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Nous avons ensuite regagné la voiture – ça me faisait d'ailleurs étrange de ne pas prendre les transports en commun – et pris la route en direction de l'hôtel. Nous allions probablement arriver tout juste en même temps que Karen.

Quand nous avons débouché sur Brixton, j'ai commencé à m'exciter sur mon siège. A la fois super heureux, et terriblement angoissé. Je sentais mon cœur danser la salsa dans ma poitrine. Une salsa plus rapide que n'importe quelle autre. Et si les nouvelles n'étaient pas bonnes ? Et si ça ne se passait pas comme je l'espérais ? Et si Connor nous espionnait ? Peut-être que je devenais parano. Papa a garé la voiture le long du mur de l'hôtel. Il n'y avait pas grand monde. Nous sommes sortis, et avons claqué les portières. J'étais préoccupé. Je cherchais la voiture de Karen, au cas où elle était déjà arrivée. Rien à l'horizon ; je me suis dit qu'il fallait encore attendre un peu.

Mon père a ouvert la porte de l'hôtel et nous nous y sommes engouffrés. Mais alors que nous nous dirigions vers la chambre, on a crié mon prénom. Je me suis retourné aussitôt.

Karen souriait. Elle portait une jolie robe bleue nuit et des sandales. J'étais surpris et si heureux ! Ça me faisait tellement de bien de la revoir ! Je me suis avancé vers elle à grands pas pour venir la serrer dans mes bras, quoiqu'un peu timidement. Je me suis écarté au bout de quelques secondes, et mon père l'a saluée à son tour.

—    Je vous remercie infiniment pour ce que vous faîtes pour nos enfants, a-t-il dit d'un ton très sérieux en ne lui lâchant pas encore la main.

J'ai souri face à l'accent français. Ceci dit, son anglais s'avérait meilleur que ce dont je me souvenais.

—    A mon tour, je dois vous dire que j'admire que vous ayez fait toute cette route pour Léonard. Ce ne sont pas tous les pères qui feraient ça, a-t-elle alors répondu en souriant nerveusement.

J'ai ri à mon tour. Puis Karen a fait quelques pas en arrière pour nous voir tous les deux avant d'ajouter :

—    J'ai vu qu'il y avait une terrasse. On pourrait discuter dehors, qu'en pensez-vous ?

Elle s'agitait beaucoup par rapport à d'habitude. Qu'y avait-il donc ?

Nous avons approuvé d'un signe de tête et lui avons emboîté le pas. On aurait presque dit la maîtresse des lieux. La fraîcheur du bâtiment en briques a laissé place à la chaleur d'un soleil estival. J'ai porté une main à mes yeux, ébloui. Mes lunettes étaient dans la chambre. Et je n'arrêtais pas de sourire. Comme si tout était en train de s'arranger. Alors que pas du tout. On voyait juste Karen qui était d'ailleurs venue sans prévenir Connor. Et c'était lui, l'unique problème.

Fixant le sol à cause du soleil depuis que nous avions franchi la porte du Chimera Hostel, j'ai fini par relever les yeux pour ne pas me heurter aux deux tables et quatre chaises. C'est là que j'ai vu et que mon cœur s'est affolé. J'ai peiné à déglutir. L'une des assises était occupée. Il portait un bermuda beige et une chemise entrouverte. Sa peau, si blanche était-elle, reflétait chaque rayon solaire. Andrew était là. Sous mes yeux. Je suis resté paralysé quelques secondes avec un sourire idiot sur les lèvres, et lui aussi. J'ai eu encore plus chaud. Mon cœur a dansé plus vite. Il s'est levé. Je me suis approché en tremblant et l'ai serré dans mes bras.

Oh comme j'ai adoré retrouver son parfum, sa chaleur, sa peau, son cou, ses cheveux. Lui. Oh comme je l'aimais.

—    Tu m'as manqué, ai-je soufflé, au bord des larmes.

Il m'a serré plus fort avant de répondre :

—    Toi aussi.

Je ne voulais plus le lâcher.

Et pourtant, il a bien fallu.

Encore tout perturbé, j'ai tiré la chaise à côté de la sienne et nous nous sommes tous assis. Je savais à peine regarder Andrew, parce que j'avais l'impression que tout ça n'était qu'un rêve. J'avais peur de tourner la tête, de m'apercevoir qu'il n'était pas là, et que je n'étais qu'un fou. Mais son genou contre le mien, sous la table, m'a confirmé la réalité.

Soudain, mon père a posé sa main sur la mienne. Il ne l'avait jamais fait. Il a refermé légèrement ses doigts avant de murmurer, en nous regardant tous les trois un à un :

—    On va tout faire pour vous.

J'ai souri.

—    Karen ? a ajouté mon père, comme pour suggérer à celle-ci de commencer.

Celle-ci était un peu nerveuse. Elle ne cessait de baisser et remonter les yeux rapidement, de regarder partout.

Elle a replacé une de ses mèches brunes derrière son oreille.

—    Bon... a-t-elle commencé. Connor ne sait évidemment pas que nous sommes ici, ensemble. Andrew est censé être chez sa cousine, et Léonard en France.

Nous avons tous approuvé d'un signe de tête.

—    Andrew pourrait dormir ici ce soir, il n'en saurait rien.

—    Oui, bien sûr ! a approuvé mon père qui ne savait visiblement pas trop quoi dire d'autre.

J'ai souri avant de me tourner vers Andrew. Contre toute attente, il avait le regard vide, comme perdu. Timidement, j'ai posé ma main sur sa cuisse pour le ramener à nous. Il a cligné rapidement des yeux et esquissé un rictus.

—    Ça te va ? lui ai-je demandé, les yeux plongés dans les siens.

—    Oui. Oui, évidemment.

Mon père, qui semblait avoir remarqué l'air hésitant d'Andrew, s'est tourné vers lui.

—    Tu n'as pas à t'en faire, Andrew. D'accord ? On est là pour vous.

Puis il a regardé Karen.

—    Excusez-moi d'avance, je ne voudrais pas paraître indiscret mais...

Il s'est frotté le menton.

—    Est-ce que cette situation de fuite vous convient ?

La mère d'Andrew a paru surprise, puis triste. Profondément.

—    Je... je ne pense pas.

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