Résurgence

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

*Newtiteuf*

Poupu', Brioche, Siph'... P, B, S ? Non. Maxime, Grégoire, Ju... non, non plus.

Je me mordis la lèvre. Est-ce qu'il n'y avait vraiment aucun sens dans l'ordre des morts du mal ?

Si ce n'est pas ça, c'est autre chose... mais quoi, bordel ?

Découragé, je me laissai tomber par terre, les fesses les premières - et grimaçai en heurtant le sol dur. Ah oui, j'avais oublié qu'ici, ce n'était pas de l'herbe qu'il y avait au sol, mais du bitume.

Je croisai mes jambes, et me pris la tête entre les mains, pas loin d'être désespéré. Et en plus, il pleuvait, et ça n'avait pas l'air près de s'arrêter. Manquerait plus que quelqu'un me tombe dessus comme ça, en pleine rue... Kim, tiens, elle avait l'air d'en vouloir à mon derrière. Si elle me tombait dessus, je pourrais officiellement annoncer que ma journée était terrible. Récapitulatif.

Matin : découvrir que, pour une raison obscure, Pepper se trimballait un couteau - impossible à jeter - dans sa poche. J'avais essayé de paraître calme et rassurant. Et je ne lui avais pas parlé du couteau que j'avais tout au fond de ma poche à moi.

Midi : voir confirmé ce que je savais déjà. Bon, à quelques détails près quand même. Qu'on devrait se tuer les uns les autres, ça, je l'avais deviné ; le coup de l'immunité au mal, non. Sympa, les gars, y'avait même des bonus.

Re-midi : croire que Siph' allait opérer un miracle... et en fait non. Sur le coup, je n'avais pas bien compris où il allait comme ça. Et quand, enfin, mes deux neurones s'étaient connectés... j'avais commencé à me demander si leur hasard, aux testeurs, il n'était pas un peu pipé.

Lorsque tous les autres avaient déserté la place - d'abord Xef, parti à la suite de Siphano, puis Kim à la suite de Xef, puis Arm' et Pepper qui avaient emmené Blondie - j'étais descendu, priant pour qu'ils ne reviennent pas. Et j'avais regardé longuement cette grande église, au nord de la place centrale, qui sonnait le glas tous les midis.

J'en avais fait le tour une fois, deux fois, trois fois. Et puis j'avais refait le tour en sens inverse, par acquit de conscience. Je n'avais vu absolument aucune entrée. Ma curiosité piquée, persuadé que je tenais la clé de cette gigantesque énigme, je m'étais attelé à une inspection méthodique de chaque face - que dis-je, de chaque pierre - de l'église. Et ce, alors même que de fines gouttes de pluie commençaient à tomber. Puis de grosses gouttes. Puis carrément le déluge.

Au final, j'avais lâché l'affaire au bout de deux heures. Ce bâtiment, c'était juste une saloperie de pavé. Un pavé très grand, très ornementé, mais un pavé. Pas de porte, pas d'autre fenêtre que des vitraux incassables - et ce n'était pas faute d'avoir essayé, j'avais balancé une brique dessus que le verre n'avait pas bronché - et absolument aucun moyen de grimper sur un mur. L'impasse la plus totale.

Je m'étais appuyé contre un mur, juste à côté d'une gargouille plutôt laide ; l'instant d'après, j'avais palpé la gargouille dans tous les sens possibles. Après tout, c'était censé être en hauteur, ces trucs, pas au sol. Dix minutes et une vaine inspection plus tard, j'avais de nouveau abandonné. Et j'avais commencé à élaborer des théories plus ou moins farfelues.

En l'occurrence, actuellement, j'en étais aux prénoms des morts. Théorie qui semblait ne mener nulle part.

Tiens, et si c'était pas la première lettre du nom, mais au contraire la dern...

Rosgrim a été tué.

Je grinçai des dents instantanément. Pas "est mort", "a été tué"... encore. Visiblement, quelqu'un avait pris les nouvelles règles drôlement au sérieux.

Et tiens, je parie n'importe quoi qu'il y a bien quelqu'un qui pense que c'est moi, le tueur.

Xef et Rosgrim. J'aurais parié mes billes sur le petit duo de Dortos et Frigiel, mais si j'avais appris quelque chose ces derniers jours, c'était que rien n'était sûr. Et que le jeu pouvait changer les gens de façon assez... drastique.

Un couinement pitoyable sortit presque tout seul de ma gorge ; et quelque chose d'étrangement chaud et mouillé roula le long de ma joue. Allons bon... ce n'était pas vraiment le moment de se lamenter...

- 'tain, Unster, râlai-je à voix haute, tu me manques...

C'est alors que je perçus la résonance.

Je me levai immédiatement, le corps entier traversé d'un frisson subit et inexplicable. Je posai une main sur ma poche, prêt à me défendre en cas de besoin, et jetai un regard circulaire sur les alentours. Rien, personne ; il aurait semblé que rien n'avait changé. Mais j'avais la certitude que ce n'était pas le cas.

Un second frisson remonta le long de ma colonne vertébrale, et en atteignant mon crâne, je crus qu'il allait faire exploser ma pauvre tête. Pourtant, ce n'était pas une sensation désagréable pour autant ; plutôt... prenante, mais excitante. J'éloignai les doigts de l'emplacement de mon canif, fermai les yeux.

Peu à peu, derrière mes paupières fermées, je vis quelque chose briller - ou, plus que briller, vibrer. Je tentai de faire un pas ; la vision vacilla mais tint bon. Ma décision fut prise en fraction de seconde. Je me dirigeai tout droit vers la source des ondes.

