Il était grand temps d'affronter l'extérieur, maintenant ! Et pour cela, quoi de mieux que de se mettre en route pour le lycée ? 

- Enfin dehors ! S'exclame-t-elle en levant les bras, le nez déjà rougi par le froid.

Ça ne la rendait que plus mignonne.

- Tu crois que l'on sera à l'heure ? Continue-t-elle en me tendant sa main mouflée.

Il faisait très froid dehors. Trop froid. C'en était effrayant.

- Oui, j'en suis persuadé. La rassuré-je en liant ma main à la sienne, je ne sais pourquoi mais elle me semblait inquiétée par quelque chose.. ou quelqu'un. . ? Il n'est que huit heures pile. On devra même attendre à l'extérieur du lycée ! La rassuré-je.

Je sentis alors son regard sur moi, un regard pensif mais déjà beaucoup plus serein. 

Autant vous dire que je fus un peu surpris d'entendre son rire quoique un peu moins cristallin qu'habituellement.

- C'est vrai, tu as raison! S'enquit-elle en m'affichant un grand sourire. Excuse-moi de t'avoir fait sortir aussi tôt alors que j'habite à cinq minutes du lycée..! S'esclaffe-t-elle sûrement pour donner plus de légèreté à ses propos.

Je distinguai quand même une trace de soucis dans sa voix.

Ça ne me plaît pas. Pensé-je en fronçant les sourcils.

Alors je lâchai un instant son moufle violet qui accentuait son côté enfantin pour ébouriffer ses courts cheveux roses qu'elle a une fois encore lâchés aujourd'hui, sûrement sur les conseils de son amie Stéphanie. Ça me fit sourire.

Ses petits yeux dorés s'émerveillèrent comme un soleil et comme à chaque fois qu'elles les ouvraient grands, soit presque tout le temps et ce, pour mon plus grand plaisir.

Puis, sans rien dire, elle ferma les yeux et se laissa faire..   

- Peu importe ce qui te tracasse, commencé-je alors doucement.

Elle leva ses yeux vers moi. Et moi je baissai les miens vers elle.

- Dis-toi qu'il y a toujours une solution. Lui assuré-je dans un souffle.

Ses yeux s'agrandirent de stupeur, comme l'éblouissant soleil que je décrivais tout-à-l'heure, et elle me regarda, fascinée. J'avais l'impression d'être son père ou même son grand frère tant je lisais de l'admiration dans ses yeux. Ça m'attendrit et me donna envie de l'enlacer.

Finalement, elle me regarda profondément et m'esquissa un immense sourire en sautillant.

- Oui ! Tu as raison! Totalement raison ! S'exclame-t-elle, toute joyeuse et en balançant ma main d'avant en arrière.

Mon sourire s'agrandit doucement devant tant d'adorabilité (enfin, si ce mot existe... La beauté de Mila me fait dire n'importe quoi. . .) et de tendresse de sa part. Je fus aussi content de lire du soulagement sur son visage. Ça me rendit tellement heureux que j'enlevai ma main de la sienne pour entourer ses épaules de mes bras et la serrer contre moi.

Un petit cri de surprise lui échappa, entre rire, amusement et surprise. Bizarrement, elle ne ressentit pas de gêne. . Pas que je sache et ça contribuait encore plus à mon bonheur. . .

D'ailleurs, elle entoura mes hanches de ses bras en blottissant son visage dans mon manteau, enfin celui de son grand-frère. Cette pensée me refroidit mais mon cœur se réchauffa en me disant que c'était contre moi qu'elle se blottissait.

- Ah ! Nous voilà déjà arrivés ? M'étonné-je en m'arrêtant en face de la grille du lycée.

Mila, qui avait le visage tout blotti contre moi ne regardait même plus la route.

- Je n'avais jamais remarqué que tu étais si proche du lycée..! Avoué-je, dubitatif.
- Ah bon? M'interroge-t-elle, surprise. Tu venais pourtant souvent à la maison! S'exclame-t-elle en riant.

J'abaissai un regard soucieux vers elle.

Parfois je me demandais si elle ne m'en voulait pas un petit peu d'avoir un tant soit peu profité d'elle. . 

Parfois, j'avais envie de lui dire que je l'avais fait contre mon gré même si cela paraissait fou à croire et surtout impossible pour son frère. .

Parfois j'avais envie de m'excuser encore et encore, jusqu'à ce que ma culpabilité s'estompe même si j'avais peu espoir en cette solution. . .

Si je n'avais pas vu ce si doux sourire décorant ses fines lèvres et le rayon de soleil qui illuminait son visage, j'aurais fondu en larmes et me serai terré dans n'importe quel endroit sombre, à l'abri des regards. . 

Mais je l'avais vu, alors je devais faire bonne figure.

Aussi, c'est avec tendresse que je lui esquissai un petit sourire.

Mais pourquoi est-ce que ce doux moment est interrompu par les paroles de mon ami de longue date qui me reviennent. . ?

Ça m'énerve tellement que je détournai le regard vivement en resserrant mon étreinte autour de Mila. . .

Heureusement, elle ne remarqua rien et se contenta de m'enlacer toujours plus fort, attendant patiemment l'ouverture du lycée..

Le fait qu'elle profite de notre instant en fermant les yeux m'attendrit et m'apaisa définitivement.

 Je lui dirai peut-être plus tard. . .

J'espère sincèrement que j'y arriverai. .

Je dois y arriver. . .

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