C'était mon lapin !

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Je roulai tranquillement vers la plage. Encore quelques heures et j'étais arrivée près du sable chaud et des cocotiers me surplombant. J'avais hâte d'y être pour enfin ne plus penser au travail, ni à la vie.

Soudain, sans que je ne la vis, une masse apparut devant la voiture. Paniquée, je mis un coup de volant vers la droite et basculai vers le précipice. Mon coeur battant à toute vitesse, je criai tandis que les arbres se rapprochaient de plus en plus jusqu'à se briser sur la vitre avant.

Sonnée, j'étais à terre. Allongée, je ne pouvais plus bouger. Épuisée, mon coeur ralentissait. Seule, je me laissai sombrer.

Mais seule, je le croyais. Je sentis des bruits, mais je n'arrivais pas à ouvrir les yeux. Je sentis des injures pousser tout bas, puis des murmures près de mon oreille.

« Veux-tu vivre ? » demanda la voix.

Je pris un instant avant de dire oui. Je voulais revoir la mer, côtoyais le soleil, danser sous la pluie... Oui, je voulais vivre.

Là, une intense douleur sur ma nuque m'arracha à mes rêveries. J'avais l'impression de mourir. Cet homme m'avait menti.

Soudain, je me réveillai en sursaut. Regardant frénétiquement les alentours, je me rendis compte que j'étais allongée sur la terre ferme, avec mes vêtements, sans aucune trace de sang. Pas de douleur éprouvée à part celle de mon coeur battant contre ma cage thoracique. Je me relevais doucement tout en écoutant les bruits de la nature et en m'imprégnant la douceur du paysage. Je m'étirai et ramenai mes cheveux noirs en arrière avant de fouiller de mon regard les arbres autour de moi.

Il faisait sombre malgré la couleur de la lune pour illuminer cette nuit fraiche. Je laissai mes sens me guider vers une proie. Après être restée une partie de la soirée endormie, j'avais faim. Je commençai à marcher vers une direction qui me semblait propice à la découverte d'une proie. J'eus raison. Très vite, le délicieux parfum d'un lapin m'effleura les narines. Sous un réflexe difficile à changer, mes canines s'agrandirent tandis que je souriais telle une démone. Une démone, peut-être pas, mais un vampire sûrement.

Amusant de savoir que j'avais rêvé de ma première morsure, celle qui me transformerait en un vampire assoiffé de sang. Jamais je ne pus voir de nouveau me laisser dorer au soleil, je brûlerais instantanément. Ce devait être bien le seul regret que j'avais.

Enfin arrivée près de la maigre proie, je me cachai derrière un arbre et le fixai avec des yeux de prédateurs. Ne surtout pas faire de bruits, ne pas respirer, ne pas...

Soudain, une masse passa devant le lapin puis s'en alla avec ma proie. Abasourdie, je me précipitai derrière ce voleur avec une colère qui me gagnait à chaque pas. Ma proie, à moi. Mon instinct animal mourrait d'envie de tuer cet homme qui m'avait pris mon butin. Sous l'adrénaline, je me propulsai sur la vague humaine que j'apercevais devant moi et voulus le plaquer à terre. Malheureusement, il se décala au dernier moment et ce fut mon visage qui rencontra avec bonté la terre sèche avec quelques herbes vertes.

Avec une vitesse prodigieuse, je me retournai pour faire face à mon agresseur, mais celui-ci me regardait d'un air triomphant en s'asseyant sur mon ventre. Je restai allongée tandis qu'il finissait son repas, ou plutôt mon repas.

« Il était à moi ! » criai-je en tentant de reprendre l'animal. Mais quand je touchais son corps, il était déjà mort et vidé de son sang.

J'ouvris grands les yeux avant de projeter une colère immense à cet homme qui me toisait de son sourire sanglant. J'essayai de me relever, mais mon voleur me plaqua les bras au-dessus de la tête et pesa toute la puissance de son corps sur le mien. Il gardait son sourire charmeur, mais la colère m'aveuglait.

« C'était mon lapin !

– Tu ne m'as même pas senti, mon coeur. Il faut que tu t'entraînes sur ton odorat, dit-il doucement en ignorant mon invective.

