Prologue

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Le brouhaha de la cour de récréation résonne dans les oreilles de l'enfant, mais il ne l'entend presque pas. Son attention toute entière est dirigée vers son camarade qui se tient maladroitement devant lui : ses cheveux bruns trop longs lui tombent devant les yeux et ses mains s'agitent dans tous les sens tandis qu'il lui raconte une histoire avec un grand sourire. Il l'écoute attentivement. Parfois, les grands gestes de son ami lui arrachent un petit rire. D'autres fois, c'est la manière dont il bute sur ses mots qui lui attire un sourire attendri. Complètement dans leur bulle, ils n'entendent même pas la maîtresse taper des mains et leur demander de venir se mettre en rang.

Ils ont l'air heureux, tous les deux.

Les larmes qui mouillaient les joues du petit Taehyun ont presque totalement disparues.

Quand ils réalisent finalement que tous leurs camarades ont rejoint leur enseignante, le garçon s'interrompt dans son histoire et lui tend la main pour l'aider à se relever. Il n'hésite pas une seconde avant de la saisir et de se hisser douloureusement sur ses jambes. Il ne sait plus pourquoi, – sûrement pour terminer de le réconforter, qu'importe – mais son ami lui lance alors avec le regard brillant :

— Je te promets qu'on sera toujours ensemble, quoi qu'il arrive !

Ce sont des paroles en l'air. Les enfants, ça ne comprend pas le réel sens et l'importance du mot « promesse ». Ça promet des choses puis ça oublie les avoir promis. Ça oublie les gens, aussi, en grandissant. La preuve, Taehyun a lui-même oublié le prénom de ce petit garçon qui disait être son meilleur ami.

Celui-ci lui a menti ce jour-là.

Sa maman aussi lui a menti, quand elle a dit qu'elle serait toujours présente pour lui et qu'ils s'en sortiraient.

Le petit garçon ne l'a plus jamais recontacté après son déménagement, sa mère a fini à son tour par l'abandonner, et Taehyun s'est retrouvé seul.


————◇◈◇————


— L'État prend en charge le loyer du logement social pendant trois mois, pas un de plus, c'est clair ?

Taehyun hocha à nouveau la tête, son regard absent posé sur les tonnes de papier face à lui.

— Après, c'est à toi de gérer. Idem pour le job qu'on t'a trouvé. À toi de faire tes preuves et de convaincre le patron de te garder. On est déjà bien sympas de t'avoir déniché tout ça pour ta sortie, je t'assure qu'on ne fait pas ça pour tous les détenus. Alors saisit ta chance et ne la gâche pas, ok ?

Pour peu qu'il aurait encore eu son tempérament d'adolescent, Taehyun aurait lâché un rire jaune.

Un logement et un boulot.

Voilà tout ce qui l'attendait en dehors de prison. Ce que lui avait trouvé l'administration n'avait rien de « sympa », comme le disait le gardien en face de lui ; ils n'avaient juste pas eu d'autre choix. Pas de père, une mère internée en hôpital psychiatrique, pas d'oncles, de tantes ou de grands-parents, et encore moins d'amis. Kang Taehyun n'avait absolument nulle part où aller pour sa sortie de prison. Il faut dire qu'après sept ans coincé derrière les barreaux, il est difficile de préserver des liens avec le monde extérieur quand la dernière fois où on y a remis les pieds remonte à nos quinze ans.

À désormais vingt-deux ans, sa peine enfin purgée, Taehyun avait l'impression qu'on l'envoyait dans le néant.

— Et bien sûr, reprit le quarantenaire en face de lui, indifférent à son silence, pas de conneries. Plus de drogue, plus de bagarre, et tout ce qui va avec. Le moindre pas de travers et c'est reparti pour trois ans, et crois moi si tu veux, mais je n'ai pas envie de revoir ta gueule ici.

Sur cette dernière phrase un peu vulgaire, Taehyun sentit son cœur se serrer. Derrière ces mots rudes, il savait que le gardien en face de lui était sincère, et que c'était un réel conseil bienveillant qu'il voulait lui faire passer. Après plusieurs années à s'occuper de sa cellule, il faut croire qu'il avait fini par s'attacher à ce jeune homme qui était arrivé en prison bien trop tôt. Il lui avait souvent souri et lancé des paroles réconfortantes quand il en avait le plus besoin.

