. . D'une Triste Existence

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- Il faut que personne ne nous voie, Félix ! Tonna le prince pour que son ami l'entende à travers la tempête qui faisait rage. Mère doit être furieuse.. Il ne faut surtout pas que je lui mette sous le nez une fille-bête! Lui explique le prince avec détermination.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant le château, une bonne heure s'était écoulée avec cet aller-retour tonitruant, et si le prince avait fait cette aventure avec un cheval ordinaire, ils auraient mis bien plus de temps !

- File à l'écurie du château, Félix ! S'écria le prince après être descendu tel un cascadeur, la petite dans les mains.

Le concerné hennit avant de faire ce que lui disait son maître sans se faire prier.
Le prince observa son ami s'éloigner silencieusement. La peur lui nouait le ventre. .

Il allait quand même ramener une intruse, pire, la race que la reine haïssait encore plus que les villageois qui veulent sa tête. .

Le prince fut sorti de sa rêverie par le frisson qui venait de parcourir la fille-bête et qui l'avait donc parcouru lui aussi.
Un sursaut le prit.

Quand je pense que je n'ai même pas pris le temps de vérifier sa respiration tout-à-l'heure !

Il observa la créature d'un œil curieux.
A-t-elle survécu à la noyade grâce à sa race?

N'ayant jamais connu un quelconque homme-bête, le prince ne pouvait savoir si sa remarque était purement discriminante, stupide ou véridique.

Finalement, lassé d'attendre stupidement sous la pluie ainsi, il se décida à prendre son courage à deux mains et entra dans le château tel un voleur, le petit enfant caché sous sa cape royale sans qu'on puisse le soupçonner.

Heureusement pour lui, il ne croisa personne en poussant les battants de sa demeure.

Pourtant, comme si cet heureux hasard était inutile, il fallut que la fille-bête daigne ouvrir sa bouche pour pousser une plainte. Dans sa malchance, il eut de la chance car l'épuisement de la fille était tel que son cri ne fut qu'un bruit imperceptible.

J'ai eu chaud. . Pensa aussitôt le prince en soupirant de soulagement.

Mais c'était sans compter sur la brunette qui se réveilla en un sursaut, là, dans les bras de l'héritier, caché sous sa cape.

Autant vous dire que la panique gagna très rapidement la pauvre petite qui se croyait encore en pleine noyade vu les gestes désespérés qu'elle fit et sa respiration saccadée et bruyante.
Mais la panique s'empara aussi du prince qui, terrifié à l'idée d'attirer l'œil curieux de la reine, sa mère ou d'un des rares servants du château, étouffa brusquement la jeune fille-bête en déposant fermement sa main droite sur les lèvres de la petite qui parut encore plus effrayée.

Ni une, ni deux, le prince s'engagea dans une course folle vers les escaliers, sachant très bien ne pas avoir assez de puissance pour faire face à une créature aussi sauvage prise de peur ! Mais le futur roi se rendit bien compte que les capacités de la fille-bête étaient réduites. En effet, ses tentatives de dégagement étaient plus pitoyables qu'efficaces et le regard qu'elle lui offrait le bouleversait plutôt que de lui inspirer crainte ou mépris.
Tous ces détails devraient faire que le prince s'autorise à ralentir sa course et déposer la fille-bête dans sa chambre, le seul endroit où il avait la certitude totale que personne ne vint le trouver, personne même pas sa mère - en effet, depuis que la reine avait compris que son fils ne changerait pas l'aspect de sa chambre, elle avait décidé de ne plus jamais y mettre les pieds et même si cette décision lui avait pincé le cœur, le prince rejoignait la reine sur le fait que c'était le mieux pour eux deux - le prince décida de s'engouffrer dans la première salle qui se présenta aux deux rapatriés de la tempête. ( Le château avait déjà changé d'aspect dès lors où ils avaient rejoint la  fierté de la famille royale mais le ciel grondait toujours, signe que la colère de la reine ne voulait pas se calmer de sitôt. )

- Ça tombe bien.. Soupira le prince en entrant dans la salle-de-bain des servantes.

Il déposa délicatement - depuis combien de temps n'avait-il pas donné autant de tendresse à quelqu'un d'autre qu'à ses amis les animaux ?.. Et dire que ça tombait sur une fille-bête - la malheureuse qui une fois à terre se releva vivement avant de se reculer de lui, de l'effroi dans les yeux.

- Shhhh.. Murmura le prince en fermant à clé la salle-de-bain. Nous sommes dans la salle-de-bain des servantes.. Tu ne risques rien. Je te l'assure. Essaie-t-il de la rassurer mais rien n'y fait, sa voix est maladroite et dure, son regard pas du tout attendrissant et son sourire est forcé.

Il fallait dire que ça devait faire bientôt dix ans qu'il n'avait parlé avec son cœur à qui que ce soit d'autres que ses animaux. .

Cette salle.. ? Une salle aussi luxueuse pour de simples servantes.. ?!.. S'affola la fille-bête, incrédule. Et..ce..ce ne serait pas le garçon que j'ai vu tout-à-l'heure.. ? Ça n'était pas une hallucination.. ?! Je suis vivante ?!!.. S'interrogea-t-elle en peinant à reculer.

Ses forces la quittaient de nouveau et elle se sentait mal-à-l'aise dans une telle pièce respirant la richesse :

- Hé oh ? La réveilla le prince en s'approchant lentement d'elle. Tu vas rester longtemps comme cela ? Prends un bain et après on pansera tes blessures. Lui dit-il sans plus essayer de parler sur un ton soutenu à la vue de l'incompréhension de la fille-bête.

Cette dernière leva des yeux arrondis vers le prince, toujours aussi perdue.

- * irrité * Crois-tu vraiment que tu vas te laver habillée ? S'impatienta l'héritier, les sourcils froncés.

Mais il regretta aussitôt son geste en voyant le regard de la fille-bête se décomposer sous l'effet de la peur et des larmes rouler sur ses joues.

Était-ce sa voix qui lui avait faite peur ? Ou son regard trop inquisiteur ? Comment la rassurer maintenant ? Et si elle se mettait à crier au secours comme elle l'avait si bien fait tout-à-l'heure ?! S'horrifia le prince en essayant de s'approcher d'elle lentement mais son cœur s'écrasa dans sa poitrine en la voyant perdre l'équilibre après une vaine tentative de fuite pour ensuite se mettre en boule et baisser ses oreilles comme un animal effrayé.

-T..toi..parler..langue..humaine.. ? Essaya le prince après un long moment de silence.

La fille-bête releva son visage sale et poussiéreux vers le fils royal, craintive.
Il lui esquissa un sourire maladroit :

- Je..je parle aux animaux..aussi.. Essaya-t-il de la rassurer.

Et, comme ayant marqué dans le mille, la fille-bête ouvrit enfin la bouche, prête à se confier à lui.

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