Partie unique

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Allongé sur l'unique lit de la pièce, un homme attendait. Quoi, il ne savait plus. Le nombre de fois où il avait parcouru les fissures de ce plafond des yeux, il ne comptait plus. Il restait juste là. Le regard perdu dans le vague, à laisser les minutes s'écouler inlassablement, le temps continuant son fil imperturbable, cruellement, paradoxalement pour cet homme pour qui tout semblait s'être arrêté brutalement. Lui aussi, il s'était arrêté. Parce que de toute façon, vivre était désormais trop dur.

La douce lueur de l'aube vint éclairer doucement la chambre, filtrant à travers les rideaux satins. Le matin arrivait.

« Taehyung ? » fit alors une voix.

- Hm ?

- Je suis désolé.

- ...

- J'aurai du te prévenir, pardon. Tu comprends, j'avais peur. Peur que tu me laisses en apprenant.

- ... Je ne l'aurai jamais fait.

- Je sais. Mais j'avais peur. Je suis bien conscient que tu t'es sentit trahit. Excuse moi.

- C'est bon.

- Je n'ai pas fini.

- Arrête de t'excuser.

- Je me sentirais mal, si je ne le faisais pas.

- ...

- Ce n'est pas ta faute Tae, tu le sais hein ?

- Je ne suis pas sur...

- Pourquoi ?

- J'aurai dû remarquer.

- J'aurai dû te le dire.

- ... Mais tu ne l'a pas fait.

- Non. Je ne l'ai pas fait. Et je suis désolé.

- ... Ce n'est pas pour ça que tu devrais être désolé.

- Pour quoi, alors ?

- Pour être mort, Jungkook. »

Un silence. Le mot mort se répercutait cruellement dans la tête de l'homme allongé, mis à côté d'un nom qui n'aurait pas dû être là. Pas aussi tôt.

« Tu me pardonneras, un jour ?

- ... Je ne sais pas. On avait construit notre vie ensemble, Jungkook. On avait enfin finit de rembourser la maison. T'étais pris à ton nouveau job. On l'avait dit à mes parents. Je suis perdu, sans toi. Me réveiller seul dans notre lit me semble insupportable.

- Tu n'es pas seul.

- Tu es mort.

- ... Oui.

- Alors je suis seul. »

Un froissement de dras se fit entendre dans la pièce doucement éclairée par le soleil du matin, mais Taehyung n'osa pas tourner la tête. Il avait peur de croiser son regard ; lui qui lui manquait tant ; et de revenir brutalement à la réalité en constatant que le lit était vide de toute autre présence, froid.

« Tae. »

L'homme ferma un instant les yeux face au son si cruel de la voix mélodieuse de son défunt amant, puis les rouvrit pour les planter dans le plafond.

« Qu'est ce qu'il y a ?

- Tu m'en veux ?

- J'aimerais. Mais je n'en suis pas capable.

- Pourquoi ?

- Parce que même si tu es parti, je t'aime Jungkook. »

Un nouveau silence. Court, bref, mais semblant durer une éternité dans le coeur vide de Taehyung.

« ... Arrête. » fit finalement la voix de l'absent.

- Arrêter quoi ?

- De m'aimer. De tourner en rond dans cette maison sans voir personne. De penser à moi. Tu es vivant Tae, et tu dois vivre.

- Ça semble si dur sans toi...

- Dur, mais pas infaisable.

- Peut être bien que si.

- Non. Tu dis ça parce que tu restes bloqué dans le passé.

- C'est faux.

- Je t'assure que je dis la vérité.

- Je ne suis pas bloqué dans le passé, Jungkook, je suis bloqué dans notre avenir.

- ...

- Ce futur qui n'aura jamais lieu, cette vie que j'ai cru toute tracée qui s'est effacée avant même d'avoir vu le jour. Je nous voyais déjà, tu sais. Dans cette nouvelle maison, à trente ans, quarante ans, puis soixante ans. On aurait eu des chats. Qui sait, peut être même aurions nous adopté cet enfant que tu voulais tant, pour lequel on avait justement déménagé.

- Tae...

- J'aurai fini cette BD que tu lisais en souriant, en me disant que ça allait marcher, puis je l'aurai présentée à un éditeur. La suite n'avait pas grande importance, tant que j'étais avec toi.

- Taehyung... »

La voix de ce dernier se noua, une première larme venant franchir la barrière invisible de ses yeux.

« Je t'aime Jungkook. Je t'aime comme un fou. Je suis complètement paumé sans toi, je ne sais plus quoi faire. Ni de cette maison bien trop grande pour moi, ni de ces papiers d'adoption qui attendent toujours sur mon bureau, ni de ma putain d'existence. »

L'espace d'un instant, il cru sentir la main de son aimé se poser sur sa joue, la caressant délicatement pour essuyer ses larmes de son pouce, d'un geste réconfortant comme il avait l'habitude de le faire avant.

