Aussi émouvantes furent les enlaçades entre moi et mon frère, elles ne réglèrent pas la situation.. Loin de là !

- Je t'aime. Déclara Grand-frère froidement, le regard plongé dans le mien et les mains sur fermement calquées mes épaules.

Je lui souris faiblement, les yeux encore rougis par mes pleurs.

- Je t'aime aussi.. Susurré-je timidement.
- Vous avez fini de lui serrer les épaules comme ça ? S'énerva soudain Côme.

Et ce n'est qu'à ce moment que je me rendis vraiment compte de la prise qu'avait mon frère sur moi. Ça me surprit.

- Il va falloir se calmer, jeune homme. Rétorqua mon frère avec un rire moqueur. Ce n'est pas votre sœur, mais bel et bien la mienne.

Je lançai un regard insistant à mon frère, ennuyée, avant d'en lancer un autre à Côme pour le dissuader de lui répondre.

- Vous n'allez pas recommencer ? Les menacé-je presque, dérogeant ainsi aux habitudes de la timide Mila.

Mais en ce moment précis cette histoire de masques m'importait peu. Mon frère et mon ami comptaient bien plus à mes yeux qu'une vulgaire apparence erronée !

Et visiblement, les concernés se rendirent compte de l'importance que je leur portais car ils n'alimentèrent plus le conflit.

En effet, Côme leva les yeux au ciel tandis que Grand-frère retirait enfin ses mains de mes épaules.

Je sentais encore le poids que ses mains exerçaient sur celles-ci. . Remarqué-je avec un peu d'affolement mais je fis tout pour le dissimuler.

De toute façon, Grand-frère me sortit de mes pensées en déclarant soudain :
- Bon ! Il va falloir que j'y aille, moi!

Je plongeai mes yeux rougis avec surprise dans les siens.

- Qu'as-tu donc mon petit sucre glace ? M'interrogea aussitôt mon frère en fronçant les sourcils, inquiet.

“ Ce surnom est aussi ridicule que lui. „ Se désespéra Côme en ronchonnant.

- R-rien.. Bégayé-je. Je me demande juste où..tu vas.. Enfin..tu..ne restes pas ? Tu.. pars déjà.. ? Bafouillé-je d'une voix tremblante.
- Eh bien, oui! Tu crois que l'argent se gagne tout seul ? Me répond Grand-frère avec dédain ; ça me choque.
- Mais, je.. Essayé-je doucement pour garder mon calme, cependant..
- Mila, j'ai quitté le travail bien trop tôt aujourd'hui, je dois rattraper dès aujourd'hui ces heures, m'interrompt-il, catégorique. C'est bien toi, qui voulais que je rencontre ton “ ami ” non ? M'interroge-t-il en faisant le signe des guillemets.

Je sentis Côme prêt à bondir tandis que je restais silencieuse, la gorge serrée.

Il avait raison, je ne pouvais pas le blâmer alors que je le faisais quitter son travail expressément. . Me raisonné-je ou du moins essayé-je.

Mais cela n'avait visiblement aucune importance puisque Grand-frère me fit un furtif baiser sur la joue avant de disparaître de ma vue. J'entendis ensuite la porte claquer et le soupir de soulagement de Côme.

Je chassai difficilement les larmes de mes yeux.

- Est-ce que ça va ? Me sortit de mes pensées Côme.

Je sursautai avant de le regarder dans les yeux, perdue.

Comment agir avec lui maintenant ? Lui qui avais vu clair dans mon jeu depuis tout ce temps ! Dois-je feigner l'indifférence et continuer de m'enfermer dans mon rôle ou.. faire définitivement tomber les masques ?

Je tremblai, angoissée.

Tomber les masques ? Quelle idée ?! Pour qu'il y ait d'autant plus de disputes entre ceux que j'aime ? Hein ?

Même pas en rêve !

Aussi, j'ignorai la douleur lancinante qui tenaillait mon cœur pour afficher le plus doux et serein sourire que je pouvais dans mon état.

- Oui, ne t'en fais pas. Lui assuré-je. Tout va bien !

Malgré mon enthousiasme feinté, les yeux de mon ami ne se vidèrent pas d'inquiétude, au contraire.

Et pourtant, comme respectant mon silence, Côme n'insista pas.

- Je suis désolé pour tout-à-l'heure en tout cas. Murmura-t-il après un long silence.

Je jetai un regard surpris à Côme.

- Mais..ne ne t'excuse pas..! M'enquis-je une fois recontenancée. Tu n'as rien fait de mal, voyons alors..
- Tu ne te souviens pas du ton sur lequel j'ai parlé à ton frère ? M'arrête-t-il en fronçant soucieusement les sourcils. Non pas que je regrette ce que j'ai dit, d'ailleurs je regrette plutôt ce que je n'ai pas dit..

Je reste éberluée par sa phrase.

Depuis quand Côme disait ce genre de choses. . ? Pouvait-il même éprouver ce genre de sentiments ? Pouvait-il s'énerver ? Visiblement, oui. .

- En tout cas, reprend-il doucement, j'ai bien vu que ça te faisait du mal et c'est pour ça que je suis désolé. Je ne voulais pas..

Il s'arrêta dans sa phrase, ému.

- Je ne voulais pas..te faire du mal... Susurra-t-il.

Non, s'il te plaît, ne sois pas triste à cause de moi..! Pensé-je en ayant les larmes aux yeux.

Finalement, ni une ni deux je me jetai dans ses bras et le serrai fortement contre moi.

- Mi-Mila..! Bafouilla ce dernier. Tu..tu vas bien.. ?

Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je retrouvais le Côme que je connaissais.

- Je t'aime.. Murmuré-je en me reculant lentement de lui, le sourire aux lèvres.

Je le vis s'empourprer et détourner timidement le regard. Je m'attendris encore plus.

- Bon ! On va préparer le dîner maintenant ? Lui proposé-je gaiement.
- Ah oui ? Déjà ? S'étonna Côme en regardant l'heure. Il n'est que 18heures..
- C'est trop tôt pour toi ? Paniqué-je aussitôt. J'a-j'avoue que je mange à 19h habituellement mais..mais je.. j'aimerais m'occuper l'esprit.. après .. Balbutié-je honteusement en tordant inconsciemment mes mains.
- Ça ne me gêne pas, ne t'en fais pas. M'interrompt gentiment Côme en posant sa main sur mon épaule.

Je le regardai timidement en souriant maladroitement.

- Merci.. Susurré-je finalement.
- Je t'en prie.. Me répond-il gentiment.

Malgré tous les masques que je portais, c'était fou comme il arrivait à deviner mes sentiments comme cela.. M'amusé-je presque.