Je me souviens de ce premier gâteau que nous avions fait et, j'étais bien obligée d'avouer que nous avions plus parlé que pâtisser !

- Pour faire ce gâteau, commencé-je en entrant dans la cuisine avec un grand sourire aux lèvres, il nous faudra plusieurs ingrédients comme de la farine ! Tu veux bien en prendre, Côme, s'il te plaît? Lui demandé-je en me tournant vers lui.
- Oui.. Me répond-il en allant se diriger vers le placard du mur. Tiens, voilà.. Murmure Côme en me les apportant sans oser lever les yeux vers moi.

Je la lui prends gentiment, un petit sourire aux lèvres.

- Merci bien!

Je fis une petite pause en observant
tendrement le visage malheureusement empli de soucis de mon ami, avant de reprendre doucement :

- Dis-moi, tu veux un gâteau au chocolat ou une belle tarte aux pommes ?

Il tritura le sweat bleu qu'il avait acheté hier avec moi, les yeux inlassablement tournés vers le carrelage.

- Hum..les..les deux..si..si possible bien sûr..! Bégaie-t-il, des tremblements dans la voix.

Aussitôt, mon cœur se serra et j'eus du mal à contenir la colère qui m'animait.

Qui était le monstre qui l'avait mis dans cet état ? N'avait-il pas assez souffert comme cela ?! Pensé-je, révoltée.

Non non non, Mila! Me reprend aussitôt une voix. Pas comme ça ! Mila n'est pas comme ça ! Me rappelle-t-elle avec fermeté.

Alors, effectuant des efforts surhumains, je me calmai lentement puis pris en main les siennes. Surpris par ce contact soudain, il leva sa tête vers moi.

C'est marrant, tout-à-l'heure on s'enlaçait sans gêne et maintenant, je lui prends seulement les mains et il semble interdit. .  Remarqué-je, un peu déroutée.

Arrêter de tergiverser, Mila ! S'enquit aussitôt une voix dans ma tête. As-tu oublie ton rôle ? Tu es l'ange-gardien qui berce et rassure tout le monde ! Alors agis ! Fais quelque chose ! Me gronde-t-elle presque.

Je fus surprise de remarquer qu'après l'émouvant échange que j'avais eu avec Côme, j'avais oublié mon masque et pensais en être débarrassée à jamais. .

Mais c'était impossible. . M'attristé-je en baissant la tête.

Et je tombis sur les mains de Côme dans les miennes..

Cette voix, aussi cruelle soit-elle, avait raison. . Concédé-je en relevant mes yeux vers mon ami qui semblait encore plus perdu. Je lui souris grandement, puis m'exclamai d'une voix faussement enjouée :

- Je suis heureuse d'avoir trouvé quelqu'un qui pense comme moi!
* rire * On va prendre deux gâteaux à nous tous seuls! M'amusé-je. Et c'est tant mieux! Lui assuré-je en plantant mon iris dans les siens. Alors j'espère que tu es prêt à participer à l'effort de guerre en mangeant au moins deux parts de gâteaux ! Le prévins-je, amusée.

Côme m'observa silencieusement, presque immobile. . J'avoue ne savoir que penser de cela. .

- On continue ? Repris-je pour ne pas rester là-dessus. Tu veux bien prendre du sucre, s'il te plaît, dis? L'interrogé-je.

Un petit sourire en coin se dessina sur les lèvres de Côme à la fin de ma phrase, lui qui pourtant
semblait si soucieux quelques minutes avant. . La surprise passée, cela me raviva ma joie oubliée, la surprise passée.

- J'y vais. Me dit-il après un petit moment de flottement, avant d'ouvrir le placard sur le mur.
- Tu es vraiment sûr de vouloir tout sortir tout seul ? Lui demandé-je en prenant le sucre en mains, un peu culpabilisante.
- Oh que oui, Mila, me rassure-t-il en se rapprochant doucement de moi. Ça fait tellement longtemps que je n'ai
pas fait de gâteau! J'en suis tout excité! M'assure-t-il en me souriant gentiment.

Je fus un peu surprise et le regardai de mes yeux dorés grands ouverts. Mais je lui souris finalement doucement, soulagée.

- D'accord.. Murmuré-je. Mais, tu sais que nous ne ferons le gâteau qu'à notre retour, dis? M'inquiété-je en fronçant les sourcils vers le haut.

Côme retrouva son air soucieux, et attira sa main à moi lentement, ailleurs.. Moi, mes sourcils se haussèrent tandis que mes yeux étaient dans le vague..
Finalement, il me caressa la joue.. et déclara :

- Oui..je le sais.. comme je sais..que tu t'inquiètes peut-être un peu trop fortement..  * yeux mi-clos *.. pour moi.. Susurra-t-il.

Je fis de mon mieux pour dissimuler mon étonnement.

Comment faisait-il ? Comment faisait-il pour toujours lire en moi ? Était-ce à cause de mes hésitations de tout-à-l'heure ? Devais-je continuer à jouer mon rôle ? Ou..

Quelle question ? S'offusqua une voix dans ma tête. Bien sûr ! Garde dont ton masque !

Je me mordillai la lèvre pour me reprendre avant d'essayer de rire afin de faire bonne figure.

Je lui devais au moins ça après ma crise de larmes qu'il avait dû calmer tout à l'heure..! Pensé-je, honteuse.

Je m'en voulais tellement pour celle-ci. . C'est vrai, quoi.. Je savais qu'il avait vécu des choses horribles et traumatisantes en dormant dans la rue tout ce temps et pourtant.. et pourtant..je.. j'ai craqué pour des raisons futiles par rapport à ses maux.. Je lui ai.. * larmes qui remontent * les chasse *

Je m'arrêtai dans mes pensées en m'assurant que je devais me ressaisir et..respecter sa douleur plus grande que la mienne et sa peine..

- * se force à sourire * tremble * Que veux-tu ? Murmuré-je d'une voix qui se voulait joyeuse. *hausse les épaules* sourire forcé aux lèvres * Je m'inquiète toujours pour ceux que j'aime.. C'est normal! Lui assuré-je avec peine.

Côme continua encore à me regarder silencieusement, soucieusement, avant de finalement retirer à contre cœur sa main de ma joue et murmurer :

- Je ne voudrais pas..que tu te rendes malade..à cause de moi..

Mes sourcils se froncèrent puis se retroussèrent.. À vrai dire, j'étais tiraillée entre l'indignation et la préoccupation. .