La fin

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*Newtiteuf*

- Quatre heures, huit dans le meilleur des cas. Est-ce que c'est beaucoup, ou trop peu ?

Rien ne me répondit, et je ricanai pour moi-même. J'étais seul, le seul encore en vie. Le dernier. Et je ne pensais pas mentir en disant que le sort de onze personnes reposait sur mes épaules.

Allez, il est temps de mettre fin à tout ça... ou de se foirer magistralement en essayant.

J'avançai d'un pas déterminé vers l'obélisque noire, du côté des inscriptions ; je m'arrêtai juste devant, le temps de reprendre mon souffle, gravant par la même occasion dans ma mémoire le message des testeurs. "Ce jeu est interminable"... il était temps de voir si ce n'était pas faux, ça aussi.

Doucement, avec un rien d'hésitation, je posai la main sur la surface noire, juste sous le message. J'écartai un peu les doigts, et ressentis immédiatement la pierre se réchauffer sous ma paume - pas beaucoup, non, mais elle tiédissait. J'avançai encore. Et, en prenant une profonde inspiration, collai mon front sur la stèle, les yeux fermés.

Instantanément, je fus pris d'une migraine atroce, et je dus lutter pour ne pas reculer. Il se passait quelque chose... contre moi, la pierre n'était plus si dure ; elle me semblait en quelque sorte reculer. De même, le sol, sous mes pieds, changeait de consistance, et j'eus un mal fou à rester en équilibre sur mes deux jambes. Ça ne dura cependant que quelques secondes, jusqu'à ce que tout se stabilise de nouveau. Comme venu de loin, j'entendis l'écho de bruits étranges, semblables à des chocs répétés, ou des bruits de pas sur du verre...

Je tentai de décoller la tête de la stèle, gardant le contact avec ma main ; les sons s'atténuèrent un peu mais ne disparurent pas. Lentement, presque centimètre par centimètre, je me retournai...

... et ouvris les yeux.

À première vue, je fus atterré de voir que c'était encore la ville de World is Mine, sous mes yeux. Je faillis rompre le contact avec la stèle et partir, dégoûté de mon échec ; mais au moment où je m'apprêtais à le faire, un mouvement, sous mes yeux, m'en dissuada. Il ne s'était pourtant rien passé de spécial : devant moi, seulement des pavés sable, et plus loin, la façade de je-ne-savais quel commerce... mais cela se reproduisit.

Je fronçai les sourcils, tentant de comprendre ; et peu à peu, quelque chose vint se superposer à mon champ de vision. Au départ, ce n'étaient que des impressions de mouvement, puis je vis apparaître des silhouettes floues, indistinctes, bougeant trop vite pour que je puisse les reconnaître.

Je clignai des yeux une fois, une seule, et le monde changea d'un coup.

Sous l'effet de la surprise, je faillis lâcher la stèle, m'en retenant de justesse. La stèle, d'ailleurs... elle s'était changée en colonne de pierre grisâtre, fissurée et cassée à mi-hauteur. Le sol consistait en un carrelage de vitres, maintenues par un quadrillage d'acier, et laissant entrevoir de l'autre côté une sorte de matière noire et visqueuse.

J'espère que c'est solide, ces vitres, j'aurais pas envie de me noyer dans cette mélasse... ça bouge tout seul...

Je relevai les yeux, pas vraiment désireux de penser à ce qu'il adviendrait si le sol cassait, et mon regard tomba sur des murs pareils à ceux de cathédrales, magnifiquement sculptés, entourant l'arène de verre. Ils ne faisaient cependant pas plus de cinq mètres en hauteur, cassés comme la colonne sur laquelle je m'appuyais, ouvrant sur un grand ciel aux teintes rouges. Le décor global donnait une impression de ruine et de chaos à la fois.

Cette scène retint mon attention pendant quelques instants, jusqu'à ce que quelque chose passe devant mes yeux, à toute vitesse, poursuivi par autre chose lancé tout aussi vite. J'eus un hoquet de peur à la vue de la seconde "chose" ; au premier abord, je crus que c'était une gigantesque araignée couleur chair, et eus un mouvement de recul. Pas que je ne supporte pas les araignées, mais ce truc-là, il faisait presque deux fois ma taille ! Cependant, en y prêtant un peu plus attention, je constatai mon erreur : ce n'était pas un arachnide.

C'était une main coupée, bougeant par sa propre volonté.

Mes jambes manquèrent se dérober, et je ravalai difficilement la bile que j'allais vomir. C'était purement répugnant. Avant de faire un malaise, je détournai le regard vers la première chose qui passait sous mes yeux : une silhouette humaine, que je reconnus sans peine, même de dos.

