La protéger

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Courir. C'était tout ce que je devais faire. Aller le plus loin possible.

Respirer avec hâte, garder la peur sous coupe, faire de grands pas. Je devais m'enfuir au plus vite. Les chasseurs ne devaient pas me rattraper.

Soudain, les cris du bébé dans mes bras devinrent plus prononcés. Mes larmes aussi.

J'avais pensé pouvoir les esquiver en pleine forêt, mais j'étais une simple citadine qui se prenait les branchages et troncs à terre tandis qu'ils étaient des hommes aguerris sur ce terrain. Ils flairaient, sautaient, jouaient avec la nature comme des animaux.

J'entendais encore leurs pas, leurs cris hurlants de m'arrêter, mais je continuai. Pour le bébé. Je ne pouvais pas abandonner si près du but.  Je savais qu'il y avait des loups dans cette forêt. Des loups sauvages. Les loups que mes parents avaient interdit d'approcher. Les loups que notre société avait mis de côté. Ils recueilleraient la petite. Je devais juste les retrouver ou espérai qu'ils me retrouvent avant que les chasseurs ne me rattrapent.

Très vite, je sentis du bruit dans les feuillages. Les chasseurs étaient-ils déjà là ? La peur me donna des frissons. La sueur perlant dans mon dos et mon front, j'essuyai mes larmes me brouillant la vue. Je ne pouvais pas abandonner maintenant. J'étais si près du but.

Soudain, mon pied se prit une branche et je tombai en avant sous un cri de surprise. Je me roulai en même temps en boule pour protéger la petite fille. Épuisée, j'allai me relever, mais en levant ma tête je fus confrontée aux loups. Ils étaient là.

Beau et majestueux, mais dangereux. Leurs regards étaient intimidants. Je déglutis en fixant le regard de leur Alpha. Il était différent. Son aura était puissante, mais je ne pus m'empêcher de l'admirer. Des grognements mirent fin à ma contemplation. Je resserrai les bras autour de ma petite et me mis sur pieds.

Mais les chasseurs étaient là. Juste derrière moi. Les loups reculèrent à temps pour se cacher derrière les arbres. C'était une meute. Pas entière, mais assez pour attaquer les trois chasseurs qui m'avaient rattrapée.

« Ne fais pas l'enfant et rends-nous ce bébé, Céliane.

– Non, ce n'est qu'un bébé, dis-je en leur tournant le dos.

– C'est un loup-garou. Un monstre. On doit le tuer, annonça un des chasseurs.

– C'est un loup-garou, pas un monstre. Elle a un cœur, un passé, une mère qui lui a donné naissance, elle m'a moi.

– Tu es cinglée... cracha un homme.

– C'est vous qui êtes des monstres cinglés. »

Je pouvais sentir leurs armes pointées dans mon dos. Ils attendaient que je me retourne pour tirer sur la petite louve que je tenais. Pour la tuer. Mais jamais je ne les laisserai faire.

« Bon ça suffit ! Tu vas nous donner ce loup-garou ou... »

Soudain, un cri suivi de tirs déchira la forêt. Étonné, je vis plusieurs loups se ruer vers les chasseurs tandis qu'ils tiraient en tous sens. Les humains essayèrent de les tuer, mais ils durent battre en retraite. Mais même en s'enfuyant, les loups les chassaient. Ils étaient leurs proies après tout. Ils feraient couler leur sang jusqu'à satisfaction.

Je relâchai la prise qui étouffait sûrement le bébé. Elle cria à boire, mais je n'avais pas de lait à lui offrir. Je la dorlotai, mais ses plaintes ne diminuèrent pas. J'allai éclater en sanglots, ne sachant quoi faire pour apaiser ses sentiments. Une mauvaise mère, c'était tout ce que j'étais.

« Elle a faim, stipulant très justement une voix masculine qui me donnait des frissons. Et très peur. »

Je relevai la tête et fus subjuguée par les mêmes yeux de loups. Je déglutis quand je m'aperçus qu'il était nu.

Je pris peur quand il s'approcha de moi. Son visage et son corps étaient couverts de cicatrices. Mon pied recula par réflexe. Cet homme, je ne le connaissais pas. J'avais entendu parler de meutes qui pouvaient être de véritables monstres avec n'importe quel humain. Et j'en étais une. Je ne savais pas du tout ce qu'ils avaient prévu de me faire.

« Écoutez, je veux simplement que vous vous occupiez de la louve. Je ne peux plus rester avec elle. Ils me chercheront à travers le monde pour trahison. Si... si vous ne voulez pas vous occuper d'elle, je peux toujours aller voir une autre meute pour...

– Ce ne sera pas nécessaire, me coupa l'homme avec une cicatrice sur la joue. Nous nous occuperons de vous. »

Je soupirai de soulagement sous sa déclaration. Une femme brune et nue vint vers moi en me tendant les bras. En regardant une dernière fois les joues rosies de la petite louve, je lui donnai l'enfant enveloppé dans ses couvertures. Avec un sourire rassurant, elle la prit. Je continuai de fixer ma petite fille.

« Attendez... vous avez dit nous ? demandai-je soudainement en me tournant vers l'homme au visage balafré.

– Oui, vous venez avec nous.

– Pourquoi ? le défiai-je du regard.