Plus je m'en approchais, plus, finalement, je me sentais mal. Je sentais la nausée monter, mes jambes faiblir, une migraine naître et s'amplifier, et chaque goutte de pluie qui tombait sur mes bras et ma nuque nus me faisait l'effet d'une aiguille plantée dans ma chair. J'en allai jusqu'à me demander si je n'étais pas victime d'hallucinations ; après tout, je n'avais rien mangé depuis ce matin...

Non, je suis une petite nature, mais pas à ce point quand même.

Le stress, alors ? Je fus tenté de rouvrir les yeux, mais ne parvins pas à m'y résoudre. Peut-être que ça ferait tout disparaître. Peut-être - non, sans doute, je passerais à côté de quelque chose. Un quelque chose assez anormal pour être souligné.

Je n'étais plus qu'à quelques pas de la "chose vibrante". Elle se rapprochait lentement, un peu trop lentement... ou alors, était-ce moi qui ralentissais ?

À ce rythme, je n'y arriverai jamais !

Dans un dernier regain de volonté, je tentai de faire un grand pas. Trébuchai. Tombai.

Et mes mains, que j'avais tendues devant moi, heurtèrent la source de la vibration.

D'un seul coup, migraine, faiblesse, nausée et douleur disparurent ; et une voix éclata dans ma tête.

- Mais qu'est-ce que je raconte, sérieux... je psychote.

- Un... murmurai-je. Unster ?

La voix eut un hoquet. Je l'avais reconnue - c'était Unster ! La voix d'Unster, son timbre chaud, sa façon de détacher les mots... pas de doute, je nageais en plein délire...

- NT ? Julien ? Julien, c'est toi ?

- Je rêve, marmonnai-je. À tous les coups, c'est ça... j'ai dû m'endormir au pied de c'te foutue église...

- Une église ? Julien, de quelle église tu parles ? Tu m'entends ? Julien, est-ce que tu m'entends ?

- Je t'entends, répondis-je d'un ton incertain.

- Je... je peux pas y croire...

- C'est ma réplique... Unster, j'arrive pas à croire que ce soit toi. Dis-moi que je rêve pas, que j'hallucine pas !

- NT... enfin.

Son soupir acheva de me convaincre.

- Unster, t'es où ? m'écriai-je. Comment ça se fait que je t'entends ? Tu es quelque part dans la ville ? Tu es vivant ?

- Je ne sais pas de quelle ville tu parles, NT, me répondit-il calmement. On n'est pas dans le même monde. Pas dans le même jeu.

Je me retins de couiner, miauler, gémir, lui sortir des bêtises inutiles du genre « tu m'as manqué » ou « je t'aime ». À la place, je concentrai toute ma volonté pour ne dire que :

- S'il te plaît, dis-moi tout ce que tu sais.

- Pas beaucoup plus que toi, mon bichon.

Ce surnom...

- J'ai encore la mémoire trouble, poursuivit-il. Mes souvenirs sont incomplets... je ne les ai pas encore tous retrouvés.

- « Retrouver » tes souvenirs ? Tu m'as perdu, là, Unster.

- Chut, ce n'est rien d'important, éluda-t-il. Ce que je sais, c'est qu'on n'est pas dans le même jeu – je suis seul sur le mien. Enfin, je crois... il me semble me rappeler qu'on m'a dit quelque chose comme ça.

- D'accord...

- Au fait, tu sais combien de temps dure le test ? On ne me l'a pas dit !

La question me mit immédiatement sur mes gardes.

- Tu... tu n'aurais pas raté un épisode, toi ?

- J'vois pas de quoi tu parles. Je te demande juste la durée du test ! Oh, me dis pas qu'ils l'ont dit et que j'écoutais pas...

- Unster. De quoi te souviens-tu exactement, et où diable es-tu ?

- Bah... je suis dans le jeu. J'ai reçu le mail de Siph', j'ai accepté sa proposition, et puis voilà, je suis venu ici à la date et à l'heure dites ! Par contre, pour le début du test... c'était pas, genre, une sorte de Minecraft ou j'sais pas quoi ?... NT ? NT, t'es là ?

Ma tête se remit à tourner, et je me mordis la langue. La voix d'Unster me parvenait de plus en plus étouffée.

Non... je ne veux pas ouvrir les yeux ! Je ne veux pas qu'il parte, je ne veux pas...

- Unster...

- NT !

Ce n'était pas sa voix. Je sentis soudain une paire de mains se poser sur mes épaules. Je voulus lutter ; mais dès que je fus tiré en arrière, je sentis mon faible lien avec Unster se briser.

J'ouvris les yeux en grand, inspirai mécaniquement. Avant de me rendre compte, immédiatement, que quelque chose n'allait pas.

J'étais de retour à la "'réalité" ; mais du pied de l'église, j'avais marché jusqu'à l'obélisque sur la place. De plus... la nuit était tombée.

Combien d'heures sont passées, bordel ?

- NT ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu as crié le nom d'Unster ?

Je tournai les yeux vers la personne à mes côtés, qui venait de me parler. C'était Pepper ; elle avait reculé après m'avoir tiré par les épaules, et elle se tenait à côté d'un parapluie blanc à pois noirs, échoué par terre, qu'elle avait visiblement lâché pour venir m'aider.

Je me relevai difficilement, en m'appuyant sur le monument de pierre noire. Plus rien ne se passait ; c'était juste de l'obsidienne froide, à présent. Et mouillée. Puis je me tournai vers Pepper.

Et tombai dans ses bras.

**********

Voilà ! Maintenant, arrêtez de me harceler avec Unster, please ! Il est là ! (enfin pas vraiment, mais il a ressurgi et c'est bieeeeen assez - j'avais bien dit qu'il reviendrait au moment opportun)

Au fait, je me rends compte que mes chapitres tendent à être de plus en plus longs. Avec le dernier, c'était carrément plus de 2000 mots... est-ce que ça vous dérange ?

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro