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Brooke s'est précipitée à sa suite. Mais Andrew fonçait, les poings serrés. La tablée les regardait, la bouche entrouverte. Ils étaient tout aussi perturbés que je l'étais. Voir moins, quand même. Beaucoup trop d'informations s'entrechoquaient dans mon crâne déjà plein. Karen semblait davantage confuse, elle ne cessait d'agiter ses paupières et de froncer ses sourcils. Je pense qu'elle ne s'est pas levée car elle a du se dire que Brooke et Andrew résoudraient leurs histoires eux-mêmes. Mais on la sentait tout de même inquiète.

Je réfléchissais à ce qu'il venait de se passer devant mes yeux il y a quelques minutes seulement. Je me bloquais la nuque en y plaçant mes mains moites, baissait la tête. La nappe rouge était moins angoissante à regarder que tous ces visages figés.

Brooke lui avait simplement demandé comment il me trouvait. Enfin, d'une façon particulière quand même. On avait eu l'impression qu'elle... et bien... demandé comme s'il s'intéressait à des garçons, lui aussi. Lui aussi ? Pas de conclusion hâtive, me suis-je dit. Il est trop tôt pour savoir.

Mais si c'était le cas ? Et si Andrew Maxwell... Était-ce pour cela que Karen m'avait parlé de ces choses-là ? J'ai pensé que la meilleure manière de le savoir était de poser la question à lui-même directement. Ou Brooke ; ça marchait aussi. (Et c'était moins... gênant.)

Je ne savais définitivement plus quoi penser. Alors je me suis dit que la meilleure chose à faire était d'attendre qu'il se passe quelque chose d'autre, et espérer que ce quelque chose d'autre m'aide à comprendre tout ça. C'était beaucoup de nouveautés en une semaine, et n'étais pas tout à fait détendu avec ces idées d'homosexualité. Même si je suis certain qu'au fond de moi j'étais conscient que c'était sans aucun doute une partie de moi que je tentais de renier. Peut-être pour mon père, inconsciemment.

Soudain, nous avons entendu Brooke redescendre les escaliers à une vitesse folle. Cela changeait d'Andrew. J'ai relevé la tête et me suis aperçu que les adultes parlaient maintenant entre eux, à voix basse. Il faut comprendre que je ne savais vraiment pas où me mettre. La blonde extravertie s'est approchée de moi précipitamment, je me suis accroché au tabouret. Ne pouvait-elle donc pas me laisser en dehors de tout ça ? Ca ne semblait malheureusement pas être dans ses plans. J'espérais juste qu'elle ne me demande pas d'aller lui parler. Plus angoissant, il n'y avait pas. Je ne voulais pas rougir. Ni faillir. Me trahir. J'avais encore besoin de temps !

— Il faudrait que tu ailles parler à Andrew, tout de suite ! m'a-t-elle « murmuré » dans l'oreille.

— Tout de suite ?

J'ai commencé à trembler.

— Tout de suite, ouais.

— Avec toi ?

—  Non, idiot. Au fait, ton accent est cool.

Elle paraissait vraiment sereine, pour quelqu'un qui venait de se faire traiter de conasse par Andrew Maxwell.

La blonde a remarqué ma détresse alors m'a saisi la main et j'ai été contraint à me lever du tabouret. J'ai manqué au passage de renverser le verre de jus d'orange posé sur le coin de la table. Mais c'était de loin le moins important. Quoi que. Me faire remarquer n'aurait pas été agréable.

— Dépêche, avant qu'il ne saute par la fenêtre.

J'ai écarquillé les yeux.

— Il... ferait ça ?

— Tu crois quoi ? C'est pas parce que d'apparence c'est un garçon sage que c'est forcément le cas ! Bon, allez grouille !

Je ne voulais pas y aller. Encore moins sans elle, qui avait l'air de tenir à rester en bas.

Elle m'a laissé sur la première marche de l'escalier avant de s'éloigner à reculons, l'air malicieux. Mon cœur battait à mille à l'heure. Mais pourquoi, bon sang ? Qu'avais-je ?

Brooke m'a lancé un regard du tonnerre lorsqu'elle m'a vu rester bloqué, incapable d'aller plus haut que cette foutue marche. J'étais ridicule mais c'était comme ça. Je n'allais pas y arriver... Et pourtant, une partie profonde de moi en avait envie. Envie de revoir les cheveux blonds, le thorax à découvert... Et toutes ces choses que j'avais en tête qui me faisaient comprendre que je l'observais beaucoup trop pour connaître à ce point les moindres parcelles de son corps.

— C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? s'est exclamée la blonde, de son poste de surveillance extrême.

— Tu n'as qu'as y aller, toi !

— J'y reviens.

— Et alors ? Il est plus... calme ?

Elle souffla d'un air désespéré.

— Tu parles de lui comme d'un monstre, je trouve que tu exagères. Et si tu veux vraiment le savoir, tu n'as qu'à monter !

Elle a levé les yeux au ciel et a regagné le salon. Elle faisait semblant d'abandonner la partie ; pourtant, j'avais bien compris que je n'avais pas intérêt à la rejoindre sans être passé par la case... Andrew.

Et puis merde. De quoi avais-je peur, au juste ?

De me trahir, sans le moindre doute.

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