– Oh, c'est de ma faute maintenant ?

– Oui. Si tu avais été plus attentive, tu aurais su que j'étais caché à quelques mètres de toi. En plus, la belle au bois dormant a eu de la chance qu'aucun monstre ne se soit manifesté pour la dévorer.

– Mais mon Roméo était là pour me surveiller, non ? Alors je n'avais aucun souci à me faire, dis-je avec malice.

– Moi Roméo ? s'esclaffa-t-il, outré par la comparaison. Est-ce que ton Roméo a d'aussi grandes dents pour te mordre ? »

Il sourit tout en me montrant ses dents tachées de sangs. Il avait vidé le sang de mon lapin, ma proie. La lueur joyeuse qui m'animait disparut en un instant, remplacée par celle de la colère.

« C'était mon... »

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que des lèvres brûlantes se plaquèrent contre les miens. Surprise au début, je me laissai bercer par sa langue ensuite. Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il ne trace des cercles avec sa langue sur mon cou. Brûlante, je me tortillai sous son corps tout en haletant sous ses caresses.

« Pas ici, Sebastien, réussis-je à murmurer.

– Accroche-toi. »

J'entourai ses épaules de mes bras pour qu'il m'emporte avec sa vitesse prodigieuse jusqu'à notre manoir. Le vent emmêla mes cheveux, mais c'était une sensation agréable. En étant vampire, j'étais plus sensible à la nature. Elle semblait vivante, plus épanouie qu'on puisse la remarquer.

Je me retrouvai soudain le dos posé sur des draps moelleux. Nous étions déjà sur le lit. Etonnée, je sortis de mes pensées tandis que ses yeux bleus me fixaient avec curiosité.

« À quoi pensais-tu ?

– Je... J'ai rêvé de ma transformation ou plutôt de ta morsure vu que j'étais inconsciente lors de ma transformation en vampire, » avouai-je.

Ses yeux s'agrandirent avant de ne plus exprimer d'émotions. Je détestais quand il mettait son masque d'indifférence. Il se détacha de moi et retira un à un ses vêtements encore recouverts de sangs séchés. Il m'avait tourné le dos alors que je le fixais toujours de ma position couchée. Je me mordis la lèvre ne sachant pas quoi dire. L'avais-je vexé ?

« Tu regrettes ?

– Quoi ? demandai-je en m'asseyant sur le lit, attentive à ses paroles.

– Tu regrettes être devenue une vampire ? Tu ne peux plus toucher les rayons du soleil, tu ne peux plus voir tes parents ou tes amis, tu ne peux plus être avec des humains en plein jour. »

Chamboulée par ses révélations, je restai les yeux grands ouverts, mais sans énoncer un mot. Cela faisait un mois que l'on était ensemble, qu'il m'avait presque tout appris, et surtout qu'il m'avait liée à lui. Et jamais il ne m'avait fait part de ces mots. Je clignai des yeux comme pour me sortir d'un mauvais souvenir, puis réfléchis un instant.

« Non, je ne regrette pas que tu te sois littéralement mis en travers de mon chemin, ni que tu m'aies mordu pour me transformer. C'est vrai que ma famille me manque, mais j'étais presque tout le temps en train de voyager aux quatre coins du monde. Je ne les voyais déjà pas beaucoup dans ma vie humaine... Avant, il y avait une chose que je cherchais, mais que je n'ai finalement jamais trouvée... Cette chose, je l'ai trouvé ici... L'amour. »

Sébastien me fixa avec ses yeux illuminés d'émotions. Je lui souris tout en écartant mes bras, lui demandant un câlin. Il sourit doucement avant de m'encercler dans ses bras.

« Je t'aime Sébastien, même si tu as volé mon lapin, soufflai-je au creux de son cou en souriant.

– Je t'aime aussi, mon amour, » répondit-il comme il en avait l'habitude depuis des années.

Nous étions liés pour l'éternité. C'était mieux que d'effleurer les rayons du soleil toute seule. Beaucoup mieux. Sébastien était à lui seul mon soleil dans cette vie. Il l'avait remplacé. J'étais maintenant consumée par un amour aussi brûlant que cet astre chatoyant. Un amour vrai que j'ai enfin trouvé auprès de mon vampire.

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