– Parce que vous êtes entrés dans mon territoire, déclara l'Alpha avec force.

– Quoi ? Mais, je n'avais nulle part où aller. Je voulais juste vous donner ma fille parce qu'elle est comme vous.

– Dès l'instant où vous avez franchi mon territoire,  vous ne sortirez que quand je vous le dirai.

– Quoi ? Mais... »

Son seul regard me fit taire. Il n'aimait pas que je réplique. Je le voyais à chaque veine qui palpitait sur son cou dans un rythme de plus en plus soutenu. Je ravalai ma salive,  ne sachant pas s'il était assez en colère pour me tuer. J'avais peur. C'était évident, et il devait le ressentir.

Soudain, il grogna avant de se rapprocher. Mes yeux s'agrandirent à chaque pas qu'il faisait. Mon dos percuta le tronc d'un arbre. Enfin devant moi, je mis un bras devant moi pour le faire bouger, mais tout ce qui apparut était des étincelles. 

Étonnée, et surtout curieuse par les sensations que j'éprouvais, je recommençai mon geste. Tandis que je faisais abstraction de son souffle qui me titillait le visage, je posai doucement ma main sur son torse devant moi. Les étincelles suivirent avec un embrasement plaisant.

Je souris face à cette magie. Je n'en avais jamais vu, ni même ressenti ce qu'elle pouvait procurer. C'était si... magique. Comme dans les histoires que ma meilleure amie me racontait.

D'un coup, l'homme recula et avança derrière moi pour se transformer en loup. Je le laissai partir loin de mon corps avec un pincement au cœur. Réfléchissant à toute vitesse, je me mordis la lèvre avant de le suivre.

Certains loups-garous étaient sous forme humaine tandis que d'autres étaient encore sous forme de loups. Ils me suivaient.

« Vous êtes blessés, dit la même jeune femme qui avait ma petite dans ses bras.

– Ce ne sont que des égratignures et quelques bleus. Ils disparaîtront dans quelques jours. »

J'étais étonnée qu'elle soit si attentionnée envers l'humaine que j'étais. Je savais bien que depuis toujours, on nous avait bernés. Les adultes apprenaient aux enfants comment battre et tuer les monstres qu'étaient les loups-garous, mais ils nous avaient omis le fait qu'ils pouvaient penser comme des humains et agir en tant que tels.

Nous approchâmes enfin des cadavres des chasseurs. C'était morbide à voir. Les loups s'en étaient donné à cœur joie pour les tuer. C'était un massacre avec du sang tachant toute feuille alentour ainsi que les troncs d'arbre. L'odeur nauséabonde faisait remonter la bile dans ma gorge. Je détournai le visage de leurs corps désaxés, puis expirai lentement en fermant les yeux.

« Venez, nous devons partir d'ici, » souffla la voix de la jeune femme, mais je secouai la tête.

Je me retournai et me dirigeai vers les corps. Je fouillai avec dégoût les poches des pantalons et des vestes. Il n'y avait pas de papiers, seulement des couteaux. Je gardai la dague la plus légère et la mis entre mes dents. Je pris une autre arme comme une arbalète et la glissai dans mon dos.

« Pourquoi prenez-vous ces armes ?

– Au cas où. J'ai toujours eu des armes avec moi. Ça me rassure, je suppose.

– Vous savez vous battre ? demanda un homme, étonné et impressionné en même temps.

– Me battre est un grand mot, dis-je, rougissante. Disons que je peux me débrouiller avec des armes. Je suis douée avec un arc et des flèches. »

Je pris une ceinture du pantalon d'un homme et le mis autour de ma taille. J'y insérai ensuite la dague en espérant qu'elle ne tombe pas en chemin.

« Vous avez des vêtements ? demandai-je, gênée par ma question.

– Oui, bien sûr, répondit la femme, surprise.

– C'est juste que vous avez l'air à l'aise tout nu, donc peut-être que vous vous baladez aussi nu chez vous, essayai-je de me justifier, ce qui les fit éclater de rire.

– C'est vrai que nous sommes à l'aise, mais nous avons aussi des vêtements si cela peut vous rassurer. »

Je soupirai de soulagement. Le loup Alpha vint près de moi, sa fourrure me frôlant avec plaisir. Je le regardai dans les yeux et me laissai submerger par un bien-être. Ma main caressa sa mâchoire. La tête du loup avança jusqu'à ce que sa truffe touche mes lèvres. J'éclatai de rire en reculant. Puis me rendis compte qu'il n'était pas un simple loup.

« Attendez, est-ce qu'il vient de m'embrasser ? » demandai-je en tournant la tête vers les autres loups-garous.

Ceux-ci firent un sourire discret et amusé. Bouche bée, je m'empourprai face à la signification de ce geste en tant qu'humain. L'Alpha grogna un peu avant de se déplacer. Il voulait que je monte sur son dos. Je regardai une dernière fois vers la cité dans laquelle j'avais été enfermée toute ma vie avec des mensonges et de la corruption, mais aussi avec des parents aimants et des amis sincères. Je chassai rapidement la tristesse et me hissai sur le dos de l'Alpha. Une nouvelle vie commençait avec ma fille où je comptais bien en apprendre plus sur les loups-garous.


Peut-être le début d'une histoire entre une humaine et un loup-garou... Qui sait ? ^^

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro