Prologue

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Il y a une fin à tout, à commencer par le silence.

Autour de la table ronde percée en son centre d'un trou circulaire étaient disposés cinq sièges identiques et vides. Il y avait de cela longtemps que personne ne s'était assis dans ces sièges, mais il y a une fin à tout, à commencer par le vide. Un grand bruit s'éleva dans la pièce noire, comme des rafales de vent tonitruantes, il aurait semblé qu'une tornade s'était brusquement matérialisée dans la salle. Mais aucune tornade ne s'éleva, n'emporta au loin la table et les sièges.

A la place, une grande et belle femme apparut, vêtue d'une combinaison noire moulant son tronc et aux manches et aux jambes très larges, et d'une longue cape de soie blanche brodée de dragons noirs. Ses longs doigts couleur d'ébène serraient le manche de bois blanc incrusté de diamants d'une longue Lance à la lame noire et ses longs cheveux crépus formaient une grande afro couleur de neige autour de son visage mince. Quand elle ouvrit les yeux, ses prunelles couleur rubis semblèrent briller dans l'obscurité presque totale qui régnait dans la pièce, uniquement éclairée par le léger halo de lumière blanche qui émanait de son corps. Elle croisa les jambes et le silence se fit.

Quelques secondes plus tard, un grand bruit creva le silence à peine retrouvé. Un crépitement puissant, comme si un incendie sans flammes et sans fumée s'était déclaré dans la pièce, menaçant de tout réduire en cendres. Mais, au lieu d'incendie, une autre femme apparut, assise sur le siège à gauche de la guerrière aux cheveux blancs.

Elle était vêtue d'un bandeau noir couvrant sa poitrine et d'un boléro rouge brodé de noir. Ses biceps hâlés et musculeux étaient enserrés par des bracelets d'or et son large pantalon de tissu rouge était ceint à sa taille par une longue pièce de tissu noir, d'où pendait un Sabre à la lame polie comme un miroir et au pommeau d'or incrusté de rubis. Ses longues boucles de ses cheveux rouges tombaient jusqu'à ses babouches et elle était coiffée d'un haut turban noir surmonté d'une longue plume colorée. Tout son corps semblait dégager une légère lueur orange et, quand elle ouvrit les yeux, ses iris d'obsidienne brillèrent presque dans le noir. D'un claquement de ses doigts calleux, elle fit naître au bout de son index une haute flamme, avant de se tourner vers sa voisine, faisant luire sa peau noire ainsi que son propre visage encadré de boucles flamboyantes. Les deux femmes inclinèrent la tête l'une vers l'autre sans rien se dire, et le silence tomba.

Il dura à peine une seconde, avant qu'un puissant grondement ne se fisse entendre. Les deux femmes restèrent immobiles, tournant seulement la tête vers le siège à droite de la guerrière aux yeux rouges, alors que le fracas de roches se brisant et de terre éventrée emplissait toute la pièce.

En guise de séisme apparut une troisième femme, à droite de la première, à la peau délicatement rosée. Une courte tunique verte brodée de feuilles et de fleurs dorées l'habillait, ceinte d'un large ceinturon de cuir auquel était attaché un carquois rempli de flèches. De hautes bottes de chasses montaient jusqu'à ses cuisses et un Arc de bois sculpté et incrusté d'émeraudes était attaché dans son dos. Ses longs cheveux bruns étaient noués en une natte qui glissait jusqu'à ses pieds et quelques mèches plus courtes encadraient e de délicates ondulations son visage rond qui, comme le reste de son corps, émettait une douce lueur verte. Ses yeux d'émeraude parurent scintiller quand elle les ouvrit, et se teintèrent d'une lueur désapprobatrice quand elle les posa sur la flamme produite par la femme aux cheveux rouges. Pourtant, elle ne dit rien et répondit d'un mouvement de la tête au salut silencieux que lui adressèrent les deux autres. Le silence se fit de nouveau, et dura longtemps.

- Elle est impossible, soupira finalement la belle guerrière à la peau d'ébène dont la voix forte résonna comme une cloche dans la pièce sombre, être en retard maintenant ? Avec cette urgence ?

- Que veux-tu, ricana la femme aux yeux noirs d'une voix rauque, c'est son plus grand talent.

Sa peau mate luit à la lueur de l'orbe de feu supplémentaire qu'elle fit jaillir de sa main veineuse.

- Ne fais pas de zèle, lui ordonna l'archère aux yeux verts d'un ton ferme, et sois patiente, tu pourrais nous faire repérer.

