Je tombais nez à nez avec un petit groupe d'élèves. Quatre filles, pour être plus précise. Et voir leurs visages et leurs manière... Je me doutais que ce n'était pas un gentil club qui m'accueillait à bras ouverts.

Celle qui était plus en avant semblait être la "chef". Digne d'un gros cliché : Une fille aux cheveux blond décolorés avec des mèches rouges foncés, était la plus grande des quatre et la plus "formée", ne faisant pas son âge et à son uniforme plus court que la moyenne. C'était à ce demander si ce genre de filles n'existerait pas dans toutes les écoles, car j'en ai connu la même dans mon ancien lycée.

"Mon cousin m'a dit que la nouvelle élève de sa classe serait une fille qui aurait habitée à la capitale et aurait fait partie d'une équipe de football." ajouta justement cette fille d'un ton fort. "Mais tu es bien plus frêle et moins urbaine que je le pensais..."

Ce ton moqueur suivit d'un rire collectif provenant d'elle et ses copines. J'en plissais des yeux, complètement blasée à ce genre de niaiserie et de débilité.

Mais d'une observation de ces filles, l'une d'entre elle me fit écarquiller des yeux quand l'information évidente arrivait au cerveau.

"Rei ?!"

Oui, Reidena Seidenki faisait partie de ce petit groupe aux cheveux méchés et colorés. Avec de longs cheveux blonds, des mèches jaunes, des jambières roses accompagnant son uniforme, et une fausse fleur tropicale dans les cheveux. Elle avait aussi un très léger maquillage d'un ombre à paupière bleu et portait des boucles d'oreilles.

C'était pour dire la seule qui ne rigolait pas. Elle me fixait de manière complètement immobile. Elle m'avait clairement reconnue.

Cependant, la plus grande stoppa son rire avant de poser son regard vers notre Reidena. Elle demanda d'un ton presque hébété :

"Attends... Elle te connaît ?"

-Bien sûr que je la connais, répondis-je, on était amies quand on était petite !

-Vous étiez amies ? C'est vrai, Reidena-chan ?

La réaction de Rei m'étonnait. Elle semblait chercher les mots en bougeant son regard et gardant sa bouche ouverte, mais rien ne sortie.

J'en bougeais les mains devant moi en la regardant.

"Bah... Rei... Sérieux ? C'est moi !" ajoutais-je, perplexe.

-Qu'est-ce que tu nous veux..?

La timide demande de Shoku reportait mon attention sur la fausse blonde. Elle se tourna vers nous, passa sa main libre dans ses cheveux avant de répondre :

"Juste me présenter à la nouvelle. Je m'appelle Saikou Tikku."

Elle leva ensuite sa main afin de me saluer.

"Si jamais un jour tu aurais des informations à me donner, n'hésite pas !" continua-t-elle. "Et qui sait, on peut être amies..."

-Hm... Non merci.

Son sourire disparaissait aussitôt avant qu'elle hausse des épaules en roulant des yeux.

"Tant pis pour toi. Si tu préfères traîner avec la jardinière et ce puceau, libre à toi..."

-Qui c'est que tu traites de puceau ?!

Je sursautais presque de voir Kazeshi s'énerver d'un coup. J'en écarquillais des yeux en le regardant.

"Tu crois que je ne suis pas au courant de tes fantasmes, Hatono ? Ca t'empêche de regarder les filles, heeeeeein ?" ajouta cette Saikou en laissant ses deux copines ricaner.

J'ignorais de quoi elle parlait, mais il suffisait de voir la réaction tremblante rageuse de Kazeshi pour suspecter que ce soit vrai.

Puis, celle à la poitrine énorme se retourna et commença à s'éloigner en rigolant. La fille aux mèches roses et la filles aux mèches orange la suivaient en rigolant.

Quant-à-Reidena...

Elle finit par plisser des yeux en me regardant et se retourna. Mais je ne voulais pas qu'elle s'en aille. Je commençais par m'approcher en appelant son nom et je l'attrapais pas le bras.

"Rei-chan ! Attends !"

Mais dès que je posais ma main sur elle, cette dernière tourna aussitôt la tête avec une expression des plus haineuses.

"Lâches-moi !"

Prononça-t-elle agressivement en levant son bras pour que je la lâche.

Prise dans la surprise de la situation, j'ai eu le reflexe de reculer. Rei me balança un sale regard avant de se tourner et de rejoindre les autres en courant.

J'étais complètement choquée.

Je connaissais bien ce genre de filles. Celles de mon ancien lycée se moquaient de ceux qui n'avaient pas de bonne réputation et balançaient de sales rumeurs. En revanche, elles étaient ultra-fausse et gentilles envers ceux qui étaient populaire.

Et ce groupe me donnait l'impression qu'il était du même panier. Mais le pire c'était de voir Reidena dedans ! D'accord, elle n'avait pas réagi parce qu'elle semblait surprise de me voir...

Mais quand même...

"J'aurais aimée te prévenir avant, Mizu." me prononça Shoku en se mettant à ma droite. "Seidenki s'est éloignée de nous quand on est arrivée au collège. Je ne sais pas trop pourquoi... Elle s'est ensuite mit à fréquenter des élèves plus âgés, dont Tikku-senpai. J'ai essayé de lui parler, mais elle ne voulait plus entendre parler de moi, ni de Kazeshi-kun."

-Il faut dire que ma sœur n'a pas aidé dans cette histoire, ajouta Kazeshi en s'approchant également et croisant des bras, à un moment elles se sont disputées et depuis... Enfin, tu as deviné. Méfies-toi de Saikou Tikku, elle se croit supérieure parce que sa mère fréquente le directeur. Enfin, apparemment...

-...

Moi qui était contente de retrouver Shoku et Kazeshi, j'étais très surprise des réactions de Feiya et Reidena.

C'était comme si j'avais perdu la moitié de mes amis d'enfance. La promesse de rester "amis pour la vie" n'avait pas été respectée. Je savais que tenir à une promesse qu'on fait quand on a dix ans était ridicule...

Mais tout au fond de moi, j'avais vraiment espérée qu'ils étaient restés unis sans moi.

...

Résultat, je suis rentrée chez moi. J'avais demandé à Kazeshi de me montrer le club de natation un autre jour. Shoku avait cependant insistée pour avoir mon numéro de téléphone avant de partir dans son club.

J'avais envoyé un message à mon frère, qui était venue me chercher en voiture. Pendant le trajet, je n'avais pas décroché un seul mot malgré les questions simples d'Aisu.

Ces multiples émotions de la journée m'avaient complètement épuisée. Mais je me disais que ce n'était que le premier jour. Que je pouvais essayer de parler à Feiya et Rei sur ce qui c'est passé pendant mon absence plus tard.

Peut-être qu'il y avait quelque chose que j'ignorais... que ce soit aussi de l'ignorance de Kazeshi et Shoku ou qu'ils voulaient me cacher.

J'en avais aucune idée, et je n'allais pas tarder à changer mes plans suite à un évènement soudain.

Le soir-même vers 18 heures, dans ma chambre, j'avais appeler mes amis de Tokyo sur mon ordinateur. Ils avaient insistés pour qu'on se parle après cette journée. C'est allongée sur mon lit en latéral, face à mon ordinateur portable ouvert et les regardant sur l'écran. Ils étaient tout les trois présents, sous un arrière plan de métro. Aucun doute que l'un d'entre eux tenait le téléphone.

"En gros tes amis ce sont séparés, quoi..." répétait en résumé Sakutaro.

-Surtout deux d'entre eux, soupirais-je, mais je me dis que c'est que le premier jour.

-Mizu, appelait Yahnaa, tu t'attendais à quoi ? A retrouver ton ancien groupe d'amis comme il était quand tu as quittée Okinawa ?

-Bah au fond, répondis-je en relevant ma tête de l'oreiller, je l'avais espérée.

-Tu sais Mizu, ajoutait Jordan plus calmement de son accent, il faut les comprendre. Tu es revenue sans les prévenir, comme une fleur. Ils étaient tous surpris de ton retour. And... comment dire... Vous n'aviez que dix ans, à l'époque. La période d'adolescence est la plus marquante dans le développement de quelqu'un. C'est normal qu'ils changent.

-Rho la la, expirait ensuite Sakutaro en roulant des yeux, il recommence avec sa psychologie.

-C'est la pure vérité, lui répondit Jordan de manière plus sèche.

-Du calme ! Stoppait ainsi Yahnaa. Mais il faut avouer que Jordan-kun a raison. Et si tu essayais de parler avec eux ? Genre, individuellement.

-Oui, prononçais-je en reposais ma tête, je le ferais.

-Parfait ! Et de toute façon, tu viendras quand même pendant les prochaines vacances. Donc si ces idiots ne veulent pas de toi, nous on sera toujours là pour toi !

-Hi hi, merci Yahnaa-chan.

J'étais rassurée que mes amis de Tokyo restaient aux petits soins avec moi. Surtout Yahnaa. Après tout, c'est pas parce que je suis de retour à Okinawa que je devais laisser tomber tout ce que j'ai vécue à la capitale. Jamais je n'oublierai ces cinq années...

Jamais.

Les journées qui ont suivit étaient plutôt calmes. Je m'étais vite habituée à cette nouvelle école. Ma professeure principale était gentille, mes camarades étaient sans plus...

Le point positif de mon retour était que celle qui n'avait vraiment pas changée était Shoku. Toujours aussi gentille, qui est resté la même. Je dirais bien la même chose de Kazeshi, mais... je sentais quand même une différence chez lui.

