Je suis choquée, interloquée, en mode « ouate de phoque ».

Les doigts sous le menton, je regarde mon chien se vider de son sang, les yeux mi-clos. La pointe de l'épée lui transperce la poitrine, créant ainsi une plaie béante. Il a le teint aussi cireux que Tom Cruise, les doigts aussi engourdis qu'un spaghetti et les jambes aussi molles que Molière.

Agenouillé à ses côtés, Gregory lui donne les premiers soins. Il lui masse la joue et lui administre un bouche-à-bouche. En effet, sa bouche est collée à l'oreille de mon chien.

— Sauve-le ! m'écrié-je en pianotant sur mon téléphone. Mes quinze milliards de fans sur Twitter doivent tout savoir.

Ensuite, je me rends sur Snapchat et me mets à prendre plusieurs selfies. Cul de mammouth et yeux globuleux plus tard, je me lève et vais rejoindre Gregory qui tente encore de réanimer Vermicelle. À mon tour, je me penche vers mon animal de compagnie et lui administre une série de gifles. Ses joues virent au rouge et je continue sur ma lancée. Son nez se fracasse et se met à pisser du sang, mais je ne m'arrête pas. Il doit vivre!

Je suis sur le point de perdre espoir quand Vermicelle prend une grande goulée d'air avant de se redresser. Il regarde un peu partout autour de lui et son regard végétal croise le mien. Sa blessure a arrêté de saigner et elle s'est renfermée. Mon dieu, j'ai sauvé un chien! En pleurs, je me jette à son cou et déverse toutes les larmes de mon sublime corps. Mon maquillage se met à fondre, dévoilant ainsi ma peau plein de boutons.

Je plaque mes mains sur mes joues et me lève d'un bond, faisant tomber Vermicelle qui se fracasse littéralement le crâne sur le bitume. Je ne me fais pas de souci pour lui puisque Gregory accoure vers lui pour le soigner. Bah ! Qu'ils sortent ensemble ; ils devront simplement avoir affaire avec la justice. La zoophilie est punie par la loi.

J'attrape mon sac à main et y sort le stricte minimum : fond de teint, eye-liner, rouge à lèvre, glosse, anticerne, fard à paupière, blush et j'en passe. Dégainant ensuite mon téléphone, je mets en marche la caméra et sursaute en voyant mon visage. Mes yeux roses super beaux n'arrivent pas à cacher le désastre qu'est ma peau : plusieurs traces rougeâtres la constellent, ainsi qu'une multitude de boutons. Il y aussi quelques points noirs qui réside sur ma peau. Je suis affreuse, oh mon dieu.

En sanglotant, j'étale mon fond de teint jusqu'à ce que ma peau cesse de respirer. Je veux qu'elle s'asphyxie et qu'elle meurt. Grr, je suis sauvage. Ensuite, j'étale le reste du maquillage et pousse un soupire de satisfaction en voyant la nouvelle moi. Je suis Barbara Palvin mais en mieux!

(Personne n'est plus belle que Barbara, vas te cuire un œuf, Star!)

Désormais présentable, je me rends à nouveau vers la petite salle où j'ai laissé mon chien et mon esclave. Mon dieu, qu'elle maitresse cruelle je fais ; laisser deux incapables seuls, et puis quoi encore?

— Bonsoiiiir Paris, chantonné-je en trémoussant mon popotin.

Mes répliques suivantes meurent quand je vois ce qui se passe dans cette pièce. J'en perds le sourire. Gregory et Vermille, l'un sous l'autre, de la bave sur le menton, les yeux clos. Sur eux, Philibert fait la pause et un photographe le prend en photo. Sa veste en cuire est sur son épaule et ses yeux sont fixés sur moi.

En me voyant, il bondit et se rue vers moi avant de me prendre dans ses bras. Je me laisse aller à ce confort et pose ma tête sur son épaule. Je respire son odeur – légèrement mentholée – et passe mes bras derrière son cou.

— Star...

— Oui, mon amour?

Il trace le contour de ma mâchoire et me fixe de son regard noir d'encre.

— T'es qu'une connasse sans cervelle.

Je lâche un petit rire et l'embrasse sur le nez.

— Je sais, si je n'étais pas conne, je n'aurais aucun lecteur.

Et avec un regard malicieux :

— Et tu sais ce qui pourrait attirer plus de lecteur? Du lemon.