Chapitre 8

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Malik

ou

le fou du Désert

- Nous y voici ! s'exclama Emrys en sautant du dos de Snejinka.

Le jeune homme plongea sa main dans le sable avant de pousser un cri de douleur.

- Aaah ! Ça brûle ! cria-t-il en se frottant vivement la main pourtant protégée de son gant blanc.

- Bienvenue dans le Désert de Dunes, sourit Aldin, goguenarde.

Le prince remonta sur son cheval et les deux amis se remirent en route. Plusieurs jours avaient passé depuis leur arrivée dans le Désert de Grès qu'ils avaient traversé sans faire d'autres mauvaises rencontres. Malgré tout, Aldin était inquiète et redoutait qu'ils prennent du retard : ils avaient minutieusement préparé leur trajet semé d'oasis qu'ils devaient atteindre deux fois par jour, une chaque midi et chaque soir, et ce pendant quatre jours. Si par malheur ils étaient en retard, ils ne pourraient pas passer la nuit près de la source d'eau et de nourriture qu'étaient les oasis et risquaient la déshydratation et l'hypoglycémie. Ils avaient tout de même des réserves de dindonneau provenant du Désert de Grès, mais l'eau viendrait inévitablement à manquer.

C'était sur ces pensées angoissées qu'Aldin chevauchait Viggó, encore davantage inquiétée de voir que leurs montures ne pouvaient galoper sans trébucher dans le sable, ce qui les forçait à marcher au pas. Elle inspira un grand coup pour se calmer et répondit faiblement au sourire d'Emrys, tentant de calmer le tremblement compulsif de ses mains. Alors que les deux cavaliers avançaient entre les dunes uniformes, suivant inlassablement la boussole d'Emrys, Aldin décida d'en profiter pour s'entrainer. Sa magie avait assez bien évolué l'espace des derniers jours, et elle savait maintenant contrôler assez bien une pierre pouvant aller jusqu'à quatre kilogrammes de poids, mais savait que le sable, si seulement elle pouvait le contrôler, serait bien plus difficile à maîtriser. Elle haussa les épaules et tendit sa main, sentant sa magie fourmiller en elle agréablement. Elle eut un sourire en voyant un petit nuage de sable s'élever et serra le poing, faisant se former une petite boule de sable qui se désagrégea en quelques secondes.

- Pas mal, commenta Emrys qui l'avait regardé faire.

- Pour ma défense, c'est vraiment plus difficile que de la roche solide, dit Aldin en remettant son gant.

- Eh, je t'ai dit que je trouvais ça pas mal ! protesta Emrys. Tu progresses vraiment vite, en plus. Je suis sûr que d'ici notre arrivée à Fustat, tu maîtriseras le sable à la perfection.

Aldin, sourit, touchée par la flatterie de son ami, et ils continuèrent à avancer pendant plusieurs heures sous le soleil brûlant. La jeune femme sentait que son angoisse se calmait et il lui semblait qu'ils croisaient de plus en plus de cactus, signe qu'une oasis se trouvait à proximité. Alors que le soleil dépassait lentement son point de zénith, Aldin vit un palmier dépasser de derrière une dune et lança Viggó au galop, dans sa hâte d'y arriver et oubliant complètement le sable sous les sabots de sa monture. Le pauvre étalon ne fit pas trois pas qu'il s'écroula, la cheville tordue, envoyant Aldin faire un vol plané dans le sable.

- AAAH !!

Elle atterrit sans se faire mal, et se releva tant bien que mal avant de courir jusqu'à son cheval pour examiner sa patte antérieure gauche, qui commençait déjà à gonfler.

- Il va bien ? demanda Emrys avec inquiétude.

- Il a seulement la cheville foulée, répondit Aldin avec un soupir de soulagement. Je peux régler ça en une minute. Pars devant et monte le camp, l'oasis doit être derrière les dunes, là-bas.

Le jeune homme acquiesça et partit dans la direction indiquée par Aldin. La jeune femme se tourna vers Viggó qui, couché sur le flanc, hennissait et se cabrait de douleur. Aldin lui caressa le museau affectueusement avant d'enlever ses gants.

