Silencieuse joie

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Attention texte avec du sang, un cadavre, et encore du sang ! 

Difficile d'écrire un histoire comme celle-là :o ça me donne envie d'en écrire d'autres tiens !


Désorientée, une migraine m'assaillit comme des millions de piqures d'abeilles me butinant avec plaisir. Assise ou plutôt couchée dans une baignoire aux bords froids, mes muscles étaient engourdis dans un étau rigide me comprimant la respiration. Avec difficulté, je réussis à bouger mes doigts, puis la main et enfin le bras en entier. Je ressentais de nouvelles sensations. Pénibles. Douloureuses.

Un cri de détresse s'échappa de mes lèvres. Bientôt, des larmes coulèrent tandis que je retrouvais le mouvement de mes jambes et de mon corps. Des réminiscences abjectes. Avec un effort que je trouvais insurmontable, je me hissai vers l'avant. Je me pris la tête entre mes mains, puis regardai mes jambes. En sang.

Cette couleur rouge tapissait la baignoire tel un linceul. Et j'étais au milieu de cette scène macabre.

Mon haut bleu taché, mon pantalon dans le même état. Des percussions saccadés se jouaient à travers mon corps. Mon sang palpitait dans chacune des veines, me donnant un bourdonnement à mes oreilles fragiles. Je m'enfuis de la cuve écarlate pour admirer encore plus de traces de sang au sol. Des milliers de gouttes. Récemment tombées, elle stagnait à la surface.

Tremblante, je tournai la tête et aperçus mon visage. Sangs. Encore. Je remis rapidement en ordre mes cheveux noirs et ouvris le robinet pour me laver de cette substance collante. Rapidement et avec force. Ceci fait, je me permis de prendre de longues goulées d'air. Aspirant et expirant au grès de ma volonté. Ma respiration était bien la seule chose que j'arrivais à contrôler en ce moment.

Que s'était-il passé ? Je ne me rappelais pas de la veille. Je ne me rappelais pas être arrivée à la baignoire. Je ne me rappelais de rien.

J'essuyai mes larmes, je cessai mes tremblements, je regardai mon reflet, puis partis explorer le salon de ce petit appartement. J'arpentai les lieux avec appréhension. Pourtant, l'année passée dans ce logement m'avait familiarisée à la table ronde, aux chaises noires, à la lumière jaunâtre de la pièce à vivre. Et pourtant, j'étouffai ma bouche de ma main et ouvris de grands yeux apeurés. Tout était à terre. Renversé, jeté, en désordre. Et ce sang. Cette matière rouge toujours présente.

Et soudain, je me souvenais. Une dispute. Mon mari. Sam !

Je courus dans la chambre tout en scandant son nom à qui voulait bien l'entendre. Mais le silence me répondit avec une puissance meurtrière. C'était là que je le vis. À terre. Une terre de sangs. Un visage blanc. Livide. Macabre. Un cri monstrueux sortit de ma gorge. Il était mort. On l'avait tué. Quelqu'un l'avait tué.

Mes jambes me lâchèrent avec fracas, laissant mon corps fragile cloué au sol incapable de m'approcher de mon mari. Incapable de faire un geste. Je pleurai. Encore. Toujours. Une pluie battante me striant le visage. Une douleur me crevant le coeur.

On toqua à la porte, on cria, on frappa, on hurla. Les voisins avaient entendu ma détresse ensanglantée. Mais je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas leur ouvrir la porte, alors ils la défoncèrent. J'entendis les aigus des femmes, et les jurons des hommes. On me parla, mais mon regard resta fixé sur cet homme à terre baignant mort dans une marre de sang. Je le fixai tel un pantin. Vide d'âme.

On me prit de force et on m'emmena vers une voiture. J'y entrai, me laissant dorloter par les policiers et médecins, encore trop choquée. Mon mari était mort. J'étais seule maintenant. Pour toujours. On me fit sortir de la voiture, je marchai, traversant couloirs et portes. Assise, on me mit une tasse dans les mains, et ce n'était qu'au contact de cette chaleur que je revins dans le présent.

