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Il a saisi mon visage entre ses doigts pour le repousser gentiment, tout en s'écartant lui aussi.

Il a ri.

— Arrête ça, Léonard.

— Mais quoi ?

Mon cœur battait à mille à l'heure et je ne cessais de sourire. Autour de moi, le paysage s'était redessiné, peignant alors les nombreuses personnes aux alentours. Aucune ne prêtait attention à nous.

— Tu le sais très bien, a-t-il murmuré en redevenant calme.

J'ai lâché un « hum » faible avant de détourner le regard. Puis je me suis allongé dans l'herbe, ai posé l'œuvre de Shakespeare sur mes yeux.

— Il y a du monde, tu vois, a poursuivi Andrew en chuchotant presque.

— Oui, je sais.

— D'accord. Tant mieux.

Nous avons gardé le silence. Andrew s'est allongé non loin de mon corps étalé sur l'herbe et je l'ai su parce que je l'observais d'un œil discret. Je crois que nous étions bien, ainsi.

J'ai écouté le chant des oiseaux se mêlant aux conversations multiples et à la respiration du blond qui semblait apaisé. Cela m'a surpris qu'il le soit, d'ailleurs. Parce que nous étions dans un lieu publique et nous nous étions presque embrassés. Presque.

Oh comme j'aurais aimé sentir au bout de mes lèvres les siennes, frémissantes. Si douces les avais-je imaginées. Les miennes n'étaient qu'amoureuses ; j'espérais qu'il saisisse cet amour à la volée. Mais il n'en avait rien été de tout ça, et cela ne me surprenait pas.

L'herbe était fraîche, le soleil radieux. De plus en plus puissant, il réchauffait ma peau. Je me suis demandé si Andrew allait enfin bronzer, mais ça me semblait improbable.

— Tu ne poursuis pas ta lecture ? a soufflé Andrew en relevant la tête en ma direction.

— Tu m'espionnes maintenant ?

J'ai pouffé et lui ai lancé un regard malin.

— Parce que tu crois que je ne te vois pas, depuis tout à l'heure ?

— Je ne vois pas de quoi tu parles, ai-je répondu en feignant l'innocence.

— C'est ça.

Nous avons laissé nos tête retomber au sol et apprécié la presque-chaleur. J'aimais tout ça, et ne voulait pas gâcher ce moment. Même si une question narguait mes lèvres : « qu'est-ce qu'il se passe avec ton père ? ».

Puis j'ai entendu Andrew remuer ; il se levait. Je me suis immédiatement redressé.

— Qu'est-ce que tu fais ? lui ai-je demandé.

— J'aimerais te montrer quelque chose.

— Quel genre de quelque chose ?

— Quand est-ce que tu arrêteras de poser des questions ?

Nous avons souri.

— Ok, je te suis.

Il m'a tendu sa main, et nous avons quitté l'espace gazonné.

J'ai mis mes mains dans mes poches en espérant qu'ainsi elles gardent tout de celles d'Andrew.

Nous avons emprunté Constitution Hill, une célèbre avenue de Londres. Je savais qu'elle menait à Buckingham Palace. Était-ce là, où nous nous rendions ? Je n'en avais aucune idée. Autour de nous s'étendait Green Park, que nous traversions. Les nombreux arbres offraient une ombre appréciable. Nous avancions lentement parce qu'Andrew était ainsi.

— Tu sais pourquoi ça s'appelle Constitution Hill ?

— Non, ai-je ri.

— A ton avis ?

J'ai haussé les épaules.

— Je n'en sais rien.

— Tu me déçois, m'a-t-il taquiné.

Il m'a donné un coup de coude gentil que je lui ai rendu dans la seconde.

— Alors ?

— Hill. Tu ne vois donc pas que la route est en montée ?

J'ai fait mine d'apprendre quelque chose d'extraordinaire, en ouvrant grand la bouche et les yeux, et en lâchant un « ah ! » exagéré. Andrew a ri.

— N'empêche ça ne se remarque presque pas, tu exagères, ai-je ajouté en reprenant mon sérieux.

— Moi, exagérer ?

— Oui toi, exagérer.

— Ah.

— Ah.

Je l'ai bousculé légèrement, mais il ne m'a pas rendue la pareille, juste ri. Je ne faisais que quelques centimètres de moins que lui, et pourtant il me paraissait vraiment bien plus grand.

En silence, j'ai observé autour de moi. Les gens, le décors. Ces vieux lampadaires noirs qui participaient grandement au charme de l'avenue. Quand aux gens, je me suis rendu compte une fois de plus qu'ils ne nous regardaient pas parce qu'ils s'en fichaient.

— Est-ce que tu as un problème avec les gens en général ou seulement ceux de ton âge ? ai-je lâché en regardant droit devant.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il y a dix minutes tu m'as fait remarquer qu'il y avait du monde. C'est pour ça que... ?

Il avait le regard droit, lui aussi. Je ne sais pas pourquoi nous agissions de la sorte. Peut-être parce que nous ne voulions pas voir les expressions de l'autre à ce moment-là. Peut-être, mais je n'en savais rien au final.

— Que je ne t'ai pas laissé aller au bout de ton intention ? Entre autres. Et si tu veux vraiment savoir, j'ai un problème avec tout le monde.

Il était plus froid, plus distant. Je m'en suis voulu d'avoir posé cette question. Mais je devais l'assumer jusqu'au bout.

— Tu as un problème avec moi ?

— Tu veux vraiment savoir, Léonard ?

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