- Je sais que ça fait mal, Viggó, et tu as le droit de m'en vouloir, j'ai été stupide...

Elle saisit doucement la cheville du cheval entre ses doigts et dirigea toute sa magie vers le muscle froissé de sa monture. Elle le massa pendant une bonne minute puis Viggó se leva, hésitant, avant de se cabrer de joie, sous le sourire rassuré d'Aldin. Elle remontait sur le dos de son cheval quand elle entendit des cris qui provenaient de l'endroit qu'elle avait indiqué à Emrys. Elle poussa un juron mais n'osa pas lancer Viggó au galop, l'expérience d'il y avait quelques instants brillant par son manque de sécurité. Elle réfléchit un instant, le visage crispé, avant de soupirer.

- Viggó, grommela-t-elle, j'espère vraiment que ça va marcher... Au galop !

Le cheval partit à toute vitesse alors qu'Aldin, le front plissé par la concentration, compactait par magie le sable sous ses sabots, formant un chemin que le cheval pouvait suivre sans risquer de se casser une patte. Ils dépassèrent les deux dunes en un instant et Aldin vit Emrys à quelques mètres d'une luxuriante oasis, en plein combat d'épée avec un homme vêtu de rouge et coiffé d'un turban d'où pendait un voile cachant le bas de son visage. Les deux combattants se jetaient l'un sur l'autre et les armes fendaient l'air, reflétant par moment la lumière du soleil. Aveuglée et furieuse de ne pas pouvoir s'éloigner de quelques mètres d'Emrys sans qu'ils ne se fassent attaquer, Aldin poussa un juron avant de tendre ses deux mains vers les guerriers.

- Maintenant, ça SUFFIT !!

Un immense nuage de sable s'éleva et Aldin serra les poings, formant une grosse roche sableuse qui alla s'effondrer entre les deux hommes, lesquels se tournèrent vers elle d'un même mouvement. La jeune femme galopa vers eux.

- Etranger, dit-elle à l'homme au turban rouge, tentant de contenir la colère qui grondait dans sa gorge, je ne sais pas quel différent te pousse à te battre avec mon ami, mais je veux que tu saches que nous sommes sur le territoire jamaarian en qualité d'ambassadeurs de Nivestia. Faire du mal à l'un de nous signifierait attaquer directement le royaume.

L'inconnu rengaina son sabre et se tourna vers Emrys qui le regardait d'un air méfiant. Il allait dire quelque chose quand Aldin l'interrompit.

- Que s'est-il passé, au juste ? demanda-t-elle en descendant de Viggó.

- Il m'a attaqué sans raison ! s'exclama Emrys en pointant son épée en direction de l'inconnu, lequel éclata de rire.

- Tu te bats bien, étranger, dit-il en détachant le voile de son turban, révélant des joues basanées par le soleil du désert et un sourire rieur. On voit rarement des gens d'autres contrées ici, je voulais voir comment vous vous débrouilliez face aux attaques surprises... Mais je n'avais jamais vu quelqu'un débarquer pour aider mon adversaire.

Il eut un sourire goguenard et s'inclina en une révérence moqueuse.

- Je m'appelle Malik, dit-il, je vis à Fustat et je fais régulièrement des expéditions dans le désert.

- Je m'appelle Aldin, dit la jeune femme, un peu surprise par de telles manières.

- Et moi, Emrys, Emrys Domhnall, déclara à son tour Emrys en serrant fermement la main de Malik, prince héritier du royaume de Nivestia.

- Honoré, répliqua Malik avec un sourire moqueur. Vous vous rendez à Fustat ?

Aldin opina du chef.

- Tu peux nous y escorter ? demanda Emrys au jeune homme qui venait d'enlever son turban, laissant à l'air libre ses courtes boucles noires de jais.

- Avec plaisir, sourit-il en tendant sa main à Aldin qui n'hésita qu'à peine une seconde avant de la serrer dans la sienne. On y sera en deux jours environ.

- Deux jours ? s'exclama-t-elle, incrédule. On en avait calculé quatre !

- Je connais ce désert comme ma poche, sourit Malik en lui faisant un clin d'œil, et je sais exactement où sont les oasis qui ne sont pas indiquées sur les cartes.

- Parfait, sourit à son tour Emrys.

- Sans rancune, ton Altesse ? demanda Malik en passant familièrement son bras autour des épaules du prince.

- Sans rancune, sourit Emrys avant de se dégager doucement.

- Merveilleux ! Vous avez déjeuné ?

Aldin secoua la tête négativement.

- J'ai de quoi nous remplir le ventre, restons là un moment ! s'exclama Malik en frappant dans ses mains.

- C'est ce qu'on avait prévu avant que tu ne te jettes sur moi, signala Emrys, pince-sans-rire.

- Imagine ! répondit Malik avec énergie, on n'aurait jamais pu déjeuner ensemble si je ne l'avais jamais fait !

- On aurait tout à fait pu le faire sans avoir à s'étriper mutuellement avant...

Aldin regardait les deux garçons se chamailler avec un demi-sourire ; elle avait hésité à les interrompre un instant mais elle n'avait jamais vu Emrys sous cet angle, répondant au piques et pince-sans-rire – cela lui plaisait d'apprendre à le connaître davantage, de cette façon. La jeune femme se prit à regarder attentivement le visage de Malik alors qu'il passait un bras envahissant autour de celui d'Emrys. Il avait des fossettes rieuses, une barbe de trois jours et des taches de rousseur sur sa peau basanée. Ses boucles si noires qu'elles en étaient presque bleues se balançaient devant ses yeux marrons, et Aldin était fascinée par leur couleur si sombre et leur profondeur, elle n'avait jamais vu des yeux aussi foncés... Quoique. Le nom de Cadmus s'imposa alors dans son esprit et elle soupira en secouant la tête alors que Malik fourrageait à présent dans la tignasse blonde d'Emrys, visiblement sans le consentement de celui-ci.

- Vous en avez encore pour longtemps, vous deux ? demanda Aldin en plantant ses poings sur ses hanches.

- Fini, jolie magicienne, répondit Malik en saisissant hardiment la main gantée d'Aldin, regarde comme il est beau maintenant.

Cadmus m'avait appelée comme ça, pensa Aldin en retirant sa main vivement, comme par un réflexe protectif, ce qui fit Malik lever les siennes en signe de reddition. Elle se tourna vers Emrys qui tentait de se recoiffer.

- Tu pourrais me faire un miroir ? demanda-t-il à Aldin alors que Malik s'éloignait pour chercher la pitance.

- Un miroir ? répéta Aldin, incrédule. C'est une blague ? Je ne peux pas te sortir du verre de nulle part...

- Aldin, répondit Emrys, les cheveux en pétard. On est dans un désert. Tu contrôles le sable. Sable égal verre. Verre poli égal miroir. En plus, ça serait un bon exercice pour t'entraîner au contrôle du sable !

Aldin soupira et s'assit à même le sol, ôtant ses gants.

- Qu'est-ce que tu ne me fais pas faire...? soupira-t-elle en fermant les yeux.

Elle tenta de se concentrer, sentant sa magie se canaliser dans ses mains, mais fut vite forcée de rouvrir ses yeux à l'appel surpris de Malik.

- Aldin ? demanda-t-il. Tes mains brillent vert, c'est pas bon.

La jeune femme releva les yeux vers lui et ouvrit une bouche stupéfaite devant l'animal au long cou et aux deux bosses dorsales que Malik tenait par la bride.

- C'est – par Nivest – c'est... un chameau ?

- Euh, oui, c'est ma chamelle, Nesrin, répondit le jeune homme en passant une main gênée dans ses boucles noires. Pourquoi tu fais cette tête-là ?

- Je n'en avais jamais vu en vrai ! Je sais que les chameaux sont la monture la plus usitée à Jamaariah mais... de là à en voir un moi-même...