Pas au sujet de ce qu'avait dit cette bimbo sur des "fantasmes", mais je sentais que Kazeshi... était un garçon, quoi. Bien qu'à l'époque il ne se rendait pas compte que Shoku et Rei lui tournait autours, là j'avais la net impression qu'il était bien un adolescent. Il ne me dosait rien, mais c'était dans ses manière... Et il semblait plus "je-m'en-foutisme" qu'avant.

Mais il a tenu la proposition qu'il m'avait fait. Un soir, il m'a accompagné vers le club de natation et m'a présenté à celui qui le dirigeait. C'était un club constitué de cinq garçons et une fille, profitant de la piscine fermée pour les activités.

Mais en étant toujours hésitante, je ne donnais pas de réponse directe. Le troisième année me disait que si j'étais intéressée au cours de l'année, je n'avais qu'à lui dire. Il était assez gentil, malgré ses traits autoritaire qu'il donnait aux autres membres.

Rapidement, une semaine est passée. Je voyais toujours Reidena avec ce groupe de filles dont Saikou était la patronne, et rare sont les fois où je voyais Feiya hors de la salle du conseil d'étudiant.

Ma première semaine à Misato High school s'était déjà terminée. Le dimanche soir, dépassant les 19 heures, je marchais tranquillement dans la rue avec mon frère. On avait prit l'habitude de marcher le soir de temps en temps, après le repas.

"Tu crois que c'est une bonne idée de laisser Maman seule à la maison ?" lui demandais-je en marchant dans l'allée briquée.

-Elle ne veut pas sortir, me répondit-il, je n'allais pas la forcer.

-Ouais, mais je m'inquiète... J'ai vraiment peur qu'elle fasse une connerie. Elle est toujours toute seule...

-Elle était amie avec la mère d'une de tes anciennes amies, non ? Et si on la recontactait pour qu'elles se revoient ?

-La mère de Reidena ? Bof... Tu sais, Rei a vachement changée. La seule fois où j'ai pu lui parler elle m'a littéralement envoyée bouler. Quand je pense que je lui avais fait promettre de ne pas devenir comme sa sœur... Urg.

La dernière petite promesse de Reidena, juste avant que Papa nous avait annoncé qu'on déménageait, me revenait à l'esprit. Qu'elle ai d'autres amies n'est pas du tout le problème, mais pour qu'elle m'ignore ainsi...

Elle était limite devenu comme sa sœur, à son âge. Et c'est en pensant justement à la sœur de Rei que je relevais ma tête vers mon frère, et lui demanda :

"Au fait, tu as reprit contact avec Hagane-san ?"

Aisu tourna sa tête en ma direction en agrandissant son regard étonné. Il répondit :

"Quoi ? Pourquoi je l'aurai fait ? Elle me détestait... Elle n'a même pas réagie quand je lui ai dit qu'on déménageait."

-Ok elle te détestait à l'époque, mais ça fait un bail ! Elle est une adulte comme toi, maintenant. Puis excuses-moi, mais tu étais sacrément chiant aussi...

-Hé ho ! Ne commence pas à m'insulter, hein !

-Nan mais pour te dire que tu étais chiant, mais tu as mûri ! Tu n'es plus comme avant. Si il le faut, c'est pareil pour elle !

-Hm... Désolé petite sœur, mais je ne me sens pas allez chez sa mère et lui dire : "Bonjour ! Je suis le fils Maratsu ! Vous avez fréquentée ma mère, j'étais dans la même classe que votre fille aînée, qui me détestait au passage, et ma sœur était amie avec votre cadette ! Vous pouvez me donner le numéro de votre fille, s'il vous plaît ?"

-Et les réseaux sociaux, banane ?

-Pff... Tu m'énerves.

-Je sais. Mais je peux toujours discuter avec Maman pour la convaincre de revoir ses anciens amies d'ici.

-Bonne idée. 

Et après cette courte discussion pendant que nous marchions, il aura fallut que je lève un instant mes yeux vers le ciel pour m'arrêter quand j'y vis quelque chose.

"Qu'est-ce que...?"

Sous mon arrêt et mon immobilisation, mon frère se tourna vers moi d'un air perplexe avant de lui-même lever les yeux au ciel.

"Euh ? C'est quoi, ça ?" demanda-t-il.

Une étoile filante. Quelque chose qui ressemblait à une étoile filante traversait le ciel crépusculine d'un blanc pur. Rien à voir avec un avion qui passait.

Ce phénomène m'était bien familier... TROP familier. Comme cette fois où on avait vue cette boule de lumière, il y a cinq ans.

Une boule de lumière qui était un petit garçon... Et notre ensuite défense contre cet espèce de monstre à liquide visqueux. Le nom "Kameitsu", qu'il avait mentionné avant de disparaître...

"L'esprit de la mort Kameitsu se vengera..."

avait-il dit. Je ne l'avais jamais oubliée...

Et revoir cette chose traverser le ciel...

Me fit aussi rappeler...

Que le petit garçon avait dit en nous offrant chacun un pendentif...

Qu'un jour, il reviendrait nous demander de l'aide...

A nouveau.