Chapitre 10

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Fustat

ou

le mensonge par omission

- Allez Aldin, on se réveille !

Aldin poussa un grognement et se frotta les yeux avant de les ouvrir, un peu éblouie par la lumière rosée qui lui arrivait au visage. Ses yeux s'habituant progressivement à la lumière, elle tourna la tête et vit Malik assis près d'elle, qui la regardait avec un sourire en coin. Elle saisit la couverture dont elle était partiellement recouverte avec une exclamation de surprise.

- Je... Je me suis endormie ! s'écria-t-elle avec un air affolé. Oh, Malik, je suis tellement désolée...

- Ne te prends pas le chou, va, répondit le jeune homme avec un sourire, et profite.

Il tendit la main en face de lui et Aldin suivit des yeux la direction qu'il lui indiquait. Elle resta silencieuse, bouche bée, regardant le Soleil se lever paresseusement, faisant briller les grains de sable du désert comme une poudre d'or.

- C'est beau, hein ? dit Malik sans quitter l'astre solaire des yeux. C'est mon moment préféré de la journée, le lever du Soleil.

- C'est magnifique, murmura Aldin, je n'avais jamais vu le soleil si bas, les arbres de chez moi le cachent, d'habitude.

- Attends un peu qu'on soit à Santratis, sourit le Jamaarian en donnant un léger coup de coude à la jeune femme, il n'y a rien de plus beau que le lever de Soleil sur la mer.

- A Santratis ? demanda Aldin en fronçant les sourcils. Pourquoi est-ce qu'on irait ensemble à Santratis ?

Malik écarquilla les yeux, brusquement immobile, avant d'éclater d'un rire mal à l'aise.

- Euh... bégaya-t-il, perdant soudain de toute sa superbe, je-je crois qu'il est temps qu'on aille réveiller Emrys, tu ne crois pas ?

- Ne fais pas le malin avec moi, Malik, menaça Aldin avec sérieux, où voulais-tu en venir ?

A cet instant, Emrys émergea de sa tente avec un bâillement et marcha vers les deux jeunes gens toujours assis à même le sol.

- Alors ? demanda-t-il avec un sourire ensommeillé, bien veillé ? Tout s'est bien passé ?

- Emrys ! s'exclama Malik en sautant sur ses pieds, tu tombes à pic ! Est-ce que tu peux ranger le camp avec Aldin pendant que– que – euh – que je vais abreuver les chevaux ?

- Bien sûr, répondit Emrys en haussant un sourcil, et Malik partit vers l'étang en quatrième vitesse.

- Malik– attends ! s'écria Aldin en tendant sa main vers lui, mais il était déjà parti.

La jeune femme soupira et se leva, époussetant le sable de ses vêtements, sans quitter des yeux la dune derrière laquelle avait disparu Malik.

- Aldin, ça va ? demanda Emrys en posant sa main sur l'épaule de son amie. Ça s'est bien passé, cette nuit ?

- Oh ! Emrys, oui, très bien, merci, répondit Aldin avec un grand sourire.

- Tu es sûre ? Il ne s'est rien passé de bizarre avec Malik ? insista le jeune homme en fronçant les sourcils.

- Je te jure, tout va bien, confirma la jeune femme en tapotant la main qu'Emrys avait toujours sur son épaule. Tu commences à parler comme mon frère !

- Ce n'est pas la peine de m'insulter non plus, plaisanta Emrys, et les deux amis éclatèrent de rire.

Ils entreprirent de plier les tentes et de faire disparaître les traces de leur passage, et Aldin glissait la dernière tente dans son sac quand Malik reparut, leurs trois montures marchant au pas derrière lui.

- Je vois que tu t'es fait des amis, fit remarquer Emrys, pince-sans-rire.

- Le grand brun est super sympa ! s'exclama le Jamaarian en caressant le museau de Viggó, lequel secoua la tête avec agacement.

Emrys éclata de rire et l'étalon trotta vers Aldin qui l'accueillit à bras ouverts.

- Bien dormi, mon grand ? demanda-t-elle alors que Viggó lui donnait d'affectueux coups de museau.

Le cheval hennit et sa queue fendit l'air de contentement, faisant sourire la jeune femme. Malik haussa les épaules sous le regard goguenard d'Emrys et entreprit de charger sa chamelle.

- On y va ? demanda Emrys en enfourchant Snejinka.