Attends, c'est...

- Unster ? m'exclamai-je avec incrédulité.

Il sursauta, fit volte-face, et nos yeux se croisèrent. C'était lui. Il avait les traits tirés, l'air fatigué, les cheveux dans tous les sens et une barbe de quelques jours, ainsi que des vêtements étranges... mais c'était indubitablement lui.

- Ju... NT ? bafouilla-t-il, l'air perdu.

- Bon sang, j'y crois p...

Je n'eus pas le temps de finir. Profitant de l'inattention de mon ami, la main "courut" - du bout des doigts - vers lui ; un coup d'ongle bien placé égratigna sa joue. Je poussai un glapissement ridicule et, au mépris des conséquences, voulus m'élancer vers Unster. J'en fus incapable : ma main restait collée à la colonne, impossible de l'en désolidariser.

Impuissant, je ne pus que regarder mon ami reculer, portant la main à sa joue, me jetant un regard fugitif stupéfait. Je vis avant lui ce qui se dressait dans son dos, et hurlai à pleins poumons :

- Derrière toi !

Unster tressauta, se retournant un instant trop tard. La main qui s'était rapprochée de lui à son insu lui flanqua une baffe qui l'envoya voler à travers l'arène, pour s'écraser contre la colonne à laquelle j'étais collé. J'entendis, de l'autre côté de ladite colonne, ses os craquer contre la pierre, suivis d'un :

- 'tain, merde...

- Pardon, soufflai-je.

C'est de ma faute, j'aurais dû me la fermer, ça ne l'aurait pas distrait... mais quel con...

- Qu'est-ce que tu fous là, NT ?

Une main se jeta sur l'emplacement où Unster était ; celui-ci réussit à se relever prestement et à l'esquiver, alors que la main s'écrasait contre la colonne, que je sentis trembler contre ma paume, mais tenir bon.

- C'est pas le moment, fis-je rapidement.

Et je n'en ai pas non plus la moindre idée, accessoirement.

- Pas faux.

Une attaque de l'autre main coupée, qu'Unster esquiva encore de justesse, d'un pas sur le côté.

- Saloperies... grogna-t-il.

Quelque chose de forme étrange apparut dans ses mains, et il tourna une manivelle sur le côté de l'engin ; une volée de projectiles noirs vola sur son agresseur, l'obligeant à reculer. Les yeux de mon ami volaient d'une main à l'autre, analysant leurs mouvements, prévoyant ses prochains déplacements, mais je voyais à sa mâchoire serrée que ses blessures le faisaient souffrir.

Dans son état, réalisai-je avec effroi, il ne résistera pas longtemps...

L'une des mains s'envola pour se placer juste au-dessus de sa tête, paume vers le bas, et descendit comme pour l'écraser ; Unster l'esquiva d'un saut sur le côté, puis roula par terre pour ne pas se prendre la tranche de l'autre main en pleine tête. Il tenta de se relever rapidement, n'en eut pas l'occasion.

Un projectile, venu d'en haut, l'atteignit en pleine tête, et il s'effondra par terre.

- Merde... cracha-t-il.

Il fut pris d'une quinte de toux, gémissant entre deux toussotements. Il s'était sûrement cassé des côtes...

- Seb... ne pus-je m'empêcher de couiner, inquiet.

- Toi...

- Je suis désolé...

- Ferme les yeux.

- Quoi ?! m'insurgeai-je.

- Ferme ta gueule et tes yeux, Julien ! Et ne les rouvre pas tant que je ne te l'ai pas dit !

J'avais des dizaines de questions et de contestations, mais j'obéis, fermai les yeux. La seconde d'après, je sentis une vague de froid me souffler en plein visage, piquant ma curiosité et mon inquiétude ; puis des bruits de coups me parvinrent, comme ceux d'une lame sur un objet dur, assortis d'un souffle court étouffé. Je me mordis la langue, me contentant d'attendre, comme ordonné.

Encore des coups. Le son des ongles des mains sur la surface vitrée. Plus rien. Un bruit d'explosion qui faillit me causer un arrêt cardiaque. Retour de coups, à un rythme plus soutenu.

Quand tous les sons s'arrêtèrent, je crus que c'en était fini d'Unster. Une seconde explosion, encore plus forte, faillit m'éclater les tympans ; et s'ensuivirent des bruits d'éboulement. Sous mes doigts, les fissures dans la colonne grandissaient.

L'arène serait en train de se détruire...?

Malgré moi, je laissai échapper une longue plainte étranglée, plus inquiet que je ne l'avait jamais été.

- Tu peux ouvrir les yeux.

- Eh ?

Incrédule, je soulevai les paupières. Unster était debout devant moi, dans l'arène encore plus détruite qu'elle ne l'était déjà, arborant un sourire fatigué mais satisfait. Ses vêtements étaient maculés d'un mélange de sang et de résine noire.

- Je ne sais pas combien de temps ça fait, dit-il, mais moi, ça m'a paru une éternité...

- Seb...

Je baissai la tête, cachant les quelques larmes qui m'échappaient sous la visière de ma casquette. Pour dissimuler mon trouble, je lâchai :

- Imbécile, tu m'as fait peur à me dire de fermer les yeux... j'ai cru que t'allais crever !

- J'étais pas loin, ricana-t-il. Mais ça n'a plus d'importance maintenant, si ?

- Si, et tu as intérêt à...

Un hoquet m'interrompit. Je sentis une violente douleur dans ma tête, comme quelque chose qui y pulsait, manquant exploser la paroi de mon crâne.

- NT ? Julien ?

- 'fait mal... geignis-je.

Un deuxième coup dans ma tête. Je fus pris de vertiges, vacillai.

- Julien !

Je devinai plus que ne vis que mon ami se précipitait sur moi, malgré ses blessures. Il tendit la main vers moi ; quand il allait me toucher, le monde vola en éclats autour de moi.

Je rouvris les yeux.

J'étais debout, appuyé sur une surface solide, sur laquelle j'avais posé front et main droite. Je ne devinais rien d'autre ; il faisait un noir de nuit. Un autre coup dans ma tête. C'était la cloche, la cloche qui sonnait !

Il est donc minuit... et je suis revenu à mon point de départ.

"Julien !"

Je reculai d'un pas, détachant - pour de vrai, cette fois - mon front de la pierre, y gardant la main. Et là, j'eus la surprise de voir que l'obélisque noir irradiait d'une douce lumière.

Ce que j'avais cru être une grosse pierre noire se révélait être creux ; la surface que je touchais n'était pas plus épaisse qu'une vitre, et de l'autre côté, sa main presque contre la mienne, face à moi, Unster me regardait avec inquiétude.

- Me dites pas que c'est trop tard... soufflai-je.

Juste après, une violente douleur éclata dans ma nuque et redescendit dans ma colonne vertébrale, se propageant dans tout mon corps. Je me sentis presque défaillir, intense qu'elle était.

"Julien, qu'est-ce qu'il se passe ? Où est-ce qu'on est ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas t'atteindre ? Pourquoi ce serait trop tard ? 'tain, réponds !"

- Au fond, j'aurais dû me douter que tu ne peux pas faire grand-chose, n'est-ce pas ? On n'est pas sur le même jeu...

Les coups de la cloche résonnaient à mes oreilles jusqu'au coeur de mes os. À travers le voile qui commençait à obturer mon champ de vision, je vis Unster cogner contre la "vitre", de toutes ses forces, criant des choses que je ne comprenais pas. Moi, je comptais juste les sonneries, une à une. Neuf, dix...

C'est foutu.

Il se passa alors l'improbable. Sous un énième coup de poing, la vitre céda.

Onze...

Emporté par son élan, Unster me tomba littéralement dessus, et je m'écrasai sur les fesses, mon ami assis sur mes jambes, ayant l'heureux réflexe de reculer un peu pour ne pas se cogner le front contre le mien.

Le douzième coup ne vint pas.

Je me raidis, puis me détendis d'un coup, m'agrippant à Unster comme un enfant à son père, pleurant toutes les larmes de peur et de soulagement de mon corps. Je sentis ses bras se glisser dans mon dos pour me serrer fort contre lui, puis, d'une main, il retira ma casquette pour pouvoir me caresser les cheveux. Je sanglotai encore plus fort en me collant contre lui, incrédule et heureux.

Un son en deux notes graves, que je reconnus comme étant celui des messages d'erreur sur ordinateur, résonna alors au-dessus de nos têtes.

Le programme World is Mine a cessé de fonctionner.

- Unster...

Restarting program...

- Oui ?

The file is corrupted and cannot be opened. Closing file...

- J'y crois pas... t'as encore cassé le jeu.

Je n'entendis que son rire avant que le jeu ne s'éteigne.

**********

(Ndlr : les dernières phrases en gras & italique ont du mal à s'afficher... merci Wattpad)

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