Avant que la maladie n'aie raison de lui.

Avant que son corps ne lâche prise dans un dernier soupir, un dernier souffle de vie.

Avant que ses muscles ne se relâchent dans les bras de Taehyung.

Avant que Jungkook ne meurt.

Alité dans ce lit d'hôpital, tellement drogué à la morphine qu'il sentait à peine les caresses tremblantes de son amant, ces mains qui se perdaient délicatement dans ses cheveux, ces larmes qui s'échouaient dans son cou.

Cette nuit là, dans la chambre 207 de l'hôpital de Busan, le jeune homme avait respiré pour la dernière fois.

Et alors qu'enfin l'avenir lui tendait les bras, alors que jamais le futur n'avait semblé plus clair que dans cette maison qu'ils avaient retapé pour y construire leur vie ; il avait quitté ce monde à jamais, laissant son amant et ses projets de famille derrière lui.

Le vide qui emplissait le coeur de Taehyung laissa alors peu à peu place à la peine, et il laissa ses sentiments déferler sur son visage. Il n'avait même plus la force d'essayer de les retenir.

« Je te demande pardon, Tae. » fit la voix désolée du mort. « Mais je ne pouvais plus. Je n'y arrivais plus.

- ...

- Je n'ai plus mal, maintenant.

- ... Moi si.

- Je sais. Mais ça va passer. Tu vas te relever. Et un jour, je ne serais plus qu'un souvenir nostalgique dans un coin de ta tête, une figure de ta vie passée.

- Je ne veux pas t'oublier.

- Ça ne sera pas le cas.

- Quelque part, si.

- Non. Tu auras juste trouvé le courage d'avancer, de continuer.

- Je ne peux pas sans toi.

- Si. Parce que tu es fort. »

Le coeur douloureusement serré dans sa poitrine, Taehyung ferma à nouveau les yeux. Comme pour essayer d'accepter ces mots qui peinaient à s'aligner dans son esprit morne, de les comprendre, les entendre. Il tenta un instant de s'imaginer continuer de vivre sans Jungkook à ses côtés, faire de nouvelles rencontres, reconstruire quelque chose sur les ruines de ce qui avait été brutalement détruit... Mais c'était dur. Affreusement dur.

Ignorant le tiraillement dans sa poitrine, le jeune homme osa enfin rouvrir ses paupières, à nouveau, et tourner lentement la tête vers son amant disparu. Et là, à ce moment précis, son coeur se comprima davantage, de façon presque insupportable tant s'en était douloureux.

Mais quelque part, derrière toutes ces souffrances qui duraient depuis trop longtemps, une douce chaleur naissait doucement en lui, et réchauffait son corps endeuillé.

Il aurait juré de le voir. Là, le regardant aussi avec ses yeux tristement amoureux, ses mèches noires lui tombant sur le front, sa peau laiteuse, sa mâchoire, son petit grain de beauté au dessus du menton ; et par dessus tout, ses lèvres doucement étirés dans un fin sourire. Un sourire triste, nostalgique, aimant, mais plus que tout réconfortant.

Allongé une dernière fois à ces côtes, Jungkook lui souriait.

Taehyung sentit une nouvelle larme rouler sur sa joue, mais étrangement, la douleur qui lui étreignait le coeur devenait supportable. Il planta son regard humide dans celui tendre de son amant, puis demanda finalement dans un souffle :

« Tu savais depuis combien de temps ?

- Pour quoi ?

- Pour ta maladie.

- Pas bien longtemps avant toi, à vrai dire. J'ai commencé à m'en douter quand les premiers symptômes sont apparus.

- ... Tu aurais dû m'en parler tout de suite.

- Ça n'aurait servit à rien.

- Tu aurais peut être pu être sauvé.

- Non Tae. Ils n'ont rien trouvé aux deux premiers dépistages, un troisième plus tôt n'aurait rien changé.

- Non...

- On a fait tout ce qu'on a pu, mon amour. »

Les prunelles de Taehyung s'embuèrent une nouvelle fois à ces mots, la peine lui nouant la gorge. Il observa une dernière fois le visage éphémère de celui qu'il avait tant aimé, et murmura d'une voix presque inaudible :

« Tu me manques....

- Je sais.

- Je suis vraiment perdu, je ne sais plus quoi faire sans toi... Dis moi, s'il te plaît, je n'en peut plus de me réveiller seul le matin, de n'avoir personne à qui parler, personne pour m'écouter...

- Tu veux que je te dises quoi faire ?

- Je t'en supplie. » souffla faiblement Taehyung.

Un dernier silence. Une main qui venait délicatement saisir celle de son partenaire. Puis une réponse, simple et courte :

« Vis. »

Et l'image de Jungkook s'effaçait doucement, devenant un souvenir qui veillait sur cet homme qu'il avait chéri, aimé, désiré.

Mais qui devait recommencer de vivre malgré tout.

FIN.

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