Même si le temps a passé, cette nuit restera à jamais gravée dans ma mémoire. Pour quoi ? L'excitation, la joie mais aussi pour le sentiment de vivre qui m'avait si longtemps quittée et que j'avais enfin retrouvé. Alors oui, cette sortie, aussi bête soit-elle, était insensée, mais elle m'avait permise de retrouver des sentiments perdus que j'avais oublié. Et pour cela, je resterai à jamais reconnaissante envers ce Côme !

- Alors, parée pour affronter le froid ? Me demanda Côme, se gantant les mains tout en m'observant, moi, assise dans les escaliers en train de chausser mes habituelles bottes de ski ; la neige était tenace ici.

- On va dire que oui .. Murmurai-je évasivement.
- Tu n'es jamais sortie la nuit, hein ? M'interrogea-t-il, un petit sourire aux lèvres, devant mon air si peu assuré.
- Non..pas vraiment.. Sûrement.. Bredouillai-je, carrément à côté de la plaque, perdue et impressionnée par l'idée de faire en quelque sorte " le mur ", moi, Mila.
- Je comprends.. Me rassure-t-il, un peu amusé quand même.

Il s'arrêta soudain de rire et regarda dans le vague, silencieux.

- Si je n'avais jamais vécu dans la rue.. j'aurais été aussi ignorant que toi sur tout.. M'avoue-t-il doucement. ..sur la froideur des nuits.. la méchanceté des gens, leur..

Côme s'arrête au milieu de sa phrase pour secouer sa tête silencieusement.

Il n'allait pas bien.. M'inquiétais-je, me relevant après avoir terminé de mettre mes bottes.

- Allez, on y va ? Se reprit-il brusquement, souriant.

Pourquoi me souriait-il de cette manière alors qu'il était aussi mal.. ?

Je hochai de la tête silencieusement, pensive, soucieuse..

Il me tendit la main. Je crus halluciner.. Il me tendait la main?.. À moi.. ? Lui qui étais si peu tactile..même s'il le devenait de plus en plus avec moi.. c'était..la première fois qu'il me tendait la main..!..

Je l'attrapai, chancelante.. Lui, il regarda nos mains s'unir puis leva ses yeux vers l'horizon, avant d'ouvrir la porte, un sourire aux lèvres.

Ainsi, on aurait dit un héro qui me secourait de ma solitude, de ma triste vie, de mon malheur. . .

Mes larmes s'embuèrent légèrement de larmes tandis que je le suivais doucement sortir de notre maison.

Car oui, c'était notre maison. . .

Un léger sourire dessina mes lèvres tandis que nous avancions doucement.

- Côme, je t'aime. . . Soufflé-je en l'observant, admirative.

Ce dernier qui avait les yeux fixés sur sa montre, me jeta un regard surpris puis me sourit, grandement, chaleureusement.

Il resserra son étreinte autour de la mienne et me répondit un faible :

- Moi aussi, je t'aime, Mila. . .

Le feu me monta aux joues tandis que je pensai :

Comment faisait-il pour toujours me remplir de joie, ainsi ?!..