- Je te prie de répéter ce que je viens de dire. Avec qui ?

- Narcissa Black.

La voix froide de Lucius résonnait étrangement dans la salle aux grands murs.

- Tu vas te marier avec Narcissa.

- Oui, père.

C'était comme ça que cela fonctionnait : un Malfoy se devait de préserver la lignée Sang-Pur. Pour cela, Lucius Malfoy allait épouser Narcissa Black, avec qui il était fiancé depuis son plus jeune âge.
Lucius avait pour le moins été surpris, si ce n'est dégouté, par le mariage de la sœur de sa promise avec un né-moldu du nom de Ted Tonks. Il avait néanmoins été rassuré lorsque Narcissa avait renié cette, quel était son nom déjà ? Ah, Andromeda.
Quelle idée, de mélanger son sang avec celui des impurs ! Quelle honte pour une famille...
Mais les Malfoy n'étaient pas ainsi. Ils croyaient en la suprématie du Sang pur, et méprisaient les sang mêlés, plus communément appelés sang de bourbe.
Lucius ne comprenait pas pourquoi on n'interdisait pas le mariage entre purs et impurs.
Lucius ne comprenait pas pourquoi on acceptait les sang mêlés comme des sorciers.
Lucius ne comprenait pas ce que les Cracmols avaient à faire dans le monde magique.
Pour lui, un sorcier, homme ou femme, se devait d'être pur, doué.
Et pour un Malfoy... Un Malfoy devait être beau, froid, inatteignable, intelligent, de sang-pur, il devait pouvoir assurer sa descendance. C'est pour le prestige des Malfoy que Lucius se marierait : il n'était pas amoureux de Narcissa. Peut être que l'amour viendrait, mais pour le moment l'objectif principal était de s'assurer qu'elle était capable d'enfanter un Malfoy. Un garçon de préférence, un bon sorcier, plus que bon d'ailleurs : un Malfoy se devait d'être le meilleur.
Mais enfin, passons aux convictions profondes de Lucius Malfoy.
Tout d'abord, rappelez vous de l'apparence de ce dernier : c'est un homme grand, blond. Ses cheveux descendent dans son dos, mais le plus souvent il les attache pour ne pas être gêné. Lucius dégage une prestance et un maintient incroyable ; il est beau, a beaucoup de charisme, et sait manipuler.
Tout cela, Lucius Malfoy l'estime comme étant parfaitement normal.
Ses convictions donc : commençons par l'amour.
Lucius n'y croit pas. Il croit au plaisir charnel, au désir : en revanche, il ne croit pas que l'on puisse réellement aimer quelqu'un. Cependant, Lucius ne réfute pas l'attirance sexuelle, quelle qu'elle soit ; pour simplifier, il n'est pas homophobe et affirme qu'une liaison entre deux personnes du même sexe ne change en rien la nature des rapports et donc est parfaitement normale dans une relation purement sexuelle. Vous me suivez ? L'attirance d'un homme envers un autre ou d'une femme envers une autre ne le dérange point, mais dans une relation matrimoniale, qu'elle soit sincère ou non, les partenaires se doivent d'assurer un descendant de sang pur. Dans ce cas, il vaut mieux se marier à l'autre sexe. L'amour de son point de vue sera une succession de décisions, alliances, mariage arrangés.
Voilà pourquoi Lucius et tout Sang-Pur qui se respecte abhorre l'idée même de se marier par amour. Surtout avec un sang mêlé, surtout si à la place on pourrait faire reluire son image et celle de sa famille.
Ce mot, famille, revient beaucoup. Mais alors que pense Lucius de la famille ?
Pour un Malfoy, la famille est une institution, un devoir, non pas une espèce de... Bazar comme cette satanée famille Weasley.
Car l'ordre aussi est très important, vous l'avez sans doute remarqué.
Maintenant que nous avons profité de ces quelques éclaircissements sur les convictions de Lucius, retournons dans le Manoir Malfoy, où le père du concerné lui faisait la leçon.
Lucius était bien droit dans le grand salon, planté sur ses deux pieds. Il attendait sans broncher les instructions de son père.

