Je croise les bras sur mon torse tout en fronçant mes sourcils, qui mériteraient bien une petite épilation. Je les imagines en bataille, comme mes cheveux, et surtout indisciplinés. Où trouverais-je une fichue pince pour remédier à tout cela ? 

— Une quoi ? Je reprends, posément. 

Le terme ne me dit rien. Pourtant, je pense en comprendre le sens, puisqu'étant la fille de Lucifer et d'une démone, Aoile doit être une hybride des deux. Logiquement... A moins qu'il n'y ai eu une troisième personne ayant ajouté son ADN au mélange. 

— Une Deamhgeal. C'est un mélange entre deux termes, inventés spécialement pour elle. C'est une hybride et c'est la seule hybride au monde. Un mélange entre un ange et un démon. Entre un Aingeal et un Deamhan. Ce sont les termes gaélique pour "anges" et "démons", explique Thomas calmement.

Je reste muette quelques instants, pour ne pas envoyer ma main directement dans la tête de Thomas. J'inspire de longues bouffés d'air et roule des yeux d'un air excédé. Tant pis pour l'esprit zen.

— Oh, je vois. Et me dire directement qu'Aoile est une hybride, mi-ange, mi-démon, c'est trop dur ? Non, au lieu de ça, Monsieur doit étaler sa science et sortir des termes aussi poussiéreux qu'un grenier, je m'insurge.

C'est au tour de Thomas de rester interdit quelques instants, avant de hausser les épaules.

— Les greniers ne sont pas si sales que ça, tente-t-il.

Un ricanement sort de ma gorge tandis que mon cerveau tente de supprimer l'image de mes mains serrant sa nuque. S'il cherche à me pousser à bout, il n'a pas besoin d'aller plus loin ! Déjà, des révélations métaphysiques impossibles, ensuite des mots compliqués sorti tout droit du plus vieux grimoire au monde. C'est quoi la suite ?

— Pas si sale ? J'en connais un qui n'a jamais fait le ménage, je me moque.

Le jeune homme semble prendre ma pique un poil trop au sérieux et de mure dans son mutisme. Sérieusement, est-ce que c'est ma faute s'il ne veut pas accepter l'idée que sa fichue science ne rentre pas dans mon cerveau de bachelière ? Je suis censée passer le bac, pas apprendre des termes nouveaux, dans une langue parlée par dix pour cent du monde ! Voulant échapper la tension présente dans la cabane, je ressors, emplissant mes poumons d'air frais. L'Enfer a joué avec ma tête et mes émotions. Je suis différente, peut-être grandie ? Je me sens différente. Quelque chose s'est éveillé en moi.

Dans mon dos, un craquement m'indique que Thomas sort à son tour. Je me tourne vers lui, admirant ses cheveux bouclés éclairés par la lumière intérieur. Cela lui donnerai presque un côté angélique. Sa main est posée sur sa hanche, celle que les Dullhahans ont blessée avant mon départ en Enfer. Cela me fait penser que T'Shael n'est pas ici non plus. Thomas est seul. Je sais qu'Elyane est partie en avance, aurait-elle pris T'Shael ? Les questions se bousculent dans ma tête et malgré l'animosité de l'air, je ne peux les garder :

— Comment va ta hanche ?

Thomas ferme les yeux et remonte doucement ses lunettes avec un doigts, avant de passer l'entièreté de sa main dans ses cheveux.

— Mieux. Ma mère a toujours su prendre soin de moi, murmure-t-il du bout des lèvres.

Un petit sourire naît sur mes lèvres. Je suis heureuse de le savoir en forme. Désormais, je me sens presque coupable de ne pas avoir pensé à lui quand Aoile et moi étions en Enfer. Il devait souffrir et moi, insouciante, je faisais la fête avec des Démons.

— Tu m'en vois ravie. T'Shael ? Je continue.

Cette fois, ses yeux se bloquent dans les miens lorsqu'il me répond :

— Parti avec Elyane. T'Shael doit préparer la maison avant l'arrivée de son maître. C'est son job, je ne peux aller contre ça, même si je lui donne des contre-ordres.

