui susurrer des mots aussi passionnés et doux que ceux qu'il soufflait à mes oreilles. Éprouver le même plaisir intense qu'il semblait prendre à simplement pouvoir caresser ma peau. Et enfin, le contempler avec le même sentiment de béatitude que celui qui le saisissait à chaque fois qu'il me voyait me froisser de plaisir entre ses bras.

Mais malheureusement, tout ce que j'ai à lui offrir, c'est mon désir. Ce n'est pas rien : chez moi ça signifie forcément que j'éprouve également de l'affection et de l'estime. Toutefois, ce n'est pas comparable avec de l'amour.

Enfin, pour l'instant la situation est claire entre nous et il ne paraît pas s'en plaindre. C'est bien d'ailleurs pour ça qu'il est en train de s'éterniser sous les jets d'eau, prenant nonchalamment des poses avantageuses en espérant certainement que je n'en rate aucune.

Kianshei n'a pas du tout la musculature épaisse des hommes kaelis, pas plus qu'il n'a la moelleuse couche de graisse qui les protège du froid et sur laquelle il est si agréable de reposer sa tête. Aucun impérial à la cour n'a d'ailleurs ce type de silhouette typique du nord. Et à force d'être ici, j'ai commencé à m'habituer à ce physique fuselé et sec que je trouve tout aussi séduisant à présent.

Mais le corps de Kianshei a quelque chose de plus. Quelque chose de presque trop parfait pour être réel. Ce qui l'ancre dans notre monde, ce sont les cicatrices qui le marquent ainsi que le bandage protégeant la partie de sa hanche qui a été dévorée par le sortilège.

Quand je lui ai demandé tout à l'heure, surprise par son enthousiasme et son endurance, si ça remontait à longtemps la dernière fois où il avait fait l'amour, il a désigné son pansement en me répondant sombrement que ça remontait à aussi longtemps que sa blessure.

Lorsqu'il surprend mon regard qui s'appesantit un peu trop sur son pansement, Kianshei perd aussitôt de sa présomptueuse assurance. Il coupe l'eau, puis se dépêche de me rejoindre dans le bain. Le bassin est assez grand pour accueillir cinq ou six personnes. Malgré ça, il avance aussitôt droit vers là où je me suis installée. Attrapant gentiment mes mains, il m'invite à me mettre debout pour me serrer ensuite dans ses bras.

Autant, quand nous étions installés sur le matelas un instant plus tôt, ou lorsqu'il me portait, notre différence de taille n'avait rien de gênant, autant ici elle me paraît soudain ridicule. J'ai la joue qui n'atteint même pas sa poitrine !

Lorsque je lâche un rictus dépité, il se recule légèrement pour demander, inquiet :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- On n'est vraiment pas très bien assortis..., fais-je en levant le menton vers lui.

Haussant un sourcil, il rétorque prudemment :

- C'est à dire ?

- C'est à dire qu'il me manque plusieurs centimètres !

- Il ne te manque rien du tout...

Aussitôt, il se penche pour venir déposer un baiser langoureux sur mes cheveux. Incapable de s'arrêter à un seul baiser, il en ajoute un autre sur mon front, descends sur la tempe, la joue... puis finit par saisir mes hanches pour me soulever et amener mes lèvres à hauteur des siennes. Je m'agrippe à son cou, glissant mes jambes autour de sa taille pendant qu'il m'embrasse.

Ce n'est clairement pas le genre de chose que j'aurais imaginé pouvoir faire avec lui ce matin-même ! Et pourtant, à présent ça me paraît complètement naturel. Comme si nos corps se connaissaient trop bien maintenant pour ne pas être entreprenants l'un envers l'autre.

Paradoxalement, je n'arrive toutefois pas à m'habituer au fait qu'il me tutoie. Pas plus que je n'arrive encore à faire de même, malgré son insistance. Dès qu'il recule son visage, je déclare avec amertume :

- La preuve que je ne suis pas assez grande : vous êtes obligé de me porter !

Il gronde, mécontent, avant de me toiser avec le même regard que mon professeur de lecture quand je viens de mal déchiffrer une syllabe. Louchant sur le côté, je marmonne d'un ton peu convaincu :

- ... tu es obligé.

- Je ne suis pas obligé, j'en ai juste envie.

Souriant d'un air taquin, il poursuit en me mordillant le bout du nez, puis le menton. Ça a beau être agréable, l'air frais me fait souffler :

- J'ai un peu froid hors de l'eau...

