Chapitre 22 - une flaque sombre

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Granite ne pouvait dire ce qu'il s'était passé.

Après que, mystérieusement, le monticule rocheux se soit détaché de la paroi et ait foncé sur le dragon des Steppes, les Porteurs-de-Rêve et leurs deux amis n'avaient pas cherché à en voir plus et avaient décampé le plus loin possible. Ils avaient même volé de nuit pour être sûr d'avoir semé tout poursuivant.

Ils s'étaient alors posés, et les questions avaient fusé.

Granite n'avait pu répondre à rien, plus perdu que tous les autres.

Glaciale avait finit par conclure un éboulement salvateur, pour qu'on laisse enfin Granite tranquille, mais bien sûr tout le monde savait qu'on avait découvert le nouveau pouvoir du groupe.

Sable se tordait les griffes de ne pas pouvoir le déterminer.

-Si seulement j'étais à la Bibliothèque Royale...

« Comme si tu n'en es pas déjà une à toi tout seul, avec ces milliers de choses que tu sais... » S'était dit Tourmente.

Elle se ressassait toutes ces idées lors de son tour de garde. Elle était la deuxième, ayant prit le relai de Rafale - que Cerise avait bien sûr soigner avant d'aller dormir, faisant pousser une plante dont elle manquait.

Les lunes étaient hautes et éclairaient de leur douce lumière le paysage rocailleux autour d'elle. Si il n'y avait pas eut ce foutu froid et ce vent qui, elle en était sûre, conspirait contre elle, elle aurait été très bien. Mais la peau de bête que Glaciale lui avait ramené lui tenait bien chaud, elle ne pouvait le nier. C'était ce fourbe de vent qui arrivait encore à s'engouffrer entre la chaude fourrure et ses écailles.

Comment avait-elle réussis à la garder sur elle dans l'agitation et pendant leur fuite ? Tourmente ne le savait pas. Mais maintenant elle n'avait plus le droit de se plaindre du froid.

Contre quoi pourrait-elle bien râler jusqu'aux premières lueurs du jour ?

Il y avait bien ce rocher qui lui avait empêché de mettre une raclée elle-même à ce Sifflombre. Mais en soi, cela était annonciateur d'encore un pouvoir, d'encore un dragon spécial, d'encore un dragon dont la vie a croisé en quelque sorte la vie des Dieux, ce qui la rendait elle, Tourmente, la dragonne Magma, moins spéciale, moins à craindre, en quelque sorte.

Il y avait sinon ce Fusible qui l'agaçait avec ses sautes d'humeur incontrôlables, Arc-en-Ciel et sa naïveté à toute épreuve... Quoi que lui faire croire des choses l'amusait au plus haut point. Pas plus tard que pendant que Glaciale et la troupe étaient à deux doigts de se faire attraper par des dragons leur ayant promit la mort, elle avait fait croire que ce lézard qui la lorgnait étrangement était capable de cracher par les yeux un liquide qui lui ferait perdre la vue pendant une journée entière, et l'immobiliserait même pendant un petit moment. Avec elle, même le plus gros passait.

Bon, elle n'avait bien sûr pas prévu que Fusible s'en arroche, et que le lézard, ou l'iguane, elle ne savait pas trop, crache réellement un truc sur eux, mais de sa bouche.

Ça n'avait pas empêché Arc-en-Ciel de crier et de se cacher derrière un Fusible passionné pendant que le lézard prenait la fuite. Et Tourmente avait lâché son célèbre rire digne d'un cri d'agonie d'un pauvre animal.

Repenser à cette scène lui arracha un rire, créant un petit nuage devant elle à cause du froid.

« On dirait Glaciale ».

Elle s'amusa alors à refaire les mimiques caractéristiques de son amie.

Et s'affala au sol.

« Qu'est-ce qu'on peut s'ennuyer pendant un tour de garde... »

Elle fit un tour d'horizon, mais non, pas la moindre ombre. Bien sûr elle ne pouvait pas s'aider de son ouïe, ce stupide vent couvrant tout.

« Attends... »

Elle fixa un point, essayant de voir à travers la nuit. Elle aurait juré voir une lumière, reflet des lunes sur un objet quelconque.

Elle s'avança tous les sens en alerte – même si elle ne pouvait s'appuyer que sur sa vue, étant contre le vent. Il devait vraiment lui en vouloir, emportant en plus son odeur vers le possible intrus. Elle ne se permit même pas de cligner des yeux.

De nouveau ce reflet. Il y a quelqu'un, c'est sûr.