- Tu as changé de sujet ! l'interrompit soudainement Malik en se frappant le front dramatiquement, et Aldin soupira.

Raté.

- Tes mains ! Ce n'est pas normal !

- Je ne suis pas malade, Malik, répondit Aldin en détachant lentement ses mots. Maintenant, tais-toi, j'essaie de me concentrer.

Malik mima une fermeture à clé de sa bouche sous le regard d'Emrys qui haussa les sourcils. Les deux jeunes gens échangèrent un regard éloquent.

- Tu me juges, dit le brun en pointant son index vers le prince.

- Tu parles, répliqua celui-ci en pointant son propre index sur Malik.

- Je peux avoir quinze secondes de silence ? demanda Aldin en rouvrant des yeux accusateurs.

Puis, elle baissa immédiatement la tête pour cacher son sourire, les deux garçons l'amusant tout de même. Elle secoua la tête et son sourire disparut. Elle posa ses mains à plat sur le sable et prit une grande inspiration, visualisant dans sa tête le sable coagulant pour former une vitre polie et réfléchissante. Elle imagina le soleil se refléter dans ce miroir et aveugler Malik... Lequel poussa un cri.

- Eh ! Aldin, c'est pas parce que tu sais faires briller tes mains et apparaître des miroirs que tu es obligée de tout tester sur moi !

- Ca a marché ? demanda la jeune femme en rouvrant brusquement les yeux.

Elle vit alors le petit miroir qu'elle avait créé se désagréger et retomber en poussière. Aldin poussa un soupir de déception alors qu'Emrys s'accroupissait à côté d'elle.

- C'est génial ! s'exclama-t-il en faisant glisser une poignée de sable entre ses doigts gantés de blanc. Non seulement tu peux te servir du sable comme une matière première pour en faire ce que tu veux, mais en plus, ça m'a l'air plutôt facile !

- C'est vrai que ce n'était pas insurmontable, confirma Aldin en saisissant à son tour une poignée de sable. Je vais réessayer.

Elle plongea ses mains dans le sable mais garda cette fois-ci ses yeux ouverts et concentrés sur le sable en face d'elle. L'idée précise du miroir naissait dans sa tête et elle vit devant ses yeux une sphère de sable d'à peu près la taille de son poing s'élever du sol avant de prendre une forme de plaque. Puis, en quelques secondes, le sable était uniformisé, coagulé, et réfléchissant, formant un miroir carré. Emrys se pencha alors pour se regarder et poussa un cri faussement indigné.

- Malik ! Tu m'as complètement décoiffé !

Ce dernier éclata de rire alors qu'Aldin tentait de rester concentrée pour ne pas détruire son travail. Soudain, une idée germa dans son esprit. Si mon intention suffit pour faire ce que je veux, est-ce que... ? Elle pensa très fort au fait de rendre le miroir indépendant d'elle avant de faire doucement cesser la lumière qui brillait de ses mains. Elle poussa un cri de joie quand le miroir tomba sur le sable, intact.

- Emrys ! s'écria-t-elle avec euphorie. Je sais créer des objets !

Son ami sourit, rajustant une dernière mèche sur son front.

- Je pense que ce n'est là qu'une infime facette de ce que tu peux faire, dit-il avec fierté.

- Dites, vous deux ! s'exclama Malik en déchargeant sa chamelle. On mange ?

- Avec plaisir, rit Emrys après avoir obtenu d'Aldin de garder le miroir.

Les trois jeunes gens allèrent s'asseoir près de l'eau de l'oasis qui scintillait au soleil, sur une herbe verte piquetée de grains de sables, à l'ombre de hauts palmiers penchés et grinçants sous le vent du désert. Malik servit à manger aux deux Nivestiens et tous trois mangèrent de bon appétit. Ils rangèrent le camp deux heures après que le soleil ait quitté son zénith, Malik prédisant leur arrivée à la prochaine oasis à peu près lors du coucher du soleil, et se mirent en route sous le soleil de plomb.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro