Drago se rendait à son cours de potions en compagnie de Zambini. Crabbe et Goyle n'avaient pas réussi à décrocher leur buse dans cette matière. Il repensait à cet été de cauchemar. Son père emprisonné à Azkaban à cause de cette ordure de Potter qui se croyait tout permis ! Il avait quitté le collège sans autorisation avec cette sang-de-bourbe, les Weasmoche, Longdubat et cette folle de serdaigle. Ils avaient ridiculisé un professeur, et pas seulement, la grande inquisitrice ! Ils étaient entrés sans autorisation dans le ministère de la magie, détruit des centaines d'objets inestimables dans ce même ministère et quoi ? Juste des encensement et même pas un reproche, sans même parler d'une sanction ! Et son père, lui, avait été jeté comme un malpropre dans un cachot immonde avec ces horreurs de détraqueurs qui lui pourrissaient la vie et que même sa mère ne pouvait soudoyer pour apporter un peu de confort à son père !

Quant à son parrain … La seule chose qu'il lui avait dite après cette arrestation était de continuer au mieux ses études et de passer ses aspics correctement ! Il ne lui avait même pas proposé de rencontrer le maître ! Pourtant Drago était avide de recevoir sa marque et de servir le Maïtre afin de mieux pouvoir anéantir ce Potter de malheur ! Il ne lui avait même pas dit qu'il abandonnait l'enseignement des potions pour celui des défenses contre les forces du mal … Certes, Severus gardait toujours une part de mystère, mais qu'allait-il encore trouver comme excuse pour ne pas lui avoir dit ? Il avait toujours l'impression qu'il le traitait comme un gamin de dix ans alors qu'il en avait seize, par Merlin !

En arrivant devant le cachot, il ferma ses émotions derrière un masque d'arrogance et de mépris dont il avait le secret et qu'il perfectionnait chaque jour ou presque :

- Saint Potter ! Cracha-t-il. Le nouveau professeur de potions n'est vraiment pas exigeant sur la compétence de ses élèves pour les aspics !

Il vit avec plaisir la main de Potter se crisper sur sa baguette tandis que la belette rougissait furieusement. Les yeux de la sang-de-bourbe flamboyaient déjà et elle siffla entre ses dents :

- Et toi la fouine ? Combien as-tu payé pour suivre ce cours ? Ou peut-être as-tu dû supplier ton directeur de maison pour qu'il intercède auprès du professeur Slughorn ?

- Un Malefoy n'a pas besoin de supplier pour qu'on lui accorde son dû, Granger. Et toi, Weasley, tes parents vont encore manger des racines tout l'hiver pour te permettre de continuer ta scolarité ?

Les deux gryffondors sortirent leurs baguettes dans un bel ensemble et ils ouvraient la bouche pour lancer leur sort, lorsqu'une voix interrompit leur bel élan :

- Que vois-je donc ici encore ? Demanda Rogue d'une voix douceureuse. Potter et Weasley ! Vous vous apprêtiez une nouvelle fois à faire usage de la magie dans les couloirs ? Il est regrettable qu'une fois encore vous ayez oublié le règlement ! Vous serez donc tous les deux à vingt heure dans mon bureau. Et bien entendu, j'enlève cinquante points à gryffondor.

Malefoy 1 – Potter 0

Drago jubilait intérieurement. Il avait clairement vu son parrain au bout du couloir, dans le dos des gryffondors. C'en était devenu presque trop facile ce petit jeu, il savait tellement quoi dire pour les mettre en colère …

- Autre chose. Malefoy et Potter, vous êtes attendus chez le directeur à midi. Ne soyez pas en retard Potter, il serait regrettable que vous écopiez d'une nouvelle retenue pour cela …

Drago interrogea son parrain du regard, mais fidèle à son habitude, celui-ci ne laissa rien transparaître. Le visage impassible, il tourna les talons et s'en fut dans une envolée de robe noire. Il aurait voulu lui parler de cette petite fille qui s'était jetée dans ses bras, mais à cet instant la porte du cachot s'ouvrit pour le premier cours de potions avec le professeur Slughorn.

Drago fut scandalisé de voir que Potter et Weasley ne récoltaient aucune punition du fait qu'ils n'avaient pas leurs manuels. Cette maudite chouette qui leur servait de directrice adjointe et accessoirement de professeur de métamorphose avait encore intercédé en leur faveur ! Le professeur s'était contenté de leur prêter des manuels laissés là par son parrain.

Et Potter avait réussi à décrocher 10 points pour sa maison en répondant correctement à l'une des questions de Slughorn ! Le monde à l'envers ! Depuis quand les gryffondors gagnaient-ils des points en potions ? Mais il s'était fait avoir par Potter une fois, mais pas deux ! Dès le prochain cours, il s'arrangerait pour répondre lui même aux questions du professeur et ainsi priver les gryffondors de points. Et son parrain saurait bien rétablir l'équilibre en défense, non ?

Lorsqu'il parcourait les couloirs entre les cours avec Zambini, ils émettaient comme l'ensemble du château les hypothèses les plus folles concernant l'arrivée de cette petite fille au petite déjeuner, mais ils en revenaient tous aux mêmes questions ?

Qui était-elle ? La fille de son parrain ? Absurde pensait à part lui Drago. Son parrain lui avait déjà dit très sérieusement qu'avoir un filleul suffisait entièrement à son bonheur.

Comment était-elle arrivée dans la grande salle ? Elle n'avait pas l'âge de transplaner ! Et puis, il est impossible de transplaner dans Poudlard !

