Chapitre 19: l'heure du choix

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Drago pressenti l'arrivée des ennuis lorsque le hibou de sa mère vint frapper à son carreau très tôt le lendemain matin. Il déplia la lettre avec appréhension :

Drago

Comment oses-tu oublier de me signaler que tu es atteint d'une allergie qui t'obliges à prendre tes repas en compagnie de celui qui ose défier ton futur Maître à la place de se soumettre ?

Je viens dès aujourd'hui pour te sortir de cette école et t'amener à ton Maître pour qu'il te rappelle à qui tu dois obéissance.

N.M.

Drago déglutit péniblement. Là, ça y était, il était au pied du mur : mangemort ou pas mangemort ?

Quinze jours à peine s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Narly et Drago devait bien s'avouer qu'il n'avait guère eu le temps de réfléchir à ça. Parler du fait de devenir mangemort en l'air, lorsqu'aucune date n'était fixé, était d'une facilité déconcertante. L'évidence, même, compte tenu du choix de son père, de sa mère et de son parrain. Le hic, c'était la révélation que lui avait faite Severus le jour même de l'arrivée de Narly.

Narly. Ses adorables mèches aussi blondes que les siennes, ses yeux verts craquants, son tempérament volcanique, son rire cristallin qui fusait dès qu'Harry se mettait en demeure de la chatouiller … Dans l'intimité de sa chambre, il se permit un franc sourire de bonheur à cette évocation.

Son parrain. Celui qui avait toujours maintenu le dialogue avec l'enfant, puis l'adolescent. Oh, jamais un dialogue paternaliste, mais plutôt un dialogue qui l'obligea très tôt à faire preuve de ruse, à émettre des raisonnements complexes. Mais un homme qui le laissait toujours exprimer son opinion, même s'il était en complet désaccord avec lui. Ils s'éloignaient toujours un peu l'un de l'autre lorsqu'ils étaient à Poudlard, mais Severus venait très fréquemment pendant les vacances au manoir où leur complicité invisible aux yeux des autres, y compris aux yeux de ses parents, se renouait sans efforts.

Severus lui avait donc menti durant toutes ces années alors qu'il était déjà l'espion de Dumbledore ?

Drago regarda le soleil se lever en repassant certains conversations qu'il avait eu avec Severus. A bien y regarder, Severus n'avait jamais émis d'opinion négative sur les sang-de-bourbe. Jamais parlé de la supériorité des sang-purs.

Bon, il fallait absolument qu'il lui parle de toute urgence. Car le secret de Narly devait absolument être gardé.

Severus lut la lettre sans dire un mot. Puis il lui demanda assez froidement :

- Et bien, Drago, l'heure du choix est venue.

- Mais … je ne peux pas choisir … Pas déjà !

- Il le faut Drago, répliqua brutalement Severus. Tu dois choisir ici et maintenant : mangemort ou non. Ta mère arrivera d'ici peu, nous devons avoir une ligne de conduite. Ou tu pars avec elle et tu affrontes Voldemort, ou tu restes ici, mais tu deviendras un traître aux yeux de Voldemort.

Drago avait tressaillit à chaque évocation du mage noir.

- Affronter le … Maître ?

- Qu'est-ce que tu crois ? Que ta mère va croire la première explication que tu vas lui sortir ? Après avoir sciemment omis de lui parler de l'appartement que tu partages avec Potter ? Sans même avoir mentionné l'arrivée de la petite fille qui a tes cheveux à Poudlard ? Pourquoi crois-tu qu'elle est là ? Elle va t'amener directement à Voldemort qui dans un premier temps va te punir pour ce mensonge et je n'ai pas besoin de te rappeler quelle genre de punition il inflige, dans un deuxième va te mettre la marque à laquelle tu aspires tant, dans un troisième, il t'enverra en mission pour commettre ton premier meurtre, sûrement une famille avec des enfants, peut-être même de l'âge de Narly. Le tout, je dirai, en l'espace de … une heure … A midi tu pourras être de retour ici, à Poudlard.