Devrait-elle alerter les autres ? Et risquer de perdre le point lumineux ? Ce n'était sans doute que de l'eau. Et puis elle pouvait facilement s'occuper du cas de tout un régiment de méchants Sifflombres à elle toute seule, avec l'aide de sa Flamme personnelle.

Pas la peine de les réveiller.

La dragonne de Feu s'en fut vers la source de la lumière à pas de loup.

Pas de doutes, quelqu'un était là, les reflets continuaient.

Elle se posta derrière un rocher, la cachant de la source de la lumière, en contre-bas. Serait-ce des paroles qu'elle entendait ?

Elle rechercha à se retourner pour lorgner par dessus le rocher, mais elle marcha sur une branche – sans doute la seule à un kilomètre à la ronde dans ce paysage de pierre – et s'arrêta dans son geste.

« argh »

Pourquoi avait-elle l'impression que ce traître de vent s'était tut juste à ce moment là pour qu'on entende bien sa présence maladroite ?

Prenant plus de précautions, elle se redressa...

Rien.

Aucune dragon, juste une flaque sombre miroitante.

Tourmente descendit de son perchoir. Rien. Quoi que, cette marque à moitié effacée pourrait-elle appartenir à un dragon ?

C'est penché le museau sur le sol que l'Écaille de Feu sentit l'odeur, avant d'entendre :

-Tourmente ?

Elle sursauta et se mit dans une position de combat étrange, ailes ouvertes horizontalement autour d'elle, fesses en l'air et queue dressée.

Vestige, et non un Sifflombre connaissant étonnamment son nom, la regardait gênée.

-Je... je me suis levée pour aller... faire pipi, et je ne te trouvais pas pour te prévenir...

-Oh. Fut tout ce que l'intéressée trouva à répliquer.

-J'y vais et je prends le tour de garde jusqu'à ce que tout le monde se réveille, d'accord ?

Tourmente regarda vers l'est, où une douce lumière commençait à apparaître, annonciatrice d'un soleil qui montrerait bientôt son nez.

-D'accord, d'accord.

Elle se séparèrent, Vestige allant à son affaire et Tourmente rejoignant son poste de garde.

Prise d'un doute, elle regarda une dernière fois en direction de la flaque.

Serait-il possible que sa sœur les ait suivit jusqu'ici ? C'était malheureusement bien son genre de hanter sa proie pendant des semaines, de répandre la mort sur son chemin avant de s'en attaquer directement.

Avec un frisson d'effroi, elle souhaita de tout son être de se tromper.

Maléfique...

Tourmente regarda ses serres.

Même morte, sa sœur peuplera toujours ses cauchemars. Et pour le moment, elle était malheureusement bien vivante.





-Je comprends mieux.

Assaillant était encore une fois dans ce paysage désolé, brumeux, où il passait désormais toutes ses nuits, ne pouvant faire un rêve normal, et où seul des arbres rabougris et parfois le visage sombre de son étrange nouvelle amie apparaissaient.

Pouvait-il vraiment la qualifier d'amie ? Il ne savait rien d'elle, même pas son nom. Et c'était étrange, peut-être n'existait-elle même pas, étant une incarnation de son subconscient.

Elle était là, à côté de lui, un sourire sur le visage, alors que lui regardait le sol sur lequel il était allongé. Il n'avait toujours pas réussis à déterminer de quoi il s'agissait, cette poudre sous ses serres. De la cendre ?

-Vous ne voulez toujours pas me dire où nous sommes ?

Son sourire était évocateur.

-D'accord, j'ai compris...

Cette dragonne ne parlait pas beaucoup, et pourtant les quelques mots qu'elle lui disait résonnait en lui, grandissaient et finissaient par prendre toute la place. Depuis qu'il avait accepté de l'écouter, il voyait le monde sous un œil nouveau. Il comprenait les choses, avait une approche différente... Lui qui semblait subir son destin avait maintenant l'impression de pouvoir le contrôler. De ne plus être dépassé.

-C'est comme si vous aviez planté quelque chose en moi.

Elle lâcha un petit rire. Elle ressemblait à un petit diable. Un diablotin captivant, envoûtant...

-Tu ne crois pas si bien dire.

Et elle tendit une griffe, qu'il fixa, sans bouger, comme figé, et qui alla se planter dans sa cicatrice.

Cerise se réveilla sur le cri de douleur d'Assaillant, qui toussa à s'en retourner les poumons, les pattes à la gorge.

« Nom d'une termitière ».

Elle commençait vraiment à s'inquiéter.

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