Nos premiers instants passés ensemble dans notre maison resteront à jamais gravés dans ma mémoire. . Et pour dire, je m'en souviens encore aujourd'hui ! C'est sûrement parce qu'ils étaient les plus beaux moments que j'ai jamais passé avec lui. . .

Puisque Côme s'était enfermé dans la salle-de-bain depuis une bonne dizaine de minutes maintenant, je me décidai à me détendre au salon pour savourer le nouveau livre que j'avais emprunté en début de semaine.

Je n'avais lu que quarante pages sur trois cents, et pourtant j'étais déjà prise dans l'intrigue sans même m'en rendre compte.

- Tu sais à quelle heure rentre, ton frère ? M'interrogea Côme, tout juste sorti de la salle de bain.

J'avais sursauté à l'entente de sa voix mais m'étais vite reprise en le reconnaissant.

Cependant, je me trouvais bien ridicule après ça.. Aussi, je lui répondis sans oser croiser son regard :

- Oui, il rentre à 20 heures.
- D'accord, je vois. Tu dois sûrement  l'attendre pour manger, n'est-ce pas ? Continue Côme.

Je tournai la page de mon livre pour dissimuler les interrogations qui envahissaient mon esprit ; eh oui, Mila ne cédait pas à ses sentiments, jamais.

Malgré tout, je n'arrivais pas à oter de ma tête ces pensées :

Depuis quand Côme était-il aussi curieux ? Depuis quand posait-il autant de questions ?

- Non, lui répondis-je enfin, il ne veut pas. Il dit que ça me retarderait pour rien de manger avec lui. Expliqué-je le plus stoïquement possible cependant, à l'intérieur de moi, mon cœur saignait de lui confier que je passais tous mes repas seule..
- Tu ne manges jamais avec ton frère.. ? S'étonna-t-il tristement.
- Plus maintenant.. Avoué-je, nostalgique.

Côme s'éclaircit la voix, gêné.

Je choisis ce moment pour pencher ma tête en arrière et ainsi l'observer.

À cet instant, la surprise...
J'étais surprise.. de sa beauté..!

Ses cheveux châtains paraissaient plus propres et beaucoup moins gras, ainsi.. Ils étaient aussi mieux coiffés.. Son visage, quant à lui, semblait plus raffiné qu'à l'accoutumée.. Et ses yeux d'un vert émeraude ressortaient superbement bien en plus d'être maintenant magnifiques. .
C'est aussi maintenant seulement que je remarque sa grande taille, sa minceur et pourtant sa belle carrure que formaient ses épaules. . .

J'en restai bouche bée. .

Cependant, je détournai bien vite mes yeux de ce dernier, ne voulant pas qu'il me voie rougir aussi stupidement !

Ça n'était pas toi la Mila qui n'aime que la beauté intérieure ?! Se moqua une voix dans ma tête, amusée.

Ça me fit rougir encore plus, de honte et de gêne, perdue.

- Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? Me demande soudain Côme ; faites qu'il n'ai rien remarqué s'il vous plaît ! Est-ce que je peux faire la vaisselle ? Ou le ménage, peut-être ? Enfin, je-je ne dis pas que ce n'est pas propre, s'enquit-il en bégayant un peu, loin de là..!
- Non, pourquoi tu ferais ça ? M'étonné-je en me tournant de nouveau vers lui, interloquée ; mes rougeurs avaient laissé place à de l'étonnement complet. Assieds-toi plutôt à côté de moi et contente-toi de te reposer ! Lui dis-je en lui offrant un grand sourire.

Je vis le visage de Côme s'étonner à son tour, je ne compris pas pourquoi.

La Mila habituelle est certes tactile mais elle ne ferait jamais une proposition pareille ! Me reprocha une voix dans ma tête.

Je suis choquée de remarquer que je m'étais en effet trompée de masque..
D'ailleurs, Côme m'observait de manière désorientée comme pour me le faire remarquer.

À croire que j'étais perturbée jusqu'au bout. .

- Mais.. Bégaya mon ami, perdu.
- Il n'y a pas de mais qui tienne. M'enquis-je en lui souriant doucement ; autant aller jusqu'au bout maintenant. Quoi ? Fis-je. Tu as peur de moi ? Lui demandé-je de manière dramatique.