Drago était pétrifié d'horreur à cette évocation sans complaisance et faite d'une voix calme. Lui ? Meurtrier ? Tuer de sa propre baguette ? Des enfants ? Mais il n'avait même pas dix-sept ans ! Et il ne pourrait jamais tuer de sang froid des enfants de l'âge de Narly, voyons ! Même des sangs-de-bourbe !

A cet instant, la tête de Dumbledore apparut dans la cheminée :

- Ah, Severus ! Savez-vous où est Drago ? Sa mère exige de le voir pour constater de ses yeux que son allergie ne l'affaiblit pas. Elle parle aussi de l'emmener pour la matinée à Sainte-Mangouste pour des examens complémentaires. Je sais par Mme Pomfresh que ceux-ci sont inutiles, mais néanmoins, si Drago le souhaite et pour apaiser les craintes légitimes d'une mère, je suis prêt à le laisser aller avec elle s'il le souhaite …

- Drago est avec moi, Albus. Nous venons immédiatement dans votre bureau, répondit Severus froidement.

Lorsque la tête du directeur fut sortie de la cheminée, Severus indiqua la porte à Drago et dit simplement :

- Tu as le temps du trajet pour choisir ton camp, Drago.

- Tu m'as laissé me fourvoyer moi-même face à mère, Severus, dit Drago à voix basse alors qu'ils s'engageaient à grands pas dans le couloir.

- J'ai effectivement œuvré pour que tu sois confronté au plus tôt à ce choix, Drago. J'ai misé sur le fait que l'arrivée de Narly et la connaissance de ta future liaison avec Potter te fasse faire cette erreur.

- Pourquoi, Severus ?

- Je te l'ai dit le jour où Narly est arrivée. Je t'ai dit ce jour là que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'empêcher de commettre cette erreur.

- Et si je suis ma mère ?

Severus ne répondit pas au grand désarroi de Drago. Il le laissait vraiment seul face à sa décision.

Tandis qu'il marchait automatiquement, le regard hautain habituel fixé sur son visage, les pensées tourbillonnaient dans sa tête. Il avait son choix à faire. Quinze jours auparavant, il aurait suivi sa mère sans hésiter pour voir le maître. Mais quinze jours auparavant, il n'imaginait pas que le fait de recevoir la marque ferait de lui un meurtrier dans l'heure qui suivrait. Car il était convaincu que Severus lui disait la vérité quant au programme défini par le mage noir. Il imaginait encore bêtement quelques minutes auparavant que les meurtres étaient commis par les mangemorts les plus endurcis. Comme son père. Ou sa tante Bellatrix. Mais les tous jeunes mangemorts ?

Quinze jours auparavant, il vouait à Harry une malédiction éternelle pour toutes ses actions. Et en quinze jours, il avait découvert un garçon qui prenait très au sérieux son rôle de papa. Il était nul sur bien des points, mais Narly l'adorait parce qu'il n'était jamais en reste pour rire, jouer avec elle. Bon, il ne savait pas se faire obéir, mais dans son fort intérieur, Drago reconnaissait qu'il n'y arrivait pas mieux … Les habits moldus choisis par Lupin avaient ravi la petite fille et il devait bien reconnaître qu'ils semblaient très féminins. Rien à voir avec les oripeaux portés par Granger en dehors de l'uniforme.

Et Narly. Comment faire peser sur ses épaules toutes fines le poids d'un père mangemort d'un côté et un père qui combattait les mangemorts avec la dernière énergie de l'autre ? En grandissant elle ne serait respectée ni d'un côté, ni de l'autre.

Drago savait qu'il avait choisi au fond de lui même en ne venant pas chercher plus d'explications auprès de Severus pendant ces quinze derniers jours. Il choisissait l'homme qui l'avait toujours écouté, jamais méprisé. En arrivant en vue de la gargouille, il murmura simplement :

- Je n'irai pas avec elle. Mais comment cela va se passer pour toi ?