La rousse soupira et se cala au fond de son siège, l'orbe de feu s'évaporant dans l'air aussi vite qu'elle était apparue. Soudain, un grand bruit rompit le silence de plomb, un bruit de vagues et de houle de plus en plus fort, on aurait cru un tsunami qui viendrait tout engloutir, la pièce noire et ses trois occupantes avec, ne laissant derrière lui que l'odeur du sel, de la mer et du silence.

A la place, une quatrième femme apparut, assise à droite de la chasseresse. Sa peau très pâle luisait d'un éclat ivoire et ses longs cheveux parfaitement lisses étaient plus noirs que la Nuit. Elle était vêtue d'une longue robe bleu roi brodée d'argent aux manches chauve-souris, ceinte à la taille par une élégante ceinture qui brillait comme un miroir. Ses longs doigts fins serraient un Trident d'argent aussi grand qu'elle, incrusté de saphirs, et ses yeux bridés s'ouvrirent lentement, ses iris semblables aux pierres précieuses de son arme pétillant en voyant les trois autres.

- Mes sœurs, veuillez pardonner mon retard, dit-elle de sa voix douce, son corps entier scintillant d'une lumière bleutée.

- Je ne peux que saluer ta constance, grommela la guerrière aux yeux rouges, cinq mille ans sans nous voir ne t'a pas appris la ponctualité ?

- Helia, insista l'autre, pardonne-moi, je t'en prie. De plus, je vois que Mère n'est toujours pas là...

Elle jeta un regard un peu inquiet vers le seul siège qui restait vide.

- L'éclipse solaire va commencer d'une minute à l'autre, avança l'archère à la natte brune, elle arrivera à ce moment-là.

- Impossible pour elle de disparaître sans que les humains ne s'en rendent compte, on le sait, soupira la femme aux cheveux rouges.

Un silence se fit après ses paroles, et dura un moment.

- Commençons donc sans elle, proposa la dernière arrivée avec un sourire avenant, elle sait déjà tout, de toutes façons.

- Comme tu voudras, acquiesça Helia. Mes sœurs, lança-t-elle en posant sa main noueuse à plat sur la table devant elle, quelle joie de vous revoir après tout ce temps.

- Tes émotions t'étouffent toujours autant, ricana sa voisine en rajustant le bracelet d'or qui glissait de son biceps hâlé.

- Jamaar, s'il te plait, la rappela à l'ordre la chasseresse, ce n'est pas le moment.

- Oh, c'est bon, Niv' ! Cela fait des millénaires que nous ne nous sommes pas vues, je peux taquiner un peu !

Les quatre sœurs étaient nées ensemble, main dans la main. Et l'humour cinglant de Jamaar, la froideur d'Helia, les rêveries de Santra et la patience de Nivest permettaient à toutes les quatre de conserver un équilibre et une harmonie parfaite en elles-mêmes et les unes envers les autres.

- Avez-vous trouvé vos Incarnations ? demanda Santra d'un murmure qui résonna dans la pièce.

- Il n'est pas encore né, répondit Jamaar. Il sera fort et fier, et saura sans aucun doute mener sa mission à bien.

- Elle est née il y a juste quelques jours, lança Helia en appuyant son coude sur la table, et sera un parfait réceptacle à mon pouvoir. Puissante, impitoyable, elle ne perdra pas son temps en mièvreries et autres faiblesses. Et toi, Santra ?

- La mienne n'est pas née non plus, répondit l'intéressée en jetant un regard à Jamaar, et elle sera différente.

- Différente ? répéta Nivest.

- Différente, c'est le mot, confirma Santra en hochant la tête, tout sourire. Et toi, ma chère sœur ?

Nivest libéra sa main blanche que Santra venait de saisir et inspira un grand coup, les yeux fermés.

- J'ai retiré leurs pouvoirs à la famille Domhnall il y a de ça deux générations.

- Deux générations ? répéta Jamaar en haussant un sourcil.

- Enfin, d'ici la naissance de mon Incarnation, cela fera trois, soupira Nivest. Un seul mot à vos Incarnations respectives et je vous enterre, menaça-t-elle en pointant son doigt sur chacune de ses sœurs l'une après l'autre.

- Ce n'est pas comme si elle pouvait comprendre ce que je lui raconte, dit Helia avec pragmatisme.

- Peux-tu nous expliquer ce qui t'est passé par la tête au moment de faire ça ? demanda Santra avec un sourire encourageant.

Jamaar eut un soupir et passa sa main veineuse sur son visage hâlé. L'avantage au fait d'être immortelles était que les quatre sœurs avaient tant vécu que plus rien ne les étonnait.

- Cela ne regarde que mon royaume, répondit Nivest d'un ton sans appel. Evidemment, j'ai transféré mon pouvoir... à un homme du peuple.

