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Le père de Selim est décédé un jeudi après-midi, fin août, alors que Selim servait des pintes à ses meilleurs amis fraîchement revenus de vacances.

Il n'y a jamais de bons moments pour laisser partir quelqu'un. Et même quand on s'y attend depuis des années, on finit toujours par être surpris par la mort d'un être aimé. Personne n'est prêt pour le vide laissé, la fêlure crée par le manque.

L'annonce a été faite par l'aîné de la fratrie, Noham, au téléphone. Dès l'instant où son nom est apparu sur l'écran, Selim savait ce qui l'attendait. Son frère ne l'appelle jamais normalement.

Il avait la voix grave, nouée.

Léonard a compris tout de suite le drame qui se jouait. Son ami lui a alors proposé de le conduire vers l'hôpital.

De cet ultime aller, Selim ne se souvient de rien. Le jeune homme n'a que des bribes de souvenirs datant du lycée, où il passait par ce chemin en bus, pour rendre visite à son père. Une routine, en somme. Mais tout était inhabituel cette fois-ci : la voiture, les circonstances, et ce que ça fait de réaliser qu'une personne de moins peuple la Terre.

Selim s'est alors souvenu des silences pesants, des silences violents, des silences attristants. Il s'est souvenu du sourire de son père en face du potager, son sourire si rare et si marquant. Il s'est souvenu des éclats de voix frappants lors des Classico, des clopes qu'il grillait avant la maladie. Il se souvient des rémissions, des rechutes, des faux espoirs et des soupirs de soulagement. Il se souvient de l'amour comprimé qu'il avait pour un père qui ne l'a jamais compris. Il se souvient de la haine et de la rancœur qu'il pouvait avoir parfois contre lui. Il se souvient de toute l'humanité de ces moments partagés en famille, de sa sœur et sa mère qui portaient la souffrance alors que le reste niait cette charge terrifiante. Il s'est souvenu de toutes ces années à avoir peur de la mort, à avoir foi en la vie, à préparer son deuil, à croire, encore et encore.

Puis, il y a cet « au revoir », ce « je t'aime », ce « moi aussi », cette poignée de mains la dernière fois qu'il est allé le voir seul, sans les autres.

Depuis ce jour, les mots de Camus lui reviennent souvent en mémoire. Selim les transforme, car il a toujours aimé se réapproprier la littérature : Aujourd'hui, papa est mort. Ou peut-être hier, je ne sais plus.

Parti.

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