Orchidée

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Défi de : Woollveez / ship : Siphagiel / thème : son odeur / point de vue : Siphano

**********

- Ça revient beaucoup plus cher, tu le sais, pourtant !

- Je me le demande. Qu'est-ce qui est plus cher entre un plat préparé et une nouvelle poêle ? Non mais parce que, si j'essaie de faire la cuisine, il y a de fortes chances que je crame au moins la casserole, sinon l'appart'.

- C'est pour ça que je t'ai proposé plusieurs fois de t'aider à cuisiner... mais comme par hasard, chaque fois, tu es occupé.

- Bah oui... vraiment dommage.

- Quel fainéant !

J'allais répliquer, mais le portable de Blondie vibra dans sa poche. Elle me fit signe de me taire, décrocha.

- Oui ?... oh, c'est toi !... non, il ne sait toujours rien !

Un peu agacé, je m'enfonçai un peu plus dans mon siège, posai le coude à la fenêtre et contemplai le paysage qui défilait. Encore cette personne. C'était la troisième fois en deux jours qu'elle appelait Blondie, et que ma chérie refusait catégoriquement de m'en dire quoi que ce soit. Par contre, elle m'avait demandé de préparer un petit sac de voyage avec des affaires pour deux jours, et m'avait traîné ce matin à la gare, pour prendre un train dont je ne connaissais même pas la destination. Hmm... la surprise ? qui a dit que ça sentait la surprise ? À peine...

Je dus donc attendre patiemment que Clem' finisse de bavarder avec l'autre au bout du fil, qui qu'il soit, avant de retenter :

- Et sinon, tu me dis un jour où on va ?

- ... oh, on est bientôt arrivés ! Prépare-toi à descendre !

Décidément, aucune chance pour moi de savoir ce qui m'attendait. Je pris donc mon sac, essayant en vain de déterminer pourquoi j'en avais un et Clem' non, pourquoi le trajet en train avait été si long - je n'avais même pas la durée précise, ma chérie étant allée jusqu'à me confisquer mon propre téléphone ! - et si ça valait vraiment la peine de m'avoir levé à quatre heures du matin, alors que je ne m'étais pas couché tôt la veille.

Vous êtes arrivés en gare de Rennes, fit soudain une voix synthétique. Tous les voyageurs...

- Rennes ? répétai-je, perplexe.

- Allez, ne me dis pas que tu ne sais pas ça... c'est en Bretagne, le chef-lieu de l'Ille et Vilaine.

- Mes cours de géo sont assez loin, chou. Mais dis-moi plutôt... qu'est-ce qu'on fait là ?

Bien sûr, au lieu de me tirer enfin de mon ignorance, elle me prit par le bras, me força à me lever et nous sortîmes du train. Il n'y avait pas trop de monde sur le quai - que dalle comparé au métro parisien - et alors que je regardais vaguement la foule de gens, un visage retint mon attention. Quelqu'un vers lequel nous nous dirigions tout droit, et qui arborait un sourire jusqu'aux oreilles en agitant le bras. Ma mâchoire manqua se décrocher.

- Frigiel ?!

- Voilà, je te l'ai amené ! s'exclama Blondie en arrivant à son niveau. Il ne sait rien de rien, et c'est pas faute de m'avoir bassinée de questions !

- Génial, la félicita-t-il. Il a ses affaires, tout ce qu'il faut ?

- J'ai vérifié trois fois.

- Parfait !

- Heu... est-ce que vous pourriez arrêter de parler comme si je n'étais pas là ? glissai-je.

- Encore bravo, au fait ! fit ma chérie, m'ignorant totalement.

- Merci, merci.

- Bon, j'y vais, moi... je vous laisse tous les deux, ne faites pas de bêtises ! Et Julien... profite bien !

- Heh ?

Elle m'adressa son plus joli sourire malicieux, m'embrassa sur la joue et s'enfuit. Moi, je restai planté là, sur place, à la voir partir ; puis je détournai le regard vers Frigiel, qui me souriait de même. J'y comprenais moins que rien.

Sans prévenir, mon ami me prit par le poignet en s'écriant que notre train à nous allait partir aussi, et je fus encore traîné jusqu'à un autre wagon, sous le regard étonné de certaines personnes qui n'y comprenaient rien de plus que moi.

