Jour 5+n

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Défi de : SorenGirl / ship : Dortogiel / thème : neige / point de vue : Dortos.

Cet OS, comme vous pouvez le deviner à son titre, est une suite à World is Mine. SI vous n'avez pas lu cette fiction, vous pourriez donc ne pas comprendre les évènements mentionnés. Et si vous comptez lire World is Mine, soyez sûrs d'avoir lu Mineworld avant parce que c'est le tome 1.

Ouaip, l'histoire du Dortogiel, ça ne déconne pas.

**********

Un jeune homme d'une vingtaine d'années, au teint mat, visage vaguement rectangulaire, nez droit, des yeux marrons et des cheveux bruns, un peu crépus, difficiles à coiffer. Il leva la main en même temps que moi pour se tâter le menton, fraîchement rasé.

Ce reflet ne m'était pas étranger, non, puisque ç'avait toujours été le mien. Pourtant, ces derniers jours, il me semblait voir un autre dans le miroir. Un autre appartenant au monde réel, en couple depuis plus de 3 ans avec une femme adorable, alternant ses études avec une activité ponctuelle sur YouTube.

C'est incroyable comment... quoi, une semaine ? Une grosse semaine a pu changer mes repères.

Je secouai la tête, m'arrachant enfin à la contemplation du miroir pour sortir de la salle de bains. Aujourd'hui était un nouveau jour, encore un ; il me semblait que ce temps hors du monde virtuel filait à une vitesse folle. Ça faisait combien de temps, déjà, que c'était fini...? En même temps, comparé au jeu, il n'y avait presque rien dans ma vie...

En passant à proximité du salon, j'entendis une voix claire parler toute seule ; intrigué, je passai la tête par l'encadrure de la porte.

Je vis ainsi, en plein milieu de la pièce, une femme de mon âge, un peu plus petite que la normale, debout ; son visage, encadré par de courts cheveux entre châtain et blond foncé, arborait un sourire poli alors qu'elle parlait avec quelqu'un au téléphone. Une demi-seconde de trop pour la reconnaître : Tuneha, celle qui partageait ma vie depuis de longs mois.

Elle se tourna et me vit à travers ses lunettes, posté contre l'encadrure de la porte, la regarder d'un air interrogateur. Elle me fit un petit signe de main, son sourire s'élargissant, et murmura du bout des lèvres "c'est pour toi".

Comme à ce moment, dans l'End, quand Fri' m'a fait comprendre que... non, ne pense plus à lui. C'est fini. C'était un jeu.

Je m'efforçai de chasser de mon esprit ces souvenirs trop distants et trop dérangeants pour y mériter encore leur place. À la place, je me concentrai sur le visage de ma petite amie, faisant taire la voix de la conscience, dans ma tête, qui me chuchotait que quelque chose avait changé.

Rien n'a changé entre elle et moi, rien.

- C'est bon, dit-elle justement, j'allais le chercher mais il est venu tout seul, ça tombe bien... mais tu es sûr que c'est une bonne idée de lui parler ?

Tuneha me regarda attentivement, puis ferma les yeux, l'air de s'excuser silencieusement, avant d'ajouter :

- Tu sais, il a encore des comportements bizarres, à cause de cette expérience... et il n'a pas encore parlé à qui que ce soit d'autre qui y a participé. J'ai peur qu'il réagisse mal, à cause de ses souvenirs...

- Ça ira.

Je fis un faible sourire à ma copine. Je n'avais eu aucune peine à deviner que c'était de moi qu'il était question, et je me sentais tout à fait à même de parler à un autre de mes ex-compagnons.

- Je sais que tu t'inquiètes pour moi, Tutu, mais je ne peux pas rester cloîtré toute ma vie, ajoutai-je avec conviction.

Elle parut hésiter, puis finit par capituler en soupirant.

- Je te le passe, il insiste, annonça-t-elle à son interlocuteur.

Elle vint à moi pour me passer le téléphone. Nos doigts s'effleurèrent quand je pris l'appareil, et elle eut un sourire tendre ; moi, je me retins de ne pas détourner les yeux, écrasé par une culpabilité inavouée.

Pourquoi ce genre de sentiments refuse de partir ?

- Oui, allô ? fis-je.

À l'instant où je répondais, je me rendis compte que je n'avais aucune idée de qui était à l'autre bout du fil. Probablement Siphano, non ? C'était tout à fait son genre de s'enquérir de l'état des autres, lui qui était...

- Ça faisait un bail, Dortos...

Sous le choc, je manquai lâcher le téléphone. Je contins à la fois la vague nausée qui menaçait de poindre et la chaleur qui éclatait dans mon ventre quand j'entendis ce timbre si particulier et chaleureux, pour répondre aussi posément que possible :

- Alexandre. Je ne pensais pas que tu rappellerais.

- Je ne pensais pas vraiment non plus, ricana-t-il.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

Je me mordis la lèvre quand je perçus le regard interrogateur de Tuneha sur moi. Mince, elle ne devait pas se douter de quoi que ce soit... et surtout pas se poser de questions. Si Frigiel crachait le morceau sur notre... "passé commun", j'étais très mal.

Et le Frigiel dont je me souviens était plutôt tête brûlée. Quoique... le retour à la réalité semble l'avoir changé, lui aussi.

Au terme d'un silence rempli des échos de mes pensées, Frigiel finit par répondre :

- Je voudrais qu'on parle, juste un peu.

- Pas maintenant, déclinai-je vite. Je n'ai pas le temps, ni l'envie.

S'il était vraiment comme avant, il comprendrait que...

- ... ta copine, n'est-ce pas ?

Les larmes me montèrent presque aux yeux, stupidement. Il me comprenait toujours aussi impeccablement. C'était comme si rien n'avait changé. Comme s'il n'y avait pas un monde entre nous.

- Exactement. Pas l'envie, appuyai-je en fuyant le regard de Tuneha.

- Je vois. Dans ce cas... tu te souviens où est l'accès au labo, n'est-ce pas ?

- Et alors ?

- Tu n'habites pas trop loin de là ?

- Non. Pourquoi ?

- Juste à côté, il y a un petit parc. Rendez-vous là-bas dans une demi-heure. Juste... pour parler. Remettre les choses au clair. Ce sera mieux d'en parler une bonne fois pour toutes que de se taire.

Je fermai les yeux, pesant le pour et le contre. Très clairement, le contre l'emportait, pour ma propre stabilité et possiblement celle de mon couple... mais je ne pus m'empêcher de répondre :

- J'y serai... mais c'est dans pas mal de temps, pourquoi m'en parles-tu maintenant ? Enfin, bref, si c'est tout... au revoir.

Donner le change, à tout prix.

- Merci.

Il raccrocha presque immédiatement, me laissant le téléphone silencieux dans la main droite, dans le plus grand effort de self-control de toute ma vie.

- Chéri... ça va ?

Je sursauta presque en entendant la voix de Tuneha, et me retournai vers elle, opposant à son expression inquiète un air contrit.

- Oui... mais c'est un peu dur quand même.

- Je ne savais pas que vous vous connaissiez avec Frigiel...

- Alexandre, corrigeai-je rapidement, c'est son prénom... pardon, continue.

Tuneha parut étonnée, mais obtempéra :

- Avec Alexandre, donc. Je ne savais pas que vous vous connaissiez, vous n'avez pas fait de séries en commun...

- On a... pas mal collaboré dans les simulations, soufflai-je.

Ma copine s'excusa rapidement, excuses que je balayai d'un mouvement de la main. Elle craignait toujours de me blesser en parlant de ce que j'avais vécu... sans savoir que je m'étais plutôt pas mal remis de l'expérience, voire de toutes les expériences.

Sauf d'une que, pour une raison que je ne m'avouais pas, je n'arrivais pas à surmonter.



Le parc dont parlait Frigiel se trouvait être à à peine un quart d'heure à pied de chez moi ; j'eus donc le temps de réfléchir à un mensonge plausible pour Tuneha, qui de toute façon ne m'aurait jamais laissé retrouver un ancien camarade de jeu, protectrice qu'elle était envers moi. En y repensant, j'étais censé trouver ça mignon, adorable, quelque chose du genre. Par défaut, je tentais de m'en persuader, ça finirait bien par rentrer... non ?