Parfois, avec une légère amertume, Taehyun songeait qu'il était ce qui se rapprochait le plus d'un père pour lui.

Il n'avait pas envie de le décevoir.

Mais le vide du dehors lui donnait le vertige.

— Tu m'as bien écouté ?
— Oui monsieur, répondit enfin Taehyun en hochant lentement la tête.

Le quarantenaire en face de lui se défit finalement de son masque sévère pour lui lancer un sourire encourageant, puis poussa les papiers devant lui.

— Signe ça. Après, on ira chercher tes affaires et il sera temps de dire au revoir à tes camarades.

Ses affaires, c'était une façon conventionnelle de désigner le minimum de survie fourni par la prison. Taehyun fit glisser la mine du stylo sur les feuilles en improvisant une signature dont il ne s'était jamais servi, tentant tant bien que mal de faire abstraction du fait que dans quelques heures, sa vie changerait du tout au tout et qu'il n'aurait plus aucun repère. Beaucoup rêveraient d'être à sa place, il le savait bien. Mais plus l'heure de sa libération se rapprochait et plus il se disait qu'il la leur céderait volontiers.

Quand il eut fini de griffonner son prénom en bas des dizaines de feuilles – assurances et contrats en tous genres –, il les retendit fébrilement à son ( ancien, bientôt ) gardien de cellule. Celui-ci les rangea sans attendre dans une grande pochette à son nom, avant de se relever en faisant crisser sa chaise sur le sol.

— Aller, suis moi, lui lança-t-il après une petite pression amicale sur l'épaule.

Durant tout le trajet qui séparait les bureaux d'administration de son ancienne cellule, Taehyun ne put s'empêcher de faire glisser son regard dans les moindres recoins de la prison. Il les revoyait sous un jour nouveau. Ça allait lui faire bizarre, de quitter ces murs tristement gris, ces fenêtres excessivement hautes, et ces longs couloirs interminables jonchés de portes toutes identiques. Au loin, il entendait le brouhaha des autres détenus qui se trouvaient dans la cour à cette heure-ci, et il se dit que ce bruit allait lui manquer lui aussi. Les exclamations, les insultes ou tout simplement les discussions d'ici faisaient partie de son quotidien, au même titre que tout le règlement strict et sévère de ce grand bâtiment. L'espace d'un instant, il se demanda même s'il n'allait pas oublier de manger, sans les horaires fixes à laquelle on l'amenait au grand réfectoire de la prison.

En quelques minutes qui parurent bien trop courtes pour Taehyun, ils arrivèrent finalement devant son ancienne cellule où un sac de sport avait sommairement été déposé sur le lit, rempli simplement de quelques vêtements et d'un minimum de toilette. Sur le matelas en face de lui, son camarade de chambre était assis, jouant distraitement avec un élastique. Son regard s'illumina lorsqu'il le vit arriver, et il se redressa.

— Taehyun, quel plaisir de te voir. L'espace d'un instant j'ai cru que tu te casserais sans me saluer.
— Je n'aurais pas osé, voyons.

Taehyun s'approcha de lui pour lui faire une rapide accolade, mais le sourire sur ses lèvres avait bien du mal garder la face. L'idée que c'était sûrement la dernière fois qu'il le voyait lui nouait la gorge. Il balaya du regard la petite pièce exiguë, et ne put se retenir d'être déçu en la trouvant vide de toute autre présence. On lui avait dit de faire une courte liste avec ceux qu'il voudrait revoir une dernière fois avant son départ, afin qu'on leur donne une autorisation spéciale pour venir ici, et il s'étonna de ne voir que le grand homme avec qui il partageait sa chambre.

— Yeonjun n'est pas venu ? demanda-t-il en s'écartant légèrement.

Face à lui, le détenu secoua négativement la tête.

— Non, il disait que ça lui foutrait trop le seum de te voir te casser alors qu'il a encore cinq ans à purger, et qu'il ne pourrait pas se retenir de te foutre un pain dans la gueule. Tu le connais, ricana-t-il légèrement, il avait surtout peur de se mettre à pleurer comme un gamin. Tu vas lui manquer.