Aussitôt, il me dépose obligeamment au sol avant de s'asseoir lui-même dans l'eau. Et, bien décidé à ne pas me laisser m'éloigner ne serait-ce que d'un centimètre, il m'attire par le poignet afin que je m'installe sur ses genoux. Je le laisse faire, ça n'a rien de désagréable. Pressant ma joue contre son épaule, je souris en déclarant :

- Vous sentez le jasmin.

Comme il fait claquer sa langue contre ses dents, ronchon, j'ajoute :

- J'essaye de vous tutoyer, mais je n'y arrive pas, ce n'est pas naturel.

Sceptique, il hausse un sourcil en sifflant avec sarcasme :

- Ça arrive souvent en terre kaeli, de se retrouver assez proche de quelqu'un pour être nue et collée contre lui, mais pas assez pour pouvoir le tutoyer ?

Un peu trop spontanément, je me défends :

- En terre kaeli, il n'y a pas la même hiérarchie que dans l'empire !

- Quelle hiérarchie ? Nous sommes deux égaux ici, ajoute-t-il en me serrant doucement dans ses bras comme s'il voulait me réconforter.

- Je ne sais pas. J'ai du mal à m'y faire...

Alors qu'il fronce les sourcils, j'explique :

- J'ai passé des semaines avec Leireng à apprendre ma place et comment je ne devais surtout pas me comporter avec vous ! Je passe l'écrasante majorité de mon temps à l'école à jouer le rôle d'une mineure. Nous vivons séparément et ça ne fait que très peu de temps qu'on commence à se voir plus souvent. Vous ne pouvez pas me demander de vous tutoyer du jour au lendemain, comme si c'était naturel, et ce juste parce qu'on a couché ensemble !

Sa mâchoire se crispe sur la fin de ma phrase. Je devine que mon choix de formulation ne lui a pas plu. Puis son expression se fait chagrine et il constate simplement :

- Tu tutoies tes amies à l'école, alors qu'elles ne savent même pas réellement qui tu es...

- Ça n'a rien à voir, on est toutes censées avoir le même âge et on a le même statut, on ne va pas se vouvoyer !

- Et Semkei ?

Je reconnais tout de suite ce vernis à la fois jaloux et vexé qui recouvre sa question. Levant les yeux au plafond, je maugrée :

- Semkei c'est pareil, je ne vais pas vouvoyer un autre élève... personne ne fait ça !

Plissant un peu plus le front, il énonce incrédule :

- Et personne ne vouvoie normalement son amant...

- Pourquoi est-ce que c'est tant que ça un problème ?

Il inspire un instant en silence, avant de souffler tristement :

- Parce que si tu n'arrives pas à me tutoyer, c'est que non seulement tu ne te sens pas proche de moi... mais peut-être aussi que tu ne souhaites pas l'être.

Sa remarque me fait tiquer. Il n'est pas impossible qu'elle soit juste. On ne vouvoie pas que par respect, mais également pour marquer une distance. Les personnes que Kianshei tutoie ne sont d'ailleurs pas celles qu'il prend de haut, mais celles dont il se sent vraiment proche.

Et si Xemtei me demandait de le tutoyer, je le ferais sans peine. Je n'ai maintenu le vouvoiement avec lui que parce que lui-même a toujours tenu à me vouvoyer ! Alors qu'avec Kianshei... il y a quelque chose qui a l'air de me retenir. Peut-être que j'essaye de maintenir inconsciemment une distance parce qu'on est en train de trop se rapprocher à mon goût ?

Une douce et curieuse petite mélodie métallique se met à retentir dans la chambre à côté, interrompant mes pensées. On dirait le son de cochettes agitées par le vent. Le son augmente et Kianshei se met à grogner :

- Oh, bon sang...

Il se penche pour rapidement déposer un baiser sur mes lèvres avant de s'extirper de l'eau, quittant la salle de bain en lançant :

- Je reviens !

La petite mélodie ne cesse qu'une fois que je l'entends au loin qui aboie d'un ton à faire geler les murs : "Oui?!". Après un court silence, il persifle : "Non. Je suis occupé."  Puis s'exclame : "Eh bien je suis là maintenant ! Pas la peine de perdre plus de temps !" Je comprends assez vite qu'il est en train de parler avec quelqu'un grâce à une boîte à éther. C'est étrange vu d'ici, cet échange dont il manque la moitié...

Et bientôt, c'est plus que la moitié qui manque : Kianshei devient mutique, se contentant de marmonner des "Mhm" vaguement indifférents en réponse aux longues tirades inaudibles de son interlocuteur. Puis il peste. Quand je l'entends enfin articuler une phrase de plus de deux mots, il s'agit d'un tranchant "Oui, eh bien on verra ça tout à l'heure !"

Il revient en affichant une mine impassible qui se change en une expression pleine de tendresse sitôt qu'il croise mon regard. Impossible pour moi de deviner s'il a reçu de bonnes ou de mauvaises nouvelles. Aussi, dès qu'il me rejoint dans l'eau je demande :

- Tout va bien ?

Il vient d'abord se coller à moi, soupire, puis répond :

- Ça dépend... Pour l'instant, l'interrogatoire des assassins n'a rien donné de très utile. Mais au moins, on sait qu'ils ne sont pas venus pour tuer quelqu'un : non seulement ils n'avaient rien sur eux, ni arme, ni poison, mais en plus ils n'ont pas le profil de ceux qu'on envoie commettre un meurtre.

Un peu perplexe, je rétorque :

- Comment est-ce qu'on est sûr que c'est des assassins, alors ?

- Parce qu'ils appartiennent à un clan réputé qu'on a rapidement pu identifier. Dans ces clans on trouve aussi bien des tueurs que des espions, des voleurs, des faussaires... assassin n'est qu'un terme général, m'explique Kianshei en voyant ma confusion.

- Oh... je vois.

- On en saura peut-être plus ce soir. Et sinon, apparemment, le fait que je n'aie pas pu participer au stupide concours de poésie est très grave ! râle-t-il. Celle qui devait être ma partenaire est mécontente car elle aurait été humiliée par une roturière...

Je sursaute aussitôt en pensant à Hayamei. Est-ce qu'elle a déclenché un autre scandale ?! Déglutissant, je souffle dans un filet de voix :

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien de spécial..., s'étonne Kianshei devant ma réaction avant d'attraper ma main pour caresser machinalement mes doigts. Elle a simplement perdu et ça ne lui a pas plu. Elle rejette la faute sur Xemtei, mais elle aurait également perdu si j'avais été là... Semjinkin est quasiment imbattable en poésie. Qui aurait cru qu'un homme traînant dans des histoires de crimes aussi sordides puisse devenir aussi délicat et sensible dès qu'il s'agit de déclamer des vers !

- Tout ce qui touche à la Culture du Langage a l'air de le passionner sincèrement.

Faisant une drôle de moue, Kianshei allonge ses grandes jambes en répondant :

- En effet... Je ne sais pas par quel miracle son père l'a autorisé a étudier cette discipline jusqu'à un tel niveau. Le patriarche Bralizem a toujours considéré l'art comme un divertissement sympathique dont on peut se passer ! Qu'il ait laissé son propre héritier étudier ce qu'il voulait au lieu de suivre la voie habituelle des futurs dirigeants, ça ne lui ressemble pas. Mais il n'en serait pas à sa première contradiction. Comme son fils d'ailleurs : Semjinkin ne traîne généralement qu'avec des aristocrates. Le voir s'associer à une roturière pour le concours, c'est assez inhabituel...

Acquiesçant, je bougonne :

- Oui, il m'a dit qu'il trouvait toujours un peu stupides les gens qui n'étaient pas nobles.

Aussitôt Kianshei fronce les sourcils, dubitatif :

- Ah bon ? Ce serait étonnant de sa part, sa mère n'est pas noble ! Et on peut reprocher beaucoup de choses à Semjinkin, mais pas de ne pas avoir un immense respect envers sa mère. Je n'ai jamais entendu dire qu'il la trouvait stupide.

- Oh ? C'est bizarre alors...

- Qu'est-ce qu'il a dit exactement ?

Je lui rapporte alors l'échange que nous avons eu, aussi fidèlement que possible. Kianshei hoche du menton tout du long et dès que j'ai fini, il déclare :

- Ah ! Je comprends mieux. La mère de Semjinkin a eu un séjour... compliqué au palais des Bralizem, ça a profondément marqué son fils, à ce qu'on m'a dit. Je constate que c'est vrai.

- Comment ça ?

- C'était une cantatrice, issue du peuple. Une artiste talentueuse, mais qui n'a jamais su comprendre les subtilités de l'étiquette. Elle s'est constamment fait humilier à la cour du Tajebrasin, le plus souvent à son insu, que ce soit par les autres nobles ou bien par le patriarche lui-même. Et tout ça sous les yeux de son propre fils, qui était déjà un peu trop intelligent pour son âge.

- Oh...

- On raconte que Semjinkin était autant irrité par ceux qui s'en prenaient à sa mère, que par l'incapacité de celle-ci à s'adapter et à se rendre compte de ce qui se passait. Cela a dû le laisser avec des sentiments contradictoires. Si j'ai bien compris, il ne trouve pas les roturiers stupides en soit. C'est juste quand ils doivent évoluer parmi des nobles. Ça a tout l'air d'être plus un traumatisme qu'une réaction raisonnée. Surtout s'il reconnait lui-même que c'est idiot et injuste de sa part !

- Oui, vu comme ça, ça a un peu plus de sens...

Je ne comprenais pas vraiment comment Semjinkin pouvait à la fois m'assurer qu'il n'avait pas de mépris envers les non nobles, et m'affirmer pourtant qu'ils les trouvaient stupides. Mais maintenant, c'est plus clair. Et ça change mon regard sur lui.

- C'est d'ailleurs à Semjinkin que sa mère doit d'avoir pu se retirer confortablement à la campagne, ajoute Kianshei, à l'abri du besoin mais aussi des cruautés de la cour. Le patriarche aurait préféré la laisser moisir quelque part dans son palais, histoire de montrer à tous qu'aucune femme n'a d'ascendance sur lui, pas même la mère de son héritier. Il s'entendrait très bien avec Kusrian s'ils n'étaient pas des ennemis politiques ! ricane Kianshei, amer. Enfin... encore une fois, je ne sais pas comment, mais Semjinkin a réussi à persuader son père d'aller contre ses principes pour offrir à cette femme une vie décente.

- Je suis désolée, mais plus j'en apprends sur Semjinkin et plus j'ai du mal à penser qu'il puisse s'agir de quelqu'un de foncièrement mauvais.

- Peut-être pas. Mais de fourbe et de dangereux, certainement. Et de bien moins bonne compagnie que moi..., ajoute-t-il avant d'embrasser plusieurs fois mon épaule.

Assez naturellement, je réponds :

- Ça, je ne peux pas savoir, je ne le connais pas aussi bien que vous.

- Eh bien, il ne me reste plus qu'à espérer que tu ne voudras jamais le connaître aussi bien..., souffle-t-il en glissant ses bras autour de moi d'un air songeur.

Je suis sincèrement étonnée que son contact répété ne me gène pas. Normalement, j'ai toujours un peu de mal à accepter qu'un amant soit aussi affectueux avec moi. J'ai besoin de plus de temps avant de tolérer qu'on envahisse ainsi mon espace.

Mais avec lui, je n'éprouve non seulement aucune gêne, mais en plus je suis moi-même plus tactile que d'habitude. Je suppose que notre relation, comme ma situation ici, est trop particulière pour que je puisse comparer ça à ce que j'ai vécu au nord ? Et que ma famille me manque trop...

Je l'entends qui pousse un long et douloureux soupir. Il déglutit ensuite, puis m'annonce en me serrant un peu plus contre lui :

- La vraie mauvaise nouvelle, c'est que le nombre de gardes a été renforcé, toutes les mesures de sécurité ont été prises... je n'ai donc plus réellement de raison de rester au temple. On ne va pas pouvoir continuer notre programme, je vais devoir retourner participer aux festivités avec les autres.

- Oh... donc... pas de dîner ?

Il lâche un rictus avant de rétorquer :

- J'en étais sûr ! C'est ça qui t'embête le plus ! Pas que je m'en aille, mais que tu manques le dîner prévu !

- Mais non ! C'est juste que je sais qu'on va se revoir,  alors que le repas dont vous m'avez parlé, ça...

- Des repas comme ça tu en auras tous les jours quand tu seras officiellement impératrice, déclare-t-il avant d'embrasser mes cheveux. Si tu veux bien rester, bien sûr, ou si nous n'arrivons pas à lever le sortilège..., ajoute-t-il ensuite l'air plus incertain.

- J'espère pour vous qu'on arrivera à le lever ! Et que je rentrerai chez moi, j'ajoute doucement. Je suis désolée, mais je ne me sens pas prête à vivre ici.

- Je sais, répond-il doucement. C'est pour ça qu'en attendant, je veux profiter le plus possible du temps que nous avons ensemble. Et sinon, rassure-toi ! Tu auras ton délicieux dîner, comme prévu ! ajoute-t-il ensuite d'un ton amusé. Et nous le mangerons plus ou moins ensemble...