Je levai la tête, regardai autour de moi. J'étais dans une petite salle interrogatoire. Une femme et un homme avec une arme à la ceinture me parlaient, essayant sûrement de capter mon attention. Et il l'avait enfin.

« Mademoiselle, vous m'entendez ? »

J'hochai doucement la tête en déglutinant avec difficulté.

« Savez-vous où vous êtes ? »

Encore le même hochement mécanique.

« Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé ?

– Sam est mort, soufflai-je d'une voix grillée par les cris.

– Toutes nos condoléances... Est-ce que vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé avant cela ? Comment vous êtes-vous retrouvés dans le salon ? »

Je leur expliquai mon réveil douloureux dans la baignoire ainsi que les morceaux épars de mes souvenirs. C'est-à-dire, rien d'utile pour eux. Là, mon avocate arriva et me soulagea d'un poids. Elle allait m'aider, comme elle le faisait toujours.

Deux jours passèrent. Lentement. Pas de coupable. Pas d'indices. Trop de sangs, m'avaient-ils dit, avec un air désolé. Mais je restai là dans ce nouvel appartement, les bras ballants, le regard au loin. J'attendais que la psychologue parte de chez moi. De ma nouvelle demeure. Comme hier, elle soupira avant de gribouiller dans un son crissant sur sa feuille, puis s'en alla.

Deux jours depuis la mort de mon mari. Deux jours sans avoir Sam près de moi. Deux longues journées. Je ne me rendais pas encore compte de ce qu'il s'était passé. Il était mort. Dans la souffrance.

Et moi, j'étais bien, dans un nouvel appartement que j'avais pu me payer avec notre argent. Il était mort. Que devais-je faire exactement ? Pour l'instant, mon esprit était embrûmé dans des nuages blancs. Taché d'empreintes noires. Grisonnantes, vibrantes, cherchant à se répandre et à envahir tout ce mélange de couleur.

Un lent sourire étira mes lèvres. Vicieux. Il était mort, et j'étais la femme la plus joyeuse qui soit.

Depuis que j'avais découvert son corps dans la chambre, je m'étais souvenue de tout. Sans exception. Notre dispute. Plus grosse que d'habitude. Il était encore rentré avec un taux d'alcool et de puanteur élevé. Sa voix m'ordonnait puis m'insultait. Comme toujours. Puis vinrent les coups. Juste des claques en début de soirée, juste un meurtre en fin de soirée.

J'éclatai de rire face à la chance que j'avais. Je n'étais plus prisonnière de ses chaînes. Je n'étais plus un pantin qui l'écoutait, qui voulait de son amour, qui se laissait insulter. Pendant un instant dans cette fameuse soirée, j'avais réussi à le repousser. Une force m'avait pris possession. Elle m'avait dit que faire pour que les cris cessent. Elle avait agi. Sa tête avait heurté le sommelier, et moi debout je le regardai gisant à mes pieds. Le sang s'étalant, enrobant le parquet et sa tête. J'étais puissante, et lui n'était qu'un salaud. Ce n'était qu'un accident, mais les choses n'arrivaient pas par hasard.

Je me souvenais m'être rapproché de lui. De l'avoir touché encore. De lui avoir parlé. Mais il ne bougeait pas. Je me rappelai avoir eu chaud. Très chaud. J'étais allée dans la baignoire pour me rafraichir, enlever tout ce sang et cette odeur avec. Mais je m'étais assoupie. Avec un sourire aux lèvres.

Il était mort. Mon mari était mort. J'avais tué Sam et j'étais encore vivante. Mes poignets, mes pensées, mon corps n'étaient plus enchaînés. J'éclatai de rire. Diabolique. Meurtrière. Mais j'étais libre.

Écrit le 11/02/2016

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