- On y va, sourit Malik, assis en tailleur sur la bosse avant de Nesrin.

- C'est parti ! s'écria Aldin, et la petite caravane se mit en branle vers Fustat.

- Malik, attention !

Trop tard. Le cri d'Emrys fendit l'air chaud du désert, mais les pattes de Nesrin avaient déjà heurté un rocher enfoui dans le sable et elle trébucha violemment. Malik fut catapulté par le choc et fit un vol plané, poussant un hurlement. Il s'écrasa dans une dune proche, sous le regard effaré de ses compagnons. Aldin sauta du dos de Viggó et courut vers Nesrin, chargeant déjà sa magie vers ses mains, tandis qu'Emrys se chargeait de Malik.

Elle ne put s'empêcher de sourire en entendant son ami pester quelque chose du genre ''Désert de Dunes ? Désert de vols planés, plutôt !'', mais son sourire disparut en arrivant près de la chamelle, remplacé par des lèvres plissées et des sourcils froncés, tandis qu'elle auscultait les longues pattes de la femelle. Quand elle eut fini son tour, rassurée de n'avoir détectée aucune fêlure ni même froissement de muscle, elle se tourna avec un sourire vers les garçons qui venaient vers elle, sourire qui s'évapora quand elle vit Emrys qui portait presque Malik, dont le visage était crispé de douleur.

- Allonge-le au sol, vite ! s'écria-t-elle, frottant ses mains l'une contre l'autre.

- Je crois – argh ! – que ma jambe est cassée, je suis tombé sur un rocher, grogna Malik en étouffant à peine un cri de douleur quand Emrys l'assit puis le coucha sur le sable.

- Cassée... ? répéta Aldin avec inquiétude.

- Tu ne peux pas réparer une jambe cassée ? demanda Emrys en écarquillant les yeux.

- Si, bien sûr ! répondit-elle avec énervement, c'est juste que je n'ai jamais réparé de fracture complexe et... Si je peux le faire, ça prendra beaucoup plus de temps et d'énergie...

- Si ça se trouve, la fracture n'est pas – aïe ! – pas complexe, avança Malik en essayant de se redresser, avant de se faire plaquer au sol par les doigts écartés qu'Emrys planta sur son torse.

- Toi, tu ne bouges pas, lui intima le blond avec un regard sombre.

- Si c'est comme ça que ton assistant traite tous tes patients, doc', sourit Malik en regardant Aldin, tu devrais t'inquiéter.

- Il a raison, du reste, avança la jeune femme en ramenant une mèche échappée de sa natte derrière son oreille, tu ne devrais vraiment pas bouger.

Malik acquiesça et Aldin ausculta sa jambe le plus délicatement possible, grimaçant à chaque grognement de douleur de son ami, avant de pousser un long soupir.

- La fracture est complexe.

Malik eut un grognement.

- Ça prendrait combien de temps ?

- Reconstituer des tissus est une chose, dit Aldin en passant ses mains sur son visage brûlant, ressouder des os en petits morceaux en est une autre. Ça risque de prendre plusieurs heures de travail non-stop, et ça va drainer mon énergie, je risque de tomber dans les pommes...

- De quoi tu aurais besoin pour que ça soit plus rapide ? demanda Malik en se redressant lentement.

- Ne bouge pas ! s'exclama Emrys.

- C'est bon, l'interrompit Aldin alors qu'il allait plaquer à nouveau Malik sur le dos, il ne va pas se tuer en étant en appui sur les coudes.

- Aldin, réponds-moi, ordonna le Jamaarian. De quoi tu aurais besoin pour que ça aille plus vite – et que tu n'en meures pas, éventuellement – ?

- Je ne vais pas en mourir, protesta Aldin avec un rire gêné.

- Tu m'as très bien compris, insista Malik, dis-moi !

- J'aurais besoin de plus d'énergie, ou d'une énergie plus concentrée, je ne sais pas... grogna la jeune femme en passant sa main sur son front.

- Eh bah je n'ai qu'à t'en donner ! s'exclama Malik.

- Malik, protesta Aldin avec un soupir, ce n'est pas si simple que ça...

- Je te garantis que si.

- Je te garantis que non.

- Si.

- Non.

- Si.

- Non, Malik.

- Si, Aldin ! Fais-moi confiance !

Emrys, qui avait suivi l'échange en mordillant le cuir de son gant d'un air absent, se tourna vers la jeune femme.

- Laisse-le faire, Aldin. Si ça se trouve, il a une bonne idée.

- Merci, Emrys ! s'exclama le Jamaarian avec un soupir de soulagement.

- Bon, d'accord, abdiqua Aldin. Je vais essayer. Malik, fais ce que tu as à faire ou je ne sais quoi, je vais essayer.

Le jeune homme acquiesça et elle ôta ses gants d'un mouvement fébrile, avant de prendre une grande inspiration et de laisser sa magie se concentrer vers ses mains, ses doigts, ses paumes. Ses mains émirent un halo vert et elle ferma les yeux pour essayer de diriger davantage de sa magie vers ses mains. Soudain, elle sentit une chaleur brusque sur sa joue, qui déversa une puissance violente dans tous ses membres. Elle rouvrit les yeux avec un cri de surprise pour voir Malik enlever promptement ses doigts de sur sa joue.

- Qu'est-ce que tu fais ?! s'exclama-t-elle, les sourcils arqués.

- Aldin, l'interrompit Emrys d'une voix ferme, laisse-le faire. Vraiment.

Aldin haussa un sourcil en regardant Malik, mais la grimace douloureuse qui déforma son visage la fit se décider et elle referma les yeux pour se reconcentrer sur la fracture du jeune homme. Elle sentit à nouveau une chaleur intense sur sa joue droite, et une puissance magique d'une nature qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant glissa dans tous ses membres. Ce n'était pas une énergie calme et sûre, comme celle de Nivest, mais une sorte de crépitement dansant et imprécis, d'une grande violence, qui faisait par moments vaciller la jeune femme. Malik grognait régulièrement de douleur, sa fracture se ressoudant doucement de l'intérieur, tandis qu'Emrys regardait avec stupéfaction Aldin, les yeux fermés et les mains brillant d'un éclat aveuglant, qui semblait à peine remarquer les doigts ornés d'un puissant halo orange appuyés fermement sur sa joue. Des gouttes de sueur perlaient sur le front du Jamaarian qui poussa un dernier cri de douleur quand, au bout d'à peine trois minutes, son tibia fut entièrement ressoudé.

Aldin rouvrit les yeux, voyant cette fois l'éclat orangé des mains de Malik, une fraction de seconde avant qu'il ne s'évapore. Elle resta interdite quelques secondes alors que le jeune homme pliait et dépliait doucement sa jambe. Elle grimaça quand il poussa un cri de douleur.

- Malik, ne bouge pas ! s'exclama-t-elle. Ton os est certes ressoudé, mais encore fragile ! Je vais te faire une attelle.

Elle se releva, passant une main machinale sur sa joue encore brûlante, et entreprit de fouiller son petit sac à la recherche de bandages et de branches droites et solides qu'elle avait emportés avec elle. Alors qu'elle avait la tête baissée vers son sac, Malik apostropha Emrys qui le regardait d'un air perplexe.

- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un nez en trop ou quoi ?

- Tu as utilisé de la magie pyrotechnique... fit remarquer Emrys en croisant ses bras sur sa poitrine.

- Aldin utilise bien de la magie tellurique et je n'ai pas posé de questions, répliqua le Jamaarian en haussant les épaules. J'ai l'impression que c'est le bordel dans les pouvoirs, en ce moment...

- Comment ça ?! s'exclama Aldin en relevant la tête, les bandages dans une main, l'autre enfouie jusqu'à l'aisselle dans son petit sac.

- Laissez tomber, soupira Malik avec un sourire en coin. On en parlera une fois à Fustat, ça vous va ?

- On va dire que oui, répondit Emrys, dubitatif, alors qu'Aldin se rasseyait près du blessé et lui bandait la jambe.

- Voilà, dit-elle après quelques secondes de travail, sois quand même prudent, pour l'amour de Nivest.

- Promis, sourit-il en saisissant la nuque d'Aldin.

Il tira la jeune femme vers lui et lui planta un baiser sur la joue avant qu'elle ait eu le temps de réagir.

- T'es top, Aldin, sourit-il avant de se relever tant bien que mal.

Aldin, interdite, échangea un regard éloquent avec Emrys qui haussa les épaules.


***


- Mesdames et messieurs, Fustat !