- Comment ça ?

- Puisque tu es logée au palais avec ta famille, ce soir tu participes au banquet impérial, avec Xemtei et Leireng.

- Oh !

La joie qui illumine mon visage le fait rire, à moitié dépité :

- Je crois bien que je pourrais ne pas te voir de tout ton séjour, tu n'en aurais rien à faire tant que tu as accès aux repas du palais !

Vexée, je bougonne :

- Ce n'est pas vrai...

- Très bien, alors tant mieux ! Parce que si officiellement tu loges chez les Murcan, en réalité tu seras installée avec moi. On dormira ensemble, si ça ne t'ennuie pas...

- Mais c'est trop dangereux ! je m'écrie aussitôt. Surtout avec ce qu'a dit Semjinkin, on ne peut pas prendre le risque que quelqu'un se doute de quelque chose.

- Taïmi. Je t'ai dit que je comptais profiter le plus possible du temps que nous avons ensemble. Tu ne vas pas passer plusieurs nuits à deux pas de ma porte, tout ça pour qu'au final on se retrouve comme si tu étais encore dans ton dortoir à l'école ! Ne t'inquiète pas, nos appartements communiquent, personne ne saura que tu es avec moi, à part Xemtei et Leireng. Et peut-être quelques personnes du temple.

- Mais... et si quelqu'un rentre et nous voie ?

- Personne ne rentre dans nos appartements sans notre permission.

- Ça me paraît quand même risqué...

Perplexe, il propose :

- Si tu ne veux pas dormir avec moi, tu peux rester avec les Murcan, évidemment.

- Je n'ai pas dit que je ne voulais pas, mais... il ne serait pas plus prudent de se retrouver de temps en temps en journée au temple, comme là ?

- J'aurai peu de temps libre en journée et si je n'arrête pas de m'éclipser pour aller au temple, ça n'en sera pas moins étrange ! De toute façon, je ne veux pas qu'on se voie en coup de vent. Je veux...

Il s'interrompt, semblant chasser une phrase après l'autre, avant de presque balbutier :

- Je ne veux pas seulement faire l'amour, discuter ou prendre un bain ! Je veux... Je veux aussi ne rien faire à côté de toi. M'endormir et me réveiller avec toi.

- Oh...

Je vois. Ce qu'il veut, c'est qu'à défaut d'être un couple, on agisse au moins un peu comme un couple. Tant qu'on le peut. Je devrais probablement refuser, ce n'est pas raisonnable, mais je comprends sa réaction. Et je n'ai rien contre ce qu'il me propose, cela me changera de mon quotidien à l'école. Alors je dépose finalement un baiser sur son bras, et ajoute :

- ... d'accord. Si vous me dites que ce n'est pas risqué, alors d'accord.

Ses traits se détendent, et il soupire à nouveau :

- Xemtei devrait venir nous retrouver d'ici une demi-heure, l'idéal serait qu'on ne s'éternise pas. Enfin, surtout pas moi, il faut le temps que je m'habille et je ne peux pas faire ça en cinq minutes, c'est une tenue formelle, je dois être irréprochable. Des prêtresses t'aideront à remettre la tienne, mais ça devrait être plus rapide. Puis j'irai prendre la place de Xemtei, et lui il t'emmènera rejoindre la fête. Ou vous pouvez rester au temple si vous préférez discuter tranquillement tous les deux... vous verrez bien.

Repensant à Xemtei, je rougis et grommelle en m'enfonçant un peu plus dans l'eau :

- Oh lala...

- Quoi ?

- Il va être insupportable. Il va me poser des tas de questions sur ce qui s'est passé et il ne va pas arrêter de m'embêter !

- Je vais lui dire de garder ses réflexions pour lui et de ne pas t'ennuyer, assène-t-il très sérieusement. Ne t'inquiète pas, il m'écoutera.

- Non, non... laisse-le tranquille, ce n'est pas grave. Il est comme ça de toute façon, et ce n'est pas méchant de sa part.

Kianshei ne répond rien, me fixant étrangement en souriant. Je me rends alors compte que je viens enfin instinctivement de le tutoyer. À force de l'entendre me tutoyer, ça a peut-être fini par me contaminer ?

Il vient embrasser mon front avant de s'exclamer :

- Bon ! Allez ! On reste encore un peu... Juste cinq minutes...

J'acquiesce silencieusement. Il me serre alors un peu plus dans ses bras et murmure :

- Disons plutôt dix.






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