Je m'autorise enfin à souffler et rire, éloignant de moi l'aura de colère et de peine qui ne me quitte plus depuis l'Enfer. Dans ma tête, beaucoup de scénarios se jouent : Dame Madera et son entrée au bal, son combat contre mon amie, son corps ensanglanté et immobile sur le sol. L'espoir que Thomas m'a insufflé en me montrant Aoile mourir plusieurs fois. Mais je ne peux plus me permettre d'espérer. Je ne peux pas. Je dois avancer, quitte à laisser derrière une amie. C'est ma.vie désormais. Fuir, pour ne pas mourir.

— On devrait rejoindre Elyane et T'Shael. Et il faut aussi prendre des nouvelles d'Archibald. Il devait m'aider ! Et heu...si c'est possible, j'aimerai envoyer un message à Madame Henoch. Pour la remercier pour ces trois années, je lâche dans un souffle.

Sous nos yeux, la lune s'éclaire de plus en plus tandis que le soleil décline, rendant l'air plus frais. Thomas hoche la tête et rendre quelques instants dans la cabane pour en sortir avec du papier et un crayon. Son sourire efface petit à petit la peine qui alourdit mon cœur.

— Pour sa sécurité, il ne faut pas qu'elle sache où tu es. Lui envoyer un message la met déjà en danger, mais ce n'est pas à moi d'aller à l'encontre de tes décisions, clarifie le jeune brun.

D'une main tremblante, j'attrape le papier et le crayon. Sous le coup de l'émotion, les mots s'entrechoquent dans mon esprit et je ne peux écrire une ligne. Mes yeux se brouillent en imaginant les traits tirés par le chagrin de ma mère adoptive, ainsi que ses jolis cheveux roux tirés en arrière, dans un chignon strict qui lui arrache la tête. 

— Sam ? Tu devrais prendre quelques minutes pour vider ta tête. Tu y verras plus clair. Juste laisse-moi te guider, me conseille-t-il.

Ensemble, on s'éloigne de la cabane marchant l'un avec l'autre pendant plusieurs minutes. Thomas prend d'un coup doucement ma main et la pose contre le tronc d'arbre, me demandant de ressentir le vent sur mes joues et l'écorce sous mes doigts et de ne faire qu'un avec elles. Il est près de moi, je peux sentir son torse collé à mon dos, réchauffant mon être que la nuit fait frissonner.Tout à coup, sa chaleur disparaît et j'ouvre les yeux, surprise de le voir au sol, quelques centimètres plus loin, une main dans son dos et une grimace déformant son visage d'ange. Sa chute a été amortie par une souche assez épaisse. Sous nos pieds, le sol tremble légèrement, comme si nous marchions sur une surface bancale.

Je m'avance vers mon ami, visiblement aussi surprise que lui devant sa posture. Il s'appuie sur ses coudes pour se relever, restant accroupis quelques secondes, tenant d'une main son dos meurtri. Avant que je ne puisse ouvrir la bouche, une silhouette ailée fond sur Thomas et le soulève en l'attrapant par la gorge. Incapable de voir l'interaction des deux personnes à cause des immenses ailes argents bloquant mon champs de vision, je reste légèrement en retrait, essayant d'écouter les bruits autour.

— Espèce d'abruti ! Tu ne dois jamais bouger d'une planque sécurisée sans mon approbation ! Sam aurait pu crever ! T'es totalement inconscient, hurle une voix féminine que je mets plusieurs minutes à reconnaître. 

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Heeeeyyyy les lecteurs !
Veuillez-excuser l'état d'excitation dans laquelle je me trouve, mais BULLE est publiée depuis lundi et je ne m'en remets pas ! Donc voilà, votre chère auteure est presque en pleurs ! En plus, on est aux 15K de vues 😍😍😍❤❤❤ !

Sinon, je me suis lancée un grand défi, je vous le révélerai bientôt si j'y parviens surtout xD ! C'est un énorme challenge mais je serais boostée par mes amies et vous, la #TEAMTLB ! 💜 (Nom trouvé par une lectrice 😏).

Sinon, qu'avez-vous pensé du chapitre ? Qui est cette apparition ?
Le comportement de Sam ? De Thomas ? Les questions qui ont enfin des réponses ? 😏💜