Malik eut un immense sourire en tendant sa main gantée de cuir vers les hautes murailles qui se dressaient au milieu des dunes, enflammées par le soleil couchant. Aldin sourit en voyant Emrys tendre son poing fermé au Jamaarian, lequel frappa dedans avec le sien. La petite caravane franchit les dernières dunes et s'arrêta devant les hautes portes de la ville, gardées par deux jeunes hommes en armure noire et rouge. L'un d'eux leva les yeux vers Malik et sourit quand celui-ci détacha le voile de son turban, découvrant son visage.

- Malik ! Mon vieux, ça fait longtemps ! Tout le monde te cherchait partout !

- Je suis parti il y a peine une semaine, répondit le jeune homme avec un sourire. J'escorte une délégation nivestienne, ils veulent rencontrer Khatwar.

- Tu vas la voir dès ton retour ? Tu es conscient qu'elle va te détruire ? demanda le jeune garde avec un grand rire.

- Pas la peine de me le rappeler, répliqua Malik, son sourire vacillant un instant, je suis parfaitement au courant.

- Bon, allez-y, dit l'autre avec un haussement d'épaules. On ira planter des fleurs sur ta tombe.

Le garde actionna un levier de fer près de lui et les lourdes portes s'ouvrirent lentement, laissant entrevoir la capitale de Jamaariah. Malik remercia son ami d'un hochement de tête et les trois voyageurs entrèrent dans la ville. Aldin fit légèrement accélérer Viggó pour arriver à hauteur du Jamaarian, Emrys restant derrière.

- Tu connais la Sultane ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Tout le monde connaît la Sultane, sourit Malik alors qu'ils traversaient une rue marchande haute en couleurs, elle est très impliquée dans la vie de ses sujets. C'est pour ça qu'elle n'est pas si souvent que ça à Fustat, du reste, parce qu'elle essaie d'être le plus proche possible de son peuple. Elle parcourt régulièrement les déserts pour rencontrer les caravanes nomades, et rendre visites aux habitants des quelques autres villes, comme Quruya par exemple, tout au Nord du pays, ou Ain Leijbab, à la frontière héliøchaise.

- Elle a l'air exceptionnel, sourit Aldin alors qu'ils entraient dans ce qui lui semblait être la rue principale de Fustat.

- Elle l'est, sourit Malik en levant la tête vers le palais qui se dressait en haut de la rue. Allez, on y est presque.

Aldin laissa Viggó ralentir un peu pour marcher derrière Nesrin et regarda autour d'elle. Les gens de Fustat étaient comme les gens de Domhnall, en fin de compte. Nombreux, bruyants. Au moins, pensa-t-elle avec un soupir, personne ne va se jeter sur Malik... Mais ce fut à ce moment-là qu'elle vit une jeune fille richement vêtue d'environ seize ans accourir vers Nesrin et s'arrêter avec un cri.

- Malik, tu es enfin rentré !

Aldin leva les yeux au ciel avec un soupir.

- Ça me fait plaisir de te voir, Nour, sourit le jeune homme en serrant affectueusement la main que la jeune Jamaariane lui tendait.

- Tu as eu des aventures ? demanda la jeune fille dont les denses boucles noires tombaient jusqu'à ses genoux en un grand nuage qui l'auréolait toute entière.

- Je te raconterai tout ça ce soir, répondit Malik. Pour l'instant, je dois escorter une délégation nivestienne au palais, ils veulent rencontrer la Sultane.

- Bon, dit la dénommée Nour, l'air déçu. A tout de suite, alors !

Et elle fit demi-tour, disparaissant dans la foule pressée. Aldin soupira de soulagement quand Viggó s'arrêta enfin sur le perron du palais, où un garde s'approcha d'eux.

- Ils sont avec moi, intervint Malik en s'avançant. Envoie prévenir Khatwar qu'une délégation de Nivestia souhaite la rencontrer.

Le garde s'inclina et le jeune Jamaarian, posant pied à terre, attacha Nesrin à une pique plantée dans le sol qui semblait être prévue à cet effet. Les Nivestiens suivirent son exemple et laissèrent leurs montures devant le palais, alors qu'une jeune femme en livrée accourait vers eux.

- Malik, sourit-elle en voyant le jeune homme, te voilà enfin. La Sultane m'a envoyé te chercher dès qu'elle a appris ton arrivée.

- Où est-elle ? demanda Malik alors qu'Aldin et Emrys échangeaient un regard perplexe.

- Dans la salle du trône.

- Parfait. Samira, dit-il en étendant son bras vers Aldin et Emrys, je te présente la délégation nivestienne que j'ai escorté jusqu'ici : le prince Emrys Domhnall et sa garde du corps personnelle, Aldin Vesperis. Les gars, je vous présente Samira, la femme de chambre en chef de la Sultane.

- En chef ? interrogea Emrys avec curiosité, alors que la jeune servante inclinait la tête avec respect.

- Oui votre Altesse, répondit Samira avec un doux sourire, je supervise les serviteurs du palais et me charge personnellement d'optimiser le confort et le bien-être de la Sultane et ses enfants.

Emrys hocha la tête.

- Maintenant, continua Samira, si vous voulez bien me suivre, vous êtes attendus.

Ce disant, elle s'approcha des portes d'or du palais et posa sa main dessus. Les portes scintillèrent doucement et s'ouvrirent lentement, permettant au groupe de s'engouffrer dans le grand palais. Aldin marchait près d'Emrys, tandis que Samira ouvrait la marche, Malik restant bon dernier.

La jeune femme ouvrait des yeux émerveillés devant la magnificence du palais, qui semblait presque entièrement fait d'or. Des orbes de feu flottaient près du haut plafond, des canapés confortables et des coussins étaient disposés çà et là dans les couloirs, des statues colorées représentant Jamaar en guerrière conquérante trônaient à intervalles réguliers et une odeur d'encens enivrante enveloppait l'air. Aldin s'arrêta vite devant une porte ouvragée qui s'ouvrit d'elle-même, lui permettant de suivre Samira dans la salle du trône. Alors, Malik accéléra brusquement pour la rattraper et lui saisit le bras avec un sourire.

- Merci, murmura Aldin à l'oreille de son ami, je suppose que nos chemins se séparent ici.

- Que tu crois, répliqua Malik avec un sourire taquin, notre histoire ne fait que commencer.

Aldin fronça les sourcils, mais le jeune homme lui intima de se taire d'un geste et elle s'exécuta, circonspecte. Elle releva les yeux vers la petite salle où étaient disposés trois trônes d'or, dont un était vide. Deux statues de Jamaar en majesté encadraient les trônes et un immense miroir noir sans reflet, occupait tout le mur du fond, les autres murs étant tendus de tentures colorées brillant à la lumière des orbes de feu qui brûlaient à plusieurs mètres au-dessus du sol.

La Sultane se tenait assise sur le trône central, sublime dans toute son aura de puissance royale. C'était une grande femme très mince vêtue d'une longue robe rouge brodée de motifs compliqués, au cou et poignets chargés de bijoux et aux mains longues et veineuses posées sur ses genoux. Aldin fronça les sourcils en voyant la jeune Nour, rencontrée plus tôt, assise à la droite de la Sultane, un grand sourire aux lèvres. Elle était tout aussi mince que la Sultane et avait les mêmes yeux marrons, et Aldin resta un instant sidérée devant les cheveux incroyablement longs et volumineux de la jeune fille. Samira s'inclina devant la Sultane et alla s'asseoir dans un des fauteuils qui étaient disposés contre les murs latéraux, tandis que la souveraine se levait.

- Malik, dit-elle d'une voix grave et ferme, tu disparais sans rien dire pendant une semaine entière, et tu reviens avec une délégation nivestienne ? Mes félicitations.

- J'avais mes raisons, Mère...

- MÈRE ?!

Malik, interrompu par le cri de surprise qu'Aldin et Emrys avaient poussé à l'unisson, regarda Aldin avec un sourire goguenard. La Sultane soupira, se pinça l'arête du nez et ferma les yeux un instant avant de les rouvrir, se tournant vers les Nivestiens.

- Je vois que des présentations en bonne et due forme s'imposent, dit-elle d'une voix glaciale avant que son visage ne se ride d'un sourire. Nivestiens, soyez les bienvenus à Fustat, capitale du sultanat de Jamaariah. Je suis la Sultane Khatwar Al-Fustati, dirigeante souveraine de Jamaariah. Voici ma fille cadette, la princesse Nour...

Elle indiqua de sa main chargée de bagues la jeune fille, qui se leva avec un doux sourire et inclina la tête avant de se rasseoir.

- ... Et voici mon fils aîné, l'héritier du trône de Jamaariah continua la Sultane, le prince Malik Al-Fustati.

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