- La prochaine fois que je le verrai, je dirai simplement une entière vérité : en présence d'Albus, je n'ai rien pu faire pour te contraindre ou même t'expliquer. Et depuis, Albus te surveille de très près. Et si je ne veux pas trahir ma position d'espion pour lui, je ne peux que te soutenir. Chocogrenouille, acheva-t-il pour faire pivoter la gargouille.

Ils montèrent l'escalier en silence. Drago salua sa mère d'un signe de tête tandis qu'elle le regardait d'un œil froid. Merlin, il ressentait maintenant l'énorme différence entre les relations qu'il entretenait avec sa mère et celles avec Narly. Jamais, aussi loin que ses souvenirs remontent, jamais il n'aurait sauté dans les bras de sa mère ainsi que Narly le faisait indifféremment avec lui et avec Harry. Jamais il n'avait connu la chaleur d'une étreinte maternelle en fait. Narly s'épanouissait, même en prenant en compte l'ensemble de ses bêtises, à force de câlins prodigués parfois maladroitement, mais sans aucune retenue par Harry, avec un peu plus de réticence par lui-même, mais elle semblait en avoir l'habitude. Harry ne l'avait donc pas fait tomber dans un romantisme dégoulinant dans l'avenir, c'était toujours ça de gagné …

- Ah, Severus. M. Malefoy. Comme vous pouvez le constater, Mme Malefoy, votre fils se porte à merveille. Qu'en pensez-vous M. Malefoy ?

- C'est tout à fait exact, monsieur le directeur, dit Drago à voix basse.

- Drago, dit sa mère d'un ton tranchant en se levant, j'ai pris rendez-vous immédiatement pour toi à Sainte-Mangouste. Suis-moi.

C'était l'instant du choix. L'instant où tout allait basculer. Il vrilla ses yeux dans les yeux noirs apparemment inexpressifs de Severus qui s'était placé à côté du directeur, en face de sa mère et répondit distinctement, calmement, d'une voix détachée :

- C'est inutile, mère. Je me porte à merveille et le traitement de Mme Pomfresh fait des miracles.

- Drago. Je ne te demande pas ton avis. C'est un ordre, grinça sa mère. Tu me suis immédiatement.

- Non, mère, répliqua à nouveau Drago sans quitter Severus des yeux. Je reste ici. C'est mon choix.

- Comment oses-tu ? Siffla-t-elle. Severus ! Ordonne à ce petit imbécile de me suivre !

- Je crains que le professeur Rogue ne puisse vous obliger, Mme Malefoy, dit doucement Dumbledore en se levant à son tour. Je vous ai dit que je laisserai toute liberté à votre fils de choisir. Il me semble que sa position est claire.

Le silence tomba pendant plusieurs secondes dans la pièce. Drago savait que toutes les personnes présentes dans cette pièce avaient compris l'enjeu. Ce qu'il venait de refuser. Quel camp il venait de choisir. Drago tourna lentement la tête vers sa mère lorsque celle-ci siffla d'une voix dure :

- Je te renie. Tu n'es plus mon fils. Et si tu viens à croiser à nouveau mon chemin, une seule fois, tu es un homme mort.

- L'avenir nous le dira … Mme Malefoy …

Elle sortit du bureau sans ajouter un mot, et le directeur la suivit immédiatement.

Drago resta un moment les yeux fixés sur la porte qui s'était refermée. Son cœur était lourd. Il tournait le dos à son enfance, son adolescence. Il avait cru avoir eu une enfance heureuse, mais quand il voyait Narly. Son pétillement. L'argent de ses parents lui avait procuré la sécurité matérielle, mais il n'avait connu aucun plaisir enfantin finalement. Il ne s'en était simplement pas aperçu jusque là. Parce que ses parents lui avaient soigneusement caché toute une partie de la réalité. Il lui faudrait maintenant faire le tri entre le vrai et le faux. Et apprendre tout ce qu'on lui avait caché jusque là.

Il se tourna incertain vers Severus qui lui dit simplement :

- Dès ce soir, tu connaîtras tes vrais amis chez les serpentards. Et tu seras heureux d'avoir un appartement avec Potter et Narly, Drago.

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