Je fus installé dans un autre siège, un peu moins mou que celui d'avant, côté fenêtre, et Alex s'assit à côté de moi. À peine remis de ma surprise, le manque de sommeil ne m'aidant pas à avoir les idées claires et l'esprit vif, je lui demandai :

- J'ai le droit de savoir ce qu'il se passe, maintenant ?

- Nah. Attends encore une petite heure.

Je ne protestai même plus. À la place, je m'assis un peu plus confortablement et laissai mes pensées dériver. Peu à peu, faisant abstraction du bruit du train et des rares autres passagers, je n'eus presque plus conscience que de la présence de mon ami près de moi. En fait, ça faisait un petit moment, peut-être un mois, que nous ne nous étions pas vus directement. Ça me faisait plaisir de le retrouver.

Mes paupières devenaient de plus en plus lourdes ; j'avais vaguement conscience d'être en train de piquer du nez. Pas étonnant vu ma nuit en pointillés. Une main me prit par l'épaule, et avant que j'aie pu m'en rendre compte, ma tête s'était trouvé un petit refuge des plus confortables. Par ailleurs, je ne savais pas d'où ça venait, mais une douce odeur s'était frayé un chemin jusqu'à mon nez ; je n'eus pas le temps d'y penser plus, pris par le sommeil.


- Julien, on est arrivés.

- Rrrron...

Je ne voulais pas bouger. J'étais confortablement installé, contre quelque chose qui sentait divinement bon. Je voulais juste me rendormir.

- Julien, va falloir descendre.

- Veux pas... chuis bien là... ça sent bon.

- Ça sent bon ? Oh. Eh bien... merci, je suppose.

Je ne compris pas vraiment pourquoi il me remerciait ; mais moi, il m'avait réveillé. J'entrouvris les yeux pour voir ce qu'il me voulait et... ouh, depuis quand le monde était-il tourné à 60° ? Et pourquoi est-ce que je n'avais pas Frigiel dans mon champ de vue ?

Mon cerveau mit un peu de temps avant de remarcher à régime minimum. Ce n'était pas le monde qui était tourné. C'était ma tête. Qui était d'ailleurs très confortablement installée...

... sur l'épaule de mon ami.

Je sentis mes joues chauffer brusquement et sans vraie raison, et m'écartai précipitamment d'Alexandre ; en tournant les yeux vers la fenêtre, j'interceptai son regard à la fois surpris et... déçu ?

Je n'eus pas plus le temps de m'interroger. Mon ami faillit me prendre la main, hésita, puis ne le fit finalement pas ; il se contenta de se lever en déclarant, d'une voix contrôlée :

- Maintenant que t'es réveillé, on peut descendre ?


Nous étions de fait descendus, à bonne distance l'un de l'autre ; puis nous avions pris un autocar. J'ignorais toujours tout de ma destination, et je n'osais pas la demander à Frigiel, assis juste à côté de moi, me bloquant l'accès à la fenêtre pour garder la surprise jusqu'au bout. En fait, je n'osais rien lui demander. Ni même lui parler. Je savais que c'était ridicule, que dormir sur l'épaule d'un ami n'avait rien de choquant ni d'impardonnable... mais en fait, ce n'était pas ça, le problème. Le problème, c'était cette odeur. Cette foutue odeur entêtante qu'il promenait avec lui, et qui éveillait en moi des pensées que je ne m'avouais moi-même pas. Des pensées que moi-même, que la morale, et pire que tout, que ma chérie condamnerait.

Quand nous descendîmes enfin, une bourrasque de vent m'accueillit brutalement, et j'écarquillai les yeux face au spectacle qui s'offrait à moi. Au-delà des limites du parking bétonné, derrière des rochers à l'étonnante couleur rosée, la mer s'étendait à l'infini. L'air était frais mais agréable, et il flottait un petit effluve d'iode. Captivé, je ne réagis pas quand mon ami s'approcha de moi par derrière, et glissa sa main dans la mienne. Doucement mais fermement, il m'entraîna sur un petit sentier de terre battue qui longeait la côte.

Petit à petit, mon émerveillement décroissant, je pris conscience de notre proximité un peu trop forte à mon goût. Et ce parfum qui commençait à revenir chatouiller mes narines... je tentai de retirer discrètement ma main de la sienne, mais il serra les doigts, m'interdisant toute retraite.

