Puis, Lucas s'avance vers moi.. Je ne sais que faire car je ne comprends pas son geste. Alors j'attends.
Finalement, il s'assoit sur mon lit, tout près de moi, avant de tendre sa main vers mes joues. . Il les caresse une par une, comme si j'avais pleuré. .
Son geste est si doux que j'ai peur de bouger et ainsi " tout briser " . . Voir mon client aussi attentionné me perturbe.

Ce qu'il pouvait être lunatique, des fois. Pensé-je en m'empressant de verrouiller mon écran avant qu'il n'ait la merveilleuse idée d'y jeter un coup d'œil.

- Vous avez pleuré. . Se répète-t-il soucieusement.

Mais le plus surprenant est le fait qu'il ait raison !

Aussitôt je me maudis d'être assez faible pour verser de nouvelles larmes devant mon client.

- À quoi vous pensiez ? S'enquit celui-ci.

Je m'essuie presque rageusement le restant de mes larmes.

- À rien d'important. Lui assuré-je d'une voix forte. Excusez-moi, je ne m'en suis pas rendue compte, pardon.

Lucas grimaça face à mon mensonge.
Mais je ne me démonte pas et continue de l'observer.
À travers ses sombres émeraudes je ne distingue pas toute la douleur, toute la peur et toute l'horreur qu'il avait pu ressentir durant son séjour en prison. . Je n'arrive même pas à m'imaginer quel horrible sentiment d'humiliation il avait pu ressentir et tout ça.. On ne le distinguait même pas dans ses yeux !
D'un seul coup, je comprends mieux maintenant le comportement perturbé qu'il avait. .et ses sautes d'humeur. .

Flash-Back :

" Pourquoi me regarde-t-il comme si j'allais lui faire du mal ? "

" Pourquoi semblait-il aussi désagréable ? "

Fin des Flash-Back

Je m'en veux tellement de ne pas m'en être rendue compte plus tôt. . Pensé-je, culpabilisante. Si j'avais été plus à l'affût des détails ça nous aurait peut-être évite d'en arriver là.. À être chez mes parents alors que je n'avais pas remis les pieds depuis deux ans. . Et je j'aurais peut-être même pas besoin de travailler sous deux fausses identités à l'entreprise..

Je m'arrêtai soudain dans mes pensées en ayant une folle idée.

Mais oui ! Et si je leur faisais croire que nous étions de l'intérim ? Ah, et après je n'aurais qu'à leur dire qu'on ne se sent pas à l'aise.. Non, c'est nul. Me réctifié-je. Ah ! Si j'explique que notre contrat là-bas n'est que d'une semaine, ça passerait mieux, non ?
Il le faut! Me motivé-je, requinquée.

J'espère juste avoir assez de temps pour le renseigner sur Claudia Roussel !

- Vous allez où ? M'inquiété-je soudain en voyant Lucas se lever pour se diriger vers la porte.

Je l'avais complétement oublié celui-là. .

Ce dernier me regarde mais je me dit rien.
Prise de panique, je descendis du lit le plus rapidement possible mais tout ce que j'arrive à faire c'est ouvrir une de mes blessures.. Je le sens, je le sais. Une petite plainte m'échappe tandis que je n'ai pas mal ; c'était juste un réflexe car la douleur physique ne faisait plus partie de mon vocabulaire depuis mon enfance. .

- Attendez-moi ici! S'enquit-il aussitôt tout en pensant " Mais quelle obstinée ! ".

Je grimace à l'idée de le laisser tout seul.

- Vous me promettez de ne pas vous enfuir à nouveau ? Lui demandé-je.

Il hausse les épaules.

Ma grimace s'accentue et je me maudis d'avoir ces fichues blessures aux jambes !

Il le remarqua sûrement car il ajouta :

- Je vais vous chercher la trousse de secours. Vous saignée encore, et vous ne pouvez bouger, je me trompe ?

D'un coup, je me sens mieux..

- Vous n'êtes pas obligé. M'enquis-je. Je n'ai absolument pas mal. Et puis, je pense être assez grande pour m'occuper de moi-même !

Il esquisse un sourire..mais pas de ces sourires bienveillants et heureux, non.
Le sien était amusé et presque moqueur !
Comme s'il savait que je lui mentais.. Comme s'il lisait en moi comme dans un livre ouvert!

Finalement, il s'en va.

Alors je tords mes mains en l'attendant. Et après quelques secondes, je jette un coup d'œil à ma montre-réveil.