Ma copine eut une moue suspicieuse quand je finis par lui dire que j'allais "prendre l'air". Encore plus suspicieuse quand j'ajoutai que je serais rentré avant midi, alors qu'il était à peine 10h30. Cependant, terminer sur un "pour essayer de décompresser, rapport à cet appel, je ne me sens pas bien" eut raison de ses réticences. Les simulations étaient un moyen imparable de la faire accepter quoi que ce soit.

Est-ce normal que je ne ressente pas la moindre culpabilité à lui mentir pour obtenir ce que je veux ? me demandai-je sur le chemin du fameux parc où nous avions rendez-vous avec Frigiel.

Perdu dans mes réflexions, je frissonnai. Il faisait plutôt froid, et quelques flocons tombaient des nuages gris, formant une fine couche glissante sur les routes ; normal pour un jour d'hiver, en théorie. Malgré mon gros manteau et mon écharpe, je claquais des dents périodiquement. Vivement que je retrouve Frigiel, qu'il me dise ce qu'il avait à me dire, et que je rentre bien au chaud, dans ma petite vie de confort, de certitudes et de non-dits.

J'arrivai enfin au lieu dit, et repérai rapidement une personne, assise sur un banc de bois blanchi par le gel - à vrai dire, c'était la seule forme de vie alentour, il aurait été difficile de la rater. Je me rapprochai, pour confirmer son identité dont je me doutais déjà.

Frigiel se tourna vers moi, et je vis son visage, à demi caché par une énorme écharpe et un bonnet en maille, s'illuminer. Cette simple joie suffit à me mettre mal à l'aise, et me faire regretter d'être venu.

- J'avais peur que tu me poses un lapin ! s'exclama Frigiel.

- C'est pas mon genre, répondis-je.

Je restai debout, à deux bons mètres de lui, pour soupirer et lâcher :

- Si tu as quelque chose à dire, fais-le vite. J'ai froid, et Tuneha m'attend.

La mention de ma petite amie eut l'effet escompté : Frigiel se rembrunit un peu, détourna la tête. Il fit, d'un ton un peu amer :

- Viens t'asseoir, tu seras plus à l'aise. Je ferai vite.

Mal à l'aise, je me rapprochai pour m'asseoir à côté de mon... ami, ancien copain, faux copain, compagnon ? Je n'avais aucun mot pour le désigner. Je me posai prudemment tout au bord du banc, à l'extrémité opposée de lui, presque une demi-fesse dans le vide. C'était tout sauf confortable, mais au moins, j'avais une distance de sécurité.

Sauf que, visiblement, Frigiel n'avait rien à carrer de cette notion. Avant que je m'en rende compte, il avait glissé jusqu'à moi, et il passa un bras autour de mon épaule, sans m'attirer à lui cependant. C'était hélas bien assez pour que je sente sa chaleur, et que mes joues partent dans des teintes tout à fait indécentes.

- Tu rougis, fit remarquer Frigiel.

- La ferme, captain Obvious ! pestai-je. Et éloigne-toi, tu me gênes.

- Pas envie. Tu vas faire quoi ?

- Éloigne-toi !

Exaspéré, je fis appel à mes restes de volonté pour empoigner Frigiel par l'avant du manteau et le pousser plus loin de moi. Ce que je n'avais pas prévu, c'était qu'il lâche prise aussi facilement ; je me retrouvai ainsi emporté par ma propre force, tombant contre lui comme un sac à patates, sous son rire.

Son foutu rire...

J'allais me redresser pour préserver mes dernières miettes de fierté, mais Frigiel enroula ses bras en bas de mon dos, me coupant toute retraite. Je relevai la tête, outré, croisant son regard pétillant de malice.

- Admets ta défaite, ordonna-t-il d'un ton amusé.

- J'ai pas envie de jouer avec toi, répondis-je en un mensonge éhonté.

- T'as encore rougi. C'est pire que si ton nez s'allongeait, tu sais, t'es incapable de cacher ta gêne ou tes mensonges.

- Lâche-moi, Fri... Alexandre, j'ai une copine !

Encore une fois, l'argument le fit se raidir, mais il ne desserra pas sa prise le moins du monde. Je continuai :

- J'ai une copine, depuis plus de trois ans. C'est du sérieux. Il y a de fortes chances que je passe le restant de ma vie avec elle, on vit ensemble, et je l'ai toujours aimée. Ouvre les yeux, bordel ! Le jeu est fini ! Pour ce monde, dans cette réalité, ce qui s'y est passé n'a jamais existé !

