Chapitre 7 - Les aléas divins

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Le dragon se releva entièrement, lentement et gauchement, faisant trembler la montagne.

Tourmente et ses amis s'étaient reculés jusqu'au fond de la grotte, tétanisés. Comment une chose aussi grosse pouvait-elle exister ?!

-Qui est là ? Gronda une voix caverneuse, semblant venir de la roche elle même. Pourtant féminine.

Aucun dragon ne bougea, continuant d'observer l'étrange forme, éclairée par la roche qui s'illuminait à ses pattes. C'était bien un dragon, immense, remplissant la moitié de la grotte de sa taille. Ses écailles énormes avaient une teinte blanche sous une couche de saleté, et deux iris bordeaux fixaient leur coin avec insistance, sous deux paupières plissées.

Il fit un pas maladroit. Tourmente put remarquer un pendentif à son cou, assez gros pour elle, mais qui semblait minuscule sur cet immense dragon.

Mais ce qui choqua Tourmente fut ses ailes.

Il n'en avait tout simplement pas.

Deux moignons ignobles gigotaient au dessus de son épaule. La dragonne Magma se demanda ce que ça aurait donné si il avait en plus ouvert deux grandes ailes menaçantes.

Mais son handicap ne le rendait pas moins effrayant. Loin de là. Tout le monde, elle y compris, était prit de tremblements, alors qu'ils regardaient l'immense forme avancer lentement vers eux.

-Je sais que vous êtes là. Dit-il tout aussi lentement. Enfin elle. C'était bien une voix féminine.

-Nous... Nous sommes venus en paix... Bégaya Glaciale.

La dragonne souffla longuement par ses naseaux frémissants, laissant échapper un sombre nuage de fumée, la rendant encore plus menaçante.

-Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

-Nous... Nous ne sommes personne d'importants !

La dragonne baissa sa tête à leur niveau. Tourmente se retint de reculer d'un pas. C'était la première fois qu'elle avait aussi peur de sa vie. Peut-être même plus que quand elle avait vu la salle de torture de sa sœur et qu'elle avait eut l'affreuse douleur à la gorge partagée avec Glaciale.

« Oui, plus »

Une odeur âcre se propagea. Un champignon de Cerise avait éclaté.

-Vous mentez.

Elle avança encore d'un pas. La Flamme de Tourmente se faisait déjà plus insistante en elle.

-Vous n'êtes pas des dragons normaux.

Ses deux Iris bordeaux fixèrent Tourmente avec insistance.

-Je le sens en vous.

Elle regarda chacun d'entre.

-C'est flippant... Lâcha échapper Arc-en-ciel dans son coin, se faisant toute petite.

-Qui êtes vous ? Osa demander Glaciale.

La dragonne poussa une longue expiration.

-Cela fait bien longtemps que l'on m'a oublié.

Tourmente avait le bout des pattes qui la chatouillait, titillée par la Flamme.

« Mais... »

-Que faites-vous ici ? Demanda Assaillant, qui comme les autres commençait à se détendre devant la presque bienveillance de la dragonne.

Mais Tourmente elle restait tendue.

-Je suis partie en ermite, pour fuir la folie dragonnesque. Et pour les protéger de moi.

-Les protéger de vous ?

-Ma malédiction, jeune dragon. Enfin je devrai dire « mes ».

Elle se redressa lentement, sa tête touchant presque le haut de la grotte, pourtant immense.

-C'est vous qui avez écrit tout ça ?

Ses iris bordeaux se posèrent sur Glaciale.

-Oui. Je suis une prophétesse.

Tourmente regarda les écritures, annonçant pour la plupart de terribles événements.

-Et... ça s'est vraiment produit ? Demanda-t-elle .

La dragonne plissa les yeux, avant de poser sa serre sur une partie de la roche, où le texte parlait de vent et de tempête apocalyptiques.

-Il y a deux-cents ans. La moitié des Plaines se sont transformées en marais, les Steppes sont devenues luxuriantes, les Désert était traversé de fleuves et la Vallée ressemblait à un amas d'îles.

Elle se retourna et caressa de la patte une autre prophétie, disant qu'un incendie allait se déclarer.

-Neuf-cent ans plus tôt. La forêt des Millénaires ravagées par les flammes. Des centaines de mort, en comptant que les dragons.

Elle enleva sa patte et la lumière de la roche, qui semblait faire briller les lettres gravées, s'estompa peu à peu.

-Mais... Comment peux-tu savoir que tout ça est arrivé.

-Je l'ai vu. Si vous ne me croyez pas, demandez aux peuples. Ce sont des choses qui restent gravées dans les mémoires.

Glaciale ne contesta pas ce point. La connaissant, Tourmente aurait pu mettre sa patte à couper qu'elle ne manquera pas de demander.

-Et c'est ça, qui est dangereux pour les autres dragons, au point que vous devez vous exiler ? Demanda Assaillant.

-Oh non.

Ses griffes, longues et cassées par ses folies d'antan, crissèrent sur la roche.

-Quoi alors.

-La jalousie des dieux s'est abattue sur moi.

« La ja... comme moi ? »

-Un enfer brûle sous mes écailles.

-La Flamme ?!

Tourmente resta sous le choc. Cette dragonne aurait la même Malédiction qu'elle ?

-Peut-être l'appelles-tu comme ça. Je sais que toi aussi, tu brûle de la même manière que moi intérieurement. Je le sens.

Elle baissa la tête à son niveau, fixant les iris oranges de la dragonne, avec les siennes, avant de regarder tous les autres dragons présents dans a grotte.

-Mais... Quel âge avez-vous ? Osa demander Rafale.

Elle lâcha un son de gorge songeur.

-Pas loin de mille-six-cent ans.

La seule chose que Tourmente réussit à se dire à ce moment là fut : « Ah, Antilope avait tort. Pas mille-cinq-cent ! » Stupide.

Malgré tout, elle fixa la dragonne. Outra sa grande taille, et ses cornes surdimensionnées, elle ne ressemblait pas à un dragon de plus de mille ans. Une centaine tout au plus, avec une taille multiplié par presque trois.

-Mais... Comment se fait-il que vous soyez... Enfin que vous sembliez pas avoir votre âge.

Elle lâcha un petit rire, qui se traduisit par des soufflement de gorge étranges.

-J'ai le Don de Guérison.

Tous se tournèrent d'un bloc vers Glaciale, même Arc-en-Ciel, toujours tétanisée dans son coin.

-Oui, petite dragonne. Comme toi.

-Mais... Comment ça se fait ?

-Les dieux ont jetés leur dévolu sur moi. Je vais vous raconter.

Elle s'essaya avec un petit grognement.

-Vous connaissez sans doute la raison de la Malédiction des dragons Magma ?

-Oui. Pyrolia a tenté de briser l'oeuf de Lumia, car elle était jalouse que Voltalio ai choisit Noctura et non elle comme femme.

-Exact. Mais on oublie souvent le fin mot de l'histoire. Noctura a donc choisit de maudire un œuf des protégés de Pyrolia tous les cinq cents ans, qui brûlerai d'un feu intérieur qui le consumerai au fur et à mesure des années. Quelque chose de dangereux pour lui, et pour les autres, pour cause que la Flamme, comme tu l'appelles, est très instable. Une émotion trop forte suffit à en perdre le contrôle.

Glaciale, Tourmente, Granite, Assaillant et Sable firent oui de la tête, tandis que les autres écoutaient. Eux connaissaient cette partie de l'histoire, notamment pour en avoir parlé dans la bibliothèque royale des Écailles de Rivière.

-Mais ça ne s'est pas arrêté là. Natura, la sœur jumelle de Pyrolia, ne pouvait pas laisser faire une chose pareille. Elles ont toujours été l'exact opposé, si bien que beaucoup ignorent qu'elle sont sœur jumelles.

Elle souffla un bon coup, avant de reprendre.

-Alors, pour aider sa sœur, elle décréta que tous les cinq-cent ans, un dragon de n'importe quel clan naîtrai avec le Don de Guérison. Pour empêcher la Flamme de consumer son propriétaire. Ces deux dragons sont lié. Pour moi, la Malédiction et le contre-sort sont tombés sur le même dragon.

Il y eut un long moment de silence, pendant lequel Glaciale et Tourmente se regardèrent.

« C'était donc pour ça, dans l'Arène. Elle a guérit son cou, je l'ai sentit, et ça a en plus guérit toutes mes blessures... »

Tourmente se leva doucement, et sans lâcher ces yeux verts, alla prendre Glaciale dans ses bras.

Au bout d'un long moment, elles se séparèrent. Tourmente put apercevoir une lueur farouche dans ses pupilles. Elle se tourna vers la dragonne, pleine de confiance.

« Ohoh... »

-Quel est votre nom ?

Tous les dragons regardèrent Glaciale, une idée s'insinuant plus ou moins dans leur esprit. Sable sembla être le premier à comprendre. Peut-être même qu'il s'en doutait depuis un petit moment déjà.

La dragonne, elle, eut un petit sourire, avant de rebaisser sa tête au plus bas du sol, l'illuminant légèrement.

-Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas poser cette question...

Ses iris bordeaux ne bougèrent pas des yeux de Glaciale, qui elle même ne bougea pas une écaille.

-Mon nom est Souvenir.

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