Alors ? Alors ? Et bien mis à part des hypothèses farfelues, rien de cohérent n'avait pu être trouvé.

Au moment où il se dirigeait vers la grande salle, Drago se souvint brusquement du message de son parrain ! Merlin, comment avait-il pu oublier cela ? Même s'il était obnubilé par ce maudit cours de potions qui lui avait semblé bien plus studieux et bien moins drôle de son point de vue que les cours dispensés par Severus, il ne pouvait pas oublier comme cela une convocation chez le directeur !

Il fut obligé de prendre ses jambes à son cou et arriva essoufflé devant la gargouille qui barrait l'accès au bureau du directeur. A son grand déplaisir, Potter était adossé à un mur et le regardait d'un air narquois.

- Tu t'es perdu Malefoy ? Il faut que tes copains t'offrent une carte du château ?

- Et toi ? Répliqua Drago. La gargouille a tellement honte de ta présence en ces murs qu'elle te refuse l'accès au bureau du directeur ? Ou ta mémoire défaillante t'a fait oublier le mot de passe ?

Harry se contenta de hausser les épaules sans se départir de son air narquois :

- Et c'est toi qui parle de mémoire défaillante ? Tu sais aussi bien que moi que seuls les préfets-en-chef ont le mot de passe. Et donc nous ne l'avons ni l'un ni l'autre.

Malefoy : 1 – Potter : 1

A cet instant, le professeur Rogue arriva à grands pas en direction de la gargouille et les regarda d'un air suspicieux. Cherchant clairement comment il pourrait enlever des points à Harry, mais à son plus grand déplaisir, il ne trouva rien à redire. Il s'avéra que le mot de passe était pour cette fois « tarte à la framboise ».

Dumbledore les accueillit avec un grand sourire qui fit froid dans le dos à Drago. Qu'est-ce que ce vieux fou pouvait bien avoir à lui dire ? Et en plus à leur dire à tous les deux ?

- Messieurs, asseyez-vous, je vous en prie.

Il fit apparaître devant son bureau deux chaises identiques sur lesquels Harry et Drago s'assirent avec précaution. Rogue resta debout à côté de la fenêtre et à côté du professeur Mac Gonagall qui les regarda avec un air de ne pas savoir si elle devait rire ou pleurer. Drago s'aperçut que son parrain évitait son regard et il en était inquiet. Même si en bon Malefoy, il restait impassible extérieurement.

- Messieurs. Harry. Drago. J'ai choisi cette pause déjeuner afin que vous ayez le temps d'appréhender pleinement ce que je vais vous dire, commença Dumbledore lentement.

Sans se concerter, Harry et Drago déglutirent péniblement. Qu'allait-il leur tomber sur la tête ?

- Vous avez remarqué, j'imagine, l'arrivée d'une petite fille ce matin juste en face de la salle des professeurs ?

Drago et Harry hochèrent la tête à l'unisson et Drago pestait en lui-même sur la manie de ce vieux fou à tourner autour du chaudron.

- Et vous avez aussi remarqué que cette petite fille n'a eu aucune hésitation avant de se précipiter littéralement dans les bras du professeur Rogue. Mais si mon cher Severus, vous ne pouvez pas le nier, cette petite vous adore.

Rogue fit une belle grimace à cette mention, mais ne le contredit pas.

- Ah, où en étais-je ? Ah oui. Donc la petite fille s'est précipitée dans les bras de votre professeur.

Bon, et alors pensa Drago. Quel rapport avec Saint Potter et moi ?

- Avant d'émettre une hypothèse sur son identité ou sur la raison de sa venue ici, je peux déjà vous donner son prénom. Elle s'appelle Narly. Son nom de famille, en revanche, elle ne le sait pas. Quant à nous … je pense que cela fera l'objet d'un … d'une conversation ultérieure. Non, je voudrai d'abord vous préciser qu'elle semble être venue ici, elle l'affirme et je ne vois pas une enfant de son âge mentir sur le sujet, elle affirme donc que son papa a fait ce qui semblerait être un Portotemps sur sa peluche favorite. Messieurs, je vous le demande : avez-vous une idée de ce que pourrait-être un Portotemps ?

Un grand moment de silence plana avant que Harry ne se décide à répondre du bout des lèvres :

- Non professeur.

Et Drago hocha la tête négativement lui aussi. Bon à ce train là, le vieux fou allait lui faire complètement rater le déjeuner !

- Est-ce que ce mot vous rappelle quelque chose ? Un autre sort peut-être ?

- Un portoloin ? Balbutia Harry.

- Je le savais, Albus, s'écria alors Rogue. C'est encore Potter qui a tout manigancé !

- Du calme, Severus, du calme. Il n'a rien manigancé. Enfin, pas encore, ajouta Dumbledore lentement. Et maintenant en t'inspirant du portoloin, que t'inspire le portotemps comme effets ?

Harry le regardait avec un air d'être de l'eau sorti du lac. Un vrai gryffondor dans tout sa splendeur, ricana Drago intérieurement. Ce fut lui qui finit par dire d'une voix qu'il espérait nonchalante :

- Un sort qui permettrait le voyage dans le temps et non dans l'espace, professeur ?

- Parfaitement raisonné, M. Malefoy, approuva chaleureusement Dumbledore. Et donc cette petite fille viendrait …

- Du passé ? suggéra Drago.

- Du futur ? suggéra Harry en même temps.

Dumbledore eut un petit sourire amusé et dit :

- Cette fois c'est Harry qui a raison. La petite fille semble bien venir du futur. Bien, ceci étant posé, passons aux choses délicates …