« Vous pouvez entrer »

C'était le rituel chaque matin pour le futur héritier du trône, tous les matins aux aurores son fidèle valet toquait trois fois à sa porte, et chaque matin le prince lui intima d'entrer.

Le valet appela ensuite deux servants qui vinrent se présenter à la porte avec la toilette, le prince s'assît donc, du haut de ses 18ans il devint important pour lui de veiller à rester présentable en toute circonstances, on le rasa de près bien que peu de poils jonchaient ses joues ou le contour de sa bouche, on coupa les mèches rebelles et prit avec soin de choisir la manière dont ses cheveux accommoderaient son visage ainsi que la couleur et la matière qui l'habilleraient aujourd'hui.

Comme à son habitude le jeune homme fut vêtu de sa couleur fétiche, un bleu acier qui mettait en sa toison jaune doré, en dessous de sa veste se trouva une chemise blanche en soie enveloppée par son gilet de costume aux mêmes couleurs que sa veste, bien que cela énervait son père le prince appréciait revêtir régulièrement ce look de dandy, mais traditions oblige il fut contraint d'intégrer la pierre représentative de sa famille dans sa tenue, il demanda donc à ce qu'on entoure son coup d'un foulard type jabot surmonté par une aigue marine d'un bleu intense.

Une fois apprêté l'héritier jeta un œil au miroir, il y vu son reflet comme chaque matin et encore une fois il se trouva parfaitement exquis même en ayant conscience que son père, le roi, n'approuvera pas ce genre de frivolité, mais il avait 18ans, il était donc libre de ses choix, peu importe ce que quiconque pouvait penser de lui, il sorti de ses appartements suivi de près par son valet à qui il n'avait pas encore adressé une parole depuis qu'on avait finit de l'habiller.

« Alors que penses-tu de ma tenue d'aujourd'hui Sylvain ? Je me trouve très fier et fin près à démarrer cette journée »

Sylvain qui n'avait que quelques années d'écart avec son maître hocha la tête en affirmant que comme à son habitude son seigneur était bien habillé bien que cela n'allait pas forcément dans le sens du prince.

Le bras droit du futur roi annonça le planning pour la journée, il était encore tôt donc il était a l'heure pour participer à la chasse organisée par le comte Hugo Fraldarius, aux alentours de 12 heures il pourra déjeuner puis se rendre à ses différents cours pour enfin partir à un cours spécial, une nouvelle lubie de son père pour honorer son royaume, le prince ne pouvait gouverner sans épouse, alors dans 4 jours il allait recevoir un grand nombre de dames disponibles au mariage, même si il n'aurait pas le dernier mot sur le choix de la personne avec qui il devrait partager sa vie il en était conclu qu'il allait assister à des cours de conversation, il n'était pas question que le prince se montre trop timide à l'égard des autres princesses, cependant ce que la cour ignorait c'est que le prince n'avait de yeux pour les femmes bien qu'elles soient toutes plus belles les unes que les autres, il tenta tout de même de poser son regard sur des femmes plus musclées, plus viriles, plus indépendantes mais cela ne changeait rien, Dimitri avait une attirance inexpliquée pour les hommes pas même son valet ne le savait, après tout il valait mieux que ce dernier ne soit pas au courant vu son rôle dans les rêves torrides du jeune homme, Sylvain n'était pas particulièrement beau cependant entouré principalement d'hommes d'un certain âge et de laiderons leurs servant de fils il n'était pas simple de s'imaginer quoi que ce soit, pourquoi fallait-il que les seuls hommes potables de ce royaume soient des roturiers ?

La seule issue au mariage qui s'organisera entre lui et une fille née d'un homme fortuné sera de se tromper ouvertement l'un envers l'autre après avoir donner naissance à un héritier, pourtant pendant que sa future femme pourra sortir avec qui bon lui semble, lui, sera incapable de trouver une échappatoire, entre les obligations royales et les bruits de couloirs que pourrait entraîner une relation avec un roturier il serait bloqué, bloqué à vivre une vie sans âme, sans bonheur, alors Dimitri priait pour deux choses soit d'aimer ses enfants et trouver son bonheur dans son rôle de père ou bien qu'on le mari à une princesse étrangère doté d'un frère plutôt beau garçon. Bien que les choses soient faites comme elles le sont cela restait injuste mais le prince n'eut plus le temps de se lamenter, il descendit avec vitesse les escaliers menant au hall, des servants lui rapportèrent la carabine de sa famille et une fois munie de son arme il prit son cheval et parti avec les gentilshommes en direction de la plaine réservée à la chasse.
En plus de ne pas être un bon stratège le prince était aussi un piètre tireur alors il revint bredouille assurant aux autres que la chance lui sourira à la prochaine chasse, enfin prochaine chasse qui aura certainement lieu l'année d'après; le printemps faisant son entrée il était coutume de laisser un temps pour les animaux de se reposer et de se reproduire de sorte à pouvoir chaque année réitérer la chasse.