- Un homme du peuple ? répéta Santra.

- Tu veux dire, quelqu'un dont ton sang ne coule pas dans les veines ? fit remarquer Jamaar en haussant un sourcil. Je ne vais pas t'apprendre à quel point c'est dangereux...

- Si Jamaar en est au point de tirer la sonnette d'alarme, c'est que c'est vraiment la catastrophe, dit Helia avec ironie, pointant son index noueux vers sa sœur aux cheveux rouges.

- Je sais très bien à quel point c'est dangereux, se défendit Nivest sans se départir de son calme, et il le savait aussi. Son fils le savait aussi, et son petit-fils et son arrière-petit-fils également. Son arrière-petite-fille sera mon Incarnation.

- Je persisterai toujours à croire que ce coup sur la tempe que tu as reçu à la naissance t'a à jamais dérangé le cerveau, soupira Jamaar.

Sa sœur ouvrit la bouche pour répliquer mais un son indescriptible l'interrompit. Un son harmonique et beau, comme une musique immobile mais enflant si fort que n'importe qui l'écoutant en aurait été assourdi. Aucune des quatre sœurs ne broncha et leur mère apparut sur son siège, entre Jamaar et Santra.

Sa peau était si blanche qu'elle réfléchissait presque la lumière, alors qu'elle en émettait une pure et dorée, et ses longs cheveux blonds ondulaient autour d'elle sans besoin de vent, comme un grand voile. Elle était vêtue d'une longue robe blanche brodée d'or aux longues manches moulant ses bras potelés, et le dos de ses mains était tatoué d'encre dorée. On pouvait voir sur sa main gauche les sept phases de la Lune, et le Soleil en majesté brillait sur le dos de sa main droite. Dans son dos était attaché un immense Bouclier blanc et or et son front était orné d'un bijou fait de chaînes d'or entrelacées et d'opales iridescentes, dont son Bouclier était également serti. Elle battit des paupières et l'iris doré de son œil gauche luit à la lumière, son œil droit étant uniformément blanc. Elle croisa ses mains potelées sur la table ronde et ouvrit la bouche. Sa voix cristalline résonna avec une grande puissance dans la pièce.

- Mes chères filles, dit-elle avec un sourire maternel, votre vue comble mon âme d'émotions à haut taux vibratoire.

- Nous sommes aussi heureuses de vous revoir, Mère, répondit Santra en lui rendant son sourire.

- Je suis désolée que nos retrouvailles tant attendues se fassent sous un ciel si menaçant, continua leur mère d'un air contrit. J'ai vu, mes chères filles, que vous avez toutes choisi parmi les humains une Incarnations – née ou à naître – dont la tâche sera de rétablir l'Equilibre, et je vous en remercie.

- Pensez-vous que Noxeth se réincarnera aussi ? demanda Helia en fronçant les sourcils.

- Je ne peux pas répondre avec certitude, répondit sa mère, car elle n'a certes jamais bénéficié de la puissance que l'adoration des humains nous donne, mais elle était là avant moi, et elle gagne chaque jour en puissance. Soyez prudentes, cette possibilité ne peut être écartée. Maintenant, que la cérémonie commence. Mes chères filles, je vous prie.

Les quatre sœurs hochèrent la tête d'un même mouvement et chacune prit dans ses mains celles de ses voisines. Leur mère ferma les yeux un instant avant de les rouvrir. De ses deux orbites jaillit un flot de lumière qui s'engouffra dans le trou au centre de la table. Elle prit la parole et sa voix fit trembler les murs.

- Moi, Déesse Lumière, divinité créatrice et donneuse de vie, mère des quatre Déesses Elémentaires et garante de l'Equilibre, par les pouvoirs qui me sont conférés par l'Univers, je donne à Nivest la Terre, à Santra l'Eau, à Helia l'Air et à Jamaar le Feu, le pouvoir de se réincarner dans un humain de leur choix. Il sera octroyé à cet humain les pouvoirs divins originels et la charge de garantir l'équilibre du monde. Ce pouvoir disparaitra de l'Incarnation une fois sa mission mise à bien, où à sa mort. Que l'Univers, par le lien sacré qui le lie à mes filles, accède à mon désir.

La Déesse Lumière saisit les mains de ses deux filles à côté d'elle et un rayon de lumière aveuglant traversa la chaîne des bras et des mains à une vitesse fulgurante. La lumière enfla encore et encore, jusqu'à engloutir la pièce et les Déesses d'un flot éblouissant. Puis, elle s'estompa doucement, et la salle retrouva finalement son aspect d'origine, vide, noire et silencieuse.

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