Il y eut un court silence, puis il rajouta :

— Tu vas nous manquer.

Taehyun aurait bien aimé lui dire qu'à lui aussi, ils allaient lui manquer, et même plus que ça. Il aurait aimé lui dire qu'il avait besoin d'eux, qu'ils étaient toute sa vie, et que quelque part, l'idée de sortir d'ici était mille fois plus terrifiante que celle de terminer sa vie dans le lieu froid et peu accueillant qu'était cette prison. 

Mais les démonstrations sentimentales n'étaient pas les bienvenues, ici, alors il ravala ses mots. Et puis il y avait toujours son ancien gardien qui l'attendait accoudé à la porte de leur cellule et qui écoutait, leur laissant quelques minutes pour se faire leurs adieux en surveillant chacun de leurs mots.

Alors, à la place, tout ce qui sortit de sa bouche fut un :

— Tu lui diras aurevoir de ma part, alors.

L'homme hocha la tête. Derrière Taehyun, son gardien s'était détaché de la porte, et sa voix ne tarda pas à retentir posément :

— Aller Kang, c'est l'heure d'y aller. Prends tes affaires et viens.

Après un déglutissement silencieux, Taehyun obéit. Il saisit la lanière du sac de sport qui contenait tout ce qui lui appartenait désormais dans cette immense bâtisse, et adressa un dernier aurevoir à l'homme mûr avec qui il avait partagé ces cinq dernières années. Il ne savait pas s'il avait été un ami, se souvenant parfaitement des insultes, des désaccords et de la rudesse des premiers mois à ses côtés ; mais maintenant qu'il s'apprêtait à le quitter, c'était comme si on lui retirait un pilier entier de sa vie. Et ils étaient déjà si rares.

Le chemin en sens inverse se fit aussi rapidement que l'aller. Il passa un premier portail de sécurité, puis un second, rendit sa veste verdâtre qui l'avait accompagné toutes ces années, puis pénétra dans une zone qu'il n'avait vue qu'à son entrée dans la prison. Rien que se tenir ici, dans des vêtements civils – un simple tee-shirt noir et un jean face à l'été qui s'était installé –, ses cheveux ébènes soigneusement coupés pour l'occasion, lui donnait l'impression d'être entré dans une dimension parallèle. Une vie qui n'était pas la sienne, peut-être. Tout ceci avait juste l'allure d'un drôle de rêve.

On l'incita à avancer, puis il franchit les derniers mètres qui le séparaient de la sortie, et retint inconsciemment son souffle lorsque son gardien poussa les lourdes portes de métal qui le séparaient du monde réel.

Taehyun posa un premier pied dehors. Puis un second, pressé par les policiers qui avaient vraisemblablement du travail qui les attendait. Son gardien le salua une toute dernière fois, et finalement, avant qu'il ne réalise vraiment, les portes de la prison s'étaient déjà refermées lourdement derrière lui, le séparant alors de tout ce qu'il connaissait.

Le ciel était bleu. Le Soleil brillait haut au-dessus des immeubles. Dans la ruelle, quelques rares passants avançaient, la plupart préférant sûrement la beauté du centre ville.

Et pour la première fois depuis qu'il était rentré dans un centre de redressement pour mineurs à quinze ans, Kang Taehyun était libre.















———— ☁ ————

Et voici donc la prologue de cette nouvelle fiction courte, et de ma toute première histoire ( que je poste, du moins ), sur TXT ! 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜

Je suis à la fois contente et stressée haha, parce que mine de rien cette histoire change vachement de ce que je fais d'habitude et que vous serez les premiers à la lire, sans passage par une bêta-lecture :') 

J'espère en tout cas sincèrement qu'elle vous plaira, et que vous avez apprécié cette prologue ! (⁠ ⁠ꈍ⁠ᴗ⁠ꈍ⁠)♡♡

N'hésitez pas à me donner des retours :3 

Pour ce qui est des publications, ça ira de 1 à 2 chapitres par semaine, selon le temps que j'ai pour corriger ou pas 

Et sur ce, un grand merci de me lire, et je vous dis à la semaine prochaine pour le premier vrai chapitre ! 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜


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