Bon, du coup, rattrapons mon retard. Deux chapitres pour la Pentecôte, c'est cadeau.

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*Libe*

Il fallait bien qu'un conflit éclate à la mort de Nems. Bah pour éclater, il avait bien éclaté, j'avais été aux premières loges pour y assister. Bboy avait lancé une vanne un peu piquante à Nasgo, Nasgo avait répliqué sur un ton un peu sec, Bboy s'était moqué, Nasgo avait juré, Bboy s'était énervé et Nasgo lui avait balancé de la chair de zombie à la gueule.

Après, ça avait été une bataille de trucs pas utiles et de préférence volumineux et/ou gluants trouvés dans l'inventaire, jusqu'à ce que Nasgo n'ait plus rien, se prenne un bâton dessus, jure encore et s'en aille miner ailleurs "puisqu'il n'y avait que des rageux ici".

Moi, tout du long, j'avais juste regardé le mur de la grotte. C'était un très beau mur de grotte.

Résultat, je me retrouvais avec Bboy d'humeur pas mauvaise, mais fallait pas trop le chatouiller non plus.

- Franchement, Nasgo, maugréa-t-il, c'est pas à toi de t'énerver. T'as lâché Nems et t'assumes pas, c'est tout.

- Mais c'est pas grave ! intervins-je innocemment. On va quand même gagner !

- Ouais frérot, c'est ça, le bon esprit !

Je fus soulagé de l'entendre acquiescer d'un air content. Il y en avait qui avaient oublié qu'on était dans un jeu, là.

- N'empêche, ajouta Bboy, que je serais pas mécontent qu'un destin bien pute lui tombe dessus.

- Faut pas dire ça, ça va arriver !

- Tu crois à ces trucs de bonne femme, gros ?

- Bah non, tentai-je de me défendre, mais on sait jamais...

Justification ratée ; Bboy éclata de rire, m'enjoignant de chercher du diamant plutôt que de raconter de la merde.

J'y peux rien, moi, j'veux juste pas perdre... et puis je l'aime bien, Nasgo, même s'il m'insulte en stream. Je voudrais pas qu'il se fasse surprendre.

Cinq minutes passèrent dans le silence. Dans ma mine toute droite, je butai enfin sur du diamant ; mais alors que j'allais en informer Bboy, le jeu me coupa :

La roue du destin a choisi Nasgolito !

Je courus comme un dératé hors de ma galerie, vers la grotte d'où Bboy et moi étions partis ; celui-ci me rejoignit une fraction de seconde plus tard, l'air effrayé.

Et ton destin est... "ambiance électrique" !

- Oh merde, lâcha Bboy.

C'est le karma, gémis-je en mon for intérieur.

Je me ruai vers la remontée de la grotte, priant pour retrouver les traces de Nasgolito avant qu'il ne soit trop tard - avec un nom pareil, c'était un destin de merde - mais, de fait, je n'eus pas plus de dix pas à faire.

Nasgolito a essayé d'apprivoiser un creeper électrique, mais n'a pas réussi.

- M-mais... bredouillai-je.

- MERDE !

Je fis volte-face vers Bboy. Il avait baissé la tête, cachant ses yeux sous sa frange, mais je voyais ses joues rougir sous l'effet de l'énervement.

- Mais quel CON !

- Il a dû être surpris, hésitai-je.

- Pas Nasgo, moi !

- Toi ?

Je me rapprochai de Bboy. Il tremblait de rage maintenant, ce qui m'inquiéta un peu sur son état de santé mentale. Je posai une main fraternelle sur son épaule, qu'il ne refusa pas.

- T'as pas à t'en vouloir par rapport à ce que t'as dit, tentai-je de le rassurer, c'est vraiment que du hasard...

- Mais je sais, ça ! Je sais... mais quand même, j'ai l'impression que j'y suis pour quelque chose, et ça M'ÉNERVE !!

- Je... je sais pas quoi te dire...

Bboy releva la tête vers moi. Il avait les yeux gonflés de larmes qu'il retenait, et le bout du nez tout rouge. Je le lui fis remarquer, en l'absence de truc plus intelligent à dire ; il parut surpris, se frotta le nez, puis partit d'un petit rire amusé.

- C'est que t'es quand même sacrément con, gros !

- Ma maman dit que je suis différent, répliquai-je avec humour.

Bboy eut un franc rire cette fois, et m'envoya une énorme claque dans le dos, qui m'aurait mis quelques vertèbres en place si on n'était pas en jeu. Heureusement que le friendly fire était désactivé, j'étais sûr de perdre quelques coeurs avec ce coup. Malgré le plastron en diamant. Je grimaçai une sorte de sourire pour demander :

- Du coup, ça va ?

- Ouais, nickel, affirma mon coéquipier d'un ton presque sincère. Tu sais pas ce qu'on va faire, gros ?

- Nan, chépa...

- Tu me dis quand tu trouves du diam's pour nous faire des bottes, et tu m'en réserves trois de plus.

- Trois ? relevai-je, surpris. Pourquoi trois ?

Bboy me tendit fièrement un bouquin enchanté Sharpness II. Je le pris, l'observai, puis lâchai :

- Mais c'est nul... tu l'as trouvé où ?

- QUOI ?! C'est pas nul ! protesta-t-il. C'est très bien, sharp' II, c'est un niveau de plus que ce que j'ai en général ! Et je l'ai eu dans un coffre d'un donjon de zombies. C'était la guerre, gros, je sais pas combien j'en ai arraché.

- Ah.

Mon équipier parut déçu de mon manque d'enthousiasme, insistant :

- Mais si, c'est bien ! Imagine les dégâts que ça va faire sur une hache !

- Bah ouais mais c'est pas... attends, pourquoi une hache ?!

L'air fier de son effet, mon ami m'adressa un grand sourire plein de dents, récupéra son livre et écrasa ses deux paumes sur mes épaules, surexcité.

- Parce que c'est pété, une hache ! Ça fait plus de dégâts !

- Mais, euh, c'est à deux mains... donc le bouclier, t'en as plus...

- Je sais, mais t'façon j'arrive jamais à m'en servir. Je suis un bourrin, mon gars !

Je reçus l'information, et mon cerveau prit un petit moment pour la traiter ; quand enfin ma réflexion arriva à son bout, je sortis de mon inventaire le diamant que j'avais eu le temps de miner, ajouté aux deux autres que je stockais, et indiquai ma mine du doigt :

- Vas-y, j'ai un gros filon de diam's. Si tu vas au corps-à-corps, va falloir que tu fasses le tank.

- Merci, frérot !

Et une deuxième tape dans le dos à m'en faire rentrer les côtes dans les poumons. Bboy s'en alla chercher le diamant en beuglant un chant guerrier ; avant de me perdre de vue, il s'interrompit pour me crier :

- ON LES AURA !

- Ouais !

Puis il partit chercher ses minerais.

Bon, plus qu'à en retrouver pour moi... faudrait pas traîner pour venir au centre non plus, sinon on va rater les fights.