- Tu n'as pas à être heureux de cette décision.

- Bien, père.

- Dans deux mois, lâcha Abraxas avant de sortir.

Lucius relâcha un peu la tension qui pesait sur ses épaules. Il avait beau tenir tête avec un aplomb remarquable, Lucius avait peur de son père. Par peur, entendons qu'il avait aussi du respect pour lui. Les sentiments de Lucius envers son géniteur étaient donc un mélange de crainte, d'admiration. De crainte pour les rudes années d'enfance, pour les punitions et les coups ; d'admiration car Abraxas avait de lui un chef, un homme fier prétentieux, calculateur. Abraxas avait fait de lui un homme qui ne ressentait presque rien, et c'était l'image du parfait Malfoy. 
Lucius se redressa, tapota une poussière inexistante sur sa veste, et partit vers la serre.

*

- Narcissa !

- Mère ?

- Le sais-tu ?

- Quoi donc ?

- N'as-tu pas ouvert ton courrier ?

La mère de Narcissa Black, Druella Rosier de son nom de jeune fille, était une femme aux cheveux blond sale toujours retenus dans un chignon serré. Elle avait la manie de cligner très souvent des yeux, un tic étrange qu'elle avait transmis à sa première fille, Bellatrix. Ce n'était pas une mère aimante, elle était stricte et ses décisions étaient sans appel. En revanche, elle adorait Narcissa, à sa manière, et celle-ci le lui rendait bien.

- Je n'ai pas eu le temps, mère...!

Druella fusilla Narcissa du regard.

- Tu te dois de l'ouvrir tous les matins, ma fille.

- Je m'excuse, soupira la blonde. Que voulais-tu me dire ?

- Tu l'aurais su si tu avais lu tes lettres, rétorqua Druella avec humeur.

- De qui venaient-elles ?

- Une d'entre elles venait du manoir Malfoy.

Narcissa se souvint de ce que cela voulait dire ; elle avait été fiancée à un Malfoy, autrefois. Était-ce l'heure d'honorer sa promesse ?

- Oh, fut sa seule réponse.

- Mais, ma fille, c'est incroyable ! Un Malfoy, c'est... Incroyable, répéta-t-elle.

- Oui, je suis heureuse, sourit faiblement Narcissa. Je vais me retirer...

- Mais-

Sa fille ne l'écouta pas et s'enfuit à grands pas.

- Cissa ? Cissa ? Où vas-tu, Cissa ?

*

- Par les lois du monde sorcier, je vous déclare mari et femme.

Le mariage avait été grandiose, nul besoin de le préciser. Des invitations avait été envoyées à beaucoup de sang-purs de tous les coins du monde, les nappes étaient d'un blanc immaculé, la mariée et le marié étaient magnifiques.

Narcissa était habillée d'une longue robe blanche, évasée en V, avec de jolis motifs semblables à de la dentelle au col et aux manches. Elle avait un collier très simple offert par sa mère, une pierre d'un blanc laiteux relié par une délicate chaîne en fer, et des bijoux d'oreille nacrés, discrets et ronds. Ses cheveux étaient relevés en un chignon haut, duquel s'échappaient des boucles légères. La coiffure avait été réalisée minutieusement, si bien que l'ensemble était très gracieux et élégant. Il parachevait la beauté naturelle de Narcissa qui souriait, son sourire n'atteignant toutefois pas ses yeux.
Lucius quand à lui était vêtu d'une longe robe noire aux arabesques argentées. Ses cheveux clair étaient attachés d'un cordon peu épais, et il affichait un sourire froid et faux ; son air aristocratique accaparait l'attention.

La soirée terminée, les époux se rendirent dans le manoir dépouillé de ses précédents habitants : le Manoir Malfoy n'était plus à Abraxas, désormais. Durant les deux mois précédant le mariage, il avait été réarrangé pour les nouveaux descendants Malfoy.