Une fois rentré il se délecta seul de son déjeuner, il fut surpris de ne pas voir son père déjà assis pour lui répéter encore une fois que le mariage était primordial et non négligeable, une fois fini Dimitri se dirigea les épaules légères vers la salle d'étude. Bien qu'il ne brillait pas dans la chasse il demeurait cependant un très bon élève qui dévorait les livres qu'on lui apportait, au détriment des autres nobles de son âge qui étaient bourrus lui était plus délicat bien qu'il savait garder les épaules levées et faire preuve d'autorité, il ne possédait que peu de défaut : la curiosité parfois trop poussée qu'il arborait sur chaque sujet allant du cours de géographie au dernier ragot de la cour; le prince bien qu'il ne se l'avouerait jamais possédait un autre défaut dont son entourage se rendit vite compte notamment son valet, il était orgueilleux, voir même narcissique, son image reposait sur son apparence et chaque matin il demandait à son valet si ce dernier le trouvait bien habillé tout en répondant lui même à sa propre question à la suite de celle-ci.

Enfin le cours de philosophie terminé il était temps d'attaquer le cours le plus insipide, cela allait être un rude combat mais le quartier libre à la clé valait l'adversité. On le reprit sur sa manière de s'asseoir, de parler, de marcher tout était à revoir pour le jeune héritier, il était clair pour son institutrice que il n'était pas possible d'interagir avec des dames comme on pourrait le faire avec des hommes, il pu enfin sortir aux alentours de 20 heures, une heure bien tardive pour sortir en ville alors il jeta plutôt son dévolu sur la bibliothèque royale, quasiment toutes les parutions du royaume figuraient dans cette bibliothèque allant du manuel de physique aux textes chauds sans aucune censure mais avant de pouvoir commencer ses recherches il fut interrompu par son père, le roi, qui entra à l'intérieur de la pièce et tourna son regard en direction de son unique fils, comme à son habitude il afficha un air autoritaire, Dimitri avait toujours connu son père de cette manière, un homme froid et austère pourtant les servants du palais lui avaient toujours affirmé que cela n'avait pas toujours été le cas, jusqu'aux 6ans du prince le roi était un père aimant, qui aurait pu tout faire pour ses enfants et laissait parfois tout passer car tout ce qu'il souhaitait c'était voir le sourire que son fils lui adressait de ses quenottes mal alignées, le roi aurait pu tuer pour voir ce bonheur chaque matin pourtant à l'aube des 6ans de Dimitri sa mère fut prise en délit de trahison envers le royaume, cette dame faisait transférer les informations importantes d'un royaume à l'autre et ce fut le roi lui même qui désamorça cette guerre avec l'autre royaume qui se prépara dans son dos, pourtant il avait accepté ce mariage de sorte à former un traité de paix entre les deux royaumes.

Et puis ce jour là tout a changer, le roi ordonna que chaque jouet et photos de l'ancienne reine furent jeter, ce qui fait que Dimitri du haut de ses 18ans ne connaissait pas le visage de sa mère, même si ses souvenirs restent flous il se rappelle encore de ce jour, son père le trainant par le bras, lui hurlant à s'en déchirer les poumons, « l'enfance est révolue à présent », le garçon sensible et délicat se vit attribuer un environnement aux antipodes de ce qu'il avait toujours connu, il se remémorait avec douleurs les premiers châtiments corporels que lui affligeait ses professeurs quand il eut le malheur de ne pas travailler ou d'agir comme un enfant, ses deux petites mains potelées tendues vers l'avant affublées de coups de règles dont certains causèrent des saignements, l'enfant ayant une peau sensible.

Il attribua le rôle de fautif uniquement à son père, donc le voir pénétré dans la pièce et affronter son regard le faisait rentrer dans un malaise profond.

« Es-tu enfin prêt pour le mariage Dimitri ? » prononça le roi après un silence assourdissant qui s'était propager dans la pièce

« Bonjour père, j'y approche, ayant fini mes cours je me suis autorisé une pause pour la lecture »

Son père hocha la tête, jaugea du regard son fils puis disparu de la pièce, se fut moins une, le prince se dépêcha de choisir deux livres qui pouvaient attirer son attention et une fois fait il se faufila rapidement au creux de son lit pour dévorer sa lecture en toute intimité, au milieu de son chapitre son valet toqua à la porte pour lui demander si le prince souhaitait descendre pour manger, mais tellement il fut plongé dans sa lecture il n'eut pas le courage de descendre manger son repas à table, et puis de toute manière il avait déboutonner la plupart de sa tenue pour être à l'aise, alors on lui apporta son repas au lit, c'était aussi ça le privilège d'être un prince, pouvoir profiter de privilège comme ceux ci de sorte à croire que cela est bien naturel alors que le peuple trouverait cela complètement tirer par les cheveux, les chambres ne faisant même pas la la taille de la penderie du prince.

