? - Les Rêveurs

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    I

Ta main s'étendait comme une blanche araignée,

Tes yeux étincelaient tels des joyaux anciens

Quand tu voyais ce monde que tu faisais tien.

Ce regard pardonnait ma liberté déniée.


Ton rêve était si grand, si grand, si beau, si pur

Que sans le vouloir à lui je m'inféodais.

Quand j'ignorais pourquoi mon sang se répandait

Tes batailles donnaient un sens à mes blessures.


Ô toi qui voulais tout, moi qui ne voulais rien.

Ton regard clairvoyant qui déchirait les cieux,

Mettait à nu les hommes et contrecarrait Dieu,

Ce regard m'a soumis, et ton œil m'a fait tien.


      II

« Il y a, disais-tu, des rêveurs qui aspirent

A l'hégémonie de leur seule ambition

Ces rêveurs ne demandent nulle absolution :

C'est au nom du dieu « Rêve » qu'ils meurent en martyrs.


Ces rêveurs ont leurs mains toutes souillées de sang

Et de larmes où ils bénissent leur idéal ;

Et tandis que pour eux périssent leur féal,

Leurs yeux secs sont encor tournés vers le versant


Ombragé du mont qu'ils gravissent avec l'espoir

De trouver au sommet le lieu qui leur échoit :

Ce trône qu'ils cherchent, dont ils veulent le choix

C'est le sommet du monde glorieux dans son soir.


Cette quête absurde est tout pour le malheureux

Rêveur qui est prêt à tout sacrifier pour elle :

Joie, plaisirs, amis, amants, frères, pour les ailes

Avec lesquelles il vole loin des sols ombreux


Qui l'ont vu naître et où il refuse de vivre. »

      III

Tu parlais ainsi et moi j'écoutais, muet,

Emu par tes mots qu'à peine je comprenais

Mais dont la grandeur me grisait comme un homme ivre :


Ivre d'infinis, ivre de gloires incertaines,

Ivre d'horizons vastes, ivres de douleurs saintes,

De voir ta tête d'une couronne d'or ceinte,

Dans l'ombre d'applaudir ta valeur souveraine ;


Ivre de trouver enfin en toi la raison

Pour laquelle je suis, pour laquelle je souffre,

Combler le vide de mon cœur qui comme un gouffre

S'ouvre béant, révélant ma résignation.


Et qu'importait si je n'étais qu'un engrenage,

Un outil, tremplin vers tes accomplissements !

Je n'aspirais qu'à la fin de mes errements,

A trouver un but où jeter toute ma rage.


Je n'avais pas de rêve : j'embrassai le tien.

Je me battais pour lui, me forçait à y croire ;

Pour moi était le sang, pour toi était la gloire,

Toi qui voulais tout et toi qui tout obtient.


     IV

Ta main s'étendra jusqu'à saisir les étoiles

Tes yeux clairs dissiperont toujours la nuit

Eclairant mon chemin, dans tes pas que je suis

Jusqu'à ce qu'un jour, je l'espère, se dévoile


Enfin ma vérité, enfin mon propre rêve !

J'arracherai mes pas des tiens sans un remord ;

Pareil à toi je saurai le sens de ma mort

Car j'aurai ma quête et je marcherai sans trêve


Loin de toi et ton rêve, libre des entraves,

Affronter mes désirs, exaucer ce seul souhait,

Et peut-être nous verrons nous dans les sommets...

Je suis las d'être du rêve d'un autre esclave.

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