L'allée menant au manoir était sombre, mais on discernait les allées droites et les haies taillées. Une fois arrivés sur le seuil, Lucius ouvrit la porte et invita sa désormais femme à entrer d'un geste ample du bras, ce qu'elle fit. Ils se retrouvèrent dans le hall que Lucius avait éclairé d'un coup de baguette. Le manoir était officiellement chez lui, alors ne voulant gêner sa compagne il s'apprêta à prendre la parole pour lui proposer quelque chose à boire, mais elle le devança et constata d'un petit rire nerveux :

- C'est grand.

Le manoir était dans une teinte majoritairement blanche, la décoration était chargée et luxueuse.

- En effet, admit simplement Lucius. Veux-tu quelque chose à boire ?

- J'en serai ravie, lui répondit Narcissa en souriant.

Lucius la guida dans le salon principal, la fit asseoir sur l'un des canapés de cuir et la questionna de nouveau :

- Tu souhaiterais ?

- Comme tu le souhaite toi, soupira Narcissa.

Puis, voyant que son époux attendait une réponse qu'elle n'avait pas donnée, elle rit légèrement et continua :

- Bien, du vin blanc si tu en as.

Lucius inclina la tête et disparut dans un des nombreux corridors du Manoir.
Narcissa cligna des yeux un instant, incapable de comprendre par où il était passé. Contre toute attente, cette réalisation la fit sourire de plus belle. Malgré son attitude lorsque sa mère lui avait annoncé son mariage avec un homme qu'elle ne connaissait pas, elle était maintenant plutôt heureuse. Lucius était beau, poli, distant mais efficace. Il était décidément un très bon parti, et puis il n'était pas méchant. Ce que Narcissa avait d'abord craint, c'était un personnage rude, brusque, violent ou rustre : mais Lucius était loin de tout cela. Il était implacable et froid, mais il savait s'occuper d'une dame et s'était montré tout à fait sympathique en sa présence. Pour le moment, Narcissa n'était pas au comble de la joie, mais pas triste. Plutôt bien. Elle se félicita de sa présence d'esprit, puis se remit à attendre son époux avec une impatience croissante. Elle était persuadée qu'ils s'entendraient, tous les deux.

*

- Tu as de très bon goûts.

- C'est gentil, concéda Narcissa en inclinant la tête, son verre de vin à la main. Dis moi, je me demandais... D'où vient ton prénom ? Étymologiquement parlant ?

- Cela vient du latin, il me semble.

- Et la signification ?

- Très chère, vous allez insinuer que je me vante si je vous le dis, s'enorgueillit Lucius en ricanant.

- Absolument pas ! s'indigna presque Narcissa.

- Bien, cela pourrait se traduire par "brillant", étant donné que cela descend de "luce", qui est lumière.

- Hm hm. Ne serait ce pas une façon détournée de m'expliquer que vous étiez prédestiné à être intelligent ?

- Je vous avais prévenue, rappela Lucius d'un mouvement de tête.

- Il est vrai, s'amusa la blonde. Il est vrai...

*

Au final, il avaient beaucoup parlé, une grande partie de la nuit, tous les deux. De sujets divers et variés, en passant du Quidditch à leur opinions politiques respectives.

Mais au fil des jours, des mois, il parut clair que nos deux mariés n'éprouvaient pas de sentiments l'un pour l'autre. Ils s'appréciaient, étant d'accord sur beaucoup de points, mais aucune chaleur ne les prenait à la poitrine lorsqu'ils se voyaient. Ils étaient satisfaits de leur sort, toutefois sans ressentir dans leur relation un amour ou une envie particulière. Bien sûr, Narcissa était très désirable, de même que Lucius, et ils n'eurent aucun problème à enfanter leur descendant, un garçon ainsi que Lucius le voulait, nommé Draco. Il fut décidé avant même qu'il naisse que non, il n'irait pas à Durmstrang, Narcissa voulant garder son fils avec elle, mais à l'école de sorciers Poudlard.

Reste à savoir ce que deviendra cet enfant.

*

Cette histoire est pour le concours d'OS de @NosCinqIdeaux
J'espère que c'est bien x)