Comme cela avait dur d'en parler à mon frère une fois hors du gymnase. . Il était si épuisé émotionnellement et physiquement parlant, alors lui annoncer la nouvelle c'était.. la goutte qui a fait déborder le vase..

- Je t'en supplie, Grand-frère.. Il est sans-abri..! Le supplié-je, la voix tremblante.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Réplique-t-il durement. Aurais-tu oublier combien je galère pour nous faire manger chaque jour ? Tu crois que c'est aussi simple que cela, travailler et étudier en même temps ? Continue-t-il, offusqué.

Mon cœur se serra.

- Non.. M'enquis-je aussitôt. En aucun cas, je..
- Mila, arrête ! S'exclame-t-il soudain. Arrête de vouloir te faire racheter à tout prix ! Tu ne PEUX PAS l'aider.. C'est triste, mais c'est comme ça, mon cœur.. Murmure-t-il d'une voix plus douce. Tu ne peux pas l'accueillir à la maison tout cela pour faire oublier entre guillemets ce que tu lui as fait, tu sais. Me dit-il gentiment. Tu culpabilises, n'est-ce pas ?

Honteuse de paraître ainsi, mes larmes coulèrent sans plus tarder et je fronçai les sourcils.

- Je n'aurais qu'à travailler moi aussi.. Répondis-je enfin. De toute façon, il n'y a que ça que je puisse faire. Terminé-je, catégorique malgré les sanglots dans ma voix.
- Mila.. Essaye mon frère.

Mais déjà, j'avais raccroché.

Quand je me retournai vers Côme, il est recroquevillé sur lui-même, gêné et angoissé à la fois.

Je clignai des yeux pour chasser mes larmes et me rapprochai de lui doucement.

- Tu ne peux pas, c'est ça ? Se décida-t-il enfin à m'interroger.
- Oui.. Soufflé-je en regardant au loin. Mais je vais le faire quand même. Déclaré-je, déterminée.

Côme leva ses yeux verts vers moi, interloqué, tandis que je me dirigeais vers la sortie de la récréation.

- Mais si ton grand-frère ne peut pas
subvenir à mes besoins, qui le pourra ? M'interroge-t-il en me suivant ; je sortais de l'enceinte du lycée.
- Je vais travailler. Dis-je sans le regarder.
- Quoi ?! S'exclame soudain Côme. * il s'arrête * Il en est hors de question ! Tonna-t-il, révolté. Déjà que ton frère travaille d'arrache-pied à cause de l'absence de vos parents, je ne vais pas en rajouter avec..
- * se retourne vivement * Ça, ça ne te regarde pas. Répliqué-je, catégorique.
- Je refuse. S'enquit-il aussi ferme que moi.
- Quoi ? Fis-je d'une voix plaintive, ne m'y attendant pas et mes nerfs commençant sérieusement à lâcher.
- * la regarde droit dans les yeux * Si je te fais travailler, je refuse. Autant que je reste à la rue ! Décrète-t-il sans même soupçonner un seul instant que  ce qu'il disait pouvait briser les parcelles de mon cœur qui étaient encore en vie.

J'ouvris la bouche pour lui répondre, mais déjà, mes larmes coulaient.. Aucun son ne traversa mes lèvres et mes larmes affluèrent sans que je ne puisse y faire quoique ce soit.
Je vis les yeux de Côme s'agrandir de stupeur tandis que je me demandais tristement :

Pourquoi disait-il cela ? Pourquoi se faisait-il tant de mal ? Pourquoi la vie me faisait-elle tant de mal ?!..

- Mi-Mila.. ? Panique Côme. Ça va pas ? Qu.. Qu'est-ce qu'il y a ? Bredouille-t-il, gêné et surpris à la fois.
- Je.. Essayé-je, en vain.

Ma bouche se tordit en un horrible rictus tandis que je ressassais les paroles de mon frère qui me reprochait de vouloir trop vite racheter mes fautes auprès de Côme. .
- Je.. Fis-je à nouveau.

Je cachai finalement mes yeux, honteuse et secouée de spasmes en me rendant compte qu'en plus de ne plus bénéficier de la protection de mon masque..je paraissais complètement sotte et vulnérable comme cela. .

- J'en..ai..marre..! Susurré-je enfin, tremblante mais aussi poussée à bout. .

Mes soubresauts augmentèrent tandis que ma tête était baissée..
Côme, de son côté, ne savait plus quoi faire :

- Tu.. Tu veux que je t'enlace ? Me propose-t-il avec appréhension. Euh non.. je.. je sens pas très bon.. Avoua-t-il confusément. Tu veux peut-être que je.. Tente-t-il de nouveau mais il s'arrête en me voyant lever vers lui mon visage inondé de larmes.

J'étais pitoyable. . Pensé-je tristement. Me montrer dans cet état face à un homme qui avait passé des années dans la rue. . Pleurer si intensément que je n'en arrivais plus à respirer sans m'étouffer et froncer si furieusement les sourcils vers le haut qu'ils en tremblaient, c'était vraiment honteux..
Mais que voulez-vous ? Il me semble que je saturais, en ce moment même. .

C'est alors qu'il tendit ses mains vers moi, doucement et avec appréhension. C'était comme s'il avait peur que je le rejette. .
Cependant il n'en était rien.
Je continuais sottement de pleurer sans même le repousser ou me reculer.

Alors, il s'autorisa à entourer mes épaules de ses bras. Je me laissai faire, toujours secouée de spasmes et affaiblie. Et, lorsqu'il m'enlace enfin, il ne semble plus respirer tant de la nervosité il est épris. Heureusement, il se détendit à la minute où je déposai ma tête sur son épaule tremblante.

Je reniflais encore quand il murmura confusément et timidement :

- Je.. Hum..je.. Je t'aime... Mila..

Mes yeux se fermèrent à l'entente de ces petits mots. .

Finalement.. ça avait quelque chose de bon, d'être poussé à bout, parfois.. Pensa une égoïste voix dans ma tête, apaisée.

Mais très vite, mes tourments me revinrent :

Comment ai-je pu ne pas remarquer la situation de Côme jusque là ? Comment ai-je pu ne pas voir qu'il était dans le besoin et dans des conditions aussi précaires. . ?

Mes pleurs s'accentuèrent tandis que mon cœur se pinçait. Alors je l'entourai de mes bras et le pressai encore plus contre moi pour calmer la peine.. Je le sentis sursauter de surprise avant de très vite se laisser faire. . Je suis même surprise de remarquer son menton se déposer doucement sur mes cheveux, comme si.. s'il me protégeait..
Oui.. contrairement aux apparences.. c'était bien lui qui me protégeait . .

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