Il rougit furieusement.

- B-bien sûr que non..! S'enquit-il en se dirigeant vers moi à grands pas. Regarde, je n'ai pas peur de toi ! Au-au contraire..! M'assure-t-il, confusément.

Je me retins de rire, amusée.

Il était mignon comme cela !

- Tu veux regarder la télé ? Lui demandé-je en attrapant la télécommande, histoire de ne pas m'attarder sur sa gêne.

Et visiblement ma “ ruse ” fonctionna car ses rougeurs disparurent et il haussa les épaules avant de bailler, sa main devant la bouche.

Maintenant qu'il était lavé, on pouvait distinguer clairement qu'il avait mauvaise mine avec ses cernes ornant ses yeux. Remarqué-je soucieusement du coin de l'œil.

Je fus prise de remords en me reprochant de n'avoir jamais remarqué auparavant sa fatigue excessive.

- Tu veux peut-être dormir à la place ? Lui proposé-je en essayant d'ignorer ma peine.
- Même si je le voulais, où est-ce que je pourrais ? Me fait remarquer Côme avec épuisement.
- Ben sur mes genoux, tiens-donc ! M'enquis-je en riant presque, amusée que ce ne soit pas évident pour lui.

Il rougit fortement, surpris.

- Il en hors de question ! S'exclame Côme, rouge pivoine. Je refuse ! Je..
- Allez, quoi.. L'interrompis-je en boudant presque. Je le faisais toujours avec Grand-frère, moi..!
- Ça, c'est parce que c'est ton frère !! M'assure catégoriquement Côme en s'agitant presque.
- Ça-ça veut dire..que.. tu ne m'aimes pas. . . ? Susurré-je, affligée.
- Non, non, non..! Tonna Côme, choqué. Je.. Je t'aime, Mila..! Cafouille-t-il. Je t'aime vraiment et..
- Alors, tu viens sur mes genoux ? Lui demandé-je gaîment, un grand sourire aux lèvres.
- O-oui.. Murmura-t-il, pris au piège.
- Ne t'en fais pas : tu déposes juste ta tête sur mes genoux, hein ! Lui expliqué-je, rayonnante. Attends, je me décale un peu histoire de te laisser plus de place ! Continué-je en m'exécutant, tout sourire.

Oh la petite vicieuse ! S'exclama une voix dans ma tête.

Pour une fois n'y fis pas attention et profitai du seul moment où j'avais laissé de côté les masques!

Une fois cela fait, Côme déposa avec lenteur et appréhension sa tête sur mes genoux. Je le sentis stresser et être tout tremblant. Je glissai avec douceur ma main dans ses cheveux.

Il sursauta et ses tremblements augmentèrent.

Je m'en doutais. Me dis-je avec une pointe de déception.

Pourtant, je ne m'arrêtai pas. Car finalement, le réhabituer au contact avec les autres, c'était en quelque sorte ma “mission” ! Pensé-je en lui caressant tendrement ses cheveux châtains tandis que je lisais paisiblement mon livre de mon autre main.

Côme, par contre, semblait angoissait et bougeait à peine. Oui, il avait l'air tout le temps en alerte, et ses yeux verts ne pouvaient s'empêcher de regarder dans tous les sens, comme s'il redoutait quelque chose ou plutôt quelqu'un. . .

Ainsi, son masque d'homme mystérieux n'existait plus vraiment. . Remarqué-je en le voyant de si près.

C'était agréable, cette sensation de ne plus être accaparés par nos masques, hein ? Avais-je envie de lui demander, mais je n'osais pas.

- Tu veux regarder la télé ? Lui demandé-je de nouveau, ne cessant de lui caresser les cheveux.
- N-n-non.. Murmure-t-il, tremblant.

Je fermai les yeux un instant et déposai mon livre de côté sans même retenir ma page, contrairement à mes habitudes.

- Eh bien.. nous n'avons qu'à dormir ensemble.. Murmuré-je.
- Tu n'es pas obligée.. S'enquit-il d'une voix plaintive.
- Je sais.. Susurré-je. Mais je le fais quand même.. Le rassuré-je en souriant lentement.

Et c'est ainsi que nous tombîmes dans les bras de Morphée tous les deux.

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