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Je n'ai pas dormi de la nuit. Les pensées venaient, s'entremêlaient, j'en suais. Je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était, c'était impossible. Je me suis posé beaucoup de questions sur moi, sur Andrew. La manière dont je voyais les choses, les gens, les garçons... lui. Et j'ai fini par comprendre que Karen n'avait pas forcément tort. C'était vrai, après tout, je n'avais jamais rien ressenti pour une fille. Mais est-ce que cela faisait de moi un gay ? Du plus loin que je me souvienne, je m'étais senti différent des autres garçons, de mes amis. Ils couchaient avec des filles, pas moi. Je n'étais pas intéressé. Quelques années plus tôt, un ami m'avait demandé si j'étais « pédé ou quoi » parce qu'il me voyait grandir sans jamais sortir avec qui que ce soit. On en avait ri, et aujourd'hui j'y repense sérieusement. Pédé. On utilise généralement ce mot pour insulter quelqu'un. Et même pour rire, comme cet ami-là. Mais il y a deux choses : être homosexuel n'a rien d'insultant, et il n'y aucune raison d'en rire. Aujourd'hui avec du recul, j'ai honte. Mais je pense à ces milliers – millions – de personnes qui lancent ce mot à la volée, sans vraiment en comprendre le sens et sans savoir à quel point il peut heurter profondément celui en face. Je pense qu'on n'en parlait pas assez. Heureusement que les choses ont changé à présent.

Puis j'ai repensé, une fois de plus, à Andrew. Je me suis demandé si j'étais attiré par lui. Il était beau, certes. Très. Mais ne peut-on pas trouver quelqu'un du même sexe que soi beau sans pourtant le désirer ? J'en ai conclu que ça ne voulait rien dire. Puis j'ai repensé à cette journée-là, où je n'ai fait que l'attendre impatiemment, et aussi lorsque nous étions coudes à coudes à la librairie. J'avais peut-être ressenti quelque chose, c'est vrai. Mais qu'est-ce qu'il en avait à faire de moi, lui ? Pas grand-chose, ai-je pensé.

J'ai soupiré. Il était une heure du matin bien passée. Le sommeil n'était pas là. Andrew semblait dormir, à côté. Pas de conversation nocturne, cette fois-là. J'ai imaginé ses paupières closes, renfermant le trésor qu'étaient ces yeux d'une beauté rare, ses lèvres roses entrouvertes. Il était peut-être torse nu. Peut-être en caleçon ? Et s'il n'avait rien ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de me fourrer la tête dans l'oreiller moelleux en grommelant pour tenter d'effacer ces pensées de mon crâne. Mais qu'est-ce qu'il me prenait, bon sang ? Je n'avais tout de même pas envie de lui ! Et pourtant, je ne cessais de penser à son souffle cadencé, son parfum vanille, ses cheveux dorés, et les moments passés avec lui lors de ces six derniers jours. Je me suis demandé ensuite ce qu'était le coup de cœur. Était-ce ce dont parlais Karen ? Les... papillons ? Les mains moites ? Non, j'avais cruellement besoin de dormir. Je délirais sans doute. La nuit porte conseil, comme on dit.

*

Cette nuit-là, j'ai rêvé de l'embrasser.

Je me suis réveillé en sueur, il était six heures.

J'ai cru que je devenais parano, je ne me suis pas senti bien. Mon front était trempé, mes draps aussi. J'avais bien trop chaud, il me fallait de l'air. J'ai rejeté la couverture fine d'un mouvement de bras, et jeté l'oreiller à l'autre bout de la pièce avant de passer les mains dans mes cheveux. Je ne savais plus quoi penser. J'avais embrassé Andrew, ressenti ses lèvres contre les miennes, nos langues se cherchaient. Pourquoi rêvais-je donc de ça, merde ? J'en ai voulu à Karen de m'avoir parlé de ces choses-là. Mais, parallèlement, j'en ai été heureux. Parce qu'elle avait peut-être mis sur la table les vraies questions à me poser. Elle ne m'avait pas jugé, au contraire. Mais avait plutôt essayé de m'aider comme elle le pouvait. Les adolescents ont tendance à se chercher dans leur sexualité, il leur faut un guide. Le mien était Karen, la mère du... peut-être... « crush » ? Cette idée me rendait à la fois fou, excité, et incroyablement terrifié. Mais pourquoi, au juste ? En y pensant, j'étais idiot. Si j'étais vraiment attiré par les garçons, qu'il en soit ainsi. Garçon ou fille, on s'en fiche non ? Il n'y avait aucun mal. Peut-être que j'étais simplement déstabilisé. La vérité perturbe souvent lorsque l'on met trop de temps à la découvrir.

J'essayais de me convaincre avec des beaux discours.

La chaleur qui m'envahissait m'était insupportable. J'ai décidé d'aller ouvrir la fenêtre, mais j'ai compris que ça ne suffirait pas. Il me fallait une douche. Et froide. Elle laverait sans doute au passage les pensées inutiles. J'ai saisi dans mon armoire ma serviette encore humide (elle était restée en boule...) et ai pénétré dans la salle de bain. J'ai allumé l'interrupteur. Andrew avait laissé des traces de pieds sur le tapis de bain, j'en ai souri sans comprendre vraiment pourquoi. Il y avait encore ce parfum errant dans l'air humide, que je reconnaîtrais entre tous. Pourquoi donc m'attachais-je à ce genre de détails ? Sans doute parce que Andrew m'intéressait, et que je refusais inconsciemment de me l'avouer. Mais j'étais au moins conscient d'une chose qui avait son importance : je ne pouvais m'empêcher de penser à lui.

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