- C'est vrai... murmura Frigiel.

- Tu vois ? Et on appartient à ce monde ! On ne peut pas tout renverser au nom de quelque chose qui n'était même pas complètement réel ! Regarde bien ma tête, ce n'est pas celle que tu as vue pendant ces huit jours, si ? Tout est faussé !

- C'est vrai, répéta-t-il. En plus, moi aussi, j'ai une petite amie... un appartement... ma vie...

L'entendre dire ça, sur ce ton éteint, me serra le cœur.

Ça ne lui fait pas plus plaisir qu'à moi, mais il va falloir réaliser que c'est comme ça et c'est tout.

Malgré tout, il ne desserrait pas ses bras. Qu'importait, après tout, si c'était sa façon de s'accrocher à nos souvenirs communs... quand il me laisserait partir, ce serait comme un adieu à ces mémoires, après tout. Même moi, je trouvais ça douloureux.

Je ne résistai donc pas plus, détournant un peu les yeux pour regarder autour de nous. De petits flocons de neige voletaient partout ; c'était un joli spectacle, apaisant. Quand un flocon atterrit pile sur mon nez, j'éternuai bruyamment, suscitant un petit rire chez Frigiel.

- Hé, Dortos ? chuchota-t-il.

- Oui ?

- Tu sais ce que tu me disais dans Mineworld et World is Mine ?

- Je t'ai dit tellement de trucs... ironisai-je.

Frigiel pouffa et resserra ses bras.

- Comme quoi j'étais trop insouciant, tête brûlée, pas assez réfléchi... tout ça.

- Hmm, je m'en souviens. J'ai dû te le répéter pas mal, d'ailleurs. Pourquoi ?

- Juste pour ça...

Frigiel retira ses bras de mon dos pour les placer sur mes épaules, me redressant. Surpris, je me laissai faire. Et louchai sur son visage, qui plongeait en piqué sur le mien.

- Que... qu'est-ce qu...mmh !

Je fus coupé par un baiser d'une rare tendresse, ses lèvres, chaudes contre les miennes, tranchant avec le froid de l'hiver. Un verrou sauta dans mon esprit, et je répondis au baiser avec le même amour, interdit mais si tentant.

Je ne devrais pas, j'ai une... et puis merde. J'y ai jamais cru de toute façon.

Des secondes comme un instant plus tard, Frigiel s'éloigna, arborant un sourire doux mais résolu. Reprenant brusquement conscience, je reculai, paniqué, et mes fesses passèrent par-dessus le bord du banc, me valant de finir par terre.

Qu'est-ce que j'ai fait ? Merde, qu'est-ce que je viens de faire ?

J'avais les joues couleur pivoine, tant sous l'effet du baiser que de la honte ; pour une fois, Frigiel ne commenta pas, et se contenta de se lever. Il ne me tendit pas la main pour m'aider à me relever, ne se moqua pas ; il me dit juste :

- Je me fous de ce que les autres n'ont pas vécu. Moi, je sais ce que j'ai vécu. Et je sais que c'était réel.

Sur ce, il tourna les talons. Je l'entendis conclure :

- Il peut y avoir une, deux ou cent filles entre nous, je m'en moque. Peu importe comment, et peu importe ce que tu vas en dire ; ce qu'on a vécu dans le jeu, moi, je le rendrai réel. Même malgré toi. C'est une promesse.

Il s'éloigna sur le chemin de pavés blancs, des flocons dansant autour de lui, dans le froid de l'hiver. Je gardai les yeux fixés sur ce dos qui ne se retournait pas une seule fois, jusqu'à ce qu'un détour le soustraie à ma vue. Ensuite, ce furent des larmes incontrôlées qui voilèrent mon champ de vision. Toujours assis par terre, je me recroquevillai sur moi-même, cachant ces larmes et ce sourire, stupide, incontrôlé, que je n'assumais pas.

Mais quelle stupide, détestable insouciance... c'est ça que j'aime chez toi, abruti.

**********

Et là, les partisans du Dortogiel vont gueuler parce que s'il n'y a pas de suite à ça, c'est de la torture, cruelle, sadique, pas bien, ouh la la.

Par ailleurs, c'était possiblement le dernier OS du Tiroir. Explications dans le message du segment suivant.


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