Pour me distraire moi-même et rompre le silence, je fis :

- C'est beau.

- N'est-ce pas ? sourit Frigiel.

- Au fait, est-ce que j'ai enfin le droit de savoir... pourquoi je suis là ?

- Mmhmm.

Il me guida vers un grand rocher de granite rose assez bas et large pour que nous puissions nous y asseoir tous les deux, et expliqua :

- J'ai participé à une dictée publique il y a quelques semaines, et je l'ai gagnée. Le prix, c'était un voyage pour deux à la côte de granite rose. Ça faisait longtemps que je voulais y aller, tu sais...

- Une dictée publique ?!

- Bah quoi ? C'est pas parce que je suis youtubeur que je ne sais pas écrire !

- Oui, pardon. Mais... tu n'avais personne d'autre à emmener avec toi ? Je veux dire, une copine, un membre de ta famille... personne ?

- Je n'ai pas de copine. Et j'ai le droit d'emmener mon... meilleur ami, non ?

Je ne répondis pas. J'avais relevé son hésitation avant de me qualifier de son "meilleur ami", et malgré moi, mes pensées s'étaient emballées. Il voulait dire autre chose, mais quoi ? Non, Julien, non, ne pense pas à ça...

Et pourtant... j'avais beau combattre mes pulsions plus ou moins avouables, il y avait des choses que je ne pouvais pas nier. Notamment qu'Alex était beau, surtout en ce moment, tourné vers la mer, des reflets miroitants dans les yeux et un sourire fantomatique aux lèvres. Il était beau quand il était heureux...

Il détourna brusquement la tête vers moi, ne me laissant pas le temps de baisser les yeux. Oups. Pris en flagrant délit.

Mon ami se contenta d'un sourire tendre, et il me prit par l'épaule, m'attira à lui. Je me retrouvai pour la deuxième fois de la journée la tête dans son cou, enveloppé dans son odeur chaude, incapable d'y résister.

- Fri', bon sang... qu'est-ce que tu sens ? ne pus-je m'empêcher de demander.

Je le sentis plus que ne le vis rosir, et il ronchonna :

- Je savais que j'allais puer en mettant ce truc.

- Non, non... ça sent plutôt bon... mais qu'est-ce que c'est ?

- Tu ne te moqueras pas de moi si je te le dis ?

- Si, probablement, admis-je. Mais je veux savoir.

- Bon, d'accord... en fait, hier, je me suis rendu compte que je n'avais plus de déodorant, et que j'avais oublié d'en acheter. Sauf que les magasins étaient fermés. Du coup, j'ai dû passer en urgence chez un pote...

Il termina en chuchotant, embarrassé :

- ... et ce crétin m'a refilé le déo' de sa sœur. Orchidée machin-truc, je crois.

Je ne pus retenir le petit rire qui s'échappa de ma gorge. Frigiel, vexé, desserra son étreinte, mais je restai contre lui. J'étais trop bien pour bouger. Pourtant, lui me poussa, et s'éloigna quelque peu.

- Je n'aime pas que tu te moques de moi.

- Moh, désolé. Promis, je ne le referai plus.

- Promis, vraiment ? Quoi que je dise ?

- Mais oui, quoi que tu dises.

- Alors permets-moi de vérifier ça...

D'un coup de fesses, il revint se coller contre moi, et prit mon visage entre ses mains. Avant que j'aie pu réagir - quelque réaction que ce soit - il posa son front contre le mien et murmura :

- Et si je te dis que je t'aime ?

Je virai en un instant au rouge pivoine ; mais, pris au jeu de ses mots et de mes émotions, je répondis :

- Je ne me moquerai pas. Mais toi, est-ce que tu riras... si je te réponds que moi aussi, je t'aime ?

Ses lèvres se posèrent sur les miennes en guise de réponse, entremêlant iode, orchidée, et nos souffles courts, et effaçant toute notion d'interdit.

**********

Fiouuuuh ! Ça m'a pris un petit moment pour le terminer, celui-là. J'espère que vous aimez, et j'attends l'avis de Woollveez qui m'a lancé le défi !

À suivre : un défi de SorenGirl, une suite heureuse à mon précédent Xefano ! Stay tuned ! ♥

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