Le repas chaud arriva, du lapin avec du vin et une soupe aux choux, cela avait comme d'habitude l'air divin, tellement habituel que ça n'étonnait même plus le jeune homme, une fois les servants partis il ressorti son livre qu'il avait caché sous sa couette, c'était un roman érotique, l'auteur était anonyme, cela racontait l'histoire d'un noble qui eut une aventure avec sa servante cependant il était bien clair que la servante était en fait plutôt un servant ! Les descriptions au sujet de la servante étaient très masculines, Dimitri n'était pas dupe ce n'était pas le premier roman qu'il lisait, une histoire ouvertement homosexuelle aurait sûrement ouvert une enquête au sujet de son auteur mais le prince savait reconnaître un semblable.

Avec un peu d'imagination il pouvait réussir à voir l'histoire comme elle aurait dû être ce qui était plutôt palpitant mais en entendant des bruits de pas il se rendit vite compte que son plat était devenu froid alors il l'englouti à une vitesse record pour ne pas éveiller les soupçons, il demanda à ses servants de lui apporter son attirail de nuit de sorte à ce qu'il puisse enfin se changer, une fois fait il lut le dernier chapitre de la première histoire avant d'être couper par le toc toc sur sa porte, il cacha vite son livre la sueur coulant sur son visage, qui cela pouvait-il bien être ? Et encore plus à cette heure là.

C'est à ce moment que son père rentra dans la pièce, puis s'assit au bord de son lit, tellement qu'il fut surpris il n'osa sortir un seul son de sa bouche et laissa donc le roi s'exprimer.

« Eum je pense qu'il était important que l'on ait cette discussion vu que ton mariage approche à grands pas et que tu risques enfin de peut-être quitter le nid familial, j'avais juste besoin de te dire que malgré tout ce que nous avons traversé je resterai fier, fier d'être l'homme qui a pu t'élevé, faire ce que tu es aujourd'hui, je sais que je n'ai pas été tendre avec toi, après la trahison de ta mère le peuple a commencer à porter les soupçons sur nous deux, même toi mon fils alors que tu n'avais que 6 ans à cette époque, il était de mon devoir de père pour ta survie d'arrêter de vouloir un fils. J'ai donc commencer à chercher un héritier au trône, je sais que tu as souffert et je sais que tu me détestes pour tout ce que j'ai pu te faire subir, mais sache que malgré les choix que tu fais ou que tu comptes faire je suis déjà très fier de l'homme que tu as pu devenir, même si tu as encore énormément de chose a apprendre tu me rassures déjà, je sais que tu es compétent, que tu pourras reprendre les reines de ce royaume et assurer la stabilité ici tout en devenant un père aimant, sache que peu importe quelle idée préconçue tu peux avoir dans la tête ton père veille sur toi et reste toujours près au moment où tu en auras le plus besoin... il se fait tard à présent, je vais me coucher et tu devrais faire de même, bonne nuit Dimitri »

Il sorti de la pièce en claquant doucement la porte, à peine la porte fut fermée que les larmes commencèrent à couler sur les joues du prince, il avait vraiment du attendre 18ans pour enfin entendre de la bouche de son père ce qu'il avait attendu depuis toute sa vie, son père l'aimait, il la toujours aimer même si Dimitri se sentait extrêmement seul, sans personne, sans maman sans papa, même si ce dernier ne savait pas le montrer il tenait énormément à son fils, son fils unique, la prunelle de ses yeux.

Même si il comptait dormir de suite il fallut bien deux bonnes heures le temps de se remettre de ses émotions, rassuré et enfin paisible à l'idée d'enfin pouvoir entreprendre une relation père fils il parvint à s'endormir bercée par l'avenir qu'il se dessinait en tant que futur roi régnant sur le royaume, son sommeil était profond et serein.

Enfin, pas tellement, comme un cauchemar qui l'englouti il fut prit d'une panique, les cris et les gens qui courent comme à l'aube d'une révolution sauf que Dimitri ouvrit les yeux, ce n'était pas un cauchemar, son valet ouvrit avec vigueur la porte de la chambre du prince et l'attrapa abruptement par la manche sa chemise de nuit.

« Mon prince dépêchez-vous nous devons